AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072883842
224 pages
Gallimard (06/02/2020)
3.28/5   25 notes
Résumé :
Matthieu Richard, un trentenaire sans emploi, grenouille dans une France de plus en plus réac. Par dandysme, il fréquente divers milieux d'extrême droite en pleine expansion, du monde des trolls aux manifestations royalistes. En rejoignant le Renouveau réactionnaire, un groupuscule catholique intégriste dont la radicalité absurde confine au sublime, et en s'éprenant d'un de ses membres, il va se confronter à ses névroses politiques et amoureuses, ainsi qu'à ses cont... >Voir plus
Que lire après La réactionVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,28

sur 25 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un vrai coup de coeur ! Je ne connaissais pas du tout ce jeune écrivain qui m'a été révélé par la sélection de printemps du Renaudot. ● Dans une France où l'extrême-droite l'a emporté dans les esprits (réalité alternative ou bien récit d'anticipation, on ne le saura pas), Matthieu Richard, jeune trentenaire, après avoir exercé l'activité de « troll » sur le Net, milite dans un groupuscule appelé le « Renouveau Réactionnaire », moins par conviction politique que pour pouvoir approcher Khalid-Enguerrand, un jeune homme de dix ans de moins que lui dont il tombe amoureux. Le roman raconte le parcours erratique de Matthieu, qui adore les paradoxes et tout ce qui lui permet de se singulariser, ce qui offre à l'auteur de faire une satire décapante des milieux de l'extrême-droite et de l'ultra-catholicisme. ● La première moitié du livre est absolument brillante, pleine d'un esprit inventif, primesautier, allègre, scintillant, qui provoque sur le lecteur une véritable jubilation. Les formules choc font mouche à tel point que j'avais envie de tout stabiloter. C'est extrêmement drôle, bien vu et bien envoyé. Souvent à la fin d'un paragraphe ou d'une réplique vient la phrase qui claque et fait mourir de rire. On lit très rarement d'aussi bonne prose. C'est exceptionnel et pour moi cela justifie la note maximale, même si, sur la longueur, l'auteur s'essouffle un peu lorsque l'intrigue l'emporte sur l'esprit. J'ai déjà commandé les deux premiers livres de Côme Martin-Karl qui je l'espère continuera longtemps à nous enchanter. Pourquoi pas le Renaudot ? ou un autre prix. Il faut que quelqu'un qui provoque un tel bonheur de lecture soit plus connu !
Commenter  J’apprécie          305
« Renouveau Réactionnaire », est un obscur groupuscule d'extrême droite catho, auquel va adhérer le narrateur, un trentenaire désoeuvré, glandeur narcissique, attardé dans une adolescence contestatrice.

La volonté qui l'habite de rejoindre cette organisation ne répond pas à une quelconque aspiration politique ou religieuse. Refusant absolument de penser et d'agir comme le commun des mortel, Matthieu est en fait déterminé par l'obsession de se démarquer, d'être original, et il s'oppose systématiquement aux théories ou principes susceptibles d'être partagés par la masse : « Je voulais être dans le camp des vaincus, il n'y avait que ça de beau, la victoire est toujours laide, elle est pompière, tonitruante, la défaite est déchirante et profonde ».

Cette motivation est de plus renforcée par son désir de se rapprocher de Khalid, alias Enguerrand, un membre du groupe, dont il tombe amoureux. Au fil du récit, ce désir deviendra l'objectif principal de Matthieu.

La prose de Côme Martin-Karl, très second degré, est délectable et hilarante. Pour le plus grand plaisir du lecteur, il use et abuse d'un vocabulaire et d'expressions aussi inventifs que désopilants. Il crée une galerie de personnages névrosés dont les engagements extrémistes sont surtout extrêmement absurdes, extrêmement stupides, extrêmement ridicules.

« La réaction » est une satire grinçante des milieux activistes ultra, centrés sur l'intolérance, pour lesquels le rejet des autres est une raison d'existence.
Commenter  J’apprécie          292
À droite toute ! Matthieu, le héros de ce roman, est un peu le pendant de Bahia dans le Nom des gens de Michel Leclerc (rappelez vous, elle couchait avec des types de droite pour mieux les convertir au socialisme). Comme elle, il adore les discussions politiques après l'amour. Il aime polémiquer, argumenter. Plus la discussion avec son amant du moment est engagée, mieux c'est. C'est pourquoi il aime les rencontres d'un soir : il y a confrontation, sexe bien sûr et cela lui permet accessoirement de se loger. Car Matthieu n'a pas de domicile fixe. il vivote à droite et à gauche, est hébergé gracieusement par de vagues relations, vit chichement du RSA, évite de travailler s'il le peut, joue le troll sur le net. C'est un homme qui se laisse porter ! Après avoir milité à gauche, il navigue désormais dans les milieux de l'extrême-droite et de l'ultra catholicisme, du côté du mouvement du Renouveau Réactionnaire (davantage pour les beaux yeux de Khalid-Enguerrand que par conviction politique). Mais ce nouvel engagement va l'entraîner bien plus loin qu'il ne l'imaginait...Avec ce court récit, Côme Martin Karl propose une satire incisive des milieux politiques extrémistes et de leurs militants. C'est fin, drôle, sarcastique et particulièrement bien écrit. Les saillies sont nombreuses et percutantes. J'ai ri (et ce n'est pas négligeable en cette période plutôt morose). Un moment de lecture savoureux.
Commenter  J’apprécie          290
Après Styles et Les occupations, Côme Martin-Karl est revenu récemment en librairie avec La réaction publié aux éditions Gallimard. Dans ce livre, l'auteur propose une plongée dans la vie de Matthieu Richard, citoyen et activiste d'extrême droite. Ambiance.

# La bande-annonce


« le propriétaire de l'appartement s'appelait Yvon Saillac de Livès, il avait vingt-neuf ans mais la tête de quelqu'un de dix-neuf ans qui allait mourir à vingt-cinq. Il fumait, se droguait à l'occasion, vivait la nuit et se nourrissait de saucisses cocktail. Il avait des sympathies libertariennes et envisageait son logement comme une communauté politiquement incorrecte où il réunissait des gens qui partageaient son point de vue : peine de mort, État faible, dérégulation généralisée, darwinisme social, privatisation des sols, des sous-sols, de l'école, de la police, de la monnaie, de l'armée, de la santé, de l'air, du feu et de l'eau. »


Matthieu Richard, un trentenaire sans emploi, grenouille dans une France de plus en plus réac. Par dandysme, il fréquente divers milieux d'extrême droite, peuplés de marginaux bien nés et d'idéologues sous acide. En rejoignant le Renouveau réactionnaire, un groupuscule catholique intégriste, il se confrontera à ses névroses politiques et sentimentales.
Avec La réaction, qui nous entraîne du centre de Paris à la France des ronds-points, Côme Martin-Karl signe un roman édifiant sur notre époque.


# L'avis de Lettres it be


Le refus d'un emploi doré dans le marketing, l'intégration de groupuscules d'extrême-droite… le contexte est très vite posé dans ce troisième roman signé Côme Martin-Karl. de fil en aiguille, la rencontre se fait entre le lecteur et Matthieu, personnage principal de cette histoire. Homosexuel discret et peu assumé, notre héros de papier grimpe les échelons d'un milieu que l'auteur dépeint avec force détails pour nous le faire détester. Très vite, il s'emmourachera de Khalid Derradji alias Enguerrand, un personnage auto-intitulé ainsi pour mieux pénétrer le milieu. Pourquoi « Enguerrand » ? Parce qu'il y a « guerre » dedans (si, si, c'est l'auteur qui le dit…). Et ce n'est que le début…


« Malgré mon intégration pleine et entière au Renouveau réactionnaire, j'avais du mal à nouer une relation avec Enguerrand. Il me résistait, c'était le couvercle d'un pot de confiture qu'on ne peut pas ouvrir même avec un torchon, même en tapant violemment le fond, même en y glissant un couteau. »


Le frère Marie-Marie comme porte-étendard de la cause royaliste, le combat permanent contre les gauchistes et les LGBT, une France purulente entre gilets jaunies et xénophobie rance, des passages hasardeux sur l'homosexualité (je vous laisse goûter le passage précédent)… Il y a eu au cinéma le Problemos d'Éric Judor, satire hilarante de l'extrême gauche tendance « zadiste » et cheveux sales. Avec La réaction, on se rêve à penser que Côme Martin-Karl ait aussi fait le pari de la drôlerie pour dépeindre un milieu de l'extrême-droite aussi caricatural et ridicule. Non pas que ce milieu soit, en vérité, exempt de tout reproche (bien au contraire !) mais les excès répétés et martelés de l'auteur pour bien faire comprendre à son lecteur que tous ces gens ne sont que peu fréquentables, hautement racistes et dégoûtants, ces excès-là transforment l'exercice littéraire en belle rigolade. En espérant que cela soit le but initial…


On ne sait que penser… Côme Martin-Karl est-il vraiment sérieux avec ce livre, ou n'est-ce là qu'une parodie politique hilarante par ses excès stéréotypiques ? La question mérite d'être posée lorsque l'on tourne l'ultime page de la réaction. Impossible que l'auteur parvienne à se prendre au sérieux dans une telle exacerbation des lieux communs de l'extrême droite, une critique branlante qui se rêverait avec de gros biceps idéologiques… On ne sait que penser, et on préfère se rassurer à croire que tout cela n'était qu'une farce réussie.

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
Commenter  J’apprécie          40

C'était mieux avant l'imprimerie ou la pute de Dieu.


Ce roman est incroyable! Sa première moitié n'est que pure jubilation. Je me suis surpris à rire physiquement au détour de chaque page, ce qui je crois ne m'était jamais arrivé en littérature. J'ai un peu mieux compris mon père lorsque je le voyais, enfant, s'esclaffer devant ses San-Antonio.

Pousser les curseurs idéologiques de l'extrême droite jusqu'à l'absurde tout en restant crédible est une performance de conteur d'envergure.

Si c'était mal écrit, sa critique en forme d'exploration de ce camp politique pourrait passer pour pathétique mais il faut reconnaître, le style est brillant. Chaque mot est à sa place et dans une juste quantité. Je ne connais absolument rien de la biographie de l'auteur et de ses idées politiques mais une phrase du narrateur le trahit et montre qu'il n'appartient pas au camp qu'il décrit. Également difficile de l'imaginer engoncé dans une gauche sectaire tant la tendresse qu'il développe pour ces excentriques et ces décalés de la réaction est grande.

La plupart des protagonistes sont homosexuels et ajoute encore à la confusion sarcastique de l'ensemble. L'auteur justifie d'ailleurs le fait que l'on puisse être gay et appartenir à un groupuscule d'extrême droite. Pour une rare fois ça sort de de la satire, ça tient même la route. Autant catholique que de l'héritage grec et romain.

Pour conclure, un livre dont je n'ai entendu parler nulle part, découvert par hasard, et que je garderai longtemps au fond de ma mémoire tout comme un bon Houellebecq. (C'est vous dire !)
J'ai donc découvert un auteur non précédé par sa réputation et c'est peu fréquent. Quand cette connerie de coronavirus sera retournée dans les entrailles du pangolin ou du laboratoire qu'elle n'aurait jamais dû quitter, je n'hésiterai pas à me rendre dans ma librairie familière, commander ses deux premiers ouvrages, à la condition qu'ils soient toujours disponibles.



Samuel d'Halescourt
Commenter  J’apprécie          51

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Avoir la possibilité de faire ne nous met pas à l’abri de ne rien faire. La vie est courte, tout le monde s’accorde à le dire. Et même lorsqu’elle est dense, elle peut se résumer en un petit paragraphe, voire s’expédier en trois lignes. Les vies les plus puissantes ne sont vertébrées que par une trajectoire unique faite d’une succession de quelques séquences. Longtemps, on imagine la vie comme un arbre avec de multiples branches, alors que c’est juste une tige.
Commenter  J’apprécie          80
Je le fis parler de lui, en fait il discourut sur son petit ami. Il fréquentait un garçon plus jeune, un garçon algérien né à Bobigny, converti au catholicisme impitoyable, qui s’appelait Khalid Derradji mais se faisait appeler Enguerrand parce que c’était un prénom versaillais et parce qu’il contenait le mot « guerre ».
— Il est en colère. C’est ça qui m’a plu chez lui, si tu veux tout savoir, clama-t-il sans que je lui aie demandé quoi que ce soit. Ils s’étaient rencontrés lors d’un colloque consacré à Bernanos, ç’avait été un coup de foudre, ils s’étaient chastement fréquentés pendant quelque temps avant de coucher ensemble, comme il est de coutume chez les chrétiens pratiquants.
Commenter  J’apprécie          10
À ses côtés se tenaient un homme semblable à Marcel Déat avec du bide, habillé d’une ample chemise noire comme un fasciste italien, ainsi qu’un très long et très maigre religieux en robe de bure, doté d’une barbe de jihadiste filandreuse, qui avait eu la coquetterie de se raser le crâne non pas à la mode romaine mais à la mode celtique en vogue chez les clercs des îles Britanniques au VIIIe siècle : la tonsure passait d’une oreille à l’autre, au milieu du crâne, coupant en deux la chevelure, évoquant les traces d’une trépanation. Il présentait un visage émacié et, dans ses pupilles visibles derrière ses lunettes cerclées, on distinguait un assemblage de couardise et de cruauté.
Commenter  J’apprécie          10
[O]n admet qu’il est peu valorisant de bénéficier de l’attention d’une personne bienveillante. Inversement, se lier avec une ordure est très couru. Des pans entiers de la pop culture américaine high school en témoignent. On y dépeint quantité de personnages faisant des pieds et des mains pour intégrer un clan dirigé par des connards.
Commenter  J’apprécie          10
Se distinguer. La distinction. Apparaître distinctement dans l’esprit des gens. Ça a toujours été chez moi une obsession.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Côme Martin-Karl (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Côme Martin-Karl
Les Pieds sur scène #2 - Côme Martin-Karl .Les Pieds sur terre est une émission quotidienne diffusée sur France Culture à 13h30. Les Pieds sur scène est une série d'émissions enregistrées en public au Théâtre du Rond-Point. Des histoires vraies racontées par celles et ceux qui les ont vécues, avec : Isabelle Boccon-Gibod, Béatrice du Preez, Aurore Debierre, Gérard Fleldzer, Côme Martin-Karl, Mustafa Rotman et Xiaoxing Cheng.
autres livres classés : extrémismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (71) Voir plus




{* *} .._..