Je vous ai déjà parlé de notre formidable Festival du livre de Colmar, je crois ? Il a lieu chaque année le dernier week-end de novembre, et à de rares exceptions près, je m'y rends chaque année depuis environ 30 ans, et j'ai également participé à titre professionnel à une quinzaine d'éditions. Nombre d'auteurs y sont présents, des plus connus, multi-primés et vendant des myriades de livres jusqu'aux plus obscurs qui ne comptent que quelques dizaines de lecteurs. J'ai pour habitude de déambuler longuement dans les travées, l'oeil aux aguets, à la recherche d'un bouquin qui m'accroche par sa couverture, d'un auteur que j'apprécie, ou simplement d'un marque-page pour ma fameuse collection.
Et lors de la dernière édition, novembre 2023 donc, alors que je zigzaguais entre les files d'attente pour un autographe du nouveau prix Goncourt ou la dernière romance de Noël, essayant d'intercepter
Ian Manook, voilà qu'un auteur me sourit, me dit bonjour quand me voit loucher sur une de ses couvertures très colorée et nous entamons la conversation. Parce que vous me connaissez un peu maintenant, je suis plutôt sociable, et toujours ouverte à découvrir une bonne lecture pour mes élèves ou pour moi-même.
Au fil des mots, il se présente, et nous nous apercevons qu'il connaît très bien l'établissement où je travaillais l'an dernier et qu'il a même mis des éléments de ce lycée dans le fameux livre à la couverture colorée que je lorgnais. Et comme nous avons sympathisé, il me propose de m'en envoyer un exemplaire en SP. Il a tenu sa promesse, j'ai reçu "
C'est arrivé en avril" quelques semaines plus tard.
Pardon de cette longue introduction, mais j'aime bien resituer le contexte de lecture quand celui-ci sort un peu de l'ordinaire, et comme je suis un peu chauvine, je saisis l'occasion de mettre en lumière un auteur alsacien comme moi.
Venons-en enfin à l'histoire. Il s'agit d'un roman de science-fiction, un post-apo comme je les apprécie, destiné à un public grands ados/jeunes adultes, mais qui par sa richesse et sa densité est susceptible d'intéresser un lectorat plus adulte également, j'en suis la preuve. Dès les premières pages, on assiste littéralement à l'explosion du monde que nous connaissons, toutes les grandes villes sont rayées de la surface du globe. Un jeune étudiant en ophtalmologie, Vincent, et son ami Dylan fuient New-York pour aller se réfugier chez les parents de Dylan, à la campagne. Il y fera la connaissance de Karine, la soeur aveugle du jeune homme. Au lendemain de leur arrivée, alors que les explosions se sont succédées dans le monde entier (étonnament filmées de façon très professionnelle), Vincent est confronté à une réalité encore bien plus terrifiante, après une perte de connaissance : hormis Karine et lui, il ne reste plus aucun être vivant aux alentours, ils ont purement et simplement disparus. Les deux jeunes gens décident de partir en exploration, guidés par une injonction impérieuse qui leur apparaît aussi bien dans leurs rêves que par des signes répétés : il faut rejoindre la ville de Sedona, dans l'état d'Arizona. Difficulté supplémentaire : il n'y a plus d'électricité, ils voyageront donc sur un tandem avec une remorque attelée garnie de quelques vivres et objets de première nécessité.
L'histoire de leur périple se déroule sur environ 450 pages, divisée en cinq parties. Vous vous en doutez, ce ne sera pas de tout repos, de multiples péripéties émailleront ce long voyage, mais il serait dommage de trop en dévoiler. le rythme est souvent soutenu, et la fin réserve de sacrées surprises même si j'avoue que je l'aurais préférée différente, (mais je ne suis pas forcément représentative de la majorité des lecteurs). Je l'ai lu très rapidement, parce que l'histoire tient en haleine, et qu'on a envie de savoir si les deux jeunes héros vont s'en sortir, et comment. L'auteur s'est bien documenté sur de nombreux aspects, il n'y a que peu d'invraisemblances, ce qui est assez remarquable au vu du sujet.
Ce qui a un peu péché pour moi tient en peu de mots : une certaine immaturité dans les réactions de Karine à quelques moments (mais elle est jeune !), et quelques longueurs qui auraient pu être évitées au milieu du roman, pendant leur progression vers Sedona. Mais à part ces légers bémols, j'ai été happée, et je pense que cette lecture est susceptible de passionner les amateurs du genre. Je l'ai déjà recommandée à plusieurs connaissances (médiathécaires ou collègues profs-docs), et j'envisage de lire les autres romans de
Philippe Meisburger, qui m'a d'ailleurs confié sortir prochainement un techno-thriller.
Une bonne surprise qui mérite d'être partagée. Comme quoi c'est toujours intéressant de discuter avec des auteurs au hasard des rencontres d'un salon...