L'intérieur de la nuit est son premier livre, un livre 6 fois primé et consacré meilleur premier roman français par la
Revue Lire en 2005.
C'est un livre qui dérange car il narre une réalité africaine difficile à confronter avec une réalité européenne occidentale, même décadente.
L'Afrique avec ses traditions ancestrales encore très vives, ses coutumes tribales encore très fortes et différentes, sa soumission quasi généralisée à un pouvoir corrompu, un illettrisme…
Au centre de cette histoire très forte, il y a Ayané une jeune femme qui a reçu de l'éducation et laquelle, à l'occasion d'un retour au pays (pays fictif dans le roman, mais aisément extrapolable), est mal reçue par le village qui la considère une étrangère.
Déjà ses parents étaient considérés comme parias parce que sa mère venait de la ville et son père, par amour, était resté monogame et de plus, il était resté au village alors que presque tous les hommes partaient en quête de travail « dans des contrées lointaines ». Ils avaient envoyé Ayané se faire scolariser à la ville la plus proche où elle vécut avec une tante jusqu'à son départ en Fac.
Mais la mère d'Ayané se meurt et elle revient au village où elle est persona non grata. Presque en même temps le village est cerné par des guerriers venus du nord qui exigent l'enrôlement d'enfants par la force et le rapt de jeunes filles comme butin de guerre. En cas de protestation, il n'y a pas de négociation en dehors de la Kalachnikov et le village sera soumis à la terreur par des hommes drogués à l'iboga (alcaloïde provoquant des hallucinations). Non seulement ils emploient la violence la plus extrême et répandent la terreur, mais en plus, ils exigent un sacrifice humain, perpétré par le frère de la victime suivi d'un acte de cannibalisme imposé à tout le village afin de se « rapprocher » des racines ancestrales.
Le début du livre m'a paru enchanteur avec cette description d'une Afrique ancestrale dans un langage tantôt lyrique, tantôt un peu naïf avec une note d'humour.
Mais à partir de l'irruption des rebelles dans le village, j'ai été estomaquée. Page 95 on lit, il fallait effacer tout ce que
Le Blanc avait laissé de mauvais: toute servilité, toute crainte du lendemain, toute ignorance de soi…Et au stade où on en était arrivé, ce n'était plus l'eau qui devait servir au nettoyage, mais le sang.
Un portrait très cru en même temps qu'un hommage à ce continent.
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