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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un beau livre tendre et sensible sur l' Amérique des années 30, la montée du fascisme et du nazisme, le racisme.Empreint de réflexions marxistes aussi.un classique indispensable
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Dans une ville moyenne du sud profond américain, le Coeur est un chasseur solitaire décrit les destinés tragiquement absurdes de plusieurs personnages gravitant autour d'un café restaurant ouvert sans interruption. On y fait, ébranlé, la rencontre de personnages marquants et bien incarnés : le tenancier du café foncièrement désintéressé et empathique, un sourd-muet très humain semblant doué d'une compréhension qui transcende toute communication et dont tout le monde recherche la compagnie, une jeune fille dont les parents tiennent une pension et qui est fascinée par la musique, un docteur noir amer devant la condition de sous citoyen et l'ignorance et le fatalisme de ses frères de couleur, un ouvrier alcoolique et communiste, plein de velléité contre l'injustice du monde capitaliste.

À la lecture de ce livre riche d'humanisme et d'amour et qui campe bien un sud fait de soleil, de sueur, de poussière,de sang et de larmes, on reste captivé par le coup de maître que représente ce coup d'essai d'une jeune auteure de vingt-deux ans.
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Le roman commence dans la douceur et se termine dans la douceur comme on allume une lampe et que l'on éteint la lumière en quittant une pièce discrètement.

À bien des égards ce roman m'a fait songer au chef d'oeuvre de Harper Lee "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", avec son sens de la justice, son message politique et social et les personnages enfantins découvrant la violence du monde.

Solidement bâti, ce récit est celui d'une Amérique que l'on pourrait qualifier de désuète et de passée, alors qu'il n'en est rien. Dans l'écriture poétique et très terre à terre de Carson McCullers se déploie toute la féminité des personnages qui sont là, de passage dans le roman. Car ce sont des lieux de passages qui accueillent les personnages : d'abord un bar/restaurant, celui de Biff, dans lequel on croise le muet Singer, le personnage le plus émouvant du roman, on y croise Mick, jeune adolescente de quinze ans qui aime les choses glacées, on y croise des pauvres gens du coin et des révolutionnaires comme Jack.

Et puis, il y a un autre lieu de passage, lieu clef du roman : l'espèce d'hôtel ou chambre d'hôtes que tiennent les parents de Mick. Ils louent six chambres à qui veut, à Singer, à Jack, à des "nègres", mais chacun ne paye jamais à temps et la famille de Mick se retrouve dans le pétrin financièrement. Dans ces lieux de passages donc, chacun a son pas, pesant ou léger, joyeux ou triste. Chacun fait son petit bonhomme de chemin, entre les rêves, les illusions et les ambitions. Mick rêve d'opéra et de musique, Singer rêve de vivre en harmonie avec Antonapoulos, Jack rêve de révolutionner l'Amérique...

Chacun se réinvente et c'est l'histoire même de l'Amérique, sa capacité à toujours se confronter au pire mais à se relever que nous décrit Carson McCullers (en laissant toujours des gens sur le bas côté bien sûr). Derrière les sourires de façade il y'a des souffrances. Derrière l'insouciance de l'enfance et de l'adolescence menacent la rigueur de la vie et la violence des mots.

L'argent, question centrale du roman, fait de celui-ci une oeuvre terriblement politique. On y croise une pensée anti-fasciste, marxiste et sociale, solidaire et rassembleuse. L'auteure tente de faire comprendre comment chacun dans sa communauté veut essayer de s'en sortir dans une Amérique déjà profondément inégale et injuste. Elle compare le combat de Juifs à celui des Nègres par le point de vue d'un médecin noir, intellectuel et passionné par son métier, qui lit tous les livres qui lui tombent sous la main.

Elle fait de son roman une esquisse de l'espoir d'une Nation à devenir un état providence, tandis que le gouvernement américain ne prend pas cette voie là. Elle admire l'Europe tout en ayant une peur bleue de la montée du nazisme d'Hitler..

Ce roman montre ce qu'il y a de bon en chaque être humain, et les parts de colère et de tristesse qui conduisent parfois à des gestes fatales. En ce sens, c'est un roman moralisateur. Il se lit comme une chronique sociale et malgré les longueurs et les difficultés pour lire les passages de dialogues des "Nègres", aussi complexes à lire que dans "Autant en emporte le vent" ou un Mark Twain dans leurs anciennes traductions, malgré tout cela, j'ai trouvé du charme à ce roman, dans sa langueur, son phrasé, cette fine couche de poussière qui recouvre chaque destin et ces sentiments de bonté et de bienveillance qui hantent le livre.
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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A la fin des années 30, arrivent dans une ville du sud des Etats-Unis deux hommes. Les deux sont muets, l'un est très gros et très expansif, l'autre est sec, grand et mince et réservé : il s'appelle Singer.
Pour une raison médicale les deux hommes vont être séparés, au grand désespoir de Singer car l'autre, assez insensible, ne pense qu'à son bien-être, à manger et à profiter des attentions de son compagnon.
Autour de Singer nous allons suivre une année de vie de différents personnages gravitant autour de lui.
Je ne vous parlerai que des principaux acteurs du récit, car celui-ci foisonne de personnages, typiques, caricaturaux même parfois.
Singer : homme qui fédère autour de lui, peut être parce qu'il est muet (mais il lit sur les lèvres) et parce qu'il écoute sans contredire. Il s'exprime parfois en écrivant avec son stylo d'argent. Il est très attaché à son compagnon de route malgré les humiliations de celui-ci. Il se rapproce également de Mick, il écoute ses réflexions sur la vie, l'avenir mais sans jamais ou que très rarement donné son avis. On ne sait rien de lui, ni d'où il vient, ni qui il est. C'est le fil conducteur du roman.
Mick, une jeune adolescente de 13 ans, dont la famille tient une pension de famille, qui s'occupe beaucoup de ses nombreux frères et soeurs, famille très pauvre mais aimante. Mick est une fillette attachante, elle rêve de devenir musicienne et passe certaines de ses soirées à écouter de la musique à la radio, chez ses voisins ou chez Mr Singer. Elle est pleine d'espoir, de désirs mais n'a pas toutes les réponses. Elle se fit à son instinct, à son ressenti.
Il y a également Black Blount, un étranger qui passe ses journées à boire avant de trouver un travail de mécanicien dans un manège équestre. Il a des idées très arrêtées sur comment va le monde et tente de rallier la population à ses idées de révolution.
Autre personnage central  Biff : il tient le restaurant de la ville avec Alice sa femme, qu'il aime mais avec qui il ne partage plus rien à part le restaurant et pourtant il y est très attaché. Il aime ses clients, à ses dépens parfois. Il est en demande d'amour et de dialogue et il est particulièrement attiré par Mick.
Le docteur Copeland : médecin noir, souffrant du manque de reconnaissance dû à la couleur de sa peau, dont la fille, travaille au restaurant de Biff. Copeland souffre de crises de violence qui l'ont amené à des brutalités dont il a honte et qu'il ne comprend pas. 

C'est un roman où il ne se passe pas vraiment quelque chose quoique.... C'est une chronique d'une petite ville américaine du sud profond des Etats-Unis avec son racisme "ordinaire", sur le monde ouvrier, sur la solitude et la pauvreté. Des réflexions profondes sur la ségrégation, sur les ségrégations :

Dans la dernière partie du livre, la narration débouche sur des événements plus violents qui vont bouleverser tout le monde, changer le cours des choses dans la moiteur de ce sud, ancré dans ses principes, ses certitudes.

Pour certains, tout  changera, pour d'autres tout continuera comme il a toujours été.....

Roman où l'auteure, peut être transposée dans Mick, nous relate par des phrases courtes mais précises une ambiance, des lieux, des caractères. Il n'est pas sans me rappeler "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" par le contexte.

Tout y est extrêmement bien rendu : les dialogues en particulier des enfants. On se projette totalement dans le récit, on ne sait pas trop où l'on va, cela foisonne de personnages mais on ne se perd jamais et on est spectateur silencieux, comme Singer, de cette tranche de vie. 

J'ai lu dans la préface de Denis de Rougemont qu'il avait posé la question à Carson, avec la ruse d'un interviewer :

"Il n'y a pas d'histoires d'amour, dans ce roman."

Elle me regarde, étonnée, presque indignée :

"Il n'y a que cela !"

Elle voulait dire l'amour des êtres, l'amour réel et non pas celui des romans.

Plonger dans ce roman c'est faire un voyage, une immersion dans le quotidien de gens avec leurs joies, leurs peines, leurs souffrances et leurs solitudes. Il faut se laisser guider, mener, comme un voyage à l'intérieur de l'Amérique profonde des années 30.

Oui c'est plein d'amour, de déchirements, de pensées, d'espoir mais aussi de désillusions, sur la famille, le travail, les autres tout ce qui fait une vie, des vies....
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Dans les années 30, dans le Sud profond des Etats-Unis, Carson Mc Cullers nous peint le quotidien d'un petit groupe de personnages dont Nick est le nerf central de ce livre....

Bien entendu, il existe un parallèle entre cette Mick et la jeune fille que fut Carson Mc Cullers...

Mick entend des symphonies mélodieuses dans sa tête.. Elle est persuadée qu'une fois grande et adulte elle sera une musicienne et une compositrice confirmée et reconnue....

Autour d'elle gravite tout un flot d'hommes pour la plupart forts en gueule et hauts en couleur, mais celui qui ce détache du lot, est Singer, sourd muet...

D'une gentillesse hors du commun, Singer est attaché à un Grec ventripotent et peu intelligent.... Singer sait aimer et c'est ce qui le différencie des autres....

Quand Mick comprendra la richesse de Singer et de ce qu'il s'en dégageait quand elle le côtoyait, les symphonies se feront de plus en plus discrètes....
« La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne. » Malraux.
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Quelle étrange sensation en lisant ce roman.
Les descriptions de l'Amérique de l'entre deux guerre est magnifique. L'auteur décrit très bien la petite ville typique ainsi que ces habitants.
Mais en fait…Il n'y a pas d'histoire a proprement parlé. Pas de début, de milieu ni de fin.
Pas d'événement perturbateur.
Une espèce de photographie de la vie de quelques personnages a un moment donné dans un lieu déterminé. C'est là l'originalité de ce roman.
Le personnage emblématique du roman n'est pas toujours celui que l'on croit. Beaucoup voit en Mick la figure centrale du livre. Elle est certes très importante, mais je pense que tout le roman tourne autour du personnage sourd et muet. C'est lui qui influence le plus les autres personnages du roman. Et chose magnifique, c'est par sa non communication verbale qui transforme le plus les gens. Son silence renvoi les gens à eux-mêmes.

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Non, il n'y a pas d'intrigue dans ce roman, seulement des personnages qui se croisent, se parlent, ou pas.

Leur lien est le sourd-muet M. Singer à qui tous confient leurs pensées, sans que jamais ce dernier ne réponde.

La narration se déroule sur une année, un long été suivi d'un hiver court mais rigoureux.

J'ai aimé le personnage du sourd-muet, que son amitié pour un autre compagnon sourd tient en vie.

Un classique du roman américain qui nous parle d'amour de façon détournée.

L'image que je retiendrai :

Celle de la passion de Mick pour la musique, qui écoute en cachette la radio devant les maisons bourgeoises, puis celle de M. Singer.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2243
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Roman de la solitude et du besoin de communiquer, ainsi que de l'amour non partagé. Cinq personnages principaux attachants, surtout Mick, une préadolescente qui rêve de musique, symbole pour elle de la liberté. Ces personnes ordinaires avec les joies, et surtout les peines de la vie qui, lorsqu'ils sont mis en scène deviennent des personnages qui viennent se confier auprès d'un sourd et muet, que j'associe à une forme de psychanalyse. Et lui qui est-il ? Nul ne n'en soucie et comprend-t-il ? Ils sont seulement préoccupés par leurs révoltes et leurs soucis. Leurs ambitions et leurs rêves seront détruits par la société. Ecriture subtile sur fond d'Amérique catholique. Dans la lignée de ‘Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.', mais encore mieux. L'auteur est elle-même un personnage. Marylin Monroe et Arthur Miller mangeaient chez elle. Elle a été amie avec les enfants de Thomas Mann, a vécu en France, a été amoureuse d'une femme, a écrit ce roman à 22 ans, etc.

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Dans le sud des Etats-Unis, fin des années 1930, Carson McCullers publie son premier roman, elle est âgée de vingt-deux ans, c'est sans doute son chef-d'oeuvre. C'est à cette époque et dans cette région, qu'elle situe les personnages de le coeur est un chasseur solitaire.
J'ai suivi Mick, jeune adolescente passionnée de musique ; Singer, sourd-muet à qui tout le monde se confie ; Jake qui dessoûle rarement, au tempérament fou et bagarreur ; Biff, tenancier du café de New York ; Portia, négresse qui fait le ménage chez les parents de Mick et son père médecin ; les parents, frères et soeurs de Mick. Avec ces personnages attachants d'une grande sensibilité j'ai découvert une Amérique raciste et très pauvre. Une citation de Carson McCullers qui, à mon avis, définit son écriture : « Comment donner vie à un personnage sans amour, et sans ce combat qui va de pair avec l'amour ? ».
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"Allons, Anne ! On ne choisit de lire un roman sous prétexte que la couverture est belle, ni parce que son titre est une véritable porte ouverte à toutes les rêveries !"
Voilà ce que j'ai pensé. Pire, même : le nom de l'auteure m'étant parfaitement inconnu, je me projetais déjà plus ou moins dans un roman dans la lignée de "Les oiseaux se cachent pour mourir". Et puis quoi ! C'est ça, la lecture : la liberté de varier ses plaisirs, sans culpabilité. Un petit bonbon peut-être un peu trop sucré m'attendait.

Ce roman n'a absolument rien à voir avec l'idée que je m'en étais faite. Je viens de découvrir un véritable bijou : un de ces livres, éveilleurs de conscience, en tout cas de curiosité.
Un livre comme je les adore qui, sous son apparente tranquillité, sa belle esthétique, vous propulse dans la féroce réalité.

Alors, plutôt que de vous en faire un résumé, je préfère vous parler des étranges synchronicités qui se sont produites, pendant ma lecture :

- une de mes amies me faisait découvrir le tableau de Norman Rockwell (1963) : "The problem we all live with",
http://www.biography.com/people/ruby-bridges-475426
http://pedagogie2.ac-reunion.fr/col-j.solesse/hdaBridges2.pdf
alors qu'une autre évoquait les jeux olympiques de Mexico,
http://histoiredusport.fr/smith-carlos-jeux-olympiques-mexico/
(2 événements qui se déroulent une trentaine d'années après l'écriture de ce roman !)
C'est de cette consternante inégalité raciale dont il s'agit, dans ce texte, dont nous sommes les témoins impuissants, et qui donne froid dans le dos...

- une vidéo, visionnée,
http://www.dailymotion.com/video/x2qse8n
où il est question du libre port des armes à feu aux Etats-Unis http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/01/08/etats-unis-300-millions-d-armes-a-feu-30-000-morts-par-an_1813806_3222.html,
et l'actualité, toujours aussi tragique...
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/10/02/la-triste-routine-des-fusillades-aux-etats-unis_4781359_3222.html

- et puis d'autres thèmes, "tellement anodins", dont il est question dans le roman :
* le monde du dedans et le monde du dehors (la place de l'imaginaire, qui peut tout rééquilibrer),
* l'alcool,
* la difficile transition enfance / adolescence
* la difficulté des hommes à se parler. Juste entrer en contact. Faire attention à l'autre et communiquer vraiment. Vaste programme...

Il y a énormément à grapiller, dans ce (sombre...) roman, un peu de tous les côtés, chaque personnage étant tellement unique, beau et vrai.
Je vous laisse découvrir ?
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