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EAN : 9782246082040
322 pages
Grasset (06/11/2002)
3.56/5   141 notes
Résumé :
Chassée par les Anglais en 1755, une veuve, devenue esclave en Géorgie, décide de revenir en Acadie avec ses enfants. Rejointe par d'autres exilés, son odyssée de toutes les amours, de tous les dangers, durera dix ans. De Charleston à Baltimore, en passant par les marais de Salem, Pélagie et son peuple croiseront les Iroquois, connaîtront la guerre d'Indépendance américaine, souffriront la haine des protestants de Boston et un hiver rigoureux avant de regagner leur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Si on m'avait dit que je lirais un Goncourt sans le savoir, et qu'en plus je l'aimerais bien, je ne l'aurais pas cru.
Pourtant, c'est ce qui est arrivé avec Pélagie-la-charrette, roman qui m'a été conseillé et dans lequel je me suis plongé assez dubitativement, sans trop y croire, et même un peu dérouté au commencement. Au final une très bonne surprise.

C'est l'histoire de quelques Acadiens dont la vie basculera en 1755 lorsque le roi d'Angleterre décidera de vider leurs terres de ses occupants. Grand seigneur, ceux qui ne seront pas tués seront déportés au sud, en tant qu'esclaves. Ici arrive Pélagie, jeune mère lors de cette déportation, elle y perdra, outre un mari et quelques enfants, sa Liberté. Mais durant tout son temps d'esclavage elle n'aura de cesse que de rêver à sa Grand'-prée et à sa terre natale. Alors, une fois libre, elle montera une expédition pour retourner au pays. Au fur et à mesure de son voyage, les réfugiés s'agglutinent à sa charrette qui devient convoi, et les aléas de la vie et du climat vont jouer leur rôle à coeur joie. Dix ans de remontée vers le nord, de privations, de morts et de naissances, de rencontres plus ou moins heureuses, d'espoirs et de craintes. Dix ans pendants lesquels la charrette de Pélagie montera inexorablement vers l'Acadie, suivie de près par la sombre charrette de la mort...
Ce roman m'a extrêmement plu, tant par son histoire, véritable odyssée terrestre et rurale, que par ses personnages bien trempés et le style de l'auteur. Ce dernier peut être déroutant au début, mais on s'y fait rapidement une fois que l'on a compris que le narrateur contait tout en s'adressant aux personnages dont il / elle raconte l'histoire. C'est un pur plaisir de lecture que ces tournures désuètes et patoisantes aux accents oubliés, que ces patronymes montrant toutes la filiation et le peu d'imagination des parents lorsqu'il s'agit de trouver un prénom à leur progéniture. Ça plus la dimension fabuleuse de cette histoire, avec la métaphore de la charrette noire, avec les superstitions et autres croyances ou pratiques plus ou moins utiles, donnent une saveur particulière à ce récit totalement iconoclaste.
Et de surcroît, un petit cours d'Histoire.
Que du positif.
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« Un peuple qui n'a pas oublié la France après un siècle de silence et d'isolement n'oubliera pas au bout de quinze ans d'exil ses rêves d'Acadie. Il se souvenait de sa frayère comme les saumons, et comme les saumons, il entreprit de remonter le courant. »
En 1770, Pélagie Bourg dite LeBlanc entreprend avec ses enfants et plusieurs autres familles démembrées de retourner au village de Grand-Pré en Acadie (Nouvelle-Écosse). Après le Grand Dérangement de 1755, alors que les Anglais déportaient par milliers les Acadiens à bord de goélettes affrétées à cet effet tout le long du littoral de la Nouvelle-Angleterre, Pélagie n'a pas oublié le pays natal. Quittant la Géorgie, une première charrette tirée par trois paires de boeufs sera suivie par d'autres le long de la route vers le nord, à chaque rencontre d'un exilé décidé à revoir la terre ancestrale. L'art de raconter d'Antonine Maillet prend ici plusieurs formes : conte fantastique, récit historique, généalogie, un peu de romance, le tout baignant dans une parlure ancienne dont on perçoit même l'accent chantant acadien.
Le Prix Goncourt décerné à Antonine Maillet pour cet ouvrage en 1979 avait fait grand bruit au Québec, et c'est à la suite du visionnement du documentaire Les possibles sont infinis de Ginette Pellerin retraçant le parcours de l'auteure, qu'il m'est devenu impératif de lire Pélagie-la-Charette. Un roman poétique d'une grande valeur historique.
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Il y a des moments qui conviennent pour la lecture d'un livre et d'autres qui non. J'ai lu ce livre en 1980 et le seul souvenir qui m'en restait était que je ne l'avais pas apprécié. Je viens de le relire et j'ai aimé... Peut-être à l'époque ai-je été découragée par l'évocation de toutes les lignées des personnages (surtout "dans un pays où la demi-belle soeur cadette épouse en seconde noce le père du mari de sa soeur du premier lit". Mais l'énumération de ces lignées se comprend lorsque l'on sait que les "Acadiens-Français" ont tous perdu un ou plusieurs membres de leur famille (ascendants ou descendants) lors de leur déportation (le dérangement comme ils disaient) de l'Acadie par les Anglais Et pour évoquer cela, il y a la langue, sans doute celle que parlait nos ancêtres et dont on retrouve encore des expressions (asteure, aller qu're...) dans le patois, notamment dans le wallon liégeois.
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Chassées par les anglais, lors du grand Dérangement, les familles acadiennes sont envoyées comme esclaves dans le sud des " Etats-Unis".
Pélagie-la-charrette est l'histoire d'une de ces familles qui décide de prendre le chemin du retour, à travers le côte est de ce qui va devenir les Etats-Unis. Elle sera suivie de beaucoup d'autres familles.
Ce parcours vers le pays natal sera mouvementé.
J'ai beaucoup aimé ce livre d'Antonine Maillet, à l'écriture savoureuse , qui me fait découvrir l'histoire du Canada.
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Roman nous contant le retour d'un groupe d'acadiens vers leurs terres , quinze ans après avoir été déportés. Ils mettront dix ans à faire la route du retour, menés par la courageuse Pélagie-la-charette. C'est ce périple qui nous est conté dans le sens premier du terme puisque ce récit est un le résultat de transmission orale, d'histoires telles qu'on peut se les dire autour d'un feu.
Le langage employé par Antonine Maillet, vieux canadien, est très difficile à comprendre . Il permet bien néanmoins de situer l'histoire dans le lieu et l'époque mais nuit énormément à la compréhension. Même si au fil des pages, on s'y habitue et comprend mieux, j'ai eu l'impression de lire en langue étrangère.
Je me suis accrochée pour le lire .
Tout dépend de ce que l'on cherche, un contexte, une ambiance ou la compréhension et l'histoire!
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Les outardes étaient rentrées, les marées hautes avaient lavé les herbes de dunes et les foins des prés, on pouvait larguer les bêtes au champ. On pouvait sécher l'hiver sur la corde, et s'éventer la mémoire et les sentiments. Un siècle avait passé sur l'Acadie cachée au fond des bois et qui n'avait pas dit un mot durant cent ans.
...N'éveillez pas l'ours qui dort.
Mais en 1880, cent ans après son retour d'exil par la porte arrière et sur la pointe des pieds, l'Acadie sortait sur son devant-de-porte pour renifler le temps et s'émoyer de la parenté. De toutes les anses, et de toutes les baies, et de toutes les îles, on sortait la tête et dressait l'oeil.
Et c'est alors qu'on se reconnut.
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depuis le premier de la lignée sorti de la Seigneurie d'Aulnay, voilà que les Thibodeau s'étaient passé la forgerie comme on se passe un gobelet d'argent, d'hoir en hoir. Et alors, si vous pensez qu'un forgeron qui a brisé durant toute une vie les fers des chevaux et des bœufs, saura point en une nuit briser ceux de ses frères et compères prisonniers des Anglais !
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Bélonie, le premier du lignage des Bélonie à sortir du Grand Dérangement, était déjà un vieillard épluché quand la charrette se mit en branle. Et il déchiffra pour les jeunesses qui montaient à bord la légende de la charrette de la Mort. Il l’avait vue de près tant et tant de fois, entendue, Bélonie, entendue, car personne n’avait jamais vu ce sombre fourgon, sans portières ni fanaux, tiré par six chevaux flambant noirs, une charrette qui parcourait le monde depuis le commencement des temps.
– Si parsonne l’a onques vue, comment c’est qu’on sait qu’elle est noire, votre charrette ? que planta Pélagie en plein dans le front du vieux radoteux.
– Hi !
…pour toute réponse de Bélonie. Car en bon conteur de sa profession, il se réservait pour ses contes, Bélonie, et ne gaspillait jamais sa salive dans des obstinations perdues. Verrait qui verrait. Aucun vivant n’a encore vu la Mort et tout le monde la connaît. Tout le monde connaît le Diable encorné, l’Archange Saint-Michel accoté sur sa lance, et la charrette fantôme, noire, sans portières, tirée par trois paires de chevaux, voilà. Et qu’on n’en parle plus.
D’accord, qu’on n’en parle plus. Mais Pélagie savait qui en reparlerait le premier. Et à coups de hue! dia! elle remit les boeufs en marche.
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Au dire du vieux Louis à Bélonie lui-même, ce rejeton des Bélonie né comme moi de la charrette, seuls ont survécu au massacre des saints innocents, les innocents qui ont su se taire. N'éveille pas l'ours qui dort, qu'il dit, surtout pas l'ours qui dort sur le marchepied de ton logis. C'est pourquoi l'Acadie qui s'arrachait à l'exil, à la fin du XVIIIe siècle, est sortie des ses langes tout bas, sans vagir ni hurler, sans même se taper dans les mains. Elles est rentrée au pays par la porte arrière et sur la pointe des pieds. Quand le monde s'en est aperçu, il était trop tard, elle avait déjà des ressorts aux jambes et le vent dans le nez.
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Rentrez chacun à votre chacunière sur la pointe des pieds et attendez le temps qu'il faut. On a bien attendu en Géorgie, dans les Caroline, en Marilande, et tout le long de la Nouvelle-Angleterre, attendu que passe la première charrette pour y accrocher la sienne. On pourra de même attendre sur le marchepied de son logis que la porte s'ouvre et que la maison se vide. Attendre que la terre se réchauffe, que la mer se calme, que les mémoires s'émoussent. Attendre que les plantes regerment dans les champs et les potagers saccagés.
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