Tu te souviens, murmure-t-elle, ce sont des femmes qui ont franchi en premier le seuil tabou entre la rue et l’usine. Elles ont entendu la misère et elles sont venues.Tu t’en souviens ? Les hommes étaient déconcertés. Ils se battaient, ils sentaient la présence du quartier autour d’eux, ils restaient méfiants. Mais des femmes sont venues jusqu’à eux. L’une accompagnée d’un enfant, l’autre seule, les deux ont ignoré la frontière invisible qui semblait interdire ce passage, que les habitants, avant elles, n’avaient pas essayé d’emprunter. Elles ont traversé, elles sont entrées avec la grâce indéniable de celles qui ne cherchent pas à séduire et rayonnent de ce détachement même. Dans un sourire, elles ont créé le lien. L’étranger devient familier, l’étrangère devient une amie
Frédérique Martin : "Je sais que je travaille sur une nouvelle si je connais la chute" .L'écrivaine Frédérique Martin parle de son recueil de nouvelles J'envisage de te vendre, publié chez Belfond. Elle évoque les différences entre le travail d'écriture de roman et celui d'écriture d'un recueil de nouvelles. Elle décrit également le retravail avec son éditeur.