Qu'est-ce qu'il fait froid ! Je suis congelée, moi qui suis très frileuse, je peux vous assurer que je suis cryogénisée pour des décennies, par des moins quarante et moins cinquante, vous n'avez pas fini de me voir sur Babelio…. Je sais qu'il en faut plus, mais c'est un essai…
Red Artic, hiver 1931, dans le Grand Nord Canadien, le 23 décembre, deux Loucheux, viennent se plaindre au poste de la police montée de la Gendarmerie royale, qu'un homme inconnu trappe sur leurs terrains de chasse, ils en ont peur.
Suite à la dénonciation, deux gendarmes vont aller rendre visite à ce monsieur, vérifié son permis de trappe et son identité. Mais tout ne se passe pas aussi facilement, un des policiers est blessé et il faut revenir très vite au village.
« Quatre heures du matin. Moins cinquante. Douze heures qu'il les mène dans la tempête, et la vitesse des chiens, n'a pas faibli. La même endurance. Il admire ses bêtes. Lui est perclus de douleurs. Les chutes et le froid lui tétanisent les muscles du dos. Les efforts pour sortir le toboggan des bassins de slutch, des congères ou des taillis lui ont déchiré les autres. le froid lui a fendu les lèvres. Ses doigts gèlent malgré les sous-gants dans ses moufles. Tout son corps s'est raidi, mais les chiens, eux, roulent encore des épaules et s'enfoncent dans leur harnais avec la même énergie qu'au départ. »
Suite à ce fiasco, l'inspecteur Walker, pense qu'il n'a pas d'autre choix, que d'aller déloger ce sinistre individu nommé Jones ? Personne ne sait vraiment d'où il vient, quel est son nom, ce qu'il fait là.
Janvier 1932, une immense chasse à l'homme s'organise, personne ne cherche à savoir qui a tort ou raison, il faut arrêter cet homme, tout est de sa faute. Une meute d'une trentaine d'hommes armés, équipés de traîneaux, d'une centaine de chiens et d'un avion de reconnaissance pourchasse un être humain. Un seul. Tout seul.
« Triste matin, songe-t-il en regardant par la fenêtre. Il connait ces cieux de neige, prompts à ensevelir le monde et à l'étouffer dans un silence de ouate qui rend fou. Il connait le grand blanc, traître et sournois. Il connait les racks de glace qui bâclent de barricades, les rivières qui se gèlent, et le tonnerre de leur débâcle. Il connait les montagnes, les collines, les bois. Il connait les lynx, les ours et les loups. La martre, le pécan, le vison, la fouine et la belette. Il connait les Indiens. Les Loucheux, les Cris, les Mohwaks. Et il connait surtout les trappeurs. Les coureurs de bois et leurs cabanes. On n'enfonce pas ces portes-là d'un coup d'épaule. Une porte de trappeur, ça ne s'ouvre que vers l'extérieur, de sorte que les ours ne la force pas en s'appuyant de tout leur poids dessus et que le trappeur ne se retrouve pas piégé dans sa cabane face à un fauve en furie et affamé. »
Durant six semaines, à travers blizzards, tempêtes de neige, ces hommes assoiffés de vengeance se lancent sur la piste d'un fugitif qui les fascine, il est beaucoup plus malin qu'eux, plus de résistance aux intempéries, il déjoue tous leurs pièges, n'a peur ni des hommes, ni des bêtes. Juste parce qu'il a envie d'être seul, de se fondre dans la nature, qu'on lui foute la paix, malheureusement, la loi doit être respectée, même au fin fond de l'enfer.
« le vent est tombé d'un coup, un froid glacé a figé la nuit. Les hommes restent engoncés dans leurs vestes épaisses, bottes aux pieds et moufles aux mains, le nez dans un foulard de laine ou dans la fourrure de leur capuche. C'est l'heure critique des solitudes où la froidure saisit les âmes, à se demander ce qu'on fait, par moins quarante, à quatre jours de traîneau de chez soi, à se geler en attendant de donner l'assaut à la cabane d'un fou qui n'hésitera pas à canarder. »
Une course-poursuite de folie, qui tourne à la curée, des tensions mettront certains d'eux face à leur propre destin. Car tout prédateur devient un jour la proie de quelqu'un d'autre.
Vous savez déjà que j'aime cet auteur donc
Ravage de
Ian Manook, a été un pur bonheur de lecture, les descriptions grandioses des paysages, une écriture fluide qui vous emporte et que vous n'avez pas envie de lâcher. le seul reproche, parfois ça tourne un peu en rond, mais la traque est longue. D'après un fait réel, un récit à couper le souffle.