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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le poids du silence !

Comment dire le silence en littérature ?

Comment exprimer cette impossibilité à parler qui tue plus sûrement qu'une arme ?

Longs, très très longs monologues intérieurs des parents Marthe et Jean.

Incompréhension entre les parents et les enfants, et ces silences qui étouffent et ces émotions enfermées à double tour.

Chez ces gens là ! On ne parle pas Monsieur, on ne parle pas ! On croise ses silences !

Leur fils Luc s'enfonce inexorablement dans la mélancolie.

(p.126) Ce solitaire noyé de silence s'est fait à lui-même le seul cadeau qu'il pouvait recevoir : il s'est donné la mort.

Petit livre, heureusement.

Ecriture dense, il faut reprendre son souffle régulièrement.

Sombre, déprimant.

A ne pas lire quand le moral est en berne
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J'apprends après lecture que c'est le premier roman de Laurent Mauvignier : joli coup !

Loin d'eux, c'est le souhait de Luc, pensant à ses parents, plus qu'à son milieu insupportable de banalité. Il part ; lui et ses parents réalisent combien il y a d'amour entre eux. Mais pas plus après qu'avant il ne leur sera possible de communiquer : des silences et des paroles conventionnelles remplaceront toujours ce qu'il faudrait qu'ils s'avouent. Dans la première partie, cinq narrateurs nous livrent leur monologue intérieur, cinq vies qui sont très proches, fils, père, mère, oncle et tante, qui passent du temps ensemble, parlent, mais ne trouvent pas les bons mots ou les retiennent au dernier moment. le sujet est l'impossibilité de communiquer.
Dans la deuxième partie, le deuil et la douleur compliquent le jeu, mais il est toujours impossible de se comprendre : ou si chacun comprend la douleur de l'autre c'est pour rejeter sa spécificité.
Enfin une projection sur un passé parfois heureux apparaît, mais c'est pour mieux accuser une communication indirecte, cause supposée du malheur présent.

Peu de matière, dans cette grosse centaine de pages, mais une narration impressionnante : c'est un peu Stephen Dedalus vu par le quintette d'Alexandrie : cinq points de vue qui tricotent une histoire banale et douloureuse en interrogeant leurs pensées, en interprétant celles des autres. Rien n'est simple, mais tout m'a paru clair : d'une clarté sombrement triste. Les mots sont simples, les sentiments complexes à force de ressassement et d'analyse chez des gens qui paraissaient simples au début. Et vers la fin, les phrases longues de ces sentiments complexes font des entrelacs pas simples.
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Faire parler les silences, écouter les taiseux.
C'est un livre très court.
Il ne m'a pas plu.

Parce que je l'ai trouvé compliqué à lire. Ce sont les pensées des gens, elles tournent en rond. Ces gens ressassent. Tous.
Il y a plusieurs voix, six au moins. Voilà ce qui m'a gêné : j'ai trouvé que le style était le même pour tous les personnages. Et depuis, une question me turlupine : est-ce qu'on pense tous de la même façon ? Et je pense que la réponse est non. On ne s'exprime pas pareil, on ne réagit pas pareil, pourquoi penserait-on de la même façon ?

C'est dommage, le propos était intéressant.
Une histoire de pudeur pour ses sentiments, pour ceux des autres. Une histoire de respect, réel ou superficiel, dans l'absence de jugement porté ou seulement révélé.

Avec de très beaux passages tout de même :

« Et je sais aujourd'hui que j'aurais dû parler quand même, oser dire : non, je ne comprends pas mais je veux comprendre, j'ai besoin de comprendre, dire peut-être que ne pas comprendre ça n'empêchait rien, pas de vouloir être là avec lui, et qu'ensemble on cherche comment se dire tout ce dont on avait besoin, faut que ça sorte à un moment ou à un autre, c'est tout, voilà par quoi tout cru on aurait dû commencer, plutôt que comme un idiot rester à trembler sur ce qui bloquait. J'aurais dû dire autre chose, quoi, je ne sais pas vraiment. En tout cas, ne pas rester comme j'étais, et rompre les silences invisibles qui tuent. »

Dommage.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Un suicide – ce n'est pas un spoiler, on comprend vite ce qui est arrivé. le mot n'est jamais prononcé mais c'est ce que racontent, chacun leur tour, les membres de la famille de Luc, et Luc lui-même : leur cheminement à eux, et son cheminement à lui, les relations familiales, ce qui aurait pu être mieux, se passer autrement, entrainer des conséquences différentes, ou peut-être que non, ce qu'on pouvait voir venir dans son comportement, ce qu'ils ont refusé de voir ou ne pouvait pas comprendre. Des tas de choses auraient pu être pires ou meilleures, mais ce qui est arrivé serait peut-être arrivé de toute façon. Il est difficile de comprendre un suicide ; on en a pas subitement marre pour une raison spécifique ; c'est un travail de sape qui prend toute une vie (jeu de mots involontaire). L'alternance des narrateurs crée une sorte de récit épistolaire oral, où chacun raconte de manière réaliste son point de vue, sans vrai destinataire, plutôt comme on se confierait à un journal intime.

Le style, voilà ce qui marque dès les premières pages ; une nouvelle manière de recréer par la littérature l'oralité du langage : pas juste par le vocabulaire mais par la structure des phrases, les répétitions, les redondances, les mots d'apparence inutile qui, plus qu'à meubler, servent à ponctuer le parler, dans lequel les points n'existent pas, pas plus qu'on ne peut savoir avec certitude si une phrase est finie ou si elle va reprendre ; les phrases littéraires (Majuscule-point.) peuvent contenir plusieurs phrases orales, ou au contraire, une orale peut enjamber plusieurs littéraires (certaines sans sujet ou sans verbe), la ponctuation marquant alors les pauses plutôt que la fin de l'information transmise.

Je n'ai pas à hésiter pour louer la subtilité de l'auteur, et toutes les nuances des relations familiales et des ressentis personnels qu'il est parvenu à saisir pour créer un roman sociologique crédible et tristement réaliste dans tous ses détails. le seul reproche qu'on peut lui faire serait d'être parfois surécrit, de chercher à styliser toutes ses phrases sans exception, alors qu'il aurait pu en laisser glisser certaines dans la simplicité sans endommager le traitement du sujet (déjà grave et intéressant par lui-même), voire l'améliorant en le rendant, par une écriture moins insistante, d'autant plus capable de toucher le lecteur sur un registre émotionnel, ce qui en l'état actuel des choses tarde à venir.
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Un premier roman qui, il me semble, annonce déjà l'intérêt de l'auteur pour le deuil, les non-dits, les relations humaines, la quête de sens de la vie.

Si ce texte m'a paru moins fort, peut être avec quelques longueurs (répétitions voulues, certes, mais pas moins pénibles, passages lourds d'un narrateur à l'autre "moi untel"), par rapport à "Ce que j'appelle oubli", il dévoile cependant de très beaux passages des parents du jeune homme suicidé. C'est un roman sur la mort, ceux qui la vivent, l'image qu'on lui donne.
Laurent Mauvigner n'apporte pas tant une réponse qu'une question car le roman qui est polyphonique laisse peu de place à celui qui serait le plus à même de nous éclairer sur la cause de son suicide. L'incompréhension entre les parents et leur fils est plus que tangible mais on dirait qu'il manque un je-ne-sais-quoi pour nous faire croire totalement à cette histoire.
Le personnage du jeune homme est peut-être trop vide, vide du silence familial?
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Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à l'écriture, très particulière, et au changement constant de point de vue. Mais si l'écriture est dérangeante, le sujet ne l'est pas moins. Au final, un roman sensible et touchant.
Lien : http://madimado.com/2010/08/..
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des monologues, de leur précision, creusant peu à peu, avec ces voix intérieures, se dessine peu à peu l'histoire, les non-dits, l'impossibilité ou la difficulté de se comprendre, et l'amour qui maintient au moins le lien qu'est la souffrance de cette impossibilité
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