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Francis Guèvremont (Traducteur)
EAN : 9782373050295
310 pages
Aux forges de Vulcain (02/02/2017)
3.39/5   45 notes
Résumé :
David Brinkley a été le plus grand des superhéros. Mais il est difficile d'être et d'avoir été. Un jour, il prend sa retraite, se marie, commence à perdre ses cheveux, à prendre du poids, et s'installe en banlieue. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand une série de catastrophes décime la population de superhéros disponibles pour sauver New York. Plus de Superman, plus de Batman. C'est David qui doit retrouver ses collants, sa cape et son masque po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Vous en avez marre de lire toujours les mêmes histoires de super héros interchangeables ? Alors laissez vos cases de comics de côté et lisez ce super roman super réussi et super drôle.

David Brinkley, la quarantaine bedonnante, a une vie de famille heureuse dans une petite ville de banlieue. Rien d'extraordinaire si ce n'est un détail : il est un super héros à la retraite. Depuis 10 ans, il s'est rangé des exploits, ces super potes sont morts ou en maison de retraite et ces pouvoirs ne sont plus ce qu'ils étaient. Mais certains événements vont le pousser à revêtir son ancien costume.
Jamais nommé, quelques pistes nous sont données : Il a été adopté, il est originaire de la planète Cronk, la cronkite lui fait perdre ses pouvoirs et il est reporter. Bref, un pastiche de comics sous forme de roman.

Après un début assez calme, nous présentant l'homme sous le masque, l'action survitaminée qui fait le charme des comics prend le pas : un grand complot de super vilains, des rebondissements et coup de théâtre, des méchants pas gentils, de la baston avec pour cadres les monuments historiques, sans oublier l'espace et même au-delà.
Je ne connais rien aux comics, si ce n'est parfois leurs adaptations audiovisuelles, la contre culture américaine des seventies est une inconnue pour moi, mais malgré cela, j'ai pris mon pied en lisant ce roman. La faute à un humour ironique, faisant fit de la bienpensance.
- Écoute. Les gars de la garde nationale ont arrêté certains de ces braqueurs. Ce ne sont pas des gens comme toi et moi.
- Allons, Punch, les Noirs sont des gens comme toi et moi.
- C'est pas drôle.
- Ouais, désolé.

Les trouvailles sont légions :
- Etre un super héros n'est pas une sinécure, il faut rester fidèle à son image, même au pieu. Une pression trop grande, résultat :il "bande guimauve". L'occasion d'une séance chez le psy hilarante.
- La mauvaise utilisation de ses pouvoirs, notamment de sa vision gamma pour reluquer sous les vêtements des filles a de fâcheuses conséquences
- L'école des supers vilains, le tailleur de costumes spécial héros, le super héros maléfique issu d'une relation incestueuse, un homosexuel pervers ( et quel figure de la littérature !), le gag du vol d'essai après 10 ans d'abstinence, ...
Et puis un roman, américain de surcroit, faisant référence à Jacques Brel ne peut être mauvais.

Les fans de comics y décèlerons plein de références, les historiens de la culture et contre culture américaine seront ravis, et toutes ces références n'entachent pas le plaisir de lecture pour le profane. Plusieurs niveaux de lecture sont possibles : du pastiche au divertissement, de l'introspection à l'hégémonie américaine et du capitalisme. Un roman qui prend toute son envergure au fil des pages.
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Un funambule sur le sable de Gilles Marchand qui a connu un bien beau succès dans les librairies de l'Hexagone, Pills nation d'Adrien Pauchet qui avait véritablement réussi à conquérir le coeur de Lettres it be … de toute évidence, la maison Aux forges de Vulcain parvient idéalement à gravir les échelons de l'édition à grands coups de parutions réussies et de projets originaux. Est-ce une fois encore le cas avec Super normal, une traduction pour la première fois en France, du livre à succès de Robert Mayer ? Lettres it be vous emmène à la découverte de ce livre.


# La bande-annonce


David Brinkley a été le plus grand des super-héros. Mais il est difficile d'être et d'avoir été. Un jour, il prend sa retraite, se marie, commence à perdre ses cheveux, à prendre du poids, et s'installe en banlieue. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand une série de catastrophes décime la population de super-héros disponibles pour sauver New York. Plus de Superman, plus de Batman. C'est David qui doit retrouver ses collants, sa cape et son masque pour sauver une Amérique qui doute, en pleine Guerre Froide. le seul problème, c'est que notre héros est désormais un homme entre deux âges, dont les pouvoirs tombent parfois en panne, et qui se sent complètement dépassé par l'Amérique des années 70, avec son cortège de nouveautés. Il se lance quand même dans l'aventure, et nous emmène avec lui dans un thriller qui plonge avec humour dans les méandres d'une Amérique qui doute, après l'affaire du Watergate et la fin de la guerre du Vietnam.


# L'avis de Lettres it be


Les Spiderman, les Superman, les Wonder Woman … Impossible de passer à côté de ces noms de fiction à l'heure où Marvel envahit un peu plus chaque année les écrans du monde entier. Mais au-delà des effets spéciaux à couper le souffle, au-delà des prouesses physiques de ces hommes et de ces femmes, au-delà des scénarios plutôt moyens où le bien se confronte (un peu comme tout le temps) contre le mal, vous êtes-vous déjà demandé ce que faisaient vos super-héros favoris dans leur vie privée ? Quel taux espéraient-ils avant de négocier un prêt avec leur banquier ? Craignent-ils les pannes sexuelles entre deux sauvetages de chat perdu dans les arbres ? C'est tout l'objet, et quel objet (!), du livre de Robert Mayer (Superfolks dans sa version originale) traduit pour la toute première fois en France 40 ans après sa parution aux USA. Robert Mayer est alors journaliste à succès quand lui vient l'idée d'un tel roman. Nous sommes en 1977 et paraît dans les librairies son tout premier ouvrage alors que, dans le même temps, la parodie est à la mode du côté d'Harvey Kurtzman et du magazine Mad où les héros made in Marvel et DC Comics en prennent plein la tronche. Robert Mayer pousse le curseur encore plus loin, cette fois dans une veine plus littéraire. On lui dit merci …


Autant le récit reste somme toute banal dans le ton employé, autant l'idée initiale de ce roman et le traitement qui en est fait forment une pure merveille. On picore ces nombreuses références à la pop culture qui émaillent le livre avec un grand plaisir. On se délecte de retrouver les anciens « collègues » super-héros de besogne de David Brinkley (personnage central de ce roman) qui peinent encore et toujours à savoir s'il faut définitivement raccrocher les collants. On se réjouit de ces situations burlesques avec ces pouvoirs qui se tarissent, ces méchants qui sont méchants et ces gentils qui sont trop gentils. On profite aussi des nombreux décalages crées dans la vie de tous les jours de ce héros sur la pente descendante. Bref, tout est un plaisir, et on en redemande ! Et encore, on passe sur les multiples interprétations possibles de ce livre tant le propos est riche et intelligent (le déclin d'une Amérique surpuissante qui se trouve obligée de redevenir normale, les différents questionnements autour d'une guerre du Vietnam qui doucement se tait et d'un scandale du Watergate qui vient juste de se refermer etc.)

La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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ors de l'avant-dernière Masse Critique Babelio, ce livre m'a de suite tapé dans l'oeil. Faut dire que je suis une amatrice de super-héros, même si j'ai une culture comics plutôt nulle (j'essaie d'y remédier, mais je me noie dans la multitude et la complexité des arcs).
Et là, ça m'a semblé être le Graal : un super-héros dans un roman, le genre de super-héros qu'on s'imagine tout de suite un peu loser, rangé dans sa petite vie, et de toute façon, que pourrait-il faire d'autre vu que ses super-pouvoirs sont visiblement aux abonnés absents ? Bref, on se rend vite compte que David regrette un peu son ancienne vie de super-héros qui lui semble chaque jour un peu plus lointaine.
Bon, mais alors, il vaut quoi ce livre ?
Je vais vous le dire vite fait bien fait : il est top. C'est bourré de références, déjà. Alors, on va croiser les noms de super-héros célèbres comme Superman ou Batman, mais aussi beaucoup de références à cette Amérique des années 70. Impossibles à saisir pour nous, heureusement le traducteur s'est fait une joie de nous mettre des notes à chaque fois ou presque. Merci à lui, parce que personnellement, les noms de joueurs de base-ball, je n'y connais strictement rien.
Mais les références vont plus loin, parce que très clairement, c'est une parodie d'un Superman qui aurait (mal) vieilli. David est journaliste, son premier amour était également journaliste, et elle était folle de son alter ego héroïque, sans savoir que c'était lui, évidemment. Ca ne vous rappelle rien ?
L'humour ne s'arrête pas au pastiche, loin de là. Et les bonnes idées s'enchaînent, entre le baisomètre, la remise de prix super-héroïques, mais surtout les répliques des personnages. Amateurs d'humour noir, vous devriez vous régaler ! (amateurs de passages graveleux aussi)
Aussi sombre qu'un Watchmen, aussi drôle qu'un Hero Corp. le mélange parfait, pile ce que j'attendais.
Habituellement, les super-héros s'adressaient aux ados. Pouvoir s'identifier à un surhomme qui à la base n'est souvent qu'un ado très inhibé, c'est certain que ça aide. Ici, la cible est différente. L'ado a grandi, le héros a vieilli. Et au final, comme souvent dans les histoires de super-héros, ce qui est questionné, c'est cette notion de choix.
Est-ce que le fantasme de sauver des vies et d'être acclamé dans le monde entier, que dis-je, dans l'univers, c'est ce qu'il y a de plus important ? Est-ce qu'on peut grandir et passer à autre chose ? Est-ce qu'on peut concilier les deux ? Outre la fuite de ses pouvoirs, c'est à cela que David va devoir répondre. Et il va évidemment devoir choisir quels sacrifices il lui faudra faire.
On n'échappe évidemment pas aux clichés du genre, puisque c'est évidemment par son intelligence que David va réussir à se sortir de la plupart des situations, mais ça ne fait pas "facile" pour autant, et j'ai vraiment apprécié cela.
Le petit point que je regrette est finalement la taille de ce livre. Certains passages vont vraiment trop vite, on a finalement assez peu le temps de s'imprégner d'une ambiance qui serait particulière à ce roman. Par contre, je suis persuadée qu'il pourrait faire un film formidable !
Lien : http://delaplumeauclic.blogs..
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Tous les super-héros des deux méga franchises que sont DC et Marvel ont existé, ils ont même cohabité. Mais depuis que les grands méchants ont été battus, et que certaines des têtes d'affiches ont disparus… les gens en capes et collants se font rares. David Brinkley en fait partie.

A 40 ans, il a raccroché le costume depuis une petite dizaine d'années, a pris quelques kilos superflus et nous fait succomber, au début du récit, à l'ennui qui s'est peu à peu installé en lui. La routine et l'absence d'action sont devenues son quotidien : l'ex super-héros sera bientôt papa pour la troisième fois.

J'ai donc eu bien du mal à m'intéresser au personnage… Et finalement ce n'est pas de suivre cet homme qui m'a le plus intéressé, mais plutôt le monde dans lequel l'auteur l'a installé. Il faut dire que le texte est truffé de notes, et qu'elles soient explicatives, indicatives ou purement humoristiques, c'est un des éléments qui m'a donné envie de poursuivre ma lecture.

Qu'en est-il du texte en lui-même ?

Et bien tout d'abord, il faut savoir que les textes à quelques années, que le contexte mondial durant lequel il a été écrit n'est plus celui de maintenant et que cela s'en ressent grandement. L'auteur s'inspire pour grande partie de sa réalité, lui empruntant çà et là des personnages célèbres, des histoires truculentes ou glauques, des anecdotes improbables… Ainsi les assassins de Kennedy et de Luther King ont fait la même « école », Joe Dimaggio est garde du corps et le sosie de Marilyn Monroe, secrétaire. Et ce sont tous ces petits, mais nombreux, éléments qui sont annotés. La chasse aux références s'est donc ouverte en même temps que ce Supernormal, et je ne pourrais que souligner le travail du traducteur : travail titanesque, mais Ô combien important pour permettre au lecteur d'aborder le texte dans son ensemble.

Mis à part ça, voilà longtemps que je souhaitais découvrir de « vieux » textes issus de la culture américaine, et notamment de celle des comics. Ce roman rend hommage à ce média en lui empruntant références et personnages en slip coloré. Elle aborde tout ce qui a pu marquer les plus grands héros : la figure du père, la perte d'un être cher, la résiliation, le courage, la volonté et bien entendu la mégalomanie (quel superhéros ne l'ai pas ?).

Robert Mayer imagine l'après gloire des plus barbants d'un être hors normes au cheveux bleus, s'amuse des codes des comics, jouent avec et sert finalement un récit d'enquêtes sur fond de complot politique assez enlevé.

Le petit plus que j'ai relevé : quelques méchants certes, mais LE méchant n'est que peu présent, tout en retenu, bien loin du bad guy habituel présent dans les comics (oubliez le bling-bling du casque de Loki, les huit bras de Docteur Octopus et l'extravagance de Pingouin).

En Bref : Un bon moment dans les pages de ce roman ayant tout juste 40 ans (Superfolks étant pour la première fois traduit en France). Une bonne surprise, malgré le peu d'attachement que j'ai pu ressentir vis-à-vis du personnage principal, une intrigue qui tient la route, une enquête qui n'empiète pas non plus sur le développement des personnages. A mettre entre toutes les mains et même celles d'adeptes des comics qui souhaitent passer à un nouveau format !

Remerciements :
Merci à Babelio et Aux Forges de Vulcains de m'avoir envoyé ce livre ! Juste une petite remarque au niveau éditorial, quelques coquilles au niveau des apostrophes sont présentes en début de récit.
Lien : http://amarueltribulation.we..
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J'ai plutôt pas mal rigolé avec ce roman mi super-héros, mi-humour noir. Nous rencontrons dès le départ le personnage de David, super-héros à la retraite. Il a été le plus grand (plus grand encore que Superman) mais maintenant il est à la retraite et – chose surprenante – il vieillit et ses pouvoirs avec. Il se surprend souvent à rêver à sa gloire passée, mais préfère la vie calme qu'il mène dans une petite banlieue de New York. Mais, quand des bandits envahissent la ville eu qu'aucun des super-héros que nous connaissons ne sont disponibles (ou ne sont encore vivants d'ailleurs), David est envahi de remords et se demande s'il doit reprendre du service. Pendant une grande partie du tome, il va avancer à tâtons, essayer d'enquêter discrètement tout en restant un peu en arrière.

L'histoire alterne entre des moments avec David, et des chapitres du côtés des méchants ou même du gouvernement (bon, souvent c'est pareil hein). Entre les moments où David enquête et les autres chapitres on comprend petit à petit ce qui se met en place et ce que David aura à affronter. J'ai bien aimé ce personnage, il a un côté pattapouf et mollasson assez sympa et rigolo. Il n'est pas (ou du moins plus) surhumain et c'est marrant de le voir se dépatouiller comme nous on pourrait le faire quoi.

Au fil de l'histoire, il y a beaucoup d'humour, souvent assez noir d'ailleurs, et de petites piques acerbes par ci par là sur la société et sur les Etats-Unis. Il y a aussi beaucoup de références aux super-héros que nous connaissons et sur leurs vies (genre Wonder Woman a laissé tombé son rôle pour devenir rédactrice dans un magazine féministe et défendre le droit des femmes) ou des trucs comme ça. le roman est truffé de références, et parfois ça fonctionne, mais parfois c'est trop. Disons qu'il y a certaines pages où on se retrouve avec 4 notes de bas de pages car l'auteur parle de 4 joueurs de baseball, un sirop de maïs, un acteur seulement connu des américains et une marque de soda quoi. C'est parfois un peu lourd et ça casse franchement le rythme. Cela donne l'impression que toutes ces références ont été seulement calées pour être calées quoi. En dehors de ce point, qui alourdit pas mal le récit, ça se laisse lire !



En bref, une histoire de “super-héros” à l'humour assez cynique qui m'a bien plu, malgré un style un peu alourdis par de trop nombreuses références.
Lien : https://merveilles-livresque..
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critiques presse (2)
Sceneario
24 janvier 2018
Mayer explore donc les codes du super héros, du comics en général, il se moque gentiment de la mythologie autour de Superman avec cette parodie à la fois savoureuse et irrévérencieuse.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LeMonde
03 mars 2017
Journaliste de profession, l’auteur brosse le portrait d’une société américaine en plein désarroi, qui ne s’est remise ni de l’affaire du Watergate (1974) ni de la guerre du Vietnam.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Son cœur battait à se rompre tandis qu'il retirait délicatement l'uniforme, un morceau à la fois : le maillot collant bleu, avec le symbole blanc sur la poitrine ; les bottillons rouges ; la surculotte rouge ; la cape blanche ; le masque violet. Il sentit une chaleur l'envahir, qui ressemblait à de l'amour, comme s'il revoyait un ami perdu de vue depuis longtemps.
Il retira en tremblant son col roulé, détacha sa ceinture, ôta son pantalon. Il enfila en trépidant le maillot bleu. Il s'était attendu au pire, qu'il ne lui irait plus. Il fut agréablement surpris. C'était un peu serré, parce qu'il avait quelques nouveaux bourrelets et qu'il avait plus de bide qu'autrefois ; mais le tissu élastique faisait office de corset et lui resserrait la taille. Ce n'était pas très confortable, mais ça irait.
Il enfila ensuite la surculotte, attacha le ceinturon, ce qui n'aurait pas été possible si son ventre n'avait pas été corseté. Il mit les bottillons sans difficulté. Il passa la cape sur ses épaules. Il n'avait pas arrêté de trembler. Il ouvrit le placard et se regarda dans la grande glace.
Sa poitrine se gonfla quand il se vit. Pas mal. Pas mal du tout.
L'Homme de Fer !
L'Homme du Futur !
Il sourit, puis expira en ricanant.
— L'homme du passé, soupira-t-il.
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Il n’y avait plus de héros. Kennedy était mort, abattu par un assassin à Dallas.
Batman et Robin étaient morts quand la Batmobile avait heurté un autobus scolaire plein d’enfants noirs que l’on emmenait vers une école d’une banlieue cossue.
Superman était porté disparu, et peut-être mort, depuis qu’une météorite de kryptonite s’était écrasée sur Metropolis.
Toute la famille Marvel était morte, frappée par la foudre.
Le Lone Ranger était mort. On l’avait retrouvé avec une flèche dans le dos, peu après que Tonto était revenu de Wounded Knee, où il avait assisté à un congrès du mouvement Red Power.
Marie Mantra était morte, déchiquetée par une locomotive d’Amtrak ; le docteur Spock l’avait attachée aux rails et elle n’avait pas pu enlever son bâillon.
Le capitaine Mantra vivait dans un sanatorium, près d’Edgeville. On disait qu’il avait perdu ses pouvoirs et qu’il était devenu dépressif depuis qu’il avait vu sa sœur jumelle mise en pièces.
Seule Wonder Woman travaillait toujours sous les feux de la rampe. Mais elle avait définitivement renoncé à utiliser ses super-pouvoirs. Sous son vrai nom, Diana Prince, elle était devenue l’une des principales représentantes du Mouvement de libération de la femme, une des rédactrices de la revue Ms. On l’invitait fréquemment à s’exprimer dans les débats à la télévision. Elle répétait sans cesse que toutes les femmes avaient, au fond d’elles-mêmes, autant de force que Wonder Woman et qu’il fallait simplement apprendre à s’en servir. Se battre pour libérer les femmes, disait-elle, était plus important que d’arrêter des petits voyous. Elle donnait presque l’impression de se repentir.
Même Snoopy avait passé l’arme à gauche : son avion, abattu par le Baron rouge, s’était écrasé quelque part en France.
Le panthéon des héros avait presque complètement disparu. Seul le plus puissant de tous les super-héros avait refusé d’abandonner le combat contre les forces du mal et de la tyrannie. Or, personne ne l’avait vu depuis presque dix ans. Depuis que ses super-pouvoirs avaient, inexplicablement, commencé à décliner.
Protégé par son identité secrète, David Brinkley, il s’était glissé dans la vie routinière de la classe moyenne. Il avait quarante-deux ans. Il était marié, il avait deux enfants, et un troisième en route. Plus jamais, pensait-il, il ne se précipiterait dans une cabine téléphonique pour enlever ses vêtements et laisser apparaître son uniforme, plus jamais il ne mettrait son masque violet et ne se lancerait dans un grand combat contre les puissances des ténèbres.
Ces idées puériles étaient dépassées. Tout cela n’aurait plus lieu qu’en rêve.
Croyait-il.
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Je ne pouvais plus croire aux dieux, alors je me suis dit que je pourrais croire à l’humanité. Mais ce n’est pas possible. Ouvre les yeux. Tu veux jouer au héros, mettre des châtaignes aux voyous ? Et alors, qu’est-ce que ça change ? Les vrais problèmes sont ailleurs. Les vrais problèmes, ce sont les usines et leur fumée qui pourrissent l’air, c’est l’infinie procession de voitures, les cartels internationaux, les ventes d’armes, la pauvreté, la corruption institutionnalisée, le racisme, les millions de bébés qui crèvent de faim. Tu vas aller partout leur couper le zizi pour qu’ils arrêtent de faire des enfants ? Tu vas aller pulvériser les usines qui déversent le cancer dans nos rivières, dans notre nourriture, dans nos poumons ? Tu vas mettre en tôle tous les menteurs, tous les salopards qui sont au Congrès ou au Pentagone ?
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Middleville était une banlieue dortoir, à une soixantaine de kilomètres de New York, sur la rive nord de Swansdown Island. Cette île affectait la forme d’un cornichon, et s’avançait dans l’océan sur plus de cent cinquante kilomètres. Les petites villes se suivaient avec régularité le long du rivage. Il y avait d’abord Edgeville, tout à côté de New York, la plus prestigieuse, celle où, dans d’immenses villas, les maris trompaient leurs femmes et vice-versa, celle où étaient amarrés des yachts somptueux. Des flancs de ses douces collines ombragées, on pouvait voir les tours de Manhattan de l’autre côté de la South River. Après Edgeville, le paysage devenait plus plat ; apparaissaient alors, en rapide succession, les municipalités de Nearville, de Fairville, Floralville, Gardenville, Oakville, Pleasantville,Vistaville, Sunnyville, Strongville, Roseville, Middleville, Townville, Ladyville, Robinville, Flatville, Spudville, Branchville, Farville, Tideville, Oceanville et Parsons Corner.
Après Edgeville, toutes ces villes semblaient avoir été conçues à l’identique, à l’exception de Parsons Corner, tout au bout de l’île, qui était encore rural : champs de pommes de terre, granges rouges, silos métalliques, vaches que l’on trait à six heures du matin. Un peu comme Littletown, le village dans le nord de l’État, où Brinkley avait passé son enfance.
La plupart des habitants de l’île avaient grandi dans les rues et les ruelles et les immeubles surpeuplés de New York, et avaient déménagé après la naissance de leurs enfants. Seuls restaient, dans la ville, les Noirs, les Porto-Ricains, les artistes et les écrivains, Eli Wallach, les vieux sur le point de mourir et les ultra-riches.
Les riches d’Edgeville se croyaient les maîtres du monde ; les ultra-riches de New York savaient qu’ils étaient, eux, les maîtres du monde, et de cette certitude découlait leur sérénité, leur confiance en soi, et leur dévouement pour les arts.
En réalité, le maître du monde était un milliardaire de Dallas, mystérieux et insaisissable, un nain nommé Powell Pugh.
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Brinkley avait vu beaucoup de prisons, et elles l'avaient toujours scandalisé. Même quand ses super-pouvoirs étaient à leur zénith, il s'était senti coupable de mettre des gens en prison. On ne s'améliore pas en prison, on devient pire. Mais comment faire autrement ? Même pour lui, ce problème était insoluble.
Et encore, le problème ne se posait en ces termes que pour les humains. Que faire avec la Bave Verte, ou la Pustule ? Ou même avec Pxyzsyzygy, qui pouvait se transformer en vapeur ?
L'homme de la rue se posait rarement ces questions.
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