Ce livre est démoralisant car il place le malade dans une position passive, il devient objet de la maladie, de la souffrance, des multiples aspects médicaux et techniques. le corps et l'esprit devenus objets sont alors impuissants face à cette maladie dans une prise de possession de cette dernière pour se battre, pour parler avec soi et pour trouver des forces souterraines à commencer par l'amour de "l'autre", le silence vers un autre type de voyage, la méditation, la réflexion, le sens.
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La maladie oblige l'homme à considérer ce qu'il s'efforce denier : sa vulnérabilité et l'aveuglement sur lequel il construit sa vie, conçue sur le mode d'une durée indéfinie, selon une existence continue, dans un engagement au sein duquel il n'inclut pas la possibilité d'une faille, d'une parenthèse, pour ne pas évoquer celle d'une disparition.
La société exige du malade qu'il dissimule sa douleur et sa dévastation, qu'il lui épargne le spectacle de la catastrophe manifeste ou secrète de la maladie.
Le geste du médecin censé l'apaiser renforce sa souffrance par l'humiliation qu'il génère. Il ne peut soulager le malade qu'en le réduisant à son corps, qu'en le rabaissant au statut d'organisme défaillant.
Alors que le malade semble se dépouiller de ses habits sociaux, la maladie, elle, s'impose comme personnage tragique aux significations honteuses ou grandiloquentes dans le théâtre de la société.
Il y a dans la maladie quelque chose dont on ne se remet pas, qui laisse une trace en nous, nous atteint. Une découverte de la différence en soi, d'avec soi, qui affecte doublement le sujet.
Rencontre avec Claire Marin autour de son ouvrage 'Les débuts".
(Conférences ECHO organisées par Cap Sciences et la librairie Mollat, ,entretien avec Raphaël Dupin le 24 octobre 2023)