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Citations sur Opération Sweet Tooth (55)

Rares étaient les femmes que l’on approchait suivant la procédure consacrée, maintes fois décrite. Et bien qu’il soit strictement exact que Tony Canning ait fini par me recruter pour le M15, ses motivations étaient complexes et il n’obéissait à aucun ordre officiel. S’il attachait de l’importance à ma jeunesse et à ma beauté, il me fallut un certain temps pour découvrir le caractère pathétique de cet attachement. (…) Alors qu’il s’apprêtait à entamer un voyage sans retour, il allait changer le cours de mon existence et se conduire avec une cruauté gratuite. Si, aujourd’hui encore, je n’en sais pas plus à son sujet, c’est parce que je n’ai fait qu’une toute petite partie du chemin avec lui.
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En allant au travail, je méditais sur l'abîme entre la description de mon poste et la réalité. Je pouvais toujours me dire à moi-même - faute de pouvoir le révéler à quiconque que j'appartenais au MI5. Ca sonnait bien. Aujourd'hui encore, je m'émeus à la pensée de cette pâle petite jeune femme qui voulait se dévouer pour son pays. Je n'étais toutefois qu'une secrétaire en minijupe parmi tant d'autres ces milliers d'entre nous qui se déversaient dans les couloirs crasseux de la station de métro de Green Park, où les détritus la poussière et les courants d'air pestilentiels que nous acceptions comme notre lot quotidien nous giflaient le visage nous décoiffaient. (Londres est tellement plus propre, désormais.) Et lorsque j'arrivais au bureau, je restais une secrétaire qui tapait, le dos bien droit, sur une Remington gigantesque dans une salle enfumée, pareille à des centaines de milliers d'autres dans toute la capitale, qui allait chercher des dossiers déchiffrant des écritures masculines, revenait en courant de la pause déjeuner.
J'étais moins bien payée que la plupart d'entre elles.
Et, à l'image de cette jeune ouvrière dans un poème de Betjeman que Tom m'avait lu un jour, je lavais moi aussi mes dessous dans le lavabo de ma chambre.
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Je découvrais que l'expérience de la lecture est faussée lorsqu'on connaît l'auteur, ou qu'on s'apprête à le rencontrer. J'avais pénétré dans l'esprit d'un inconnu. Mue par une curiosité grossière, je me demandais si chaque phrase confirmait, niait ou masquait une intention secrète. Je me sentais plus proche de Tom Haley que si je l'avais eu pour collègue.
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Votre tâche sera un peu plus délicate que d’habitude. Vous le savez comme moi, il n’est pas évident de déduire les opinions d’un écrivain à partir de ses romans. Raison pour laquelle nous cherchons un romancier qui écrive également des articles de presse. Nous sommes à l’affût de quelqu’un pouvant consacrer un peu de temps à ses confrères opprimés des pays de l’Est, se rendre sur place pour apporter son soutien, peut-être, ou envoyer des livres, signer des pétitions en faveur d’auteurs persécutés, affronter ici ses collègues aveuglés par le marxisme – quelqu’un qui n’ait pas peur de défendre publiquement les écrivains emprisonnés par Castro à Cuba. Qui aille à contre-courant de l’orthodoxie ambiante. Il faut du courage, Miss Frome.
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Les écrivains ont leurs superstitions et leurs petits rituels, paraît-il. Les lecteurs aussi.
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Voilà le luxe ou le privilège de l'homme bien nourri : railler tout espoir de progrès pour le reste de l'humanité. T. H. Haley ne devait rien au monde qui l'avait élevé avec bienveillance, instruit gratuitement et avec tolérance, lui avait épargné la guerre, l'avait amené à l'âge adulte sans rituels effrayants ni famines, ni dieux vengeurs à redouter, et le gratifiait avant la trentaine d'une allocation généreuse qui ne limitait en rien sa liberté d'expression.
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Elle adhéra au mouvement hippie au moment où il passait de mode, mais c'était souvent le cas dans les villes de province. (p. 46)
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Je n'étais pas convaincue par ces écrivains( éparpillée à travers les continents sud et nord-américains) (...) bien décidés à rappeler au malheureux lecteur que tous les personnages, eux-mêmes compris, étaient pure invention et qu'il n'existait aucune différence entre la vie et la fiction. Ou à insister, au contraire, sur le fait que la vie était de toute façon une fiction. Selon moi, seuls les romanciers risquaient de confondre les deux. J'étais un empiriste-née.
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Elle pointait au chômage, fumait du haschich, et, trois heures par semaine, elle vendait des bougies arc-en-ciel sur le marché du centre ville. Lors de ma dernière visite chez nos parents, elle évoqua ce monde névrosé, concurrentiel, « formaté » qu’elle avait laissé derrière elle. Quand j’indiquais que c’était également le monde qui lui permettait de mener une existence oisive, elle avait ri et répondu : » Ce que tu peux être de droite, Serena ! »
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Je découvrais que l'expérience de la lecture est faussée lorsqu'on connaît l'auteur, ou qu'on s'apprête à le rencontrer. J'avais pénétré dans l'esprit d'un inconnu.
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