Ismaël, le narrateur, monte
à bord du "Pequod" commandé par le capitaine Achab. Il s'enrôle avec Queequeg, un indien qui a son cercueil
à bord.
L'extrême variété du roman peut se lire à différents niveaux. Après s'être présenté sans le sou, Ismaël écoute un sermon dans une église où il est question de Jonas et de sa baleine. Une fois sur le Pequod, il détaille avec minutie tout ce qu'il voit, objets et personnes. En ce sens, le roman renferme un large éventail lexical sur la mer et le bateaux. le personnage principal, le Capitaine Achab, nom pris de la Bible (tout comme Ismaël) recherche avec acharnement la Baleine Blanche connue sous le nom de "
Moby Dick" car c'est elle qui l'a blessé, le forçant à marcher avec une jambe en ivoire.
La vie
à bord est rythmée par la quête obsessionnelle d'Achab et, chaque fois que le Pequod croise la route d'un autre navire, la question récurrente est : " Avez-vous vu la Baleine Blanche?", comme la clé d'un conte où l'on prononce une phrase magique.
Certains passages concernent la technique d'approche des baleines et les différences physiologiques entre baleine et cachalot ainsi que leurs utilisations commerciales.
La fin ressemble plus à des aventures en mer avec des accents shakespeariens surtout dans les monologues d'Achab:
"Will I have eyes at the bottom of the sea, supposing I descend those endless stairs? and all night I've been sailing from him, wherever he did sink to."(Aurai-je des yeux au fond de la mer en supposant que je descende ces escaliers sans fin? Et toute la nuit j'ai navigué de son point de départ, quel que soit l'endroit où il a sombré.)
"Some men die at ebb tide; some at low water; some at the full of the flood - I feel now like a billow that's all one crested comb ..."(Des hommes meurent au moment de la marée; d'autres dans les eaux basses; et d'autres au milieu du déluge – je me sens à présent comme un tourbillon qui est pareil à une crête d'écume…)
pour répondre aux questions de Starbuck sur un mode à la
Whitman :
" Oh, my captain! my captain! noble soul! grand old heart after all! why should anyone give chase to that hated fish! Away with me! let us fly these sea deadly waters!"(Oh, mon capitaine! mon capitaine! Âme noble! Vieux coeur grandiose après tout! Pourquoi devrait-on chasser ce poisson maudit! Que je parte! Fuyons ces eaux mortelles de la mer!)
L'éventail du style est aussi large que les interprétations. Parfois ténu, parfois scientifique avec des mots latins, souvent biblique -on cite divers passages (Jonas, Ezéchiel, les Macchabées..) – surtout poétique. Certains chapitres imite le théâtre pour être rendus plus vivants. C'est Ismaël qui raconte l'histoire mais cite souvent d'autres livres, par exemple des livres traitant de cétologie.
Depuis le début, la quête d'Achab est totalement vouée à l'échec car la folie du personnage réside dans le fait qu'il croit remplacer Dieu combattant le Diable (le célèbre Léviathan de la Bible). Mais Achab fait néanmoins partie du Mal car la blancheur de sa jambe en ivoire trouve écho dans la Baleine Blanche et la blancheur laiteuse de l'écume de ses mouvements. le blanc est la couleur principale du roman car il est apparaît aussi dans les passages concernant le spermaceti du cachalot. Un chapitre entier (42) évoque la "Blancheur de la Baleine" et le narrateur donne un arrière-plan historique de la blancheur inspirant à la fois respect et la crainte : ours polaires, requins blancs, montagnes…car elle évoque l'apparence du spectre.
La fin ressemble à une descente aux enfers dans un vortex d'où Ismaël réchappe grâce au cercueil de Queequeg. Dès le début, il avoue:
" Whenever I find myself growing grim about the mouth; whenever it is damp, drizzly November in my soul; whenever I find myself involuntarily passing before coffin warehouses and bringing up the rear of every funeral I meet." (À chaque fois je me retrouve avec la bouche assombrie; à chaque fois c'est novembre humide et bruineux dans mon âme; à chaque fois il m'arrive involontairement de passer devant des entrepôts de cercueils et de me retrouver derrière chaque enterrement qui passe.)
Plus loin, on apprend que l'aubergiste chez il loge s'appelle "Cercueil"(Coffin).
Le sermon du prêtre préfigure le dernier combat d'Achab avec
Moby Dick.
C'est l'histoire de la vengeance de l'homme contre la nature et les éléments contrairement au Prospero dans "
la Tempête" de
Shakespeare. Achab préfère tout détruire y compris lui-même que de maîtriser autre chose que ses hommes d'équipage.
On peut voir le roman comme une vie dans la tourmente, l'accomplissement d'une oeuvre d'art dans sa réalisation et sa destruction. La complexité et la richesse du lexique ajoutent au plaisir du lecteur.
C'est aussi une enquête poussée sur la position d'un pays comme les Etats-Unis, comment on intègre les différences ethniques (Queequeg), comment on utilise la mer en mettant en danger la vie des marins sur les baleiniers à des fins de commerce. Les passages en ce sens cachent une critique déguisée du capitalisme