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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un Ravage, au Canada, c'est ce que l'on constate après le passage des caribous, troupeau immense de cinq mille fantômes en transhumance. Ils piétinent tout sur leur passage. Après, allez retrouver la trace de cet homme, ce Jones que la Gendarmerie royale canadienne tente de rattraper !
Une fois de plus, Ian Manook, que je ne me lasse pas de lire, démontre tout son talent de conteur. Chez ces mêmes éditions Paulsen, il m'avait emmené sur les bateaux des pêcheurs bretons partant À Islande.
Cette fois-ci, il me plonge dans les grands froids des Terres du Nord-Ouest, avec ces trappeurs et ces Loucheux, un peuple autochtone obligé de s'adapter à ces envahisseurs attirés par l'or puis par le commerce des fourrures.
Ravage n'est donc pas un polar comme Ian Manook sait si bien conduire mais s'en apparente par certains côtés avec cette chasse à l'homme trépidante par des températures de moins cinquante degrés. le blizzard, la tempête, le brouillard et cette neige qui recouvre tout, rien n'est épargné à ces hommes, ces mushers qui savent maîtriser leurs chiens de traîneau malgré les nombreux obstacles qui brisent leur course.
D'ailleurs, dès le prologue, Ian Manook me met au parfum avec ce traîneau tiré par sept chiens. Il transporte Billy jusqu'à l'hôpital d'Aklavik, car cet homme est gravement blessé.
Ravage est lancé, bien lancé à partir de ce mercredi 23 décembre 1931. Je suis tenu en haleine jusqu'au 17 février 1932 et je vais croiser, entre autres, Linda Bauwen, Martha Walker, Wright, Claudel, Walker, Söderlund, Billy et McCoy. L'auteur a la très bonne idée de nous révéler la suite de leur vie après le dénouement.
Pour savoir pourquoi le mari de Linda Bauwen ne figure pas dans cet épilogue, il faut plonger dans Ravage, une histoire inspirée de faits réels, histoire fort bien documentée qui m'a passionné jusqu'au bout.
Au passage, grâce au Docteur Söderlund, Ian Manook fait vivre la faune et la flore se développant dans ces territoires paraissant désertiques. Il ajoute les péripéties aériennes de Wright plusieurs fois en conflit avec l'inspecteur Walker qui mène la chasse à l'homme. Comme ces deux hommes ont combattu durant la Première guerre mondiale, l'un dans les airs, l'autre dans les tranchées, leurs échanges sont animés et instructifs.
Ravage regorge de bien d'autres épisodes surprenants, violents parfois et surtout étonnants avec ce Jones qui défie toute logique et surprend par sa résistance et son inventivité. Alors, faut-il aller jusqu'au bout, mener à son terme une poursuite vaine et stupide comme en débattent Walker et Wright, deux hommes aux conceptions diamétralement opposées mais qui surprennent.
Une fois de plus, Ian Manook a réussi un ouvrage magnifique de suspense flirtant entre réalité et imaginaire : un régal de plus avec cet auteur !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Je trouve que c'est vraiment difficile de faire un billet sur un roman où l'on a éprouvé beaucoup de sentiments.
La première concerne le lieu : on imagine un décor de blanc en permanence, les températures avoisinent les moins quarante, les lacs sont gelés, les arbres, les montagnes, toute la nature est couverte de neiges. On ressent le froid mais également la beauté. On voit les chiens, les loups, les caribous, les écureuils, les bisons, on sent les odeurs de viandes grillées et de feu pour se réchauffer, les tissus qui couvrent la peau pour la protéger du froid, les sons des raquettes sur la neige, les chiens qui aboient, l'avion, etc... Donc l'ambiance qui me transporte vers l'inconnu.
Les personnages : on s'y attache immanquablement. Wright l'aviateur, Walker et son épouse, Claudel, Bauwen, McCoy le Musher, docteur Söderlund, et même John bien qu'il restera mystérieux. C'est cette soif de vivre forçant l'admiration qui nous permet de le connaître un petit peu. Les personnages mais également leurs échanges, leurs intéractions, leurs histoires, les trappeurs et leurs règles, leurs jalousies, leurs vengeances. Comme cet échange entre un Natif et le gendarme sur les Terres au début du récit, se terminant par un silence qui en dit long... Et des êtres qui voulaient juste qu'on ne grapillent pas encore un peu de leur métier de trappeurs et que la jalousie finit dans une traque humaine plus que disproportionnée... le symbole d'une Terre qu'on a assez de partager avec des étrangers?
Je découvre des mots, des tribus : Les loucheux, les Natifs appelés également Kutchin. Un Musher (pourtant j'ai lu Sauvage de Jamey Bradbury mais je ne sais pas, j'ai oublié peut-être), l'animal le carcajou, et d'autres, que je vous laisse soin de découvrir...

Et puis l'éthique de l'histoire, une histoire vraie, qui me laissera un sentiment d'aigreur, de petite tristesse, face à une justice qui n'est pas la mienne, mais que je ne peux pas comprendre, qui est insaisissable pour une française du XXIème siècle.
Un roman que j'ai beaucoup aimé.
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Ce qui est époustouflant dans ce roman, c'est le fait que Ian Manook se soit inspiré d'une histoire bien réelle : Ce trappeur capable de survivre dans une nature hostile malgré la traque dont il a fait l'objet. Ce fait divers avait passionné le Canada en 1932.
Dans le roman, le trappeur se nomme Jones, enfin c'est le nom qu'il donne car, de lui, on ne sait rien. Et on n'aurait rien su s'il n'avait été dénoncé par un loucheux, nom donné aux autochtones indiens. Ce type, il chasse sans permis de trappe. La loi, c'est Harry Bauwen, en poste dans la gendarmerie royale canadienne. Il envoie deux de ses hommes mais le trappeur, barricadé dans son chalet de rondins comme dans un fort, refuse de leur parler. Les sangs s'échauffent malgré des températures à moins quarante, mais on entend faire respecter la loi. Nouvelle tentative des gendarmes avec, cette fois-ci, un mandat de perquisition. Après les paroles, on finit par échanger des coups de fusil. Ça tourne vinaigre et l'inspecteur Howard Walker, en poste à Aklavik et ancien soldat de 14-18, décide de monter une expédition pour faire respecter la loi à cet individu
« Onze hommes et soixante-trois chiens au total. Deux jours pour rejoindre la cabane et interpeller Jones, et deux jours pour le ramener à Aklavik, plus un jour de sécurité au cas où, à raison de cent vingt kilos de viande par jour pour les animaux et onze pour les hommes. Sept cent kilos de nourriture, c'est ce qu'il faudrait. Plus les équipements, les tentes, les raquettes, les armes, les munitions. Une expédition. »

Jour après jour, Ian Manook nous entraîne sur les pas de ces hommes rudes qui ont appris à vivre dans des conditions extrêmes. Parmi eux, beaucoup ont soif de vengeance, ils veulent la peau de ce trappeur fou. Mais certaines voix s'élèvent contre l'avis général, dont celle de Bauwen qui se demande si ce trappeur solitaire et misanthrope vaut bien cette débauche d'hommes armés.
L'auteur a su exploiter le fait réel en inventant sa propre histoire dans le récit véritable. Ainsi les personnalités des hommes sont-elles bien décrites et fouillées, donnant lieu à des conflits et des revirements de situation.
Jones leur échappe sans cesse et ils se demandent où les mènera cette course poursuite épuisante. Jusqu'en Alaska peut-être ? Jones est une vraie anguille qui a une connaissance innée de la survie en milieu hostile. Il s'adapte à son environnement et a l'intelligence animale pour brouiller sa piste et avancer contre toute logique. Que cherche-t-il vraiment ?
Du pilote Wright, ancien as de l'aviation pendant la guerre, homme téméraire qui n'hésite pas à affronter le blizzard pour soutenir la traque au sol, Ian Manook fait un personnage complexe au regard distancié mais terriblement lucide sur cette chasse à l'homme.
Et puis il y a aussi le médecin, le docteur Söderlund, personnage secondaire mais dont l'humanisme réchauffe un peu ce récit cruel. Passionné d'ornithologie, il connait tout du sizerin blanchâtre, du lagopède des saules ou encore des bernaches. Et son discours est terriblement contemporain.
« Notre meute traverse ces immensités admirables dans une débauche de brutalité et de violence dans le seul but d'appliquer une loi qui nous permet de nous en prendre à un supposé criminel sans un seul regard pour ce monde merveilleux qui nous entoure. Chaque roche, chaque plante, chaque animal de ce paysage est un miracle. »
Les femmes sont rares, il n'y en a que deux, Martha Walker et Linda Bauwer. A travers leur quotidien, on comprend leurs difficultés et leurs rêves enfouis. L'expédition laissera des traces dans leur vie.
On croise une faune étonnante : Carcajous, caribous lagopèdes et même un « omingmak » ou boeuf musqué encrouté sous la neige. C'est « une force brute, animale », celle-là même qui illustre la couverture et donne le ton de ce récit brutal, violent, où hommes et bêtes affrontent les éléments d'un climat rude avant de s'affronter entre eux.
Un roman ahurissant qui m'a tenue en haleine du début jusqu'à la fin.

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Qu'est-ce qu'il fait froid ! Je suis congelée, moi qui suis très frileuse, je peux vous assurer que je suis cryogénisée pour des décennies, par des moins quarante et moins cinquante, vous n'avez pas fini de me voir sur Babelio…. Je sais qu'il en faut plus, mais c'est un essai…

Red Artic, hiver 1931, dans le Grand Nord Canadien, le 23 décembre, deux Loucheux, viennent se plaindre au poste de la police montée de la Gendarmerie royale, qu'un homme inconnu trappe sur leurs terrains de chasse, ils en ont peur.

Suite à la dénonciation, deux gendarmes vont aller rendre visite à ce monsieur, vérifié son permis de trappe et son identité. Mais tout ne se passe pas aussi facilement, un des policiers est blessé et il faut revenir très vite au village.

« Quatre heures du matin. Moins cinquante. Douze heures qu'il les mène dans la tempête, et la vitesse des chiens, n'a pas faibli. La même endurance. Il admire ses bêtes. Lui est perclus de douleurs. Les chutes et le froid lui tétanisent les muscles du dos. Les efforts pour sortir le toboggan des bassins de slutch, des congères ou des taillis lui ont déchiré les autres. le froid lui a fendu les lèvres. Ses doigts gèlent malgré les sous-gants dans ses moufles. Tout son corps s'est raidi, mais les chiens, eux, roulent encore des épaules et s'enfoncent dans leur harnais avec la même énergie qu'au départ. »

Suite à ce fiasco, l'inspecteur Walker, pense qu'il n'a pas d'autre choix, que d'aller déloger ce sinistre individu nommé Jones ? Personne ne sait vraiment d'où il vient, quel est son nom, ce qu'il fait là.

Janvier 1932, une immense chasse à l'homme s'organise, personne ne cherche à savoir qui a tort ou raison, il faut arrêter cet homme, tout est de sa faute. Une meute d'une trentaine d'hommes armés, équipés de traîneaux, d'une centaine de chiens et d'un avion de reconnaissance pourchasse un être humain. Un seul. Tout seul.

« Triste matin, songe-t-il en regardant par la fenêtre. Il connait ces cieux de neige, prompts à ensevelir le monde et à l'étouffer dans un silence de ouate qui rend fou. Il connait le grand blanc, traître et sournois. Il connait les racks de glace qui bâclent de barricades, les rivières qui se gèlent, et le tonnerre de leur débâcle. Il connait les montagnes, les collines, les bois. Il connait les lynx, les ours et les loups. La martre, le pécan, le vison, la fouine et la belette. Il connait les Indiens. Les Loucheux, les Cris, les Mohwaks. Et il connait surtout les trappeurs. Les coureurs de bois et leurs cabanes. On n'enfonce pas ces portes-là d'un coup d'épaule. Une porte de trappeur, ça ne s'ouvre que vers l'extérieur, de sorte que les ours ne la force pas en s'appuyant de tout leur poids dessus et que le trappeur ne se retrouve pas piégé dans sa cabane face à un fauve en furie et affamé. »

Durant six semaines, à travers blizzards, tempêtes de neige, ces hommes assoiffés de vengeance se lancent sur la piste d'un fugitif qui les fascine, il est beaucoup plus malin qu'eux, plus de résistance aux intempéries, il déjoue tous leurs pièges, n'a peur ni des hommes, ni des bêtes. Juste parce qu'il a envie d'être seul, de se fondre dans la nature, qu'on lui foute la paix, malheureusement, la loi doit être respectée, même au fin fond de l'enfer.

« le vent est tombé d'un coup, un froid glacé a figé la nuit. Les hommes restent engoncés dans leurs vestes épaisses, bottes aux pieds et moufles aux mains, le nez dans un foulard de laine ou dans la fourrure de leur capuche. C'est l'heure critique des solitudes où la froidure saisit les âmes, à se demander ce qu'on fait, par moins quarante, à quatre jours de traîneau de chez soi, à se geler en attendant de donner l'assaut à la cabane d'un fou qui n'hésitera pas à canarder. »

Une course-poursuite de folie, qui tourne à la curée, des tensions mettront certains d'eux face à leur propre destin. Car tout prédateur devient un jour la proie de quelqu'un d'autre.

Vous savez déjà que j'aime cet auteur donc Ravage de Ian Manook, a été un pur bonheur de lecture, les descriptions grandioses des paysages, une écriture fluide qui vous emporte et que vous n'avez pas envie de lâcher. le seul reproche, parfois ça tourne un peu en rond, mais la traque est longue. D'après un fait réel, un récit à couper le souffle.

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Roman noir dans le grand blanc, froidement bien mené.
Vertigineux de beauté et réfrigérant de sensations !

Ian Manook s'est inspiré d'un fait réel, une chasse à l'homme absurde dans le Grand Nord canadien durant l'hiver 1931-1932, la traque d'un « fugitif » dont on ignore encore l'identité.
Autour de cette réalité, l'auteur brode alors la part romanesque, donnant corps à cet homme depuis le récit du point de vue des poursuivants. Mais qui était-il vraiment ?

Des hommes et des chiens dans la tempête – Des grands espaces pour un huis-clos cruel.
Une lecture aventure refroidissante en terre inconnue, solitude - isolement - survie, où s'invitent blizzard, températures extrêmes – en dessous des moins 40 – neige et glace, ravines et forêts, vents furieux et rivières, et, des émotions mêlant peur, stupéfaction, admiration, fascination.

Transportée immédiatement à Red Artic, je me suis rapidement imprégnée de l'atmosphère hostile aux conditions féroces, dans une ambiance inquiétante – sur le qui-vive.

Ce roman est aussi une réflexion sur Mère Nature et la nature humaine.
Il soulève bien sûr des questions sur la psychologie des personnages, sur la loi des hommes et sur la loi naturelle.

J'ai aimé découvrir ce territoire, un milieu unique très caractéristique - géographie, topographie, climat, faune - ces terres étendues, les rapports humains ; et me perdre (depuis mon fauteuil et sous un plaid) dans ces contrées enneigées et glaciales.

N'ayant pas lu le résumé, je n'avais pour pistes que la superbe couverture : un boeuf musqué des neiges -l'omingmak - le barbu, à l'allure préhistorique du mammouth, et le titre "ravage" dont j'ignorais ici la définition. Cet animal évoque très bien le tempérament du roman.

On sent que l'auteur, qui a parcouru le monde en tant que journaliste, connaît son sujet ; et son roman, que j'ai beaucoup aimé, est parfaitement bien documenté. Je l'ai trouvé très dépaysant et instructif.
Je recommande, chaudement !

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Papote de flingueuse avec Sylvie et Dany pour la double chronique de Collectif Polar
Sylvie la polardeuse : Lire un Manook c'est s'évader, vous le raconter en trois lignes cela ne m'est pas possible ………Un grand merci à Ian et aux éditions Paulsen pour ce cadeau.
Dany Flingueuse : Au nom de la loi, une traque hors du commun est menée dans le grand désert blanc canadien en 1932, oui avant les téléphones portables et les GPS. Ce qui pourrait débuter comme un malentendu ou une bavure, une traque sans répit va devenir la raison d'être de policiers qui se font aider de trappeurs et d'auxiliaires occasionnels avec leur avion de reconnaissance. Jones, c'est sous ce nom qu'il est identifié, est un trappeur sans permis et il riposte mortellement lors d'une interpellation. de nos jours on dirait « refus d'obtempérer ». Mais les dés n'étaient-ils pas déjà jetés ? Avait-il d'autre choix que la fuite pour sauver sa vie ? Des moyens disproportionnés sont lancés aux trousses du fugitif inspiré et intuitif. Au-delà de la traque digne des plus grosses productions hollywoodiennes, une réflexion philosophique, écologiste et humaniste est sous-jacente. Jones est isolé et pourtant il survit à toutes les attaques, sans moyens, mais à l'instinct. le récit est émaillé de descriptions de l'environnement hostile du grand nord, d'anecdotes sur le mode de vie de ses habitants ainsi que de rappels historiques très documentés.
Sylvie la polardeuse : Une dénonciation et c‘est une véritable chasse à l'homme qui se met en branle. Une traque pour un permis de trappe non autorisé qui va durer six semaines et prendre une tournure inattendue.
Jones est un homme seul, sans identité, un trappeur fou qui veut garder sa liberté, rester un sauvage, un animal, se défendre et survivre, il ne veut pas abandonner ni se rendre, il se joue des trappeurs et de la Gendarmerie Royale. Celle-ci va déployer des moyens colossaux et entraîner une meute d'hommes et de chiens à ses trousses.
Dany Flingueuse : Les sentiments distillés par l'auteur sont ambigus : l'empathie gagne peu à peu au fil des pages, l'admiration pour l'ingéniosité du fuyard aussi. Qui sont les gentils, qui sont les méchants ? L'identité du traqué est incertaine et le suspense dure jusqu'à l'ultime rebondissement.
Sylvie la polardeuse : Inspiré de l'histoire vraie de cet homme (son histoire en fin du livre…), Ian Manook raconte cette atmosphère, cet univers marmoréen, cette aventure humaine, les sentiments et les valeurs qui feront jours dans des conditions extrêmes au sein d'un paysage sublime et impitoyable. La nature dans son écrin arctique en est la spectatrice ! Il arrive à mettre de la couleur dans la neige ! le lecteur est un spectateur qui suit jours après jours cette traque insensée.
Dany Flingueuse : Comme dans tous ses romans, Ian Manook (ou ses pseudonymes) interpelle le lecteur et le place face à des contradictions et les évidences deviennent beaucoup moins franches, révèlent bien des questions de conscience. C'est pour ça que j'aime lire ses thrillers : même quand ils parlent d'histoire, ils nous interpellent sur notre présent, avec toute la complexité de l'exercice. Exercice brillamment réussi encore une fois, merci monsieur l'auteur ! Les lecteurs en redemandent !
Sylvie la polardeuse :
L'écriture de Ian transporte et ouvre les sens elle nous permet d'imaginer ce paysage immaculé, froid comme un tombeau, d'imaginer une cerise rouge, d'imaginer sentir les odeurs de plats (du ragoût de castor ou de la tourtière), d'imaginer le Lagopède et les traîneaux tirés par les chiens glissants sur la neige, d'imaginer sentir le froid et la solitude d'un homme traqué dans ce Grand Nord Canadien….
Et dans ce décor, cette histoire est aussi une histoire d'hommes ; ceux qui sont les traqueurs mais qui s'affronteront, ceux qui ressentiront des sentiments contradictoires, du respect et de l'admiration envers cet homme qui les défie, ceux qui reviennent de la guerre, ceux qui sont acharnés et assoiffés de vengeance, ceux qui ont leurs blessures, ceux pour qui la loi c'est la loi et ceux que cette traque changera à tout jamais.
Je pourrais aussi vous parler des personnages, de ce petit côté hors du temps façon sur la route de Madison avec Martha, de la préparation du cake de noël avec le chef, de ces empoignades entre les hommes, de leurs soirées à danser, de ces Loucheux, des croyances indiennes, des animaux, de Bauwen, de Mc Coy, Howard, Walker et les autres mais non parce qu'il vous faut lire cette histoire !
Dany Flingueuse : une dernière chose : quel est le point commun entre les derniers romans de Roy Braverman et Ian Manook ? le titre de chaque chapitre est en fait la dernière phrase de celui-ci.
Pourquoi il faudrait le demander à notre auteur.
Sylvie et Dany en coeur : On peut dire qu'au final ce roman est un coup de coeur au Collectif Polar

Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Gros coup de coeur pour ce roman, qui a failli ne jamais se retrouver entre mes mains: un opus précédent m'avait déplu et j'avais rayé l'auteur de mes listes; heureusement une lectrice amie de fort bon goût est intervenue ! Et elle a eu bien raison. Quel trépidant roman, une chasse à l'homme dans le grand nord canadien, bien plus qu'une chasse à l'homme car entre les exploits des hommes et des chiens, confrontés à la violence des éléments et du milieu, se dessinent des questions plus profondes. Qu'est-ce qui fait une société? Où s'arrête la liberté d'un homme et où commencent les lois? Qu'est-ce qui distingue, ou pas, un groupe d'hommes lancés dans la traque d'une meute.....Luttant contre le gel, le vent, les gloutons, la police montée canadienne et les trappeurs qui s'y sont joint cherchent un homme, dont le vrai nom n'est pas tout à fait sûr, qui a tiré sur un gendarme. Qui a tiré le premier? Est-ce que les officiers vont réussir à tenir les hommes lors de l'assaut final? Et d'abord, quand est-ce qu'ils vont réussir à arrêter de se faire balader et avoir enfin un coup d'avance sur cet homme dont les plus fins ne peuvent qu'admirer l'endurance et l'ingéniosité....
Vraiment un grand roman.
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Ravage de Ian Manook

Ian Manook écrit ici une magnifique course poursuite, ou plutôt une traque à travers les Territoires du Nord Ouest canadiens, de janvier au 17 février 1932.
En décembre 1931, l'inspecteur Walker, de la Gendarmerie Royale Canadienne, veut vérifier la licence qui donne droit de chasse à un trappeur du nom de Jones. Il est dénoncé par deux Loucheux ou Querelleurs (c'est ainsi que les colons nomment les indiens) qui le soupçonnent de ne pas l'avoir, de chasser sur leur territoire et d'être donc un concurrent illégal.
Dans ce far west canadien, isolé de tout, la loi est celle de la nature immense, indomptable, dangereuse, et celle des trappeurs, des hommes durs et habitués aux conditions de vie difficiles, des hommes de commerce, et surtout des bois et des rivières.
Celle de l'Etat est difficile à faire respecter et le contrôle va mal tourner (un homme meurt et un autre est blessé) et Jones s'enfuit.
Nous sommes en hiver, et Walker, homme de principe, va organiser la poursuite et mettre des moyens considérables pour arrêter Jones, et nous voilà embarqués sous le blizzard, les tempêtes de neiges, à traîneaux entre Aklavik sur la Pell river et la Rat River vers les innacessibles Richardson Mountains.
La nature est gigantesque, blanche et mystérieuse, tourmentée, froide et dangereuse. Pour survivre dans ces toundras, il faut être rusé, patient, prudent et Jones est tout cela.
Face à des équipes en traîneaux, bien équipées, ravitaillées par l'avion de Wright, il va faire preuve de génie, de ruse, d'intrépidité. Pendant un mois et demi, le roman raconte cette chasse à l'homme, et rien d'autre.
Ian Manook écrit des personnages forts, des hommes et des femmes chargés d'un passé qui fait qu'on ne les juge pas tant l'histoire du monde et ses horreurs, ses misères s'immiscent dans ces lieux perdus.
Quant à Jones, c'est un mystère que dévoile Manook en fin de livre. Cette chasse à l'homme, qui a réellement eut lieu, prend un air de mythe, on pense à Moby Dick...
Dans ce superbe roman assez court de 340 pages, on y croise des loups, des caribous, des bisons. C'est une équipée sauvage, qui nous plonge dans une nature immaculée face aux reliefs vertigineux. On ne s'ennuie jamais, car Il s'y passe toujours quelque chose.
Après cette lecture on a cette impression d'avoir traversé un continent entier, dans le froid, les pieds enfoncés dans la neige, épuisé. Ceux qui aiment le style "nature Writing" (je ne sais pas comment le dire en français) dont je fais partie vont être gâtés !
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Inspiré de faits réels, ce récit est fabuleux.
Dans le Grand Nord Canadien, en 1931, une chasse à l'homme s'est engagée entre un trappeur sans nom, inconnu dans la région, et la Gendarmerie Royale accompagnée de trappeurs et mushers inconditionnels.
Cet homme a eu le malheur d'être un inconnu sur une terre apprivoisée tant bien que mal par les hommes et les indiens. Et quand quelque chose ou quelqu'un sort de l'ordinaire, les hommes s'emballent et la défiance devient violence.

Walker, officier de la Gendarmerie Royale et Wright, pilote émérite s'embarquent dans cette chasse à l'homme interminable.

Ce récit est difficilement imaginable.
Les héros de l'histoire sont les éléments : le vent, la neige, le blizzard, le froid décident de l'évolution du récit et de l'avancée des hommes. Ils les aident à se cacher, les empêchent d'avancer, rattardent les vols et brouillent les esprits.
Les équipages composés de chiens de traîneaux exceptionnels rythment le récit et nous emportent à leur folle allure, avides de découvertes et de vitesse.
Quant aux hommes, ils sont sculptés par cet environnement et la solitude qu'il impose. Cette traque devient alors nécessaire et leur livre un but.

J'ai été touchée par ce roman dans lequel la nature humaine dévoile son panel d'émotions et de contradictions.
Ian Manook a le don de conter les grands espaces et leurs dangers.
J'ai été sidérée par la force de la nature : celle des chiens de traîneau, des meutes de loups... Il n'y a pas que les troupeaux de caribous qui font des "ravages"... L'homme aussi.
Six semaines d'une traque haletante et captivante.
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Ravage de Ian Manook

Raconteur d'histoire sublime, Ian Manook propose aux lecteurs une aventure monochrome qui laisse des gerçures au bout des doigts après chaque page tournée.
L'histoire vraie d'une chasse à l'homme dans le grand nord canadien, par moins 40°, tellement incroyable qu'aucun scénariste au monde n'aurait jamais osé imaginer une telle aventure. La force de l'auteur, c'est de plonger son public dans le décor, comme si on y était. L'immersion est telle, que j'ai commencé à tout voir en nuance de gris, à sentir des courants d'air alors que tout était fermé chez moi, à vouloir me couvrir alors qu'il faisait bon.
Ravage n'est pas qu'un roman d'aventure, c'est aussi une histoire d'hommes. Tous ont un caractère fort, tellement indispensable s'ils veulent survivre dans cet environnement si hostile. Walker, Wright, Claudel, Martha, Soderlund, et surtout Jones, tous sans exception ont réussi, chacun à leur façon, à me toucher.

Le titre du roman prend sens vers la fin de l'histoire, même si on peut lui attribuer un double sens ici. Un ravage est réseau de pistes, tracé dans la neige par le déplacement des troupeaux d'animaux sauvages, comme les caribous par exemple.

Merci Monsieur Manook pour cette magnifique lecture
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