La Bécasse :
R : le vieux baron des Ravots, fanatique de la chasse, est maintenant cloué à son fauteuil. Chaque automne, il invite tous ses amis pour une chasse dans son domaine, et chaque soir, le hasard symbolisé par une tête de bécasse désigne un conteur pour occuper le dîner.
C : Récit cadre servant d'introduction au recueil Les
Contes de la Bécasse. Pour son troisième recueil de nouvelles,
Maupassant rappelle par intertexte la grande tradition du genre, les dix nobles ayant fui la peste du Décaméron, Shéhérazade retenant la main féminicide du sultan dans Les Mille et une Nuits. Ici, le cadre ne sera pas rappelé. C'est simplement une entrée en matière stylistique et thématique : la chasse, la campagne, la convivialité, l'oralité... mais aussi un danger imprécis, un certain goût pour le macabre. En même temps, la figure de ce vieux baron amateur de littérature orale, cloué dans un fauteuil mais maître du jeu est assez complexe et originale. Il y a cette persistance de continuer la chasse malgré le handicap, et aussi cette passion par procuration, par la voix des autres convives. On pourrait comparer cet autre cloué en fauteuil célèbre, le Professeur Xavier créé par
Stan Lee et
Jack Kirby, qui envoie ses mutants (X-Men) chercher et
lui ramener des récits d'aventure... C'est d'ailleurs une belle allégorie pour le lecteur
lui-même, cloué sur son fauteuil.
Ce cochon de Morin :
R : le mercier Morin s'est attiré un scandale en tentant d'embrasser une fille dans un train. Les MM Rivet et Labarbe, de ses connaissances, vont voir la famille de cette jeune fille pour arranger l'affaire de ce « cochon de Morin ». Mais voilà : Labarbe est pris de la même envie que Morin.
C : Primordial pour
Maupassant, ce motif de la petite erreur qui peut pourrir une existence entière (ce petit grain de sable qui bouleverse tout). Ici, le récit l'entremêle habilement avec la farce d'une aventure érotique ratée qui tourne au drame, en montrant que ce qui arrive à ce pauvre homme rêvant pour une fois des grandes choses, n'arriverait pas à un homme plus rusé, distingué et beau. La débâcle n'est donc réservée qu'aux bougres ? La femme devient-elle complice de cette inégalité - elle la renforce - par sa manière de se refuser ou de se livrer suivant le niveau d'attitude de vainqueur ?
La Folle :
R : Pendant la guerre, les Prussiens s'invitaient chez l'habitant. Or
une vieille avait perdu toute sa famille et demeurait inerte de douleur depuis quinze ans. Elle énervait beaucoup le commandant par son mutisme.
C : Cette anecdote révoltante de la guerre, participe à une dénonciation des méfaits commis, donc à une rancoeur, plutôt qu'à un dégoût de la guerre. L'image de la folle se laissant mourir et reprendre par la nature est superbe (la folie, absence de raison humaine, n'est-elle pas déjà le symbole de ce retour à la nature ?). L'acte de cruauté envers la folle paraît gratuit mais n'est en rien justifié par le fait qu'il s'agisse de la guerre et des Prussiens. On remarquera au passage qu'il s'agit de se débarrasser de l'individu socialement inutile ou encombrant, exaspérant (comme dans
L'Aveugle, Coco, Un Gueux, etc).
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