On rentre dans le quotidien de
Grand Corps Malade à l'époque où sa vie se fracture, et par la même occasion, dans celui des
patients abîmés ou détruits à des degrés divers qui entament un long chemin incertain de revalidation. Bien sûr, c'est bien écrit (c'est
Grand Corps Malade quand même !), bien sûr c'est intéressant. Mais personnellement, un peu court à mon goût et surtout descriptif, point barre. Il y a plongé, il en est ressorti, on ressent les choses depuis sa fenêtre à lui, ses émotions nous interpellent, puis on sent que cela en restera là. La fenêtre s'est refermée (et tant mieux pour lui). On aurait cependant adoré être encore plus secoué sur notre regard infantilisant sur le handicap, sur notre naïveté et notre bêtise à ce sujet, bien capter où se logent nos à priori les plus nazes. J'aurais apprécié qu'il y ait une relecture de sa propre colère qu'il renvoie au monde à ce moment-là... à ceux qui ne sont pas responsables pourtant... c'est une question délicate de savoir quoi faire de cela pour continuer à vivre ensemble. Mais c'est un livre très honnête et comportant déjà une belle part de transgression et de lucidité, qui m'a apporté des pistes de réflexion, même s'il s'arrête en chemin.