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sur 3141 notes
En 1187 Esclarmonde, fille du seigneur des Murmures refuse son mariage et décide de vivre en recluse pour se consacrer à Christ. Elle finit par devenir une légende, une bienfaitrice qu'on consulte, à qui l'on se confesse. Derrière ses barreaux Esclarmonde découvre le monde, les gens à travers ces visites, mais un évènement va bouleverser l'équilibre qu' elle tente d'établir avec sa foi.
A travers ce roman on prend conscience de la force de l'imagination, des superstitions, des croyances qui régnaient au Moyen âge, de ce besoin de croire pour conjurer ses peurs. Cette peur qui donne toute sa puissance à l'église.
Le style est poétique et sensoriel et on se laisse embarquer dans ce récit mystique, à la fois fable et réalité.
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Il y a quelques mois, j'ai lu "Le coeur cousu" de Carole Martinez, un roman que je n'ai pas aimé du tout. Aussi, j'ai hésité très longtemps à lire "Du domaine des murmures". J'ai laissé le livre patienter dans ma bibliothèque. Il n'en serait sans doute pas encore sorti s'il n'avait convenu pour mon challenge GN +GN.

Heureuse surprise! J'ai vraiment apprécié ce roman, original, très différent de ce que je lis habituellement. J'ai été charmé par le style de l'auteure; j'ai accroché à son héroïne, Esclarmonde, qui, pour échapper à un mariage forcé, se fait emmurer.

Nous sommes en 1187, le jour de ses noces, Esclarmonde dit "non". Non, elle n'épousera pas Lothaire, homme violent, trousseur de jupons. Elle veut consacrer sa vie à Dieu et se fait emmurer dans une cellule que son père fera construire tout contre la chapelle consacrée à sainte Agnès.

Elle se fait donc enfermer pour gagner sa liberté. Quel paradoxe ! Et pourtant...

Comme unique ouverture sur le monde, sa cellule possède une fenestrelle garnie de barreaux. Elle pourra donc parler aux gens qui viendront la voir.

Mais voilà que 9 mois après son enfermement, la vierge (deux jours plus tôt, des nonnes ont vérifié qu'elle l'était bien) met au monde un petit garçon.

Sa vie change du tout au tout. Sa foi en Dieu diminue au fur et à mesure que grandit l'amour qu'elle aura pour son enfant.

De toutes parts, des pèlerins viennent la voir pour lui demander conseils. Petit à petit, elle étendra son pouvoir sur ces gens crédules.

Mais une question se pose : peut-elle élever un enfant dans une cellule et le priver ainsi de liberté?

Esclarmonde connaitra la souffrance de la séparation.

Pour une raison que je ne vous citerai pas, la reclue envoie son père en croisade. C'est l'occasion pour l'auteure de parler de ces pélerinages armés en terre dite sainte où chrétiens, juifs et musulmans répandent leur sang.

La voix d'Esclarmonde nous parvient à travers les siècles; elle s'adresse aux lecteurs d'un au-delà d'où elle veille sur son domaine "Le domaine des murmures" et sur notre monde...

Un livre intéressant au point de vue historique, un roman qui demande réflexion, une histoire qui ne peut pas laisser indifférent.
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Enorme déception pour ce livre. Pourtant le Goncourt des lycéens est souvent un gage de qualité. Certes, l'ouvrage est très bien écrit, avec une langue fluide et des mots biens ciselés. le problème reste l'intrigue, ou plutôt l'absence d'intrigue. Pourtant, dès les premières pages on se laisse emporter par le choix d'Escarmonde mais on tourne vite en rond pendant pendant tout le reste du roman. C'est très long et sans beaucoup d'intérêt. L'ennui que procure la lecture de ce livre masque le message mystico-philosophique qu'il souhaite certainement faire passer. Tout cela est bien dommage, avec le talent littéraire de l'auteure,je pense qu'il y avait beaucoup mieux à faire .
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Une jeune fille déterminée à ne pas se marier, emmurée à vie. Drôle de sort destiné aux femmes !

Mais plus incroyable, c'est Esclarmonde elle-même qui a proposé cette peine, plutôt que de subir sa vie.
Difficile d'imaginer ce que peut ressentir ce personnage, vivant à une éternité de ce que nous vivons aujourd'hui dans notre pays.

Rien que d'imaginer Raiponce emprisonnée en haut de sa tour n'est guère réjouissant mais penser à ces femmes qui ont choisi de vivre recluses dans une minuscule cellule nous donne un vertige vraiment désagréable.
Un roman hommage à ces femmes du Moyen-Age emmurées vivantes. Pour en dire deux mots : ces femmes choisissaient de vivre jusqu'à leur mort dans une pièce minuscule que l'on scellait pour prier.
Complètement enfermées vivantes. Et pour parfaire l'événement elles assistaient avant leur enfermement à une sortie de cérémonie funéraire.
Ça fait froid dans le dos, non ?

Dans ce roman on suit ce personnage toute sa vie, avec des événements qui ont lieu autour d'elle, malgré elle qui ne peut plus voir le jour. C'est parfois poignant et révoltant.
Certes elle l'a choisi mais comment cela était-il seulement possible ? Elles étaient souvent rejetées et n'avaient pas réellement le choix. Un sujet très intéressant à découvrir à travers ce roman !

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belle ampleur pour ces murmures

Aussi poétique que le "Coeur cousu", "du Domaine des Murmures" nous parle aussi de femmes, au temps des croisades cette fois-ci.
L'héroïne, exaltée comme on peut l'être à 17 ans, refuse le destin tracé pour elle par son père, qui se vengera de manière ignominieuse.
Mais le pouvoir n'est pas toujours où on l'attend, et l'accomplissement peut être multiple.
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Décidément, le Prix Goncourt des Lycéens et très constant dans la grande qualité des livres primés.
Nous voici avec ce roman plongés en plein Moyen Age, dans l'est de la France, près de Besançon, où le Seigneur des "Murmures" décide de marier sa fille, la belle Esclarmonde, à l'impétueux Lothaire de Montfaucon. La jeune femme se refuse à ce mariage en pleine cérémonie et décide d'adopter la vie de recluse pour mieux servir Dieu. Elle pense que l'isolement absolu emmurée dans une loge derrière une chapelle dédiée à son héroïne Sainte Agnès, lui permettra de mieux s'approcher et servir ce Dieu omniprésent et omnipotent. le roman met en place très vite ce mariage refusé, la messe "d'enterrement" de la belle dans sa cellule, les évènements qui vont infléchir le cours ultérieur de sa vie. Naturellement rien ne se passe comme imaginé et le cheminement de l'histoire de l'héroïne s'avère marqué par celles de son père, de ses proches, de tous ces personnages bigarrés qui peuplent le roman dont la voluptueuse Bérangère, la simplette Ivette, son frère le père Benoît, ou encore Thierry II, évêque ingénieur de Besançon qui authentifiera les actes miraculeux tournant autour de l'héroïne.
La grande réussite de ce livre est d'abord le style qui mêle intelligemment le français d'autrefois, et celui d'aujourd'hui, les représentations du cosmos, de la nature, des êtres, et des choses telles qu'elles devaient être au Moyen Age, et les clés de compréhension pour le lecteur d'aujourd'hui. C'est un peu comme si "La nef des fous" ou la légende dorée de Jean de Voragines, les peintures de Bosch ou Brueghel, nous étaient présentées simultanément dans leur expression d'origine et dans leur compréhension actuelle. Ce n'est jamais pontifiant. Il y a partout une sorte de naturel, d'évidence, de fatalité parfois, vertus bien loin de nos vaines courses contre le temps et autres illusions contemporaines. En ce sens, ce livre a une vraie dimension poétique.
C'est un livre sur l'amour, sur la crédulité humaine, sur la méchanceté des hommes (surtout les mâles), sur la bonté simple et vraie d'autres, sur la religion, la guerre,les croisades, la nature, la magie et le mystique.
Oui vraiment, Esclarmonde a éclairé le monde de son temps, mais aussi de bien belle manière le lecteur d'aujourd'hui. Un prix très mérité et une lecture à recommander chaudement.
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La femme est un bien " meuble" et dont on dispose...rien ne lui appartient en propre, ni sa vie, ni son corps, ni ses enfants... Tout est entre les mains des hommes : père, mari ou prêtres . Dans une société médiévale patriarcale dont la foi et les lois sont toutes entières au service des hommes ( encore plus si ils sont bien nés), toute femme est une recluse : les murs sont inutiles, la société en dresse assez pour réduire à néant toute envie de liberté.
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J'aime la plume de Carole Martinez, j'aime sa capacité, non, son talent, à invoquer pour nous les fables de jadis, à réveiller les monstres du passé, à inculquer via ses romans à nos existences ces souvenirs issus de la mémoire collective.
A chaque lecture, et là encore avec ce Domaine des murmures, on arpente avec délice les rivages de la Loue, mystérieuse et enchanteresse, on navigue dans la brume, hésitant entre le rêve et la réalité. Les deux s'emmêlent pour notre plus grand plaisir, on s'y perd avec envie, on se laisse bercer par ce conte cruel de l'emmurée, cette femme moderne avant l'heure.

Témoin pas si passive de son temps, à la fois impuissante et toute puissante, Esclarmonde joue avec son époque, détricote la foi et ensorcelle avec pudeur quiconque s'approche de son cagibi.
Posé dans une langue délicate, jouant avec nos sens, ce récit raconte la brutalité d'un Moyen-Age bien peu rencontré dans les romans. Rien ne nous est épargné de cette fange bruyante et crottée, de ces décrépitudes du corps, de cette faiblesse humaine. L'ambiance, tantôt sale et miséreuse (ah la la, la Guerre Sainte racontée ici n'a rien d'agréable !), tantôt touchée par la grâce divine, oscille sans cesse et fascine le lecteur coupable de nos jours. Coupable d'avoir voulu en savoir plus sur cette histoire d'emmurée sans en payer le prix.

Nous voilà donc avec dans les mains une fable implacable, une ode au merveilleux, où le bien et le mal n'existent pas. A ne pas rater.
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En l'an de grâce 1187, Esclarmonde, jeune noble, fille du seigneur des Murmures, domaine perdu dans les méandres d'une verte vallée jurassienne, rompt ses fiançailles à la stupéfaction de tous. Rêvant de s'élever au dessus de la condition de simple épouse, elle choisit de consacrer sa vie à la prière, emmurée dans le reclusoir d'une petite chapelle accolée aux flancs de son château. Une voie qui lui permettra d'atteindre un destin hors du commun, loin de la tranquillité et de la solitude espérées. La jeune fille est en effet violée le jour de son enfermement et donne naissance à un fils dans le secret de son cloître, enfant qui est aussitôt acclamé par tous comme le rejeton miraculeux d'une vierge, alors qu'elle-même est vénérée à l'égal d'une sainte. Elle devient alors conseillère et confidente des histoire et secrets colportés ça et là, des membres de la noblesse aux plus humble paysans et pèlerins, tous se pressent pour entendre sa voix et répandre ses directives. le domaine des Murmures est ainsi transfiguré par la grâce de la fiction tissée autour d'Esclarmonde en une enclave préservée de la mort et traversé de phénomènes magiques, carrefour et chambre d'écho de tout un monde médiéval rude, rongé par la misère, les épidémies et l'effort de guerre des croisades. Cette trame forme un roman inclassable, entre le conte médiéval, le récit philosophique et parfois la saga épique selon les personnages et le point de vue choisis, l'écriture à la fois sobre et poétique rend à la perfection l'atmosphère fantastique du récit. Une excellente lecture à découvrir dès le lycée !
Lien : https://leventdanslessteppes..
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Du domaine des murmures est ce genre de roman dont on ne sait quoi penser avant de le commencer. Serait-ce un huis-clos un peu spécial d'une jeune femme emmurée afin de ne pas avoir à se marier ? L'enferment d'une sainte qui souhaite vivre au plus près de Dieu ? Ou peut-être les deux ?

Esclarmonde la recluse, vit en sa tombe de pierre et recueille la peine ainsi que les péchés du domaine et de ses alentours. Ce qui s'apparente au début comme un conte religieux se transforme finalement en une réelle critique de la société et de la foi. Aucun personnage n'est blanc ou noir, tous sont en nuance de gris et recèlent une part sombre plus ou moins grande.

Nous n'assistons pas à une critique particulière de la chrétienté, mais plutôt de l'aveuglement des gens face à ce qu'ils qualifient de miraculeux et de sacré. L'humain, cherche à se rassurer par la confession, tente de comprendre le monde par la croyance. Mais quand le réclusoir devient le berceau de l'immoralité humaine et que le reclus devient objet sacré, la limite entre le bien et le mal se confond.

Le lecteur se retrouve donc enfermé avec la jeune femme mais en l'épicentre de la société, à écouter les vices du monde et à pardonner ou repentir tout dévot. La beauté du texte m'a enchanté par sa précision et sa fluidité, l'auteure arrive avec brio la description des sentiments et émotions plus ou moins violents. Malgré un décor peu varié, Carole Martinez expose entre beauté et laideur, une culture aveuglante et emprisonnante; où une jeune femme, pour se libérer du mariage, a dû embrasser Dieu.
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