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EAN : 9782742705382
343 pages
Actes Sud (04/06/1999)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Bernard Magnier, a réuni ici, par-delà les frontières territoriales, des textes de l’ensemble du continent africain, à l’exception du Soudan et des pays situés au nord du Sahara. Ecrits en français, traduits de l’anglais, du portugais, de l’espagnol mais aussi du swahili, du haoussa, du yoruba, du wolof… ou du pidgin-english, de l’afrikaans et du créole cap-verdien, les poètes se suivent, se côtoient, sans autre forme de classement linguistique, national ou régional... >Voir plus
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Poème de la mer

Le drame de la mer
L’inquiétude de la mer
toujours
toujours
au-dedans de nous.

La mer!
Elle qui ceint nos îles
et les tient captives
rongeant les rochers de nos îles
laissant l’émail de son salpêtre sur les traits des pêcheurs
grondant sur les sables de nos plages
sa voix souffletant les montagnes,
berçant les barques de bois qui longent ces rivages.

La mer!
Aux lèvres elle met des prières

laissant aux yeux de ceux qui sont restés
la nostalgie résignée des pays lointains
qui nous parviennent par le truchement des illustrés
et des bandes cinématographiques
et dans cet air d’autres climats qu’ont les passagers
quand ils débarquent pour voir la pauvreté du pays!

La mer!
C’est l’espérance de la terre lointaine
qui peut-être jamais n’arrivera!

La mer!
Nostalgies des vieux marins contant des histoires d’autrefois
histoires de la baleine qui un jour renversa le canot
de beuveries, de rixes, de femmes,
dans les ports étrangers…

La mer!
Au-dedans de nous
dans le chant de la morna
dans le corps des filles brunes
dans les cuisses agiles des Noires,
dans le désir de voyage qui peuple les songes de tant d’êtres humains!

Ce geste d’invite qu’à toute heure
nous fait la mer vers l’évasion
ce désespoir de l’envie de partir
alors qu’il nous faut rester!

Jorge Barbosa (Cap-Vert, 1902-1971)
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Le silence du poète

Le jour où vous voyez un poète qui se tait
Ne soyez pas fâchés, il parle en son cœur.
Le jour où vous rencontrez un poète qui ne parle pas,
Ne soyez pas fâchés, il parle en son cœur.
Mais qui connaît les pensées du poète?
Qui peut connaître les pensées dans le cœur du sage?
Qui peut connaître le chant au bord des lèvres du chanteur?
L’eau qui n’impressionne pas le fermier,
Peut atteindre le cœur du poète, devenir océan,
Elle peut atteindre le cœur du poète, devenir lagune,
Et la tempête qui connaît l’océan et la lagune,
Peut atteindre le cœur du poète
Et devenir brise.
Le cœur du poète accepte la lie.
Et il accepte le limon
Et l’eau claire de la source.
Mais si vous rencontrez un poète
Qui a la tête à l’envers et se tait
Ne soyez pas fâchés, ne dites pas de mal de lui,
En son cœur, le poète parle.

Ewi Adebayo Falei (né en 1935, Nigeria)
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Ressac

Que viennent toutes les voix et toutes les rumeurs et les cris
que viennent les silences compatissants, les silences satisfaits
que viennent toutes les choses que je ne peux voir
à la surface de la société des hommes;
que viennent tous les ables, limons, fragments de roches
que la sonde recueille dans les océans navigables
que viennent les sermons de ceux qui ne craignent pas
le destin de leurs proches;
que viennent la réponse captée par ceux qui disposent
de détecteurs appropriés;
que tout revienne au point de départ
et viennent les odes des poètes,
que les poètes se confondent avec la respiration du monde;
que viennent tous autour de la ronde des pécheurs
que les hommes deviennent créateurs;
que vienne tout ce que je ressens comme vérité
au-delà du cercle terni de la vitre…
J’attendrai religieusement le trésor
que m’apportera la vague maritime…
La terre où mes genoux en douleur s’écrasent
est ma certitude fondamentale
mais j’éclairerai de ma lanterne aux mille couleurs
ceux qui viendront
et ils me trouveront sur la ligne de toutes les batailles.

Oswaldo Alcântara (Cap-Vert, 1907-1989)
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Mon pays est une musique

Mon pays est une musique que j’entends quand je n’entends plus rien.
Mon pays est une couleur où plonger est mon bonheur.
Mon pays est une musique qu’un enfant a jadis cachée dans une conque.
Mon pays est une conque. Y habite une huître dont le destin est un métier.
Mon pays est une musique. Tu l’écoutes quand je l’entends la mer vient.
Mon pays est un nombre. Dix couteaux impitoyables dans mon cœur consentant.
Mon pays est une musique. Dieu lui-même n’empêchera mon cadavre de l’écouter.
Mon pays est un nom. Le seul lieu que j’aime parce que je t’adore.
Mon pays est une musique. Ce son à nul autre pareil je le veux perpétuer.
Mon pays est un prénom qui m’empêche de mourir. Le tien, ô rose de mon sang!

Mario Fonseca (né en 1939, Cap-Vert)
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La source tarie

Je n’ai plus rien à chanter
Il ne me reste rien à danser

Mes émois mes sarcasmes d,enfant
Mes peines mes larmes refoulées
Mes lumières mes orages fulgurants
Ma hargne mes faiblesses bâillonnées
Mes angoisses mes temps forts
Le temps de mes refus d’homme
La densité de mes retours pantelants

Vous avez tout dit poètes inspirés
Je n’ai plus rien à chanter moi
Vous avez dit tout tout dit tout
Il ne me reste rien à danser

Mes contes mes légendes
Les mystères de Casamance
Les fauves de ma savane
Mes fleuves les brumes mes soleils
Les feux de brousse nos antres tutélaires
Tout tout dit

Je n’ai plus rien à chanter
Il ne me reste rien à danser

je vous tends les bras le cœur
Et ma muse fervente
Confondus dans vos chants
D’avant l’aurore.

Malick Fall (Sénégal, 1920-1978)
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Vidéo de Bernard Magnier
« Dehors est un grand pays » Ils sont nés à Oran, à Douala, à Indianapolis ou à Langres, à Stalowa Wola, Toulouse ou Paris. Leurs livres nous emmènent à Prague, Beyrouth, Tel Aviv, Vladivostok ou Tokyo, au Vietnam, en Syrie ou en Tchéquie, à Hollywood, Montmartre ou Harlem, au bord du Danube ou sur le Mississippi, en Dordogne ou dans le Lot. On y croise une enfance polonaise, une fratrie tunisienne, un « petit terroriste », des « funambules », des « maquisards » et des « débutants », des Sarrazins et des Gaulois, ainsi que Pelé, Mandela, John Wayne, Lech Valesa, Louis Armstrong, Matisse ou Rimbaud. On passe « un hiver à Sokcho », des « vacances au bled ». On franchit des frontières interdites. On tutoie l'intime et l'imprudence. On côtoie la déraison de l'apartheid, les furies des guerres, la détresse de l'exil, mais aussi les joies de la famille, la fièvre des amours, la grandeur des combats et de la solidarité, le bonheur de la solitude ou de la famille nombreuse. Au fil de leurs ailes, au fil de leurs mots. Bernard Magnier
Au fil des ailes festival - 12 au 27 novembre 2021 - région Grand Est Plus d'infos : https://cutt.ly/bWYWeAF Sur FB, Insta et Twitter : @Interbibly
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