Gérald

Pour la première fois, il comprit que Papa allait peut-être mourir. cette idée l'effraya, et il se mit à parler plus vite et à plaisanter plus fort, dans un un effort désespéré pour la chasser; C'était impossible, pas on cher Papa, avec ses manières doucement surannées, ses habitudes régulières, ses chansons, son bon rire et ses sages conseils. Les autres mouraient, peut-être, mais pas son père, pas l'être auquel se rattachaient ses plus anciens souvenirs, (...).

Chapitre II

Toutes ses larmes et tous ses regrets ne pourraient les faire revenir. Il n'avait pas la foi et ne croyait en rien. Il savait qu'elles n'étaient plus que poussière et qu'il ne les reverrait jamais plus; et il les écarta de sa mémoire et se plongea dans sa propre vie, qui lui semblait parfois si futile, si inutile, et à quoi seul son travail donnait quelque valeur, en lui apportant le sentiment d'une oeuvre à accomplir, si petite, si pauvre fût-elle.

Chapitre V

Comme il savait peu de choses de Papa, - de ses pensées secrètes, de ses rêveries, des petits événements dont avait été faite sa vie quotidienne ! (...)
On n'avait jamais essayé de connaître cet homme qui, à soixante ans, avait écrit des livres avec les rêves dont il avait gardé le souvenir.

Chapitre II

Il se tourna vers on enfance et ferma les yeux pour humer à nouveau les parfums de Paris d'autrefois, et en ressusciter les sons, les voix éteintes, les visages morts. Il évoqua une fois de plus les vieux idéaux, les rires et les larmes. Il fit revivre les images de son passé, les entremêla de pensées vagabondes et de rêves oubliés depuis longtemps...Peter Ibbetson était né.

Chapitre II

(...) chaque recoin cachait un fantôme, (...) chaque détour, chaque tournant des rues étroites et mal pavées hanté de souvenirs. (...)
Le ciel était gris et un vent soulevait la mer. Les vagues se brisaient sur la plage et contre la jetée avec un cri plaintif et un frisson d'angoisse.
Partout, des ombres et des voix venues d'un autre monde, des voix d'un passé désormais mort et disparu; elles chuchotaient, hurlaient quand l'air était immobile, et tout au long des rues et des fantômes couraient, ombres des enfants qui avaient joué là, jadis.

Chapitre VIII