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EAN : 9782130624950
100 pages
Presses Universitaires de France (04/06/2014)
4.3/5   10 notes
Résumé :
Cette étude s'attache au vécu du malade et à l'analyse de la maladie dans l'un de ses aspects qui nous semble trop souvent nié ou négligé dans les protocoles de soin, à savoir ce que nous nommons ici « la blessure de l'identité ». La maladie entraîne en effet la plupart du temps celui qui en souffre dans un processus de dévaluation intime, dans un sentiment de déchéance qui atteint profondément l'estime de soi. Les modifications corporelles que la maladie impose, lo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mon deuxième titre de Claire Marin, et je ne pense pas que je vais m'arrêter en si bon chemin.
S'il est moins personnel, plus étude / essai que récit / témoignage, il n'en met pas moins tout autant dans le mille. Déjà, ce titre, qui, à lui seul, dit tout. La maladie, que tout le monde observe, palpe, fouille, ou fuit, alors que c'est une catastrophe intime. D'abord et avant tout. Un défi à la science, parfois. À la toute puissance des médecins et des chirurgiens à qui on s'en "remet" toujours comme à un puits de savoir ultime. La plupart du temps ils ne savent pas. On se livre.
On ne s'en remet pas. On fait avec et bien souvent c'est cela le plus dur. Accepter, intégrer. Accueillir. Parce que, pour les autres, c'est fini. On est guéri. Ça n'existe plus. Mais en fait si. C'est absorbé, assimilé. Encaissé. Ça fait partie de nous, maintenant.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Cela passe aussi par le fait d'aider le patient à se raconter. à faire u objet de parole de ce qui a été souvent vécu comme indicible, mettant en déroute la narration de soi, trouant le récit intime de qui nous sommes. Se dire pour se réapproprier sa propre histoire, annexée dans des dossiers médicaux, transformée en lignes absurdes de chiffres et de données brutes. La recoudre, la réparer. De manière plus générale, aider le patient à sortir de la maladie. c'est d'abord l'aider à sortir de la passivité dans laquelle elle l'a souvent enfermé. Sortir de la sidération et de l'effroi que produit le traumatisme, quitter la vie horizontale et confinée qui est souvent celle du malade, rivé à son lit.

[...]

S'adresser à quelqu'un, faire le récit de sa souffrance psychique, de ses angoisses, mettre en mots pour se libérer, c'est le soin que le patient lui-même éprouvé comme efficace. Celui-ci a besoin d'une structure d'énonciation qui permette un processus narratif libérateur.

[...]

On retrouve alors dans la figure du soignant un accompagnant qui reprend autrement les efforts que d'autres ont faits plus tôt dans notre existence pour nous aider à devenir nous-mêmes. Le malade le sait bien, qui éprouve l'humiliation de situations vécues comme infantilisantes, réapprendre à marcher, à parler, dépendre des autres pour des situations quotidiennes. Se remettre d'une maladie ou en guérir, c'est parfois rejouer les apprentissages de la vie qui s'étaient déroulés dans une relation d'insouciance, en prenant cette fois la mesure des efforts qu'ils ont nécessités

[...]
C'est à la fois toute la puissance et l'humilité du soin que de soigner un homme tout entier en se contentant de refaire un pansement. Certains patients semblent avoir perdu tout souci d'eux-mêmes.
[...]
Se défaire d'une identité comme on fait peau neuve, c'est parfois aussi se soigner.
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Être malade c'est devenir fantôme : plus évanescent, plus inconstant, sans la force, sans l'incarnation, sans l'énergie du vivant. Dans cet être éthéré de la maladie, nous sommes amoindris, moins présent au monde, aux autres, à nous mêmes, ou au contraire, trop présents à nous mêmes sur un mode douloureux et obsédant, sous une forme inquiétante, difficilement identifiable et habitée par l'angoisse de la mort.
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Pourtant certains soutiennent qu'il y a à penser dans la maladie un autre rapport à l'identité. Qu'il n'y a pas disparition du moi, mais apparitio, libération d'un autre sujet possible que celui qui a dominé jusqu'alors. [...]
Faut il aider le patient à retrouver son identité antérieure (ou ce qui s'en rapproche le plus, étant donné les transformations imposées par la maladie) ou le conduire vers l'élaboration d'une nouvelle forme d'existence où son identité sociale, affective, intime peut s'avérer différente de celle qui était sienne avant ? Faut il prendre acte de la maladie comme puissance de transformation, convocation au changement ou essayer de maintenir des éléments d'identité fondateurs du sentiment de soi ?
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Que faisons-nous de ce que la maladie a fait de nous?
[...]
L'homme malade que nous avons été ne s'efface pas miraculeusement en sortant de sa chambre d'hôpital... Celui qui sort de la maladie apprend pourtant à en tolérer les marques en lui-même. Qu'il s'agisse de cicatrices physiques ou psychiques, la maladie laisse une trace tenace [...]
La force de la rééducation tient dans sa capacité à faire renaître un sujet coincé dans des souffrances, empêtré dans des blocages, enfermé dans des impossibilités corporelles [...]

L'image de la kinésithérapie doit aussi nous guider sur un point : l'importance du toucher dans la relation de soin. Parce que le toucher peut manifester la relation, l'attention, le souci pour l'autre, parce qu'il permet au malade de prendre conscience des nouveaux contours de son corps, parce qu'il peut apaiser ce corps nerveux, tendu, curieux et inquiet de se tester. On peut comprendre la rééducation comme le fait de reprendre contact avec le sentiment corporel de soi, d'investir son corps, par le biais de la main de l'autre, mais dans un rapport qui ne soit pas celui de possession (comme dans le désir) .
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C'est aussi par le rejet, le dégoût ou la peur qu'elle créent chez les autres que les maladies nous atteignent dans notre image de nous-mêmes. [...]

Comment concevoir dès lors le soin? Comme une aide et un soutien dans l'effort pour se réapproprier soi-même. Soigner, c'est alors donner à l'ancien malade le courage de dépasser l'angoisse qu'il ressent dans un corps qui n'est plus le sien et qui lui incombe pourtant. L'aider à aimer et à habiter ce corps m. Le soignant a ce pouvoir d'investir ce corps de valeurs ou d'en révéler des capacités encore inconnues du patient. Le paradoxe du soin tient alors dans le fait de l'accompagner pour qu'il apprenne à être seul, à se supporter lui même dans tous les sens du terme: Se réconcilier avec lui même et ne plus craindre de s'effondrer sans tuteur extérieur.
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