Une petite voix

Quand la solitude d'un petit garçon pointe les travers de notre société.
"Se lever. S'habiller. Petit-déjeuner. Monter dans la voiture. Des matinées constituées d'un enchaînement d'actions, lui un automate, prêt à revivre la journée de la veille, la journée du lendemain." : d'emblée, Jérémy pose son quotidien - notre quotidien - comme aliénant. Relations sociales forcées pour lui à l'école, pression et stress au travail pour ses parents, et le weekend, animaux sauvages domestiqués dans les zoos ou encore surconsommation dans les centres commerciaux : "Où qu'il fût, il se cognait contre le quotidien, emberlificoté dans des considérations terre à terre", et pour lui qui n'aspire qu'à un peu de calme et de rêverie, "le monde est trop bruyant. le monde va trop vite." Aimant la lecture, jouer aux billes et aux Lego, détestant le foot ("Il préférait son statut de remplaçant qui n'entre jamais sur la pelouse."), Jérémy est en décalage avec ses camarades comme en témoigne la fête d'anniversaire de son copain Wilfried : "De baignade il n'y eut point, ni d'activités dans le jardin ou de parties de cache-cache. Ils s'étaient agglutinés devant la PS4."

Préférant se tenir "à l'écart", il se réfugie dans son petit univers où règne l'imagination, élaborant toutes sortes de scénarios comme sont censés le faire les enfants de cet âge. D'ailleurs il aurait bien gardé le casque anti-bruit essayé sur le chantier de son père, "il le garderait vissé sur ses oreilles dès qu'on viendrait l'importuner. Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ?" !.. Dans sa vie, "Jérémy aurait voulu de l'aventure" et le personnage d'April concentre tout ce à quoi il aspire : une vie de bohème, sans contraintes ni adultes pour les imposer : "April ne semblait obéir à personne, à aucune règle". La fillette apparaît par intermittence dans le texte, sous la forme de chapitres écrits en italique où elle raconte ses pérégrinations. Au fur et à mesure que Jérémy s'enferme dans son monde, ceux-ci deviennent de plus en plus longs et se teintent de fantastique, jusqu'à ce que rêve et réalité se télescopent...

L'attitude de son fils effraie la mère, à mille lieues d'envisager, tout simplement, que pour lui les autres représentent "de l'énergie brute en cascade", alors qu'elle est elle-même victime de ses collègues. Il n'y a "rien d'anormal" assurent pourtant les multiples spécialistes qu'elle rencontre, "c'est juste un enfant calme", "un garçon précoce, sensible, avec un fort caractère. Il est même assez drôle dans son genre". Vu de l'extérieur, c'est plutôt la grande soeur Flore qui, à treize ans, joue "the sexiest girl on earth", entre fêtes, alcool et sorties non autorisées ! Seul un bref séjour à la campagne, lors duquel parents et enfants seront "réunis loin des tensions et de la pression", fera office de bouffée d'oxygène.

On ne sait pas exactement quel élément déclenchera l'émergence de cet enfer (ou alors je n'ai pas bien compris la fin). "Il faut juste que tu te lances", conseille April à Jérémy (mais elle n'est qu'une voix en lui, non ? donc une auto-persuasion). Comme on l'aura compris, "il n'est jamais simple de sortir de l'enfance" et pour cela, il est "important de croire à quelque chose". Peut-être Jérémy a-t-il perçu de minimes changements porteurs d'espoir, comme le changement de travail de sa mère, une attention accrue de sa soeur, une disponibilité nouvelle de son père... le garçonnet semble enfin dans l'acceptation, cependant il serait dommage qu'il renonce à ce qu'il est, parce que c'est lui qui est dans le vrai !
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Jérémy est un garçon très intelligent qui n'arrive pas à trouver sa place dans le monde. C'est seulement quand il voit April qu'il est heureux. April est une petite fille qui n'a peur de rien et qui fuit son foyer pour l'aventure. Jérémy n'a qu'une envie, la rejoindre.

Alors, c'était une belle histoire, c'était très bien écrit, c'était à la fois triste et poétique, et j'ai beaucoup aimé Jérémy, sa façon de vivre les choses. Il déprime beaucoup, il s'enferme sur lui-même, seul April le sort un peu de lui-même, il se sent très seul et déconnecté de la réalité. Je me suis aussi attachée à April et à sa façon d'être un peu magique. Elle parle aux animaux, elle est libre, elle vit une grande aventure. Donc voilà c'était plutôt sympa à lire.

Mais… Je n'ai rien compris. D'où vient April ? N'est-ce que l'imagination de Jérémy ? Pourquoi soudain disparaît-elle et réapparaît-elle ? Et la fin ?
Je suis restée complètement à côté du sens de l'histoire, si sens il y avait. de plus, même si c'était beau et bien écrit, j'ai trouvé que le style était peut-être un peu compliqué pour des plus jeunes.

Ça reste une bonne lecture et une belle histoire mais c'est vrai que j'aurais aimé un peu plus d'explications et mieux comprendre ce qui arrivait à Jérémy (qui plonge tout de même dans une dépression).
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J'ai lu une vingtaine de pages et je me suis arrêtée. Bien que ce roman puisse faire croire qu'il est à destination d'un public jeune (au moins pour des élèves de sixième) à travers le résumé qui très facile à comprendre, le personnage principal prénommé Jérémy qui a huit ans et enfin à travers l'éditeur qui est Actes Sud junior, il n'est pas du tout adapté. le récit est hyper complexe. Est-ce que le narrateur évoque le présent ? Ou plutôt un souvenir ? Rien ne l'indique. Tout est mélangé.
De plus, le vocabulaire utilisé est très poussé. Qui sait ce que veut dire « instinct grégaire » ? Je ne connaissais même pas ce mot, « grégaire ». Donc je ne pense pas que des élèves de onze-douze peuvent aussi le savoir.

J'avais acheté ce roman pour le CDI du collège où je travaille. Mais en conclusion, à mon sens, ce roman n'est pas destiné à des élèves de moins de douze ans. Et je ne suis pas certaine que des adolescents, dans le cas où ils surmonteraient cette intrigue et ce vocabulaire difficiles, souhaiteraient lire un roman où le personnage principal est en CM1. Donc je l'ai rendu au libraire.
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