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3,89

sur 1853 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Progéniture vicieuse, pingrerie, cruauté, couardise, adultère, fanfaronnade et autres qualités humaines...
Guy de Maupassant n'est décidément jamais tendre avec le genre humain. Au fil de ces contes, présentés à la manières d'histoires qu'on se raconterait le soir autour d'un repas plantureux et d'une bonne bouteille (ainsi "La bécasse" qui ouvre le recueil est plus une introduction qu'une nouvelle), vous lirez les mille petits vices, cachés ou ostensibles dont l'auteur aimait à allonger la liste et à brosser le portrait.
Balourdise, jeu de dupe, et aventures galantes dans "Ce cochon de Morin"; douleur, cruauté et dommage de guerre collatéral dans "La folle"; avarice maladive et mesquinerie dans "Pierrot"; nostalgie dans "Menuet"; angoisse dans "La peur"; mauvais goût et orgueil mal placé dans "Farce normande"; naïveté et abus de pouvoir dans "Les sabots"; snobisme, mépris, égoïsme et fidélité tellement poignante qu'elle en devient maladive dans "La rempailleuse"; rudesse, avarice et insensibilité dans "En mer"; insolite exploitation de la crédulité dans "Un normand"; règlement de comptes posthumes dans "Le testament"; pauvreté, mesquinerie et immoralité dans "Aux champs"; manipulation et pêché d'orgueil dans "Un coq chanta"; adultère et conséquences dans "Un fils"; mépris et dommage de guerre collatéral dans "Saint-Antoine" et enfin, toute l'ironie et le caustique dont est capable Maupassant pour dénoncer la couardise dans "L'aventure de Walter Schnaffs".

Si je devais vous en conseiller certaines, mes faveurs iraient à "Pierrot", "La rempailleuse", "En mer", "Aux champs" et "Saint-Antoine" mais c'est bien sûr très subjectif.
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Le vieux baron des Ravots, grand amateur de chasse, organise des diners auxquels il convie ses compagnons chasseurs. Seront servies les bécasses issues de la chasse et un rituel désigne l'heureux convive qui pourra déguster les têtes de ces oiseaux. le sort l'ayant désigné, l'heureux élu doit raconter une histoire à l'assemblée présente. C'est là le fil conducteur de ce recueil de nouvelles.

Un recueil d'histoires captivantes, qui ressemblent à celle que les anciens pouvaient se raconter au coin du feu, à la recherche de la sensation forte, de la peur qui épice les histoires, des dernières nouvelles d'autrui, d'un certain commérage, du constat des défauts de nos pairs… Ces nouvelles s'inscrivent dans le mouvement du réalisme qui exige une description des individus regroupés en classes sociales, les mettant en scène et décrivant leur quotidien, incluant dans les dialogues, leur dialecte lorsqu'il s'agit de personnes issues des classes ouvrières. Les contes de la bécasse mettent en évidence les travers de la société, les grivoiseries des hommes, les défauts des uns et des autres, les croyances, la folie.

A titre d'exemple, l'un des premiers récit, Pierrot, met en avant l'avarice et la cruauté des individus,

La peur montre les superstitions et la folie qui s'empare d'une famille, on peut y voir une présence active de l'auteur qui, atteint de syphilis, transmet ses hallucinations aux lecteurs. Cette histoire n'est pas sans rappeler le Horla, cette longue nouvelle décrivant un individu qui sombre dans la démence.

Un Normand, un fils, les sabots semblent bien dénoncer la condition de la femme soumise à la volonté masculine.

Mais Maupassant ne se contente pas de décrire, on le sent omniprésent dans ses écrits. Il suffit de consulter sa biographie pour comprendre. La nouvelle, un fils, peut être considérée comme quasi autobiographique puisqu'elle rappelle les enfants que l'écrivain n'a jamais voulu reconnaître.

La dernière nouvelle, l'aventure de Walter schnaffs, est une dénonciation de la guerre qui dégrade et avilit l'homme.

Mais ces considérations littéraires ne sont pas indispensables à la lecture, on peut découvrir les nouvelles avec la curiosité d'une personne qui écoute des contes, chacune d'elles renfermant un suspens de courte durée, sachant que le dénouement est proche, des nouvelles tantôt angoissantes, tantôt comiques ou encore attristantes voire révoltantes.

J'ai choisi de lire ce recueil De Maupassant parce que mon professeur de français nous avait demandé de la lire et que je n'ai pas dû beaucoup l'ouvrir à l'époque. Je me rattrape donc plusieurs dizaines d'années après. Mieux vaut tard que jamais !

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Avec une ironie mordante, Maupassant nous décrit en 17 nouvelles les travers de la société normande pourtant si chère à son coeur.

Tout y passe avec un humour noir, acide, sous l'oeil acéré de l'écrivain : la cupidité, l'avarice, l'orgueil, la bêtise, la débauche, l'ingratitude, la vantardise.

Et règne en maître la cruauté et l'injustice.
Sous ses dehors sardoniques, Maupassant juge durement ses contemporains et nous dévoile leurs aspects les plus sombres.

J'ai apprécié qu'il mette dans la bouche des paysans le jargon savoureux de ceux-ci. Exemple : " Ca s'rait p't-etre bon,c'te place chez maitr' Omont, vu que le v'là veuf, que sa bru l'aime pas, qu'il est seul et qu'il a d'quoi. J'ferions p't-être ben d'y envoyer Adélaïde" ( Les sabots)

Il n'empêche que cette cruauté , cette lâcheté sont parfois difficile à supporter.

Les nouvelles qui m'ont le plus touchée sont "la folle", une pauvre femme qui a perdu, en un seul mois, son père, son mari et son enfant nouveau-né.
Foudroyée par le chagrin, elle s'alite, muette, et refuse désormais de se lever jusqu'à ce que les Prussiens la jettent sur son matelas, dans la neige des bois où les loups la dévoreront. "Pierrot est une des plus tristes et sinistres de ce recueil. Une femme avare, lasse de dépenser ses sous à nourrir son chien, le précipite dans une marnière où la pauvre bête va mourir de faim puis dévorée par un autre chien plus fort que lui. Et puis "la rempailleuse", l'histoire d'un amour fou de cette femme pour un homme qui ne l'aime pas mais profite d'elle qui lui donne puis lui lègue tout son argent.

Fou, Maupassant ? Pas tant que ça mais lucide et pessimiste assurément !
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Installons-nous avec le vieux baron Des Ravots à sa table, réunissant les chasseurs, et écoutons les " contes", histoires bien réalistes ( quoique pas toujours), de ses convives, désignés par le bec pointu de la bécasse...

Toute l'âme paysanne normande du 19ème siècle, faite de roublardise, de bon sens, d'âpreté au gain et de gourmandise de la vie s'épanouissent, dans un grand nombre de ces contes, pour notre bonheur de lecteur.

Désirez-vous un peu de gaillardise et d'inattendu ? Lisez donc " Ce cochon de Morin" !

Quelques facéties normandes un peu grasses ? " Farce normande" et " Un normand" vous satisferont.

L'avarice poussée à l'extrême ? Rencontrez Madame Lefèvre, qui veut bien nourrir un " quin" mais pas payer l'impôt .Le pauvre " Pierrot" sera la victime de ce défaut...

L'adoption et ses ambivalences ? " Aux champs" l'illustrera.

Dans ce recueil de nouvelles se retrouvent par ailleurs des thèmes assez obsessionnels de l'auteur, qu'il développera ensuite dans ses romans: celui notamment de l'enfant illégitime , qui sera exploité dans " Pierre et Jean". Et on voit poindre, à travers des récits pourtant bien ancrés dans la réalité campagnarde de l'époque, l'attirance De Maupassant pour l'irrationnel, le fantastique.Je pense en particulier à " La Peur" et " La Tentation de Saint-Antoine".

En tout cas, on peut dire que les noirceurs des âmes sont bien mises en relief, Maupassant est pessimiste dans la peinture de ses semblables.

Le ton est tour à tour humoristique, caustique, dramatique,inquiétant.La verve d'écriture est réjouissante, l'emploi du patois normand donne une saveur indéniable aux histoires racontées.

Ma préférence va à " La rempailleuse", triste passion amoureuse d'une vie et " La Peur", aux ombres hallucinatoires fascinantes.

Ce livre est pour moi intemporel, car tellement révélateur , au-delà du contexte d'une période historique et d'une région, des comportements humains, analysés avec une grande finesse d'observation , des drames qui jalonnent la vie, des passions et des vices de chacun.

Des contes qui comptent et compteront toujours, à coup sûr!

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Quelques contes sans concession pour le genre humain. Les travers des uns, les peurs des autres, le mépris de certains, l'indifférence pour beaucoup ! Satire sociale du XIXè siècle aussi bien sur la bourgeoise que sur les paysans.

Après une partie de chasse chez le baron des Ravots, ses hôtes et lui-même festoient de bécasse, un rituel. Une vieille coutume de la maison, appelée « le conte de la bécasse » fait que les têtes ne sont pas servies aux convives mais l'un d'eux, tiré au sort à la fin du festin, les mangera toutes et devra pour paiement raconter des histoires, une par invité.

Chaque conte est dédié à un de ses contemporains : écrivains, poètes, peintres mais sans préciser s'il était en rapport avec la personnalité de chacun ou si l'historiette lui avait été rapportée par l'un deux !

Ce livre se lit facilement, les histoires prennent petit à petit de la consistance mais la fin est à chaque fois une chute rapide telle les falaises du Pays de Caux ! J'ai eu une sensation de trop peu pour chacun de ces contes. Agréable lecture malgré tout.


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Guy de Maupassant est un maître et ce recueil le démontre une fois de plus.
Mon commentaire consistera simplement à vous dire que si vous vous lancez dans la lecture de ces textes vous y trouverez forcément votre compte et votre plaisir, son style, s'il est bien sûr classique, n'a pas pris une ride et élaire d'un regard pénétrant le genre humain, en mode campagnard normand.

Lecteurs numériques, ne vous privez pas de télécharger ce recueil, il est gratuit ...

Bonne lecture
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Ce recueil est formé de 17 courtes nouvelles (5-6 pages en général). Mon exemplaire sous-titré ''et autres contes de chasseurs'' en ajoute 6 supplémentaires, glanées dans d'autres recueils. Avec un rare talent, Maupassant brosse le portrait de ses personnages en quelques lignes à peine. Ces personnages sont les acteurs d'anecdotes de style fait divers plus ou moins communes. Cela semble peu palpitant, mais pourtant, j'ai parcouru tout cela avec grand plaisir. J'ai trouvé dans l'une des histoires des mots qui expriment assez bien mon ressenti à la lecture de Maupassant : une ''espèce d'intérêt qui passionne, ou qui charme, ou qui émeut agréablement''. Il n'est rien de moins qu'un virtuose qui condense la vraie vie en ces petites historiettes délectables. Coup de chapeau à la nouvelle ''La peur'', qui côtoie le fantastique.
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Maupassant est de ces auteurs classiques que l'on peut relire inlassablement compte tenu de l'actualité intemporelle de ses récits. C'est donc avec un certain plaisir que je me suis plongée dans « Les Contes de la Bécasse », petites histoires racontées au coin du feu par des amis chasseurs.

De la « La Folle », terrible récit d'une femme victime collatérale de la guerre de 1870 qui baisse les bras face à la vie, à « Un Normand » où le père Mathieu surnommé « Boisson » nous parle de sa fabuleuse invention, le saoulomètre, Maupassant nous fait passer de l'émotion au rire. Si en effet l'ensemble de ses nouvelles sont cocasses et drôles, il offre également une critique acerbe de la société du 19ème siècle où les vices et défauts de chacun sont dénoncés, tant chez les bourgeois que dans le monde rural.

Heureusement les descriptions fluviales et bocagères de la région normande que l'auteur connaît bien agrémentent agréablement ces nouvelles et rappellent que Maupassant est également à ses heures un poète. Cela sent bon les feuilles humides, les couleurs mordorées de l'automne chatoient et le patois normand nous plonge au cœur de la campagne.

Un recueil vraiment agréable à lire, révélateur de l' ironie et du pessimisme que Maupassant éprouvait face à la nature humaine… qui n'a guère changé.
Intemporel, vraiment.
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Lire Maupassant, c'est à la fois plonger dans les méandres de l'âme humaine et croquer très simplement de fugaces instants de la vie quotidienne.
Les contes de la bécasse prennent comme prétexte une réunion de chasse, où chacun y va de sa petite histoire normande. A l'intérieur de chaque histoire, d'autres personnages qui racontent d'autres histoires...
Galerie de portraits de la petite bourgeoisie normande aux petites gens de la campagne, ce recueil de nouvelles est un condensé du talent De Maupassant, qui narre sans moraliser, qui raconte sans juger et qui se déguste avec plaisir.
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Ces contes qu'on appellerait des nouvelles aujourd'hui se passent en Normandie, terre chère à Maupassant, où il a grandi et où il retournait vivre souvent. Il a puisé dans son enfance et ses visites ces récits de vie, ces faits divers qui deviennent avec lui des histoires cruelles, pessimistes et affrayantes, mais aussi drôles et ironiques. On ne s'ennuie jamais avec Maupassant, on part toujours dans un univers simple en apparence mais qui devient unique sous sa plume.
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