Gangsterski fait partie des livres que j'ai lus avec délice après notre expatriation familiale au sein du bloc communiste dans les années 80. Celui-ci m'a enchantée, par sa dérision, la vision de deux blocs antagonistes qui ne se comprennent plus.
L'humour ravageur est une arme, qui libère du poids des dictatures et des dogmes, religieux ou laïcs ; il permet au peuple de relever la tête, de se libérer et de s'affranchir de la terreur. Les peuples et les hommes dont la culture ne connaît pas l'autodérision sont les plus dangereux.
Umberto Ecco en parle très bien dans son polar médiéval,
le nom de la Rose, où l'on découvre au Septième Jour de l'enquête que le rire est l'ennemi de tout intégriste.
Donc nous sommes en Pologne dans les années 80 et des gangsters occidentaux style actuel Koh Lanta, vont se trouver désarmés au sens propre et figuré lorsqu'ils se retrouvent, non préparés, en immersion dans un pays civilisé dont les codes leur sont inconnus, face à un petit peuple à l'agressivité apparemment gratuite, à une organisation quotidienne et bureaucratique incompréhensible, à des conditions de vie impensables : comment par exemple faire subir le supplice de la baignoire à un adversaire, lorsqu'il n'y a pas d'eau au robinet ? Je peux témoigner que cet épisode saugrenu était absolument vraisemblable !
Curieusement, le lecteur trouve très peu d'informations sur les auteurs des pays de l'Est des années 80 ; ils semblent avoir été balayés avec le système. Pourtant, leurs livres sont des témoignages précieux sur la vie quotidienne de ce petit peuple au temps de la guerre froide. Ils méritent d'être mieux connus.