AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Luc Defromont (Traducteur)
EAN : 9782867465055
199 pages
Liana Lévi (05/03/2009)
2.86/5   22 notes
Résumé :
Branko le Hongrois, dans ses cartons, transporte un cirque. Alors des grappes d'enfants du campement tsigane où il débarque un soir le suivent comme une ombre. Pour eux, et surtout pour la petite Senija, il raconte l'histoire de la splendeur du Kék Cirkusz, le cirque de son grand-père. Avant que la Seconde Guerre mondiale et son cortège de pogroms et de trahisons ne le réduisent à ces quelques boîtes dérisoires. Il raconte avec la voix fébrile de quelqu'un qui espèr... >Voir plus
Que lire après Le cirque chaviréVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Branko, Hongrois en fuite, s'intègre dans un camp de réfugiés en Italie. Les Roms, les Tsiganes, les Gitans, les gens du voyage ; qu'ils soient bulgares, roumains, polonais, tchèques, leurs ennemis sont les mêmes : la police, la mairie, les services sociaux, les habitants, et eux-mêmes qui se querellent dans leur quotidien de misère. Cette vie de « passage », qui dure plusieurs années, voire une vie, est l'objet de tous les racismes et incompréhensions. Mis au ban de la société, indésirables et laissés-pour-compte, ils ne doivent pas troubler ni être vus des autochtones.

C'est dans cet environnement hostile que Branko est mort. Et pourtant c'est lui qui nous raconte, de manière désordonnée, entre le présent, le passé et l'avenir, ce qui lui est arrivé. Progressivement, une vie prend forme, à la fois triste et envoûtante.

Dès son arrivée au campement, Branko capte la curiosité des enfants. Sonija, Ibrahim, les frères Hajdini, Ilma, tous ces enfants, issus de cultures différentes et parfois lointaines, n'ont connu que le camp. L'ancien ouvrier a voyagé avec dix cartons qu'il garde secret. Il a chargé les enfants de les cacher dans l'usine désaffectée à côté du campement, mais en échange, il doit leur raconter son histoire.

Chaque soir, ils se réunissent autour du poêle, luttant contre le froid et l'agression d'un univers qui ne leur est pas destiné. Avec pudeur, Branko se dévoile ; les enfants écoutent, d'abord sceptiques puis intéressés.

Loin des carcasses, baraques et déchets, les yeux du Hongrois se tournent vers son grand-père, un Tsigane, un artiste qui a monté un cirque, jusqu'à la déportation pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui le cirque n'existe plus, mais Branko le porte en lui pour perpétuer les traditions originelles.

Tandis que les renards le guident avec bienveillance vers la mort, Branko s'efforce de comprendre comment il est mort, ici et maintenant. Les renards l'encouragent : « Dépêche-toi. Parce que bientôt nous déposerons ton histoire sur une feuille flottant au fil du fleuve. Nous la regarderons arriver à l'embouchure. Alors sonnera l'heure du départ5. » A-t-il accompli la tâche qu'il s'était fixée ? A-t-il bien fait de donner toute sa confiance à Senija, dont le regard est doux et taciturne ?

Que son histoire soit réelle ou un mirage, un « làtomàs7 », on se laisse emporter par le récit, qui entremêle les cultures et les langues, les traditions et le monde moderne, la pauvreté et la magie de Nap apó, le grand-père de Branko, avec son chapeau en laine si blanc, si blanc qu'il est éblouissant.

Sans séparations ni chapitres, la narration vagabonde au grès de l'âme en partance vers l'ailleurs. On se projette, on se retourne, on revient tantôt sur les premiers jours au camp tandis que le froid du caveau envahit les membres de Branko. Les éditions Liana Levi (lien) ont publié un texte à l'ambiance particulière, troublant et sans commune mesure, où l'espoir et la volonté jaillissent avec la déchéance, dans un même élan.

L'intégralité de la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/le-cirque-chavire-milena-magnani-a80136636
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
Commenter  J’apprécie          40
Branko est arrivé dans un campement tsigane un soir, prétendant apporter avec lui un cirque, contenu dans 10 cartons.

Au moment où le roman commence, il vient de mourrir, assassiné. Pourtant, il continue à voir tout ce qui se passe, à tout entendre de la vie du camp et de l'agitation autour de son corps.

Avant de partir définitivement, il est pris d'un sentiment d'urgence, il lui faut dérouler le fil de son histoire, afin de la sauver de l'oubli qui la menace.

Alors peu à peu, entre les événements qui suivent la découverte de son corps (arrivée de la police, interrogatoires, déplacement à la morgue, préparatifs de l'enterrement etc...), Branko cherche dans sa mémoire et dévoile son histoire, comme il l'a racontée aux enfants du camp au fil des soirées, serrés dans le froid et le noir, avec pour bruits de fonds la vie du camp, teintée de violence, et la misère.

Il raconte l'histoire de ce cirque, qui a eu ses heures de gloire, avant de se retrouver face à l'horreur lors de l'extermination des roms pendant la seconde guerre mondiale. Sans concessions, Branko raconte tout aux enfants, et leur demande de l'aider à sauvegarder ce qui reste du cirque, malgré la méfiance du chef du camp Askan.

Il s'agit d'un roman qui contient beaucoup d'humanité et d'espoir malgré la gravité des événements racontés, la misère et la violence qui sont décrites. Loin des clichés, l'auteur amène le lecteur au milieu de ce camp aux multiples ethnies. Hongrois, roumains, albanais, tchèques vivent et parlent dans des langues différentes. A travers ce cirque, c'est un espoir commun qui renaît, et cette renaissance est magnifiquement transmise dans ce roman.

Des personnages très humains, des récits prenants, beaucoup de dialogues rendent la lecture vivante et agréable.
J'ai aimé la construction décousue du récit, et j'ai été très touchée par ce sujet peu traité dans la littérature. C'est une belle découverte que je vous conseille vivement !

Commenter  J’apprécie          20
Roman lu en 2010. Je découvre que je n'avais pas rentré mon appréciation.
En fond de décor, une ville, seulement suggérée par la silhouette des grandes bâtisses, par les phares et les moteurs des voitures qui courent sur la bretelle d'autoroute.
Tout autour, la boue, les déchets, le bourbier à ciel ouvert, les fantômes éventrés des vieilles usines qui assiègent le camp des nomades.
C'est là que s'arrête,durant l'hiver de la grande pluie, Branko Hrabal, au volant d'un camion chargé de cartons, persuadé de pouvoir trouver un espace où s'installer.
Mais ce n'est pas si simple, même un camp de nomades est un creuset de réalités multiples et peu compatibles. Exactement comme la société qui l'entoure. Et, comme cette dernière, un camp de pouvoir avec ses règles et une hiérarchie aux quelles se soumettre et dans lequel prévalent l'agressivité et l'exclusion_ du moins au début_ de l'autre.
L'orgueil imposerait de rebrousser chemin, mais il y a les yeux des gamins, leur curiosité pour ce que Branko leur a annoncé : un cirque;
C'est à travers le cirque que l'homme pourra raconter l'histoire dramatique de son grand-père.

ce roman se passe au centre d'un monde interculturel où les langues de la nouvelle génération ont un rôle important.
Il raconte le partage de personnes d'ethnies différentes qui doivent se confronter et mesurer ce qui les unit et non ce qui les divises.
Le développement narratif est solide et bien construit; l'écriture à la fois forte et légère. le cirque est comme une métaphore, unique moyen pour dire le drame.
Commenter  J’apprécie          30
Branko, la trentaine, est un hongrois récemment arrivé dans un camp rom installé en bordure d'un périphérique. D'où vient-il et que recherche-t-il ? Cet homme mystérieux a amené avec lui dix cartons qui contiennent un cirque, dont Askan, le chef du campement ne veut pas. Mais ces cartons attirent les enfants du camp qui pressent Branko de raconter l'histoire de ce cirque. le Hongrois commence son récit, fait de souvenirs et d'héritage familial. Mais son temps est compté…

Le point de vue de départ (que je ne dévoile pas, sinon, risque de spoiler…) m'a semblé assez original. Mais je trouve que le sujet (le récit de l'histoire du cirque amené par Branko dans des cartons) se disperse en de vaines digressions : celui-ci est sans cesse interrompu par une série de dialogues assez violents qui aborde la vie des habitants du camp entre pauvreté, désoeuvrement et consommation de drogue et d'alcool. La vie de ces roms et du narrateur hongrois est très noire et le roman offre peu d'espoir. Par ailleurs, l'auteur a sciemment inséré au fil de l'histoire des mots et expressions en langues étrangères « dont le hongrois, le roumain, l'albanais, le tchèque et le romanès » sans y adjoindre une traduction. L'auteur explique en une note introductive la raison de ce choix : il ne nous est pas toujours possible de comprendre les langues que nous côtoyons, faute d'interprète ; dans un souci de confronter le lecteur à « la désorientation produite par le contact avec des langues et des codes culturels encore étrangers hier », l'auteur a choisi de « promouvoir une acceptation non menaçante de la réalité » en proposant à celui-ci des mots et expressions en langues étrangères régulièrement au fil du texte. Je trouve que l'intention est bonne, mais le résultat est assez déconcertant et désorientant. Je n'ai donc pas vraiment adhéré au roman, même si son message est intéressant et concerne l'histoire familiale, l'héritage du passé et la culture tzigane.
Commenter  J’apprécie          10
Nous sommes dans un campement tzigane où vivent, dans une grande précarité, des gens d'origines diverses. Un homme vient de mourir, tué à l'arme blanche. Dans une sorte de flottement précédent son départ vers d'autres cieux, il se remémore son arrivée au campement, un soir, avec son camion et dix cartons auxquels il tient particulièrement. Il n'a pas été accueilli les bras ouverts. On l'a regardé avec méfiance, surtout quand il a dévoilé le contenu de ses cartons : ce qu'il reste d'un cirque… Bien vite il a sympathisé avec les enfants du camp, s'est mis à leur raconter l'histoire de sa famille, indissociable de celle des précieux cartons.



On ne peut pas parler de ce livre sans évoquer son écriture, très particulière puisque s'insèrent dans le texte des phrases et des mots d'autres langues (hongroises, roumaines, albanaises). Des mots que nous ne connaissons pas mais qui ne gênent en rien la compréhension du texte et lui donnent une musicalité particulière.

Comme les enfants, le lecteur est suspendu aux lèvres du conteur qui relate peu à peu la l'histoire de la famille, déportée dans un camp de concentration durant la seconde guerre mondiale. Il y a beaucoup d'allers et retours entre le passé et le présent et ce n'est que peu à peu que nous reconstituons l'histoire de Branko et ce qui l'a amené à fuir son pays d'origine. Entre temps, nous découvrons la vie du camp, ou plutôt la survie car la misère et la pauvreté sont criantes. C'est une histoire triste mais pas désespérée. Branko n'a pas trahi les siens, il a fait ce qu'il considérait de son devoir et quitte ce monde apaisé. La fin nous montre que le cirque n'est pas mort avec lui...

Un beau conte des temps modernes sur la mémoire et la transmission.

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je tentais d’exprimer ma perplexité, mais déjà une étincelle s’allumait au fond des yeux de Senija et Ibrahim, lesquels commençaient à s’installer, plaçant une planche à repasser sans pieds sur deux piles improvisées de briques.

Aussitôt après, les autres enfants arrivaient. Les jumeaux Hajdini engoncés dans leurs blousons trop grands pour eux. Ilma dont je ne parvenais pas à voir le visage caché sous sa frondaison de cheveux frisés. Et même Nasir, le petit pirate de Belgrade, qui avait tenté de m’expliquer – s’apercevant de l’insistance avec laquelle je scrutais le bandeau sur son œil – que son grand-père avait voulu labourer des champs de bataille. Et enfin Roseta, rondelette et boutonneuse, qui me regardait d’un air fermé et soupçonneux.
Commenter  J’apprécie          10
Vous avez hâte de découvrir ces boîtes. Bien. Alors pensez à un cirque tel que vous le connaissez et éliminez tout de suite le chapiteau, puis les chaises et m^me les bancs des tribunes. Éliminez aussi les animaux et, à la fin, les personnes. Voilà. Après avoie éliminé ces choses, ce qui reste est un cirque comme le mien, qui peut se mettre dans de grands carons et se garder dans l'obscurité d'un lieu fermé pendant des années.
Commenter  J’apprécie          10
C'est vrai quand on y pense. C'est ainsi qu'est faite la vie d'un homme.
Elle est faite le temps d'une seule image.
Cinq enfants en cercle. Ils écoutent quelqu'un raconter une histoire.
Ils sont assis sur des pierres. Sur des bancs de fortune qu'ils ont improvisés.
C'est ainsi qu'est faite la vie d'un homme.
C'est une image qu'on croit avoir vue, engloutie d'un seul coup par une douleur sans préavis.
Commenter  J’apprécie          10
_Pourquoi tu vis ici? Comment t'est venue la pensée de vivre ici?
_Je vis ici pour ne pas vivre là-bas, parce que là-bas il n'est plus possible de vivre après ce qu'ils ont fait à mon frère, à Mahala.
_Alors tu vois, pour mon cirque c'est pareil, j'ai essayé de l'amener ici pour qu'il ne soit plus là-bas, à Tokaj, en Hongrie, après ce qu'ils lui ont fait.
Commenter  J’apprécie          10
Parce que au fond, dira Branko, nous ne sommes pas une tribu de cousins ou de consanguins, nous venons de pays incroyablement distants, pourtant on a en commun d'avoir tendu les vêtements sur les mêmes fils, de nous être acceptés l'un l'autre en tant que citadins n'ayant plus de racines.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Milena Magnani (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Milena Magnani
Milena Magnani présente" Il Circo Capovolto" (Le cirque chaviré) (en italien)
autres livres classés : romsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..