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EAN : 9782264006905
251 pages
10-18 (01/06/1985)
3.88/5   65 notes
Résumé :
1919 - Charles Strickland, abandonne sa vie d’agent de change, sa femme et ses enfants pour devenir peintre à Paris et à Tahiti. Perplexe, Maugham observe Charles Strickland détruire les vies de ceux qui l’entourent sans aucun état d'âme. Influencé par la vie et l'œuvre de Gauguin, dépeint l'artiste comme un être monstrueux, prêt à tout pour peindre, quelles qu’en soient les conséquences.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le narrateur, écrivain de son état, nous détaille ses rencontres avec un personnage hors norme, Charles Strickland, agent de change qui du jour au lendemain a tout abandonné, sa vie professionnelle, sa famille, le confort d'un intérieur cossu, pour tenter sa chance en tant que peintre, à Paris d'abord, en Polynésie ensuite. Sans aucun succès, mais après sa mort ses tableaux sont devenus recherchés et hors de prix. le narrateur a eu l'occasion de l'approcher dans des moments de crise, comme lorsqu'il est allé tenter de le convaincre de revenir à son foyer, mandaté par l'épouse abandonnée. A travers le personnage de Strickland, qui semble brutal et égoïste, dans sa recherche d'un je-ne-sais quoi qui lui fait piétiner toutes les normes sociales et tout ce que l'on considère comme les relations humaines acceptables, le narrateur semble vouloir cerner le sens du choix d'être artiste, la nécessité de créer, de rechercher un absolu de l'art, à n'importe quel prix et par n'importe quel moyen. Comme une nécessité absolu, plus forte que n'importe quel impératif d'un autre ordre.

Il y a sans aucun doute des moments très justes et très convaincants dans ce roman, mais je dirais plus dans la description de certains personnages secondaires. Par exemple Rose, la femme de Strickland, est impitoyablement dépeinte, petite bourgeoise rêvant à l'art, mais un art policé, tenu dans les limites de dîners mondains feutrés, et à qui son mari, une fois mort, offre un sujet de délectation, pouvant être gentiment accroché aux murs en reproduction, en passant à côté de toute la force brutale contenu dans ses toiles.

J'ai en revanche été moins convaincue par le personnage du grand peintre, dont Gaugain semble avoir été la source d'inspiration. Déjà son passage du personnage falot philistin, à celui du sauvage à la barbe rousse, du jour au lendemain, ne me semble pas suffisamment explicitée. Ensuite l'outrance permanente du personnage, de même que le regard que le narrateur porte sur lui, critique mais amusé, tient parfois un peu de l'anecdote croustillante, un grand artiste est forcément un sauvage sans foi ni loi. Il y a aussi une misogynie permanente, aussi bien dans les propos de Strickland, que dans le regard du narrateur, bien que cette dernière soit un peu plus policée, un peu plus caché derrière des phrases moins brutales à première vue. On aurait du mal à écrire cela aujourd'hui de cette façon.

Cela dit, la deuxième partie du roman m'a semblé plus convaincante, avec des pages sur le saisissement de l'art, sur sa force d'entraînement, sur l'absolu nécessité du geste créateur, en dehors de toute forme de reconnaissance, des avantages matériels. Une forme de mystère aussi, pourquoi certains sont poussés par une impulsion irrésistible à se réaliser dans la création, à dynamiter les représentations antérieures au nom d'une autre vision des choses qui apparaît ensuite comme évidente.
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William Somerset Maugham est un écrivain britannique né en 1874.

The moon and sixpence est un roman assez caricatural de ce que pourrait être l'état d'esprit d'un génie de la peinture.
Charles Strickland est un agent de change qui abandonne tout, son travail, sa femme et ses enfants, pour devenir peintre.
L'auteur nous décrit avec panache cette rupture radicale de vie pour devenir un artiste, une renonciation totale et un détachement total envers les êtres humains.

D'une écriture très agréable, le lecteur se prend au jeu de découvrir, à travers le regard d'un personnage témoin, le peintre et aimerait plus que tout voir ses oeuvres même si d'un autre côté nous ne pouvons pas nous empêcher d'éprouver du ressentiment envers lui, tant il méprise tout le monde y compris ceux qui l'aident. L'auteur est très habile pour nous faire ressentir à quel point le peintre est torturé et la misère dans laquelle il vit. Il ne vit plus que pour sa passion. L'homme n'existe plus, seule la passion demeure.

Le seul regret que j'ai concerne le fait que l'auteur s'inspire de la vie de Paul Gaughin mais qu'il ne fait que s'en inspirer. Il est difficile de cerner ce qui relève de la vraie vie du célèbre peintre et ce qui n'en relève pas ce qui génère par ma part une petite frustration. Je me suis penchée sur la biographie du peintre juste après la lecture du livre.
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L'envoûté de Somerset Maugham
Ce livre est écrit à la première personne du singulier. Nous avons affaire à un narrateur témoin extérieur. le récit commence par la rencontre du narrateur avec un personnage insignifiant –Charles Strickland- qui s'avèrera, plus tard, un génie de la peinture. L'homme, au départ, exerce le métier lucratif d'agent de change. Il a fondé une famille et s'est parfaitement insérer au monde des affaires londonien. Pourtant, il plaque tout et va s'installer à Paris, centre de la création artistique. Sa femme charge le narrateur de se rendre en France en sorte de convaincre le fugueur de regagner son foyer. Mais le narrateur ne parvient à ses fins : Strickland est possédé, envoûté par son unique et obsédant désir de peindre tout ce qu'il a en tête de nouveau voire de révolutionnaire dans l'art pictural.
Le lecteur avisé voit bien qu'il s'agit de la transcription de la vie de Gauguin à la sauce anglaise. Mais, d'emblée, ce même lecteur est saisi par la qualité de l'écriture de Somerset Maugham. Cet écrivain francophile qui fit ses premières études en France et en français a parfaitement su réaliser la synthèse entre l'harmonie particulière du style classique français fait de phrases musicales où l'auteur s'emploie à donner comme une respiration déclamatoire et la froide lucidité du style anglais qui ne s'embarrasse pas de périphrase pour dire qu'un chat blanc et blanc. . Exemple, le début du livre : « la première fois que ma route croisa celle de Charles Strickland, je fus, je dois l'avouer, incapable de discerner en lui quoique ce soit d'extraordinaire ». Cette manière d'insérer un « je dois l'avouer » au milieu de la phrase suivi d'un « quoique ce soit » est propre à l'art narratif français où l'on use des insertions pour donner du rebond à une phrase qui sans cela resterait plate. En ce qui concerne le style anglais, L'auteur parsème son livre de réflexions bien senties loin de la bien-pensance de son temps qui voulait que « cela ne se dit pas ». Exemple : « je ne parle pas de cette grandeur qui est celle à laquelle parvient l'homme politique chanceux, le soldat victorieux : celle-ci est une qualité qui dépend du poste que l'on occupe ; que le vent change et cette grandeur est réduite à de modestes proportions ». Ou encore : « Ses chastes réticences sont jugées hypocrites et ses circonlocutions ne sont rien de plus que des mensonges ».
On voudrait tout citer tant ce livre fourmille de réflexions et d'analyses judicieuses telles la sentence : « quel mérite y-a-t-il à se donner l'air de mépriser les conventions quand ce mépris est précisément l'une des conventions de son milieu, ». Il comporte aussi des interrogations sur l'art et sur le bien fondé ou non d'aller jusqu'au bout de l'accomplissement de son talent. Il est, enfin, un récit captivant sur l'itinéraire d'un homme qui n'hésite pas à se perdre au milieu du pacifique pour réaliser son destin. Un chef d'oeuvre à lire absolument et un auteur génial trop méconnu à découvrir.



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Somerset Maugham est malheureusement un auteur oublié. J'ai fait plusieurs librairies avant de trouver un livre de cet auteur chez un bouquiniste de Cuisery (Saône-et-Loire).
Entre parenthèses, le village de Cuisery est un lieu que les adhérents de Babelio devraient tous connaître. A cette commune est attachée, à juste titre, la qualification de « village du livre ». Dans la rue principale, les anciens commerces ont été convertis en librairies ou plutôt en bouquinistes. On y trouve tout ce qui peut réjouir un lecteur assidu, généralement à des prix intéressants. Fin de la parenthèse.
Pour en revenir à La Lune et soixante-quinze centimes, j'ai beaucoup aimé ce roman très lointainement inspiré de la vie de Paul Gauguin. Tout d'abord, outre l'intrigue bien menée, le style un peu vieillot est bien adapté à la période où se déroule l'histoire (le début du XXe siècle). Les dialogues sont savoureux et les personnages bien campés. Que ce soit le personnage principal particulièrement odieux bien qu'attachant, ou les autres qui ne manquent pas non plus de saveur.
Je vais reprendre mon courage à deux mains et continuer à chercher d'autres oeuvres de cet écrivain magnifique.
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Maughan Somerset
La lune et soixante-quinze centimes
J'ai bien aimé l'écriture et l'histoire aussi, peut-être ne suis-je pas sur la bonne voie, mais ce que j'en retire c'est que chacun au fond de soi peu espérer autre chose, un changement total de sa vie mais s'il le fait trop tard, ce sera à l'excès(c'est ce qui se passe ici), et je pense que cet homme est pris par sa passion qui le dévorait sans doute auparavant mais qu'il ne pouvait exprimer et le remords de ne pas l'avoir fait plus tôt, une forme de culpabilité aussi par rapport à ce qu'il laisse derrière lui d'où cet façon de vivre, cette violence dans ses rapports avec la société et les autres et par la même une forme de destruction.
Quatrième de couverture
Pour une femme qui cherchait à se faire une situation dans le monde des lettre et des arts, ce mari n'offrait rien de flatteur….rien de saillant ne sauvait de la banalité ce personnage certes irréprochable mais désespérément quelconque….
Un jour pourtant, l'insignifiant Charles Strickland abandonne femme et foyer et part pour Paris, commence une carrière de peintre et se révèle un être énigmatique, fantasque et parfois odieux.
Misogyne, cruel envers soi et envers les autres, il sacrifie tout à une oeuvre vouée à l'incompréhension des contemporains, traitant avec un égal mépris ceux qui l'aiment et ceux qui le haïssent, exerçant sur tous une inexplicable fascination.
Séduit moins par l'artiste que par l'homme, l'auteur trace de ce personnage un portrait que la banalité des personnages environnants rend plus étrange encore
La finesse d'écriture et la concision d'anecdotes exemplaires donnent au roman une allure de mondanité t de bizarrerie qui s'accorde parfaitement avec le sujet
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Pourquoi les femmes charmantes épousent-elles toujours des hommes insignifiants? Parce que les hommes intelligents n'épousent pas les femmes charmantes.

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La beauté, c'est quelque chose de rare, de merveilleux, que, dans le tourment de son âme, l'artiste extrait du chaos universel. Et, quand elle est créée, il n'est pas donné à tous de la voir.
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Grotesque malentendu que de voir dans l'art un artisanat qui ne serait parfaitement intelligible qu'au seul artisan qui le pratique : l'art est une manifestation d'émotion et l'émotion parle une langue que tous peuvent comprendre.
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J'ai l'idée que certains hommes ne naissent pas au bon endroit. Dans le coin du monde où le hasard les a jetés, ils gardent la nostalgie d'un chez-soi inconnu.
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Il est faux que la souffrance ennoblisse le caractère ; le bonheur produit parfois cet effet, mais, la plupart du temps, le malheur rend l'être humain mesquin et vindicatif.
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Vidéo de William Somerset Maugham
"Servitude humaine" Livre vidéo. Non sous-titré. Non traduit.
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