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Prosper Mérimée (1805-1870) est souvent plus connu pour ses nouvelles (« La Vénus de l'Ille », « Colomba », « Carmen », « Tamango »,…) que pour son oeuvre d'historien. C'est dommage car son essai « Episode de l'Histoire de Russie : Les faux Démétrius » vaut aussi le détour.

Dans sa nouvelle « Tamango », Mérimée dénonce ironiquement l'esclavage. Il le fait d'autant plus habilement qu'il n'oppose pas simplement de méchants hommes blancs (le capitaine Ledoux et son équipage) aux bons hommes noirs. le sens moral de Tamango n'est guère plus élevé que celui des trafiquants blancs d'ébène…

L'édition Magnard dans laquelle j'ai lu ce récit comporte de nombreuses explications et ajouts destinés aux collégiens. Les questions posées sur le récit sont de bons moyens de s'assurer de leur bonne lecture de ce texte.
J'ai trouvé ce livre dans une boite à livres, avec le nom de la collégienne (4ème) qui l'y a laissée, soit qu'elle ait voulu partager cette lecture avec d'autres ;-) , soit qu'elle se soit simplement débarrassé d'un objet encombrant ;-( ; à moins que ses parents n'aient simplement fait du ménage pour elle ?

Quoi qu'il en soit, je recommande cette lecture.
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Petite nouvelle qui traite de la traite des noirs mais plus généralement des hommes.
Tamango, noir qui vend ses propres congenaires, se retrouve embarqué à son tour. Il tentera de sauver sa peau quoi qu'il en coûte.
Merimee dresse des portraits d'hommes, que ce soit Tamango ou le chef de bord, tout aussi bon que mauvais.
Mais c'est trop court à mon goût et s'arrête de façon trop brutale.
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Un texte puissant de Mérimée, où en peu de pages, beaucoup d'idées importantes sont évoquées, mais de façon très sombre. On croit d'abord lire un roman historique avec le portrait du capitaine Ledoux, soldat brave, qui a combattu pour la patrie. Mais ces premières lignes héroïques sont annulées par la révélation qu'il est un esclavagiste intéressé seulement par le profit. Tamango, le personnage-titre, apparaît ensuite comme un trafiquant, vaniteux, orgueilleux, violent avec sa femme, alcoolique. Lui non plus ne peut être un héros. Tous les personnages, hommes et femmes, Noirs ou Blancs, n'ont que des défauts, bêtise, alcoolisme, orgueil, couardise, crédulité... le seul personnage positif est l'interprète, qui est le seule justement à faire preuve d'humanité, mais il ne peut survivre dans ce monde sans règle. Car c'est un monde sans loi, sans cadre, où seul le plus fort peut survivre, par la violence, par la peur, l'alcool, ou la bêtise des autres. J'ai été surprise par cette vision si pessimiste de l'homme, je ne m'attendais pas à autant de cruauté dans le récit - pas de la part des négriers, mais de Tamango lui-même.
Un bon récit littéraire, intéressant aussi d'un point de vue historiographique.
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De Prosper Mérimée, on connaît surtout La Vénus d'Ille et Carmen. Moins Tamango qui fut pourtant adapté au cinéma. Quand on vit à La Rochelle, qui fut le troisième port français dans le cadre du commerce triangulaire et de la traite négrière, après Nantes et Bordeaux, on est sensible à tout ce qui touche à l'histoire de l'esclavage et donc à cette nouvelle de Mérimée.
Dans le contexte actuel, elle est extrêmement intéressante pour remettre de la complexité dans une pensée générale qui part à vau l'eau dans un simplisme bas de gamme et dangereux.
Le texte, paru en 1829, se positionne résolument contre l'esclavage dont il dépeint l'inhumanité et l'absurdité, notamment dans la description documentée des conditions dans lesquelles les esclaves voyageaient sur les navires. Il faut dire que Mérimée est proche des milieux abolitionnistes.
Pour autant, certains aspects de l'oeuvre montrent que, si les esclaves sont réhabilités en tant qu'êtres humains, le peuple noir reste considéré comme inférieur et doté de traits de caractère caricaturaux.
Cette nouvelle révèle deux choses : que la pensée d'un artiste, d'un responsable politique, la vôtre, la mienne, est complexe, ambiguë, changeante, et que les grandes avancées de l'humanité ne se réalisent pas d'un claquement de doigts mais par paliers, progressivement.
À ce titre Tamango mérité grandement d'être étudié dans les écoles afin de montrer l'évolution des sociétés et les étapes qui ont conduit à l'abolition de l'esclavage. N'effaçons rien, assumons et regardons en historien une Histoire dont nous n'avons ni à nous excuser, ni à nous dédouaner, mais qu'il faut connaître et regarder en face.
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Nouvelle courte et très percutante, et acte courageux de Prosper Mérimée qui dénonce ici la traite des Noirs, dans cette oeuvre écrite en 1829, alors que l'esclavage a été officiellement été aboli en 1848!
J'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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Une vie de marin en quelques phrases. Tout l'art du raccourci de Prosper Mérimée, dans sa seule nouvelle maritime. Elle raconte une révolte d'esclaves dans un transport du commerce triangulaire qui finit tragiquement. Mais le tragique est déjà dans le transport. Et les deux protagonistes, le capitaine négrier Ledoux et le marchand d'esclaves noir Tamango, s'affrontent dans ce récit éponyme saisissant.

Le texte est à mettre entre toutes les mains, celles des scolaires en particulier, pour l'apprentissage du style par la vertu d'une langue épurée, pour l'usage de l'ironie (capitaine Ledoux, navire l'Espérance, par antiphrase...), mais aussi pour la connaissance d'une époque qu'éclaire un riche sous-texte.

Mérimée s'inspire sans doute de l'affaire de "la Vigilante", bâtiment nantais de 240 tonneaux, avec, à bord, 345 esclaves au moment de sa capture en 1822 par une brigade anglaise au milieu d'un escadre de négriers dans la rivière Bonny . La presse rapporte l'affaire en 1823 en forme de plaidoyer anti esclavagiste.

En 1822, la traduction du livre de Thomas Clarkson : "La Traite des Noirs ou Cri des Africains contre leurs oppresseurs européens" fait grand bruit. Les récits de Mungo-Park sont évoqués. Mérimée y reprend la référence à Mama-Jumbo (mumbo-jumbo) observée en pays mandingue (Sénégambie), invoquée par les hommes pour garder leurs épouses soumises.

Le plan du "Brooks", navire négrier de Liverpool, où sont entassés dans l'entrepont, sur la tranche comme des sardines, 454 noirs, dans des conditions qui n'enfreignent même pas la règlementation, inspire le capitaine Ledoux qui ironise aussi sur l'image d'un esclave enchainé, légendée de la formule "Ne suis-je pas un homme et un frère ?" (Am I not a man and a brother ?) qu'il traduit cyniquement : "les nègres, après tout, sont des hommes comme les blancs" pour justifier l'aménagement rationnel de l'espace carcéral permettant "aux esclaves de taille raisonnable d'être commodément assis ; et quel besoin ont-ils de se lever ? « Arrivés aux colonies, disait Ledoux, ils ne resteront que trop sur leurs pieds ! »".

Une nuance de doute, à peine formulée : "Il mouilla dans la rivière de Joale (je crois) ..." donne au récit de Mérimée un statut particulier. L'auteur perd, par cette seule mention, son statut de démiurge omniscient. Le "je crois" trahit un récit qui n'est pas de première main, mais sans doute raconté, avant d'être restitué. A cet instant et sur ce seul point, la mémoire de Mérimée est imprécise. Cette incise institue la possibilité d'un témoin, d'un enquêteur, ayant réuni tous les éléments qu'il livre à Mérimée pour en faire sa nouvelle. Cette fêlure du dispositif narratif laisse passer, comme un rai de lumière, une profondeur qui éclaire la fabrication (le "making of") de l'histoire. C'est le procédé que saura exploiter Joseph Conrad avec le personnage de Charles Marlow, honorable correspondant qui donne au récit son sceau d'authenticité. Qui peut bien être le Charles Marlow de Mérimée ? Il n'y a sans doute pas de réponse à la question. L'effet est produit, comme une dernière touche du peintre. C'est le détail qui compte.

L'art de la nouvelle doit remonter à l'âge des cavernes : une histoire racontée autour du feu, puis autour d'un verre, dans une taverne... La nouvelle se distingue du conte par son ancrage dans la réalité, sans renoncer toujours au fantastique. Depuis le Décaméron, le genre fait florès. Mérimée, au 19e siècle est un prince de la nouvelle. Ils sont nombreux, autour de lui, à illustrer le genre, de Flaubert à Maupassant, de Huysmans à Théophile Gautier , de Barbey d'Aurevilly à Villiers de l'Isle-Adam.

Sur un navire, les oeuvres mortes désignent la partie de la coque hors de l'eau. Les oeuvres vives désignent la partie immergée, sous la ligne de flottaison. Tamango, qui n'est pas la plus connue des nouvelles de Mérimée, n'en est pourtant pas la moindre, dans ses œuvres mortes comme dans son sous-texte qui constitue ses œuvres vives essentielles à la lecture comme à la navigation.

Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Paru en 1829, cette nouvelle sur l'esclavage des noirs au XIX siècle décrit comment se fait le marchandage. Tamango est un guerrier sénégalais, mais aussi un personnage antipathique, escroc, sans vergogne qui vend les gens de son peuple en échange d'alcool et d'armes. Un jour, sous l'effet de la colère et de l'alcool, il vend au capitaine Ledoux une de ses femmes, la belle Ayché. Il tente de rattraper le navire, mais il est a son tour réduit à l'esclavage. Il se révolte, tente de libérer les siens et amène tous les esclaves à se rebeller contre l'équipage. Un vrai carnage.

Toutes ses histoires sur l'esclavage que l'on pense appartenir au passé, ont aujourd'hui la même puissance. Tous les jours dans l'actualité on assiste à des situations similaires. L'humain n'évolue que peu.
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Une nouvelle où Prosper Mérimée raconte l'horreur de la traite des Noirs en prenant un malin plaisir à renverser les situations établies : celle du négrier Ledoux, propriétaire du brick "L'espérance" avec lequel il se livre à partir du port de Nantes au commerce triangulaire, celle du robuste noir pourvoyeur d'esclaves, Tamango, celle de sa femme, la belle Ayché, et celles des esclaves enchaînés dans la cale de l'Espérance ... avant que tout ne bascule. Une fiction se voulant "distrayante" mais qui permettait de montrer une réalité que beaucoup préférait ignorer dans cette première partie du XIXe siècle.
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Un livre intéressant sur la traite des nègres au 19ème siècle!
Tamango est un personnage unique. La grande question est; que se passe-t-il lorsque le chasseur est chassé? Tel est pris qui croyait prendre...
Il a un destin hors-du-commun. Ce n'est pas un personnage sympathique( vous savez le personnage mignon et attachant que l'on aime bien retrouver dans les romances ou autres). Non, c'est le contraire. Tamango est un manipulateur, un escroc, un sans-coeur. Il vend les noirs et les condamnent à l'esclavage alors qu'il est lui-même africain. Une honte à son peuple, une honte à l'humanité.
Mais, un jour il se retrouve dans la cargaison...
Alors, il va se donner corps et âme pour obtenir sa libération ainsi que celles de tous les esclaves à bord. Un peu ironique, c'est vrai.
Avec cette nouvelle, Mérimée veut dénoncer l'esclavage et les conditions de vies des esclaves. Une nouvelle fois, on a plaisir à retrouver son écriture mais j'ai trouvé dommage qu'il ne fasse pas vraiment un plaidoyer contre l'esclavagisme. Il s'est contenté de raconter l'histoire sans vraiment nous donner son avis, son point de vue sur la question. Bien sur, on devine qu'il dénonce la traite des nègres mais pour les collégiens, ce n'est pas si évident à comprendre . Dans Claude Gueux de Victor Hugo, j'ai lu un magnifique plaidoyer contre la peine de mort qui m'avait bouleversé. J'aurai aimé retrouvé quelque chose dans ce style dans cette nouvelle car on avait tout pour le mettre en place, des thèmes forts, des personnages intéressants, une histoire bouleversante... Après, je sais bien que Mérimée n'est pas Hugo...
Un bon livre qui est intéressant d'étudier dans le cadre scolaire ou tout simplement pour le plaisir!
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J'ai beaucoup aimé ce livre ainsi que sa première de couverture qui exprime ce qui se passe dans le livre. Ce livre nous instruit et nous décrit bien comment se passait la traite des esclaves et leur transport. le livre est bien écrit, on comprend bien l'histoire. Il y a quand même des mots compliqués mais il y a leur définition. J'ai aussi aimé les images comme les plans du navire. J'ai beaucoup aimé le passage du livre dans lequel ils se révoltent car cela montre qu'ils ne se laissent pas faire, qu'ils veulent s'en sortir.
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