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EAN : 9782081254244
235 pages
Editions Arthaud (02/11/2011)
4/5   6 notes
Résumé :
Voici à peine un siècle, on trouvait encore indécent de voir une femme en tenue de ski. En 1974, une expédition féminine atteint pour la première fois un sommet de plus de 8000 mètres. Trente-cinq ans plus tard, parmi les vingt-deux alpinistes parvenus au sommet des quatorze plus de 8000, se trouvent deux femmes. Comme dans de nombreux domaines, le XXe siècle a donc été déterminant pour ouvrir au deuxième sexe les portes de l'alpinisme.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le livre de Reinhold Messner parle d'un sujet qu'il connait bien, l'alpinisme extrême et l'escalade de haut niveau. C'est en effet lui qui est le pape de l'himalayisme depuis qu'il a gravit les 14 huit-mille, la plupart par des voies nouvelles, et il a "créé" le 7eme degré avec un livre du même nom. Il possède aujourd'hui un château consacré à l'histoire de la montagne.
Autrement dit, c'est un ponte de ce milieu, avec ce que cela peut comporter comme défaut, et qualités.
En premier lieu, il est intransigeant, possède une vision très claire de ce qui est de l'alpinisme et de ce qui n'en est pas, et il n'a pas la langue dans sa poche. Se faire des ennemis ne lui fait pas peur, il s'en moque. Il énonce ses vérités calmement et clairement à longueur de livres.
Celui-ci ne fais pas exception.
Voyons donc de quoi il retourne avec cet opus qui adopte l'angle du sexe pour parler montagne et performance, en effet il entend dresser un panorama historique de la place du "sexe faible" dans la montagne de haut niveau.
De Henriette d'Angeville à Destivelle ou Edurne Pasaban, en passant par Nives Meroi (lisez Sur les Traces de Nives, d'Erri de Luca !) ou Alison Hargreaves, Messner s'attache à offrir quelques portraits sympathiques de ces pionnières et à replacer leurs performances dans le contexte de l'époque.

Premier constat en refermant ce livre dense et bien documenté, les femmes ne sont pas et n'ont pas été à la pointe le l'alpinisme ou de l'escalade de haut niveau. Leur présence dans ces milieu est faible, tant numériquement qu'en terme de performance. Messner entend sûrement montrer le contraire, mais l'impression qui se dégage de son récit est bien celle-ci.
Je ne m'étale pas sur les première femmes sur le Mont Blanc, ou celles portées par des guides et vêtues de robes (on m'opposera peut être Mlle Brevoort, qui semble-t-il grimpait vraiment !), mais même les toutes dernières cités ne font que répéter les exploits de leurs camarades avec des décennies de retard. Celui-ci s'est peut être comblé, mais subsiste, tant en montagne qu'en escalade (peut être est-ce là que la différence est la plus faible, un gros degré d'écart entre Adam Ondra et Angela Eiter) ; et le simple fait que les femmes ne soient que répétitrice est bien triste, il n'y a pas eu d'invention, de nouveautés, en tous cas dans les exemples fournis par Messner.
Et ceux-ci sont rares, très rares. Bien sûr cela n'enlève rien à la performance de ces athlètes, qu'importe d'ailleurs qu'ils soient hommes ou femmes (et c'est bien là la vraie égalité, vers quoi il faut tendre), mais on se dit vraiment en lisant les controverses entre alpinistEs que l'humain est bien peu de chose... et que le marketing et la médiatisation gâchent bien des acensions !
A un niveau plus modeste, on se rendra compte en parcourant les falaises ou les montagnes que les femmes n'y sont toujours pas aussi nombreuses que les hommes, tout comme dans la profession de guide, où le sexisme fait encore d'immenses ravages (cf. le dernier scandale en date à l'ENSA).

Somme toute, le milieu de la montagne n'est que le reflet de la société, encore "dominé" par les hommes. Et encore la montagne est-elle presque exclusivement pratiquée par les CSP++, blancs et riches pour résumer !
Un monde clivant comme il en est peu !

Donc, merci à Messner de mettre en lumière les femmes en montagne, mais force est de constater que je ne partage pas son analyse...
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Le développement de l'alpinisme extrême s'inscrit dans le XXè siècle, ce même siècle qui a vu l'émancipation et la reconnaissance des femmes. Il n'est donc peut-être pas si hasardeux que beaucoup de sportives se soient démarquées dans cette pratique à haut risque, qui a vu beaucoup de ses adeptes connaître des chutes dramatiques, mais aussi des ascensions de légende.

Si l'histoire retient des records surtout masculins, comme la première ascension d'un 8000 mètres par Maurice Herzog, la première victoire de l'Everest par Edmund Hillary, ou encore la première ascension du toit du monde sans apport d'oxygène par Reinhold Messner (l'auteur du présent livre), la chronologie de l'alpinisme est pavée d'exploits féminins non moins extraordinaires.

C'est aux femmes alpinistes que Reinhold Messner a souhaité consacrer son ouvrage. Passionné de ces aventures de l'extrême, il aura mené les entreprises les plus incroyables aux confins du monde, incluant les pôles, les plus hauts sommets jusqu'aux plus plats déserts.

Au–delà de l'exaltation géographique que représentent de telles expéditions, c'est au dépassement psychologique de soi-même que Messner s'intéresse, ce qui explique qu'il ait lui-même pu traverser des aventures marquées pas de terribles épreuves, comme la disparition de son frère sur le Nanga Parbat, ou son ascension de l'Everest sans oxygène (à l'époque on pensait que c'était humainement impossible).

Si Messner est donc passionné, pour ne pas dire obsédé, par ces défis de l'extrême, il l'est aussi par la nature humaine et sa quête du dépassement des limites. Comment les femmes ont-elles pu rattraper en un siècle leur retard dans l'alpinisme pour s'imposer comme les dignes challengeuses des hommes ? Rattraper ce retard ne pouvait se faire sans renoncements, sacrifices et douleurs. Qu'est-ce qui les a poussées à sortir des bancs des anxieuses mères/femmes/soeurs/amies qui attendaient fébrilement le retour de leur proche parti à la conquête d'un sommet, pour devenir ces athlètes intrépides qui risquent leur vie, évaluent les risques, et reviennent triomphales…ou pas…

C'est finalement, au-delà de la question de la féminisation de l'alpinisme, à la question de la fascination, du besoin, et de la dépendance, que Messner essaie de répondre.

Les premières femmes alpinistes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, conservaient un rôle d'accompagnatrice. A l'image de Hettie Dyrhenfurth, elles escortaient leurs maris, dans des tenues pas toujours propices à l'escalade, tout en se languissant de leurs foyers. Mais elles ouvraient néanmoins une brèche, en démontrant qu'avec volonté et détermination, elles pouvaient suivre des équipes jusqu'à des altitudes importantes.

Il faut attendre de nombreuses années pour que les femmes alpinistes s'extraient de ce rôle d'accompagnatrice, ou de responsables de camp de base, afin de devenir de véritables équipières.

En 1975, la japonaise Junko Tabei est la première femme à gravir le sommet de l'Everest.

Cette réussite n'allait pas demeurer un acte isolé.

Une compétition féroce commence entre les alpinistes pour être la première femme à gravir les quinze sommets de plus de 8000 mètres.

A ce jeu, les coréennes allaient s'avérer être de grandes compétitrices. Go Min Sun et Oh Eun Sun se livrent un combat sans merci, jusqu'à la mort de Go Min Sun sur le Nanga Parbat. Mais la compétition n'était pas enterrée pour autant. L'espagnole Edurne Pasaban talonne la coréenne dans sa course effrénée aux sommets, mais c'est Oh Eun Sun qui sera la première femme à avoir foulé les quinze plus hauts sommets du monde, à une cadence qui défie la force humaine. Mais comme cela fut le cas pour les exploits masculins, ces exploits féminins connaissent eux aussi leur lot de polémiques et d'énigmes non résolues : la légende de Oh Eun Sun reste en effet entachée par les témoignages de certains de ses sherpas qui auraient remis en cause son ascension du Kangchenjunga.

Pour Messner, ce qui importe, malgré ces interrogations, c'est le dépassement et le triomphe dans l'épreuve. Les exploits de la coréenne demeurent de véritables tours de force.

A ce jeu mortel, il convient de savoir évaluer les risques, les enjeux, les chances de succès, sans oublier ce que l'on est prêt à sacrifier.

Lorsque son équipier et mari, Romano Benet, tombe malade, Nives Meroi renonce à la course aux sommets pour rester à ses côtés.

D'autres sont prêtes à aller plus loin, comme la polonaise Wanda Rutkwietwiecz, qui après des ascensions incroyables comme celles du K2 (où deux de ses compagnons, le couple de français Liliane et Maurice Barrard décèdent), disparaît sur le Kangchenjunga.

Animées par un pur esprit sportif de compétition, comme Oh Eun Sun, par une revendication féministe comme Junko Tabei, ou encore grimpeuses de génie plus discrètes comme Catherine Destivelle ou Nives Meroi, toutes ont su contribuer à renforcer la place des femmes « au sommet », pour reprendre le slogan de l'équipe féminine d'Arlene Blum lors de leur ascension de l'Annapurna.

On est toujours intrigué de lire un essai qui parle des femmes, écrit par un homme. Lorsque l'on est une femme, on est même récalcitrante, tant les clichés ont la peau dure, et les chemins qui y mènent pavés de bonnes intentions. de la part d'un « dur » de l'alpinisme comme Reinhold Messner, ces craintes étaient même sérieuses ! Mais Messner se tire avec succès de cet exercice. Il livre ici un ouvrage réellement passionné. Sans donner de réponses toutes faites, ou même de réponses du tout, il interroge cette même question qu'il se pose finalement à lui-même : pourquoi cette obsession, pourquoi cette fascination face à laquelle hommes comme femmes sont égaux, des humains si minuscules, mais pourtant si forts dans l'endurance…Pourquoi prenons-nous tous ces risques, pourquoi tout risquer, et parfois tout perdre pour un sommet ?

Empruntons cette réponse pince-sans rire du pionnier de l'alpinisme George Mallory, à la question « Pourquoi l'Everest ? » : « Pourquoi ? Parce ce qu'il est là ».

Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Pas une grande fan de Reinhold Messner, et pourtant... Très belle découverte avec Femmes au Sommet. Des anecdotes, des biographies fouillées et documentées. Un livre dans lequel je retourne piocher des infos lorsque celles-ci m'échappent...
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Autant j'aime l'auteur et ses nombreux livre, autant celui là non. Trop dans le jugement.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les championnes de l'alpinisme sont nombreuses. Mais aucune d'entre elles n'a démontré mieux que Lynn Hill ce qu'était l'émancipation. Lorsqu'elle réussit à escalader en libre le Nose, la paroi d'escalade par excellence, elle eut un mot de réconfort pour ses pairs, sans arrogance, orgueil ni simagrées. "It goes, boys !" Oui tout est possible lorsque l'on respecte son prochain et rejette toute forme d'arrogance et de mépris envers les personnes, quels que soient leur sexe, leur origine, leur couleur ou leur pensée !
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Il faut savoir lâcher du lest, au point point parfois de céder à ses propres craintes ; c'est tout un art ! Seule la fuite face au danger garantit la réussite à long terme, c'est à dire la survie. Mais plus nous sommes forts, plus nous pouvons aller loin, plus nous sommes vulnérables en fin de compte.
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L'alpinisme classique commence précisément là où s'achève le tourisme -et inversement. L'alpinisme n'a pas plus de valeur que le tourisme. Simplement, si le touriste compte entièrement sur l'infrastructure en place, l'alpiniste tient quand à lui à assumer l'entière responsabilité de ses actes.
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Ce genre "d’excentricités" fut, de tout temps, associé à une folie, y compris par des personnes qui n'ont rien gravi de plus haut qu'un tabouret de bar. Pour ces personnes cela doit rester totalement inconcevable.
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Nives Meroi dit d'elle même qu'elle a de la "gratitude" à revendre, parce qu'à travers ses voyages elle peut réaliser ses rêves de petite fille, parce qu'elle aime la neige et les "altitudes glacées".
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