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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'oiseau m'a emportée sur son dos à tire d'aile, il a viré à droite, à gauche, a fait des piqués. Ce bel oiseau bleu m'a fait voyager des contrées lointaines d'Arménie, à la Sibérie, l'Allemagne, puis j'ai vu ma maison en passant au-dessus de Clamart, Issy-les-Moulineaux, Boulogne-Billancourt, Meudon, l'hôpital militaire de Percy…
Des noms de villes familiers aux oreilles de nombreux arméniens, ainsi qu'aux miennes. Missakian, Manoukian (le véritable nom de Ian ManookManook Ian), … ces personnes avec un nom de famille en -ian, j'en connais plusieurs, croisés pour beaucoup sur les bancs de l'école.
Mais de leur histoire, celle de leur famille, je ne savais rien, si ce n'est qu'ils étaient nombreux à posséder des entreprises de textile et de tricots, et qu'ils avaient réussi à organiser une filière économique florissante dans les années 1980. Las, aujourd'hui, de tout cela, il ne reste plus qu'un seul tricoteur qui vivote en attendant de tirer sa révérence, l'âge d'or n'est plus, tout se passe en Chine désormais. Mais, nulle amertume, les Arméniens ont envoyé leurs enfants à l'école, à l'université et se sont insérés en France, brillement pour la plupart.
Quel chemin parcouru pour ce peuple de revenants, avec une résilience à toute épreuve face au nombre incroyable d'atrocités subies, et qui m'a fait penser, la technologie en moins, à ce que subissent à leur tour aujourd'hui les civils Ukrainiens et plus particulièrement les femmes qui payent toujours de lourds tributs dans ces conflits.
J'ai été saisie par l'horreur de la scène inaugurale du livre, d'une violence inouïe, mais à la suite de laquelle Ian Manook nous replonge dans un autre bain de terreur sans même nous laisser le temps d'une petite respiration.
L'auteur s'est inspiré de la vie de sa grand-mère Araxie, et de celle d'autres Arméniens qu'il a connus pour bâtir son récit. Il révèle avoir, à la demande de son éditeur, supprimé deux scènes du fait de leur extrême violence, alors que les faits rapportés étaient pourtant véridiques.
Ian Manook dénonce avec talent la violence extrême subie par le peuple Arménien lors de ce génocide et les actes barbares et haineux d'un peuple envers un autre (d'ailleurs y compris par les Turcs envers ceux de leur propre communauté qui auront l'audace de porter secours aux Arméniens), qui se répètent inlassablement d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre…
La partie la plus marquante du livre est la première, elle me laissera un souvenir indélébile, elle concerne tous les évènements se déroulant en Arménie du temps de l'enfance d'Araxie et de sa petite soeur devenue aveugle Haïganouch. Araxie et Haïganouch, vendues comme esclaves à une famille turque, ce qui leur évitera une agonie certaine dans le désert de Deir-er-Zor, dans lequel des milliers de déportés arméniens mourront de faim et de soif sous l'oeil au mieux indifférent ou cruel de l'armée turque.
La seconde partie avec l'installation en France puis en région parisienne, si elle nous apprend plein de faits historiques très instructifs et intéressants, perd en intensité et en tension. Les multiples et récurrents personnages entre lesquels on navigue sans cesse ont moins capté mon attention, et j'ai trouvé certaines invraisemblances dans le fait que trop de personnages ont des liens entre eux sans le savoir. Ian Manook peine un peu à trouver des rebondissements dans cette partie du récit qui aurait gagné à être un peu plus condensé.
Un livre très dur, mais salutaire qui permet de découvrir l'Histoire du peuple arménien.
Je serai bien sûr au rendez-vous de la suite, le chant d'Haïganouch, à paraître en septembre 2022.
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Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
Face aux autres générations
Je déclare avec Aragon
La femme est l'avenir de l'homme

La femme est l'avenir de l'homme
et qu'en fait-il ?

des guerres, toujours et encore des guerres,
de combats de coqs en marquages de territoires
de massacres en génocides, d'éliminations en exterminations,
au nom de la religion, au nom du profit économique, au nom de l'agrandissement du royaume, au nom de la politique, au nom de l'idéologie.
Tant et tant de aux noms que l'homme en perd le sien et sa raison.

Les 47 chapitres de ce roman sont comme autant de fenêtres ouvertes sur le monde et son Histoire de 1915 (Erzeroum, Arménie turque) à 1939 - provisoirement avec ce tome 1, quelque part sur la terre.

Nous y traversons d'est en ouest, de l'Orient à l'Occident, mers, océans, peuples, religions, traditions, champs de bataille, charniers, morts, d'une guerre à l'autre, d'un massacre à un autre, quand l'un finit commence un nouveau ou s'annoncent les prémisses du suivant.

Un immense sentiment de découragement et d'accablement face à cette photographie du monde et de notre histoire à tous, au-delà même de celle du peuple arménien. Répétitions, générale, première, représentations et attention Mesdames et Messieurs, dans un instant, cela va (re) commencer.

Reprendre respiration avec les mots de l'auteur qui souhaite simplement:
"Aux enfants de toutes les diasporas, qui enrichissent de leur culture celle qui les accueille. Que leurs différences s'ajoutent plutôt que de s'exclure."

L'enfant est l'avenir du monde. Une évidence
- Ah si c'était si simple. La terre tournerait rond et nous arrêterions de nous cogner à ses arêtes. - tais-toi mauvaise langue ou nous te la couperons -

L'oiseau bleu d'Erzeroum est une fresque historique riche et très bien documentée (enjeux politiques, économiques, sociétaux, sociaux, religieux, en Orient, en Occident, USA, URSS, Europe), une saga romanesque, un roman dense en émotions et en couleurs intenses.

L'auteur a eu l'épicurienne inspiration de parsemer son roman de textes (via Haïganouch et différents poètes arméniens et russes), de plats aux saveurs de là-bas, de paysages et de femmes belles comme le soleil ou comme les étoiles, les oiseaux, ---- les chants, les murmures ---

- Elle sourit dans le noir, ils ne peuvent la voir.
Une autre guerre, ma soeur. Une autre guerre.
Où que tu sois, prends soin de toI.
Je demande à la lune ---

- Elle reste longtemps silencieuse, dans la fraîcheur d'une nuit qu'elle devine immense et étoilée au-dessus du Baïkal.
Une autre guerre, ma soeur. Une autre guerre
Où que tu sois, prends soin de toi.
Je demande à la lune ---

La pléiade de personnages, de continents, de coutumes, de religions, d'océans, de traditions, de couleurs, de senteurs, de saveurs, de poésies souvent (merci auteur(s)), de guimauve un peu loukoum par moments sont ici autant de respirations bienvenues et nécessaires pour nous permettre de digérer (parfois) toutes les atrocités endurées par le peuple arménien dont la population fut massacrée à plusieurs reprises, méthodiquement, systématiquement et qui n'eut comme solution que de se battre pour certains (Fedaïs), de mourir pour beaucoup, de se faire secourir pour quelques uns, de s'enfuir pour les plus 'chanceux' et d'essaimer à travers le monde en espérant s'y reconstruire une vie où Eros serait à nouveau présent et Thanatos renvoyé aux enfers dont ils s'étaient sortis.

Retrouvons-nous en 1939 pour le second volet de cette trilogie.
Enfin, je crois moi que j'y serai à ce rendez vous bleu entre le pouce et l'index pour le voir encore l'oiseau --
Alors. Trinquons à ces retrouvailles
Guenatz !
- Guenatz !

La lecture de ce roman m'a pris du temps comme j'aime parfois en prendre autant qu'apprendre. Il est rare qu'un auteur interpelle autant sur un sujet, ici ses interpellations étaient tellement nombreuses et diverses que si je le connaissais personnellement, je lui chuchoterais au creux de l'oreille: Auteur, pourrais-tu joindre à ton roman une quatrième partie reprenant les textes, les poésies, les recettes, les paysages comme autant d'hommages à ton peuple et au mien et au sien, ...


Scénario original:
1915, non loin d'Erzeroum, en Arménie turque.
Araxie, dix ans, et sa petite soeur Haïganouch, six ans, échappent par miracle au massacre des Arméniens par les Turcs.
Déportées vers le grand désert de Deir-ez-Zor et condamnées à une mort inéluctable, les deux fillettes sont épargnées grâce à un médecin qui les achète comme esclaves, les privant de leur liberté mais leur laissant la vie sauve. Jusqu'à ce que L Histoire, à nouveau, les précipite dans la tourmente.
Séparées, propulsées chacune à un bout du monde, Araxie et Haïganouch survivront-elles aux guerres et aux trahisons de ce siècle cruel ? Trouveront-elles enfin la paix et un refuge, aussi fragile soit-il ?

C'est autour de l'enfance romancée de sa propre grand-mère que Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, a construit cette inoubliable saga historique et familiale.
L'odyssée tragique et sublime de deux petites filles rescapées du génocide arménien.

L'oiseau bleu d'Erzeroum, T 1, est sorti le 7 avril 2021 chez Albin Michel.

'Un roman plein d'humanité où souffle le vent furieux de l'Histoire, une galerie de personnages avides de survivre à la folie des hommes, et le portrait poignant des enfants de la diaspora arménienne'

L'auteur:
Bourlingueur, journaliste, patron d'une société de communication... On ne compte plus les métiers exercés par Ian Manook. Pas plus que les nombreux prix (Polar SNCF, Elle Polar, Quais du polar....) qui ont couronné sa trilogie de « thrillers mongols » : Yeruldelgger, Les temps sauvages et La mort nomade (Albin Michel), traduits dans près de 10 langues... plus ceux publiés sous le pseudo de Roy Braverman.

- Roman acheté le 9 avril 2021 -
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l'Oiseau bleu d'Erzeroum de Patrick Manouchian alias Ian Manook nous invite à suivre l'histoire romancée de ses grands-parents et plus particulièrement celle de sa grand-mère, victime du génocide arménien alors qu'elle n'avait que dix ans...
Si j'ai suivi pas à pas les héroïnes et les héros de cette grande fresque épique qui balaie tout le 20ème siècle depuis le début de la 1ère guerre mondiale jusqu'aux portes de la Seconde, c'est avant tout grâce au talent de conteur de Ian Manook.
La scène inaugurale qui nous confronte d'emblée à l'horreur du génocide arménien est d'une violence et d'un suspense à couper le souffle. Et nous plongeons, haletants, dans la récit de la déportation qui va frapper deux soeurs, Araxie et Haïganouch, ainsi que tous les habitants d'Erzeroum, la petite ville où elles vivent en paix avec leur famille. Un exode forcé pour toute une population qui va connaître toutes les horreurs liées à un génocide programmé par Talaat Pacha, pour "la purification ethnique et confessionnelle de l'Empire". Rien ne leur sera épargné : déportations en train, massacres en masse, exécutions sommaires, abandon dans le désert de Deir-Ez-Zor. Une répétition générale, en quelque sorte, avant le génocide juif de la Seconde Guerre mondiale... Toute cette partie du roman mêle avec habileté et précision la petite histoire et L Histoire (avec un grand H). Les faits sont dits, dénoncés souvent au fil de dialogues et de confrontations entre les personnages qui se trouvent impliqués dans ce grand maelström. Ce qui fait que l'intrigue se complexifie très vite et nous invite à suivre de nombreux protagonistes notamment Christopher Patterson, représentant d'une association américaine et défenseur de la cause arménienne auprès de l'ambassadeur des Etats-Unis en Turquie. Un beau revers pour lui et une belle occasion pour Ian Manook de dénoncer le cynisme des grandes puissances plus soucieuses d'alliances de circonstances et d'intérêts géo-politiques que du droit des peuples à se défendre contre une extermination programmée. Nous découvrirons aussi Haïgaz et Agop, deux fedaïs - résistants arméniens - qui au fil du roman et après moult aventures, vont croiser le chemin de Araxie et Assina - une jeune turque devenue sur le papier la soeur de Araxie -.
Ce roman ne manque donc pas de rebondissements et les fils de l'intrigue se croisent avec bonheur au gré les lieux fort nombreux et des époques, pourvu que la lectrice ou le lecteur se laisse prendre au charme de retrouver un personnage que l'on croyait avoir perdu ou savoure la grande puissance d'évocation de certaines ambiances : celle de Smyrne "la cosmopolite", celles des grandes fêtes auxquelles vont se livrer Araxie, Assina (devenue Haïganouch), Haïgaz et Agop, installés en France au terme d'un long périple parsemé d'embûches et de souffrance... Un contrepoids solaire salutaire dans la deuxième partie du roman à l'évocation des massacres au début du récit.
Mais la dernière partie nous emmène également du côté du thriller politique avec cette fois la véritable Haïganouch, devenue une poétesse arménienne fort appréciée et qui vit dans une Arménie désormais communiste. Et c'est l'occasion pour l'auteur de nous donner à suivre, au gré d'un suspense haletant, Haïganouch et Plioutchkine, son amant, pris dans les rets de l'enfer stalinien, notamment au fil des agissements de la GPU (police secrète d'Etat). Là encore, l'ambiance oppressante de ce régime policier, friand de filatures insoupçonnées, d'interrogatoires musclés et de détentions arbitraires est extrêmement bien rendue.
Je me suis parfois un peur perdue dans les dédales d'une intrigue foisonnante et tortueuse. Mais me resteront en mémoire de très beaux personnages et aussi un épilogue qui m'a marqué tant il est poétique et porteur d'espoir...
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Un petit oiseau bleu tatoué entre deux doigts et me voilà, à tire d'ailes, partie loin très loin sous d'autres cieux parfois bleus, parfois beaux mais souvent vilains.

Il est parfois difficile d'exprimer son ressenti après une lecture et je ne saurais dire plus que les opinions exprimées ici . Que de belles critiques énoncées sous ce titre.

J'ai longtemps boudé Patrick Manoukian et tous ses alias. Ses romans policiers ou d'aventures ne me touchaient pas ou alors il y avait dans ceux-ci un traitement, une façon de dire qui m'énervait.

Et voilà que L'oiseau bleu d'Erzeroum me séduit et m'interpelle. L'auteur me présente ici une magnifique, inoubliable saga familiale, fresque historique romancée autour des souvenirs de sa propre grand-mère.
C'est le destin de deux petites soeurs - Araxie et Haïganouch - rescapées, mais non sans cicatrices, du génocide arménien et de leur destinée.

Et que sais-je de ce génocide? de cette horreur? L'auteur m'apprendra les déportations, les massacres, les tueries, les viols, la folie telle que l'histoire les relate. Parce que la réalité qu'il aurait pu décrire - mais qu'il n'a pas fait à la demande de son éditeur - allait bien au-delà de l'horreur qu'une fiction peut imaginer.

De 1915 à 1939, de la Turquie à la Sibérie, de l'Europe à l'Amérique, rien n'est oublié des enjeux politiques, sociaux, économiques, religieux, de l'est comme de l'ouest, de ces sociétés qui ont changé et qui ont bouleversé des vies.

De ce récit, j'ai retrouvé toute la sensibilité que seul bien souvent les gens ayant connu le pire possède. Je n'oublierai ni Araxie, ni Haïganouch. Au contraire, je poursuivrai la route avec elles dans le chant d'Haïganouch, elle qui sait si bien dire .
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Ian Manook fictionne ses racines. Celles de la famille Manoukian, ses grands-parents. Celles du peuple arménien aussi.

Raconter le passé à travers un récit romancé n'est pas chose aisée. le lecteur doit se retrouver dans l'équilibre recherché par l'auteur.

Au sortir de cette lecture, je peux vous assurer que vous n'en oublierez pas l'expérience.

Le 24 avril est la journée commémorative du génocide arménien perpétré dès 1915. Une tragédie trop peu connue, durant une période sombre de l'Histoire mondiale.

A cette époque-là, Araxie, dix ans, et sa petite soeur Haïganouch, six ans vont vivre l'enfer. L'aînée est la grand-mère de l'auteur. Deux gamines qui vont brutalement perdre leur innocence, comme des millions d'arméniens. Comme également Haïgaz, gamin des rues. Et d'autres personnages basés plus ou moins librement sur des personnes bien réelles. Ils sont plusieurs qu'on va suivre de près.

Les faits sont avérés, mais le livre est un vrai roman. Son souffle, porté par le réel, vous emportera. Vous brûlera aussi.

Les 60 premières pages sont terrifiantes. Épouvantables, au-delà des mots. Elles m'ont mis à terre, j'ai cru ne plus pouvoir me relever. Elles m'ont fait souffrir comme jamais en lisant un livre (et pourtant je suis un grand lecteur de romans noirs). La déportation vue de l'intérieur, au plus près, à travers ces deux gamines et leurs proches. L'horreur à l'état pur. Certaines scènes abominables resteront gravées en moi pour toujours. Inqualifiables et pourtant vraies.

Accrochez-vous, c'est un passage obligé pour comprendre. Et s'attacher « à la vie, à la mort » à ces personnages. Ils sont sublimes dans toute cette laideur, dignes face à toutes ces inimaginables ignominies. L'homme est pire qu'un animal, mais certains savent garder leur humanité. Il y a aussi de la lumière dans les ténèbres parfois, au bout de ces pages-là.

Ce récit est habité. Par des fantômes, des âmes, des émotions. Il a maturé durant 50 ans avant que l'écrivain ne nous le livre, et nous fasse vivre des sensations inoubliables. Qui viennent du coeur et des tripes.

De 1915 à l'avant de la seconde guerre mondiale, Manook nous conte une grande saga familiale, qui s'entremêle avec les soubresauts de l'Histoire. C'est un voyage auquel il nous convie, à la fois intérieur, mais aussi à travers le monde secoué par les conflits. La diaspora arménienne, son coeur et ses ramifications, pour survivre, juste vivre.

L'environnement est historique, riche d'enseignements, car bien intégré dans le récit. Je suis de ceux qui sont convaincus qu'on peut mieux s'imprégner de la réalité par la fiction. L'auteur nous en fait une magistrale démonstration.

Un roman qui raconte des destins extraordinaires, de personnes qui n'ont pourtant rien demandé, à part vivre. Parfois la folie de quelques hommes construit la bonne ou la mauvaise fortune de millions d'autres. Les plonge aussi dans des aventures humaines incroyables.

L'oiseau bleu d'Erzeroum tient donc autant du devoir de mémoire que du roman d'aventure familial. Des destins pour ne pas oublier, tirer les leçons et non pas nier. Oui, apprendre de ces femmes et hommes qui ne perdent pas espoir malgré les vicissitudes d'une existence tourmentée.

Ce livre est un enrichissement, autant émotionnellement qu'intellectuellement.

Par cette émotion qui pulse à travers des personnages mémorables et grâce à une écriture enlevée. Une plume alerte et expressive au possible. L'écrivain travaille sans plan, c'est bluffant, même si la construction du livre décontenance parfois. Mais c'est sans doute aussi ce qui fait que le récit pulse ainsi.

Ses lecteurs habituels ne doivent en aucun cas se détourner de cette fiction du réel. Bien au contraire, je suis convaincu qu'ils y trouveront tout ce qui leur plait chez l'écrivain jusqu'à présent, de manière exacerbée. Ceux qui le découvriront ne pourront que s'attacher à lui dorénavant. Ce livre est universel.

Ian Manook est un formidable raconteur d'histoires, même quand il exprime des faits authentiques. L'oiseau bleu d'Erzeroum est un roman tortueux, perturbant, mais surtout profondément humain malgré les atrocités qu'il décrit. Cette saga familiale est une lecture essentielle, qui reste gravée en nous.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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Ian Manook nous propose ici de suivre le terrible périple de deux jeunes Arméniennes prises dans la tourmente du génocide. Dans une très brève introduction, l'auteur nous précise qu'il s'est inspiré de l'histoire de ses grands-parents, surtout celle de sa grand -mère, et aussi de celle d'Arméniens et d'Arméniennes qu'il a connus. Il ajoute que son éditeur lui a demandé de supprimer deux scènes trop violentes. On n'ose les imaginer… En effet, le roman commence par l'horrible récit de la déportation en même temps que du massacre des Arméniens (1915-1916), récit d'autant plus difficile à supporter que l'on suit au plus près deux petites filles, Araxie et Haïganouch. Ce sont les deux personnages principaux du roman, en fait, les trois personnages principaux, je vous laisser découvrir comment et pourquoi. À cause des horreurs racontées sans pathos et presque cliniquement, le cent premières pages sont difficiles à supporter. Nous suivrons les personnages jusqu'à l'orée de la Deuxième Guerre mondiale dans le premier tome de ce que Ian Manook annonce comme une trilogie.
***
Me voilà assez désemparée pour expliquer ma réception de ce roman. Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt, mais je ne peux m'empêcher d'être déçue. J'avais beaucoup aimé les trois premiers polars de la série des Yeruldegger du même auteur, mais abandonné Hunter, publié sous le pseudonyme de Roy Braveman. Quand j'ai ajouté L'Oiseau bleu d'Erzeroum à ma liste, j'avais déjà bien compris qu'on partait là loin du polar ethnologique ou du thriller trépidant. Pour ma part, je connaissais peu l'histoire de cet horrible massacre, et encore moins les sombres motivations qui ont l'ont causé. J'ai dû me référer plusieurs fois à différents sites qui en présentent les causes politiques et, surtout, les différents commanditaires et responsables : le roman ne me suffisait pas à m'y retrouver. Certains documents de l'INA proposent des explications claires et concises (attention : photos très dérangeantes), et L'Encyclopédie multimédia de la Shoah donne un excellent résumé de ces terribles événements (https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/the-armenian-genocide-1915-16). Evidemment, ces recherches ne sont dues qu'à mon manque de connaissances sur le sujet. Non, ce qui m'a dérangée, ce sont les coïncidences incongrues, les improbables réapparitions de certains personnages, les histoires d'amour fleur bleue, bref, tout ce qui pour moi vient amoindrir la force de ce formidable récit. Et comme toujours, ce qui m'a agacée ravit d'autres lecteurs, et c'est très bien comme ça !
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Les premières pages sont terribles. Elles sont dures, denses, intenses. Je n'avais jusqu'alors rien lu d'une telle qualité sur le génocide arménien. Avant tout, ces pages sont nécessaires.
Malheureusement, une fois Araxie en France, j'ai décroché. La suite d'événements, ou rocambolesques, ou plus ou moins cousus de fil blanc, la plume assez quelconque de l'auteur, les intrigues sentimentales, m'ont lassée. Quel contraste avec la qualité de la première partie, passionnante. Je n'imaginais pas les liens si forts entre le génocide arménien et la shoah.
Quel dommage que la deuxième partie ne soit pas à la hauteur ! Je ne lirai probablement pas la suite dont pourtant le sujet m'intéresserait aussi.
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Ian Manook qu'on connait et admire évidemment pour sa remarquable saga policière mettant en scène le commissaire Yeruldegger dans les steppes d'Asie centrale raconte cette fois une histoire bien plus personnelle pour moi

C'est également un formidable conteur et, s'appuyant sur l'enfance romancée de sa propre grand-mère, il nous entraîne dans le destin tragique mais beau aussi de deux fillettes qui vont survivre.

" Ce sont les seuls malheurs ou presque, ce de jour dont les lendemains seront de braise. Araxie et Haïganouch marchent en silence, main dans la main, avec leurs cousines Mélinée et Siroune et d'autres enfants au regard creusé par la peur. D'instinct, les mères se sont regroupées autour de leurs petits. de temps à autre, le groupe se tétanise et se contracte sous l'aiguillon d'un cri d'horreur, sans jamais savoir qui a hurlé ni pourquoi."

Une saga familiale de 500 pages qui m'a entraîné de l'Arménie turque à la banlieue parisienne en passant par Alep, Smyrne ou Moscou, une saga grâce à laquelle j'ai découvert une partie de la culture arménienne et dans laquelle conflits géo-politiques et destins individuels sont étroitements liés.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Depuis 2013, Ian Manook occupe régulièrement les rayons polars et thrillers de nos librairies, dans lesquels il s'est fait un nom. Mais cette fois-ci, il revient avec un roman beaucoup plus intime. Il nous raconte l'histoire de son pays d'origine à travers les destins croisés de personnages de l'époque.

Il débute son récit en 1915, au moment du génocide des Arméniens. Alternant entre plusieurs protagonistes de camps différents, de classes sociales différentes et de responsabilités différentes, il nous dresse le tableau des évènements. On découvre le drame sous toutes ses facettes et on le vit de l'intérieur.

Dans ces conditions de vie désastreuses, les personnages principaux apparaissent comme des lumières dans la nuit. Leurs caractères bien trempés, leur humanité débordante et leur solidarité à toutes épreuves, les rendent particulièrement attachants. On se passionne pour leurs aventures. On vit avec eux les épreuves qu'ils subissent. On éclipse un peu les exécutions, les lapidations, les déportations, la famine afin de mettre nos espoirs dans les exploits de ces héros et héroïnes.

Grâce à une plume agréable à la narration fluide, l'auteur a su remanier le tragique en épique. de la sorte, il a pu parler de ce conflit et des répercussions de la tragédie, sans tomber dans le documentaire ou dans le pathos. Comme dans les romans de Ken Follett ou de Luca di Fulvio, le lecteur assiste à des faits historiques tout en se divertissant. Ce mélange rend la lecture de la terreur beaucoup plus supportable.

Pour l'avoir croisé dans des salons, je sais que Ian Manook est un être accueillant et généreux. Ce récit dégage exactement la même énergie. On sent toute la bienveillance de l'auteur qu'il met au service d'une odyssée instructive, trépidante et émouvante. Pour que l'on sache et pour que l'Histoire cesse de se répéter…
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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L'histoire du génocide arménien en Turquie en 2015. Atroce. Insoutenable. Intolérable.

Scene de tortures, de viols, de violences dont seront témoins et victimes Araxie, Againouch, Schakée, Agop et Aigaz.

Face à un tel déferlement de violence et de haine, une seule solution: l'exil pour fuir et se reconstruire, l'incompréhension chevillée au corps.

Un roman à la fois intense par la qualité de sa documentation dans la première partie et plus convenu par l'histoire des personnages dans le second volet.
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