Récit à la première personne d'une adolescente qui s'occupe d'une bande d'enfants désoeuvrés, sur la plage, l'été, toujours les mêmes qu'elle retrouve aux vacances.
C'est le récit tranquille d'une fin d'enfance, avec ses petites aventures, ses drames. La narratrice découvre la littérature et est fascinée par le maître-nageur, entité toute-puissante de la plage.
On suit les rituels du groupe, comme la promenade jusqu'à la jetée, leurs défis plus ou moins dangereux, leurs joies et leurs peines.
Chaque membre du groupe a son caractère; les grands qui prennent de l'autonomie, les petits qui suivent de près, Robert qui est différent. Grand par la taille, il s'exprime par des cris mais nage merveilleusement bien.
La narratrice quant à elle est à un âge charnière. Elle ne se sent pas proche des "grands" qui flirtent et traînent entre eux mais elle se lasse des jeux du groupe qu'elle domine.
L'auteure décrit bien le monde de sensations et d'illusions de l'enfance ainsi que l'intrusion de la réalité des adultes (liaisons adultères, parents absents, chagrins d'amour, racisme, deuil.)
Un beau récit sur le début de l'adolescence.
A partir de 13 ans
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La mer fait un travail précis, avec les cailloux. Elle enlève les aspérités, elle polit et travaille, prenant tout le temps qu'il faut. Les cailloux de mer sont parfaits. Et si les souvenirs eux aussi devenaient comme ça à la fin, rabotés, modelés, émoussés ? Réduits à leur essence, à leur rondeur. Corrigés par le temps. Toutes aspérités oubliées. S'il y avait des vérités qui piquaient, moi maintenant, je ne le sais plus.
C'est comme ça que j'ai décidé que cet été-là, parmi tous les étés, devait être inoubliable. Le trophée de la mémoire. Le coquillage dans le tiroir, prêt à se brancher avec le passé dans un clapotis téléphonique.
Mais si la mémoire choisit, qu'a-t-elle laissé de côté? Pourquoi ces moments-là en particulier, et pas d'autres?
"D'après toi, la mer, ça sert à quoi ?"
"Je ne sais pas, elle est là, et ça suffit."
"Tu as vu qu'elle respire ?"
"Ecoute"
"Quoi ?"
"J'y ai réfléchi."
"A quoi ?"
"A la mer."
"Et alors ?"
"D'après moi, pour qu'on la regarde, c'est à ça qu'elle sert."
Je m'imaginais citoyenne de la mer de plein droit, par le seul fait que j'en prenais possession pendant quelques semaines en même temps que des milliers d'autres personnes.
Beatrice Masini à "Littératures Européennes"