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EAN : 9782362290718
112 pages
Editions Bruno Doucey (04/09/2014)
4.18/5   14 notes
Résumé :
Mon coeur est fait de branches de sapin. Entremêlées à toutes les saisons du monde Je dors pour mieux tapisser tes rêves Et celui du chasseur en quête d'une terre Où il pourra alimenter son envie d'être libre De marcher en admirant les courbes des rivières De nourrir sa faim et d'assouvir sa soif.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
" Je suis Innue, et Innu veut dire être humain. Nous sommes à peu près quinze mille Innus dispersés dans onze communautés, deux au Labrador qui sont anglophones de seconde langue, neuf au Québec qui sont francophones de langue seconde.
Nous vivons entre deux mondes, le moderne et le traditionnel. "

Ainsi se présente Rita Mestokosho elle-même à la fin de ce recueil de poésie, écrit en français, langue qu'elle a adoptée. Née en 1966, elle est l'un des phares de la poésie amérindienne que je découvre grâce à ce livre original qui alterne poésie et clichés noir et blanc de Patricia Lefebvre, photographe française.
Voilà pour la présentation succincte de ce beau dialogue sur papier entre deux femmes artistes, l'une poète libre qui simplement évoque sa terre, ses fragilités, et l'autre, au regard profondément humain qui dévoile le quotidien d'un peuple en danger.

Je suis entrée dans cette poésie avec étonnement, curiosité. J'ignorais tout du peuple Innu et c'est avec un réel plaisir que j'ai apprivoisé le rythme simple, le ton direct et sans fioritures de ces textes qui dévoilent la nature hostile et belle, les forêts, les lacs, le vent et ce peuple intimement lié à sa terre. Une puissance authentique se dégage de ces vers, et en feuilletant à nouveau le recueil en même temps que j'écris ces mots, la beauté des paysages et la profonde humanité des portraits me touchent. Une évidente proximité se révèle au fil des pages entre poèmes et photos, et c'est ce qui me plait tant au-delà de la découverte.

Difficile évidemment de partager des impressions, mais essayez d'imaginer, en gros plan, le visage buriné et ridé d'une vieille femme Innue au regard sombre ; debout elle vous fixe calmement avec l'assurance de celle qui a longuement vécu sur sa terre et offre à l'objectif sa sérénité sans fard, sa paix intérieure et la beauté de ses rides profondes. Laissez alors infuser ces mots :

" M'apparaissant au loin comme la fleur de la fragilité
Rien ne pouvait ébranler l'esprit de cette femme
Bien que son univers et sa vie aient basculé
Pour un monde nouveau où la magie se fane.

Au fil des saisons, son corps fondait dans la nature
Pour donner vie à toutes les choses qu'elle touchait
Cette femme si mystérieuse était la plus belle créature
Qu'on pouvait découvrir par la pensée.

Comme un coucher de soleil à l'horizon
Elle attendait patiemment que vienne le jour
Où elle pourrait enfin rejoindre son compagnon
Dans le monde des esprits, nous guettant toujours. "

Rien d'étonnant à ce que J. M. G. Le Clézio affirme dans sa préface :
" La voix de Rita nous touche au coeur. "
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Un très bel ouvrage rassemblant des poèmes de Rita Mestokosho et des photographies de Patricia Lefebvre.

Les photographies sont magnifiques et ont été choisies pour entrer en écho avec les poèmes. Elles valent pour elles-mêmes bien sûr, mais nous rendent en plus davantage accessibles le monde décrit par la poétesse.

Ces poèmes sont tout en sensibilité, au sens premier du terme. Transparaît le rapport au monde, à la nature, de la société innue (indienne, autochtone – du Canada) à laquelle Rita Mestokosho appartient, l'humain s'y fond et s'y confond, y tient une place équivalente à chaque autre élément. On y trouve l'achoppement avec le modèle occidental, les doutes, les fausses routes, le chemin retrouvé. On y ressent un grand apaisement et beaucoup d'optimisme.

Les images peuvent parfois paraître simples mais elles cachent souvent finesse et subtilité.

Une lecture qui rafraîchit et qui recadre.
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Dans une langue tendre et subtile, Rita Mestokosho nous fait sentir sa culture innue - un quotidien plus lent, au rythme de la nature, une reconnaissance pour tout ce qui nous entoure, l'espoir envers la vie, la Terre, qui ne nous laisse jamais tomber, une prière quotidienne envers le Créateur, une liberté inconditionnelle -, tout en exprimant une recherche d'équilibre entre tradition et monde « moderne » : le capitalisme, antagoniste aux cultures amérindiennes, est une menace pour sa culture, qui s'immisce partout et qu'elle travaille à appréhender…

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J'ai tout de suite été touchée par les textes de Rita Mestokosho. Tout simplement...sublime ! J'ai vraiment craqué pour ces poèmes si beaux et si simples, de véritables
cri de coeur. Ils sont de plus accompagnés de photos noir et blanc qui apportent un côté documentaire au recueil. s
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
UAPIKUN

L'amitié est une fleur si fragile
Lorsqu'on ne sait pas la tenir en son coeur.
Chaque pétale contient un mystère
Qu'il nous appartient de découvrir seul.
Durant tout ce cheminement de découverte en découverte
Tu apprendras à te connaître à travers cette fleur.
Mais lorsque le chemin de la découverte se fera plus ardu, tends
La fleur à l'autre et, à deux, vous trouverez le chemin
de la vérité.

Ta vie est un immense jardin
Et tu as devant toi beaucoup de fleurs
Et toutes sont plus belles les unes que les autres
Mais toi seul connais le temps pour prendre soin d'elles.

Si tu trouves la fleur magique
Alors garde-la précieusement
En n'oubliant pas de l'arroser de pluie d'amour
Et de lui donner du soleil rempli de paix et de sagesse
Car cette fleur embellira ta vie entière.
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TEMPETE D'AMOUR

Sur la surface de la mer en détresse
L'amour est un éternel recommencement
L'amour est l'intarissable jeunesse
Qui nourrit l'esprit des gens.

Toile tissée par la solitude
Voile formée par les pleurs en granite
D'une femme en quête de plénitude
Devant un soleil qui tourne en orbite.

Qu'en est-il de la douce chaleur ?
Jetée au fond de l'abîme
Attisant la flamme du coeur
Ranime-toi passion sublime.

Ô petite lumière si chère à mon coeur
Dans l'infinité du temps
Je découvre le prix du bonheur
À travers l'immensité des sentiments.
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MURMURE DE L'ÂME

Mon ami me murmure de tendres mots silencieux
Je l'entends à peine me dire qu'il est malheureux
Ce murmure qui vient d'ailleurs, qui vient de l'intérieur
Est comme le souffle, le respir qui alimente notre coeur.

Mon ami est à la dérive dans un monde amer
Comme un enfant n'ayant plus de mère
Amer d'avoir trop aimé, d'avoir trop donné
Où va-t-il trouver la force pour continuer ?

Mon ami vit dans un arc-en-ciel rempli d'idées
Au bout de cet arc-en-ciel vit sa destinée
C'est une petite lumière parmi toutes ces étoiles
Elle brille à travers ses yeux sans voile.
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Parfum de la terre

Viens marcher avec le printemps
Sens le vent sur tes joues
Sois libre de tes mouvements
Prends le temps de vivre
Car demain ne t'appartient pas.

N'oublie pas ta promesse
D'aller retrouver la paix
Dans une forêt
Dans une maison en bois
Retrouve le battement de ton cœur.

Nous partirons les yeux fermés
Le cœur enveloppé
Du parfum de la terre
L'automne Uashtessiu
Qui nous dira
Viens viens mon ami mon frère
Oui je t'attends
Depuis cet instant
Où ton souffle a touché mon âme
Oui je t'attends mon frère
Alors nous partirons tous deux.

J'ai vu la montagne dans sa splendeur
J'ai entendu la rivière dans son désir
Quel plaisir et quel bonheur
D'être dans les bras de la Terre.

Et lui ce grand mystère
Que je découvre dans son absence
Cherche la vérité au creux de ses mains
Je respire l'air qu'il habite.

Voir son regard s'évanouir dans le mien
Pendant qu'il ferme les yeux sur mon corps
Pour mieux goûter à l'instant
J’entends son cœur battre.

J'aime son silence
J'aime sa voix
J'aime son reflet
J'aime l'invisible que je ne peux toucher
Mais que je sens avec force en moi.

Les arbres sont témoins de mon amour
Les rochers entendent encore aujourd'hui
L'écho de ma grande tendresse
Sur le ciel qui nous enveloppe.

Mon cœur est fait de branches de sapin
Entremêlées à toutes les saisons du monde.

Je dors pour mieux tapisser tes rêves
Et celui du chasseur en quête d'une terre
Où il pourra alimenter son envie d'être libre
De marcher en admirant les courbes des rivières
De nourrir sa faim et d'assouvir sa soif.

Je crois aussi en la force du destin
Je crois aussi en la confiance de demain
La patience d'attendre en admirant l'eau des chutes
En priant pour mon prochain.

Je deviens l'hiver pour me reposer
Je deviens le printemps pour rêver
Je deviens l'été pour briller.

Et je suis une femme d'automne
Née dans un univers qui est aussi le tien
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Parler de toi, Nukum (grand-mère)

Parler de toi, Nukum
C'est honorer le vent qui t'a vue naître
C'est remercier toutes les saisons qui t'ont aimée
C'est rêver doucement aux petits fruits sauvages
Que tu as cueillis avec respect et sagesse
C'est sentir la mer salée qui a parfumé ton visage
C'est prier dans le silence des bois avec foi
C'est caresser le tapis de sapin de demain
C'est écouter mon coeur pour mieux te retrouver
C'est toucher tous les moments grands ou petits
Que nous avons partagés.

Tu sais, Nikaui (mère)
Même les rivières murmurent ton nom jusqu'à nous
Même les arbres s'habillent en cet hiver si doux
Même le soleil brille avec espoir dans le ciel
Même l'aigle royal s'envole vers ta beauté
Même le feu sacré s'illumine dans la toundra
Même les aurores boréales dansent pour toi
Même moi, je veux te dire que t'aime, Nikaui
Et je continuerai à marcher comme un vrai innu (indien)
Fier de ses origines et perpétuant la tradition

Pour nous, Nikaui
Tu as la force d'un vol d'outardes au printemps
Tu as la grâce d'u lever de soleil en été
Tu as la beauté d'un arc-en-ciel après la pluie
Tu es la fraîcheur du souffle d'un enfant
Tu es la lumière qui passe au travers des nuages
Tu as tout donné pour que nous soyons une famille.
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Vidéo de Rita Mestokosho
Bruno Doucey lit le texte de la poète innue Rita Mestokosho « Parfum de la terre », extrait du recueil "Née de la pluie et de la terre".
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