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Yvette est un recueil savoureux, solide, travaillé et très — trop — peu célébré de Guy de Maupassant. Aucune nouvelle n'y est peut-être exceptionnelle, mais le niveau d'ensemble est vraiment très bon et homogène. Il ne contient que huit nouvelles car la nouvelle titre est incomparablement plus longue qu'à l'habitude. Ma favorite, si je devais en sortir une du lot, serait sûrement celle intitulée le Retour.

1. La nouvelle titre, Yvette, reprend et enrichit la nouvelle Yveline Samoris que l'auteur n'avait pas fait figurer dans un recueil de son vivant et qui fut finalement reprise après sa mort dans le Père Milon et autres nouvelles. Elle nous dévoile le chemin fait d'ombres et de lumières d'un surprenant couple mère/fille.

Nouvelle copieuse de quatre chapitres, au style peaufiné, où l'on observe un habile glissement de la narration qui nous fait adopter au départ les vues du viveur Servigny, principal prétendant d'Yvette pour progressivement nous amener dans la tête de la jeune convoitée. Celle-ci, éclose dans le temple de la débauche et des dérives mondaines tenu par sa mère, et dont nous allons être témoins de l'édification, du passage du stade de la jeune fille insouciante au stade de la femme qui va devoir s'assumer. La réalité va donc brusquement lui sauter au visage, emportant du même coup pas mal de ses illusions et de ses convictions qu'elle pensait intangibles.

2. le Retour est un conte particulièrement bien soigné sur le plan de l'écriture. Un effort manifeste a été fait par son auteur pour cerner le ton juste, le plus neutre, le moins dans le pathos possible afin de nous servir aux petits oignons l'histoire émouvante des retrouvailles chez ces petites gens qu'il aimait tant, humbles pêcheurs de Normandie, pas latins pour deux sous, pas démonstratifs mais au coeur généreux et vaste comme l'océan des terre-neuvas.

À noter, le cafetier de la fin de l'histoire ne saurait être autre que Toine, héros magistral d'une autre nouvelle publiée deux ans plus tard. Chapeau pour le style, sans fioriture, millimétrique où chaque mot fait mouche.

3. L'Abandonné revisite un thème souvent exploité par Maupassant (voir Un Parricide dans le recueil Contes du Jour Et de la Nuit ou Duchoux dans La Main gauche) à savoir celui de l'enfant illégitime abandonné puis rencontré par ses parents bien des années plus tard, pour le meilleur ou pour le pire...

4. Les Idées du Colonel sont une sorte d'ode à l'étrange pouvoir de la femme, apte, selon le colonel en question, à revigorer et transfigurer n'importe quel homme (mais seulement s'il est français, histoire de faire un peu dans le chauvinisme bon marché en ces années post 1871 et du même coup séduire les lecteurs des journaux plutôt conservateurs dans lesquels paraissaient les nouvelles en première publication).

5. Promenade raconte l'édification subite d'un gratte-papier d'une soixantaine d'années qui, exceptionnellement, va déroger à son train-train réglé comme du papier à musique au geste près depuis quarante ans. Je vous laisse en découvrir le résultat...

6. Mohammed-Fripouille est un étonnant conte, dans la lignée de ceux qu'il a écrit après ses voyages en Algérie. Mais ici, ce conte revêt un caractère plus original. Il nous dresse le tableau d'une sorte d'« Inglourious Basterds », conduit par le fameux Mohammed-Fripouille, sorte de mercenaire de l'armée française (qu'on appellerait de nos jour plutôt une légion étrangère), allant faire une expédition punitive auprès d'un groupe d'autochtones en bordure du désert suite à l'assassinat d'un touriste anglais.

7. le Garde est en quelque sorte une fusion entre deux caractères déjà explorés par l'auteur : le vilain garnement de la nouvelle Coco dans Contes du Jour Et de la Nuit, d'une part, et de la droiture morale du Père Milon dans le recueil éponyme, d'autre part. L'oncle, garde-chasse zélé, ancien gendarme, se fait une fierté de protéger des braconniers les terres de son employeur, l'autre, le neveu fourbe, en profite pour se faire quelques francs en allant poser des collets quand son oncle revient harassé de ses rondes. Tous les ingrédients pour une fin détonante !

8. Enfin Berthe nous plonge dans le destin sordide d'une fille de bonne famille née handicapée mentale mais belle comme une déesse... je vous laisse imaginer ce qu'un homme peut faire d'une telle aubaine !

Donc, tout bien pesé, un excellent recueil, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Jean de Servigny est un noceur, élégant et vrai Parisien. Il veut introduire un ami proche, tout aussi riche que lui, auprès de la marquise Obardi ; sous ce nom prestigieux, une demi-mondaine. Jean de Servigny avoue qu'il rêve de séduire la fille de cette dernière, Yvette. Il pense qu'elle est rouée, tout en paraissant innocente. Quoiqu'il en soit, elle appartient à la « prostitution dorée », ce qui la rend inépousable.
Alors, innocente ou rouée ?
Yvette est la plus longue nouvelle du recueil et la plus forte. Elle dépeint une société où les femmes qui ne sont pas nées riches n'ont qu'une façon de le devenir un jour.
Le retour, courte nouvelle, laisse sur sa faim.
L'abandonné est d'une infinie tristesse, mais toutes les nouvelles bénéficient du talent de narrateur De Maupassant.
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Sous ce titre se cachent plusieurs nouvelles : Yvette - le retour - L'abandonné - Les idées du colonel - Promenade - Mohammed-Fripouille - le garde – Berthe, quoi que “nouvelles” soit un mot un peu fort car à part Yvette les autres textes sont plus des anecdotes que des nouvelles !

Comme tous les textes De Maupassant ceux-ci sont des reflets de la vie de l'époque avec ses différentes couches de la société quand la “haute” n'hésitait pas à s'encanailler ! Dans Yvette, Maupassant dépeint une jeune fille qui semble tour à tour naïve, ingénue ou rouée, alors que sa mère est entretenue et qu'un riche dandin décide de s'en faire aimer sans envisager de l'épouser !

Maupassant sait décrire parfaitement et brillamment toutes ces situations et sans jamais juger, tout comme Tchekhov, toutefois avec un peu moins d'humour et de dérision ! Il a une très bonne vision des natures humaines et les exprime sans tomber dans la caricature.

Les autres textes sont très bien écrits, du beau Maupassant, leur coeur est captivant mais je les trouve trop courts pour qu'il en reste réellement un souvenir précis.

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Recueil de huit nouvelles, toutes pessimistes.
Qu'il s'agisse de la première qui donne son nom au livre, et qui met en scène une jeune fille élevée dans le monde de la galanterie, et qui ne voit pas ou ne veut pas voir la nature du métier de sa mère. Cette histoire est rapportée par un viveur incapable de comprendre le drame de la jeune fille, la femme ayant toujours pour objectif naturel de réjouir la vie de l'homme.
Du retour, qui raconte sobrement la tragédie de ceux qui ayant pour une raison ou une autre disparu de longues années sans pouvoir donner de leurs nouvelles, reviennent pour voir leur place prise par un autre. Toutefois comme nous sommes dans le monde des paysans âpres au gain De Maupassant, l'homme qui revient n'oublie pas que la maison, elle, lui appartient par acte passé chez le notaire.
La troisième L'abandonné, traite d'un thème fréquent chez Maupassant, l'enfant illégitime. Confié à des paysans dès sa naissance, inconscient du tort qui lui a été fait, il s'accommode fort bien de son sort, tandis que la mère n'a jamais cessé de penser à lui et veut, pour sa plus grande punition, le voir au moins une fois avant de mourir.
Dans Promenade, on retrouve l'univers des petits employés de bureau, condamnés à une vie médiocre par un salaire très insuffisant.
Les idées du colonel et Mohammed-Fripouille traitent de la guerre. La première illustrant l'idée que pour un Français rien ne vaut une femme pour le faire se surpasser est sans doute la moins tragique.
Le garde est une histoire de chasse, comme on en trouve d'autres chez Maupassant. Bien sûr il y aura un accident funeste.
Enfin Berthe est peut-être la plus poignante. Racontée par un médecin qui se veut objectif, cette nouvelle présente le cas d'une enfant puis d'une femme, née idiote, qu'il essaie d'ouvrir à un peu de réflexion, finalement pour son plus grand malheur.
J'ai apprécié ce recueil, et j'espère en avoir dévoilé assez pour mettre en appétit ceux qui ne l'ont pas encore lu, sans gâcher complètement le plaisir de la découverte.

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Yvette est l'une des meilleures nouvelles qui nous révèlent l'ingénieux talent de narrateur, en même temps ambigu, de notre très cher Maupassant, une nouvelle bien structurée, bien construite qu'on accompagne Yvette dans la découverte de son monde, de son environnement qui n'est qu'entaché de beaucoup d'illusion...

Comme toujours, on commence la lecture et on s'attend toujours un retournement quelconque, à une surprise... Quoi de plus normal que deux bourgeois se fassent invités par une belle marquise et sa fille déjà en âge de se dire femme, on voit tout de suite que deux couples vont se former, ils vivront pleinement leur aventure amoureuse, voilà l'histoire terminée, on la boucle...beuh non! la surprise arrive, elle est bien plus perçante qu'un coup d'épée, bien plus acide que du chloroforme, bien aigre que de la vinaigre...

Yvette, croyant appartenir en bonne et due forme à la bourgeoisie, incite M Servigny à demander sa main auprès de sa mère puisqu'il prétend l'aimer...Erreur lui dira haut et fort sa mère après que Servigny lui ai signifier cette impossibilité...il est impossible à un bourgeois d'épouser la fille d'une courtisane, qui, elle aussi, est appelée à devenir courtisane..; ça, Yvette n'en avait jamais rien su, ni prit conscience...
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« Yvette » cette nouvelle De Maupassant nous conte l'éducation d'Yvette une jeune fille dont la mère est une courtisane prénommée la Marquise Orbadi.
Yvette belle jeune fille, candide, passionnée, charmeuse mais surtout lucide prend consciente du milieu social plutôt équivoque dans lequel elle évolue.
La marquise Orbadi, qui tient un salon, est entourée d'une cour d'hommes de la haute société, parmi eux M. Servigny jeune noble riche, cynique mais sympathique accompagné de son ami Léon Saval qui deviendra par la suite l'amant de la marquise.
Jean Servigny est obsédé par Yvette et cette dernière également très attirée aimerait en faire son mari.
Mais leur rang social les distingue, et la noblesse ne se marie pas avec la demi-mondaine...
Ainsi Servigny espère devenir l'amant de la jeune fille mais Yvette repousse ses avances malgré lui avoir avoué son amour pour lui.
La jeune fille est handicapée par son hérédité sociale, elle aimerait vivre le conte de fée avec son courtisan malgré cette différence qui les oppose.
Au fil des jours, Yvette se perd dans ses réflexions sur l'Amour, s'étourdit avec des pensées existentielles qui affluent dans sa tête, sa personnalité change, un jour innocente et naïve, le lendemain diablesse, humiliante et excessive, Yvette souffre, elle ne veut pas suivre la même destinée que sa mère.
Elle décide d'affronter cette dernière, et lui demande de rompre avec cette vie qu'elle trouve honteuse. La marquise insouciante ne décèlera pas le désespoir de sa fille et Yvette tombera dans une profonde déprime.
A mes yeux, une des plus belles nouvelles De Maupassant, l'auteur évoque la prise de conscience d'une jeune fille face à sa vie, il dépeint sa profondeur d'âme, sa sensibilité, sa douleur avec tellement de puissance et de vérité que Maupassant nous prouve dans ce recueil, l'intérêt porté à l'égard des femmes.


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Neuf nouvelles qui se suivent chez Maupassant mais qui ne se ressemblent pas.
Les émotions sont toujours au coeur du récit, des scènes de campagne pour: "Le retour","L'abandonné","Le garde".
Pour Yvette, titre du livre, on se retrouve chez une courtisane et sa fille ne désirant pas suivre le même chemin que sa mère mais ne voulant pas pour autant dépendre d'un homme non plus.
Une scène de réjouissance et de bonté à la lecture des"idées du colonel". "Promenade" ou bien routine d'après la description de la première page ainsi que notre personnage pendant 40 ans de sa vie, en bref, une vie sans aucun objectif, aucune envie, Rien...
"Mohammed fripouille" c'est un peu le chevalier Bayard sans peur et sans reproche. Quant à "Berthe", un petit tour en Auvergne en compagnie d'un médecin qui a voulu éduquer une jeune fille idiote, naïve et considérée comme folle toute sa vie...
Un bon moment passé à la lecture de ces nouvelles qui m'ont rappelé certaines de Zola...
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Je ne connaissais pas ce livre de Guy de Maupassant. Ma curiosité a été récompensée car j'ai passé un excellent moment de lecture même si l'histoire par elle-même est pessimiste.

Néanmoins, les personnages sont hauts en couleur et très attachants. Ils nous entrainent dans leur univers et on voyage dans Paris et sa mondanité de l'époque. Yvette, personnage principal nous fait entrer en elle. Sa personnalité touche le lecteur.

Lu d'une traite, je recommande cette lecture qui malgré un côté sombre fait rêver et laisse un nuage de légèreté tout au long des pages.
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Pour une fois je ne comparerai pas ce recueil De Maupassant à une boîte de confiseries variées, il y manque trop de sucre et de couleurs : d'Yvette, nouvelle qui ouvre le recueil, à Berthe qui le clôt, le ton y est trop sombre.

Douloureuse prise de conscience de la jeune Yvette, fille de courtisane, que les illusions de grandeur ou de simple bonheur bourgeois lui sont interdits.
Pour Berthe, pas de conscientisation puisqu'elle est simplette mais la douleur fulgurante d'un amour qui la dévaste.
Entre ces deux jeunesses malmenées, un enfant abandonné, un mari revenant du néant, un petit employé qui découvre un beau soir parisien l'inanité de son existence...

Et toujours (je me répète!) la plume parfaite De Maupassant, l'efficacité dans la construction oh combien difficile de la nouvelle courte, le personnage campé d'un trait juste, l'ironie mélancolique ou la tendresse perlant sous une froideur feinte : j'ai encore quelques recueils De Maupassant sous la main, heureusement car je ne m'en lasse pas!
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Yvette est une nouvelle de Guy de Maupassant . Celle-ci et
et sept autres constituent le recueil éponyme .
Avec cette nouvelle, l' auteur nous conte le monde des
courtisanes et ses arcanes .
Yvette dont la mère est une courtisane prénommée " La
Marquise d' Orbadi" , est une jeune femme belle , ferme ,
passionnée mais manque d' expérience pour évoluer dans
un monde pareil et elle est un peu naïve .
La Marquise tient un salon fréquenté par les hommes de la
haute société parmi eux Jean de Servigny et Léon Saval .
le premier est un jeune noble riche , cynique et qui aime
jouir . le second , Léon Saval, deviendra l' amant de la
Marquise .
Jean de Servigny désire Yvette et il en est obsédé . Yvette ,
elle aussi , est attirée par lui .Jean rêve d' en faire sa maîtres-
-se .L' obstacle qui s' oppose à leur union est leur rang social : " un aristocrate ne peut ou ne veut se marier avec
une roturière " .
Yvette refuse d' être l' amante de Jean . Elle repousse
ses avances .
Yvette souffre . Elle ne veut pas mener et reproduire la
vie de sa mère .Souffrant trop elle tente l'irréparable .
Une belle histoire même si elle est triste et mélancolique


J
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