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J'ai pris ce livre un peu au hasard dans les rayons de ma bibliothèque municipale.
L'action se passe dans un pays imaginaire : le Mboasu.
Voilà une lecture bien rude pour un début d'année : je me suis laissée tenter par une très belle couverture : une jeune femme en tenue traditionnelle…
Un fond jaune qui évoque le soleil …

Du soleil il y en a mais c'est un soleil plombant, aride, une désolation pour ce petit village…
Les hommes partent chercher du travail au loin, les femmes restent s'occuper des enfants….
Ayané revient au village (elle est partie pour ces études) et trouve sa mère mourante…et une population locale qui la déteste. Elle n'est pas surprise, ceux de son village l'ont toujours détestée…
A l'arrivée de soldats, Ayané grimpe se cacher dans un manguier et assistera à la scène sans les paroles….qu'elle essaiera de reconstituer après coup….
Un livre choc…
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L'intérieur de la nuit est son premier livre, un livre 6 fois primé et consacré meilleur premier roman français par la Revue Lire en 2005.

C'est un livre qui dérange car il narre une réalité africaine difficile à confronter avec une réalité européenne occidentale, même décadente.

L'Afrique avec ses traditions ancestrales encore très vives, ses coutumes tribales encore très fortes et différentes, sa soumission quasi généralisée à un pouvoir corrompu, un illettrisme…

Au centre de cette histoire très forte, il y a Ayané une jeune femme qui a reçu de l'éducation et laquelle, à l'occasion d'un retour au pays (pays fictif dans le roman, mais aisément extrapolable), est mal reçue par le village qui la considère une étrangère.

Déjà ses parents étaient considérés comme parias parce que sa mère venait de la ville et son père, par amour, était resté monogame et de plus, il était resté au village alors que presque tous les hommes partaient en quête de travail « dans des contrées lointaines ». Ils avaient envoyé Ayané se faire scolariser à la ville la plus proche où elle vécut avec une tante jusqu'à son départ en Fac.

Mais la mère d'Ayané se meurt et elle revient au village où elle est persona non grata. Presque en même temps le village est cerné par des guerriers venus du nord qui exigent l'enrôlement d'enfants par la force et le rapt de jeunes filles comme butin de guerre. En cas de protestation, il n'y a pas de négociation en dehors de la Kalachnikov et le village sera soumis à la terreur par des hommes drogués à l'iboga (alcaloïde provoquant des hallucinations). Non seulement ils emploient la violence la plus extrême et répandent la terreur, mais en plus, ils exigent un sacrifice humain, perpétré par le frère de la victime suivi d'un acte de cannibalisme imposé à tout le village afin de se « rapprocher » des racines ancestrales.

Le début du livre m'a paru enchanteur avec cette description d'une Afrique ancestrale dans un langage tantôt lyrique, tantôt un peu naïf avec une note d'humour.

Mais à partir de l'irruption des rebelles dans le village, j'ai été estomaquée. Page 95 on lit, il fallait effacer tout ce que Le Blanc avait laissé de mauvais: toute servilité, toute crainte du lendemain, toute ignorance de soi…Et au stade où on en était arrivé, ce n'était plus l'eau qui devait servir au nettoyage, mais le sang.

Un portrait très cru en même temps qu'un hommage à ce continent.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Nous sommes à Eku, un village situé dans un pays fictif d'Afrique noire. Après avoir fait ses études en France, Ayané revient au chevet de sa mère mourante. À l'écart, méprisée par les femmes du village pour son indépendance et son absence, elle est témoin de la manière de vivre ancestrale qui règne dans ce village reculé. Eku n'est peuplé que de femmes, de vieillards et d'enfants, les hommes étant partis travailler dans des contrées lointaines.
Un soir, tandis que la guerre civile fait rage dans ce pays imaginaire, des miliciens débarquent au village. Il s'agit de patriotes qui luttent pour restaurer l'unité originelle du peuple africain. Venus recruter de force des garçons pour se battre, et des filles pour le reste, ils mettent le village en quarantaine pendant une nuit interminable et sanglante au cours de laquelle un terrible sacrifice aura lieu. Cachée des autres humains, Ayané voit tout du haut de son arbre.

Un roman au style superbe, à la fois cru et lyrique, sur le retour à soi, celui d'une jeune femme "occidentalisée" originaire d'Afrique, et celui de l'Afrique à son essence avant la colonisation. Pourquoi la barbarie dans ce continent où la nuit sembler régner plus qu'ailleurs ? Comment l'expliquer et même la pardonner à un peuple tant soumis à ses chefs ?
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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L'intérieur de la nuit est un magnifique roman qui fait le pont entre une Afrique des ancêtres, superstitieuse, veillant aux des mentalités plus ou moins fermes sur l'authentification des origines, la seule voie qui mène à la gloire, quel que soit le prix à payer, et une Afrique contemporaine qui révolutionne les loi de la jungle s'appliquant sous l'influence de l'instruction, de la connaissance ou encore sous cette loi ''que le plus fort gagne''.
L'intérieur de la nuit nous révèle la nuit à l'intérieur de l'homme à travers un acte de cannibalisme auquel tous les villageois d'Eku sont forcés de participer sous les menaces des armes des rebelles. Mais curieusement, seule, Ayané, fille de l'étrangère rejetée par tous les villageois, alors qu'elle est en deuil de sa défunte, ce qui est en principe une période de paix selon les valeurs de la tradition africaine, sera miraculeusement épargnée dans ce sacrifice purement inhumain. On serait tenté de dire que la haine des villageois a sauvé Ayané.
Et aussi ce sacrifie est une vengeance de la nature contre cette haine des villageois.Car cet acte deviendra une épreuve énorme pour les villageois. Ils décident d'en faire un secret du village. Mais leur conscience ne les lâchera pas à coup sûr...



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"Parce que la vie, c'était ça. Un serpent qui se mordait la queue." (P. 15)
Ayané revient dans son village. Elle est venue accompagner sa mère mourante dans ses derniers jours. Elle revient de France et porte sa tenue occidentale, veste en jeans et pantalon..., bien loin de l'image traditionnelle des femmes.
Choc de culture...elle représente dorénavant le mal aux yeux de certains.... Elle est l'image de la femme qui les dérange et qu'ils réprouvent, et l'image de l'étranger qu'ils rejettent.
Choc de civilisation également car des rebelles attachés aux traditions assaillent le village et interdisent à la population de le quitter. Ils organisent un crime rituel, une horrible tragédie
Folie des hommes, traditions rituelles, obscurantisme religieux, qui en rappellent d'autres
Un livre dur et malgré tout beau, qui dérange
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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On ne sort pas indemne de cette critique de l'Afrique des traditions qui passe par l'initiation et la violence. Cette lecture parfois dérangeante rejoindra tous les déracinés, ceux qui fuient leurs racines comme ceux qui les idéalisent, les deux faces du même drame. Ce premier roman donne envie de suivre l'auteur.
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Même si elle vient assister sa mère, qui est en train de mourir, Ayané n'est pas la bienvenue dans son village natal. Elle, qui a quitté son pays pour la France, peine à y retrouver ses racines. Tandis qu'elle cherche sa place dans ce monde qui la rejette, une sanglante révolte contre le pouvoir politique en place s'organise...
Dans ce pays d'Afrique imaginaire, c'est le spectre des génocides et des guerres civiles qui plane. Ayané devra faire face à cette menace sourde tout en tentant de se réapproprier les codes qui régissent ses relations avec les autres femmes du village. A la confluence des représentations occidentales de l'Afrique et de l'authenticité des coutumes camerounaises, Léonora Miano prend à bras le corps, dans le magistral premier roman qu'est L'intérieur de la nuit, les enjeux politiques nés de la brutalité des colonisations et interroge avec acuité la place des femmes dans les sociétés traditionnelles.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Intéressant
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Ça c'est l'Afrique!
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Dans ce premier roman, Léonora Miano témoigne déjà de son grand talent à parler des maux qui rongent l'Afrique. L'Intérieur de la nuit, qui raconte la nuit terrible des villageois pris en otage par des rebelles, se lit à plusieurs niveaux et s'adresse aussi bien aux grands ados qu'aux adultes.
(...)
Le premier roman de Léonora Miano témoigne déjà de son talent extraordinaire ! Depuis que j'ai rencontré ses textes, je n'ai eu de cesse d'en parler autour de moi, c'est dire mon enthousiasme.
À travers l'allégorie de cette nuit terrible entre les villageois et les rebelles, qui se comprend à plusieurs niveaux de lectures, Léonora Miano donne vie aux thèmes qui habiteront l'ensemble de son oeuvre, mais celui qui est prépondérant ici est l'enrôlement de la jeunesse dans des guerres civiles au nom d'une réhabilitation de l'identité africaine. Certes, cette réhabilitation doit avoir lieu, mais en faisant couler davantage de sang ?
Dans L'Intérieur de la nuit, on retrouve également le chemin difficile vers l'identité individuelle, l'acceptation de ses origines, les relations au sein de la communauté codifiées par la tradition indépassable. Il y est question de transgression des lois ancestrales, mais surtout d'une grande tolérance envers l'autre, celui qui est différent et souvent incompris. Chacun mène sa vie selon ses valeurs, ses expériences, et place sa dignité là où il lui semble bon. Ça paraît bête, dit comme ça, mais les crispations identitaires véhiculées dans les discours publics (personnages politiques, journalistes) visent justement à tuer la fraternité (diviser pour mieux régner).
Ce que j'aime tant chez Léonora Miano, c'est la place centrale faite à la psychologie des personnages et au débat. C'est au lecteur de faire son chemin entre les opinions que chaque personnage incarne. S'il y a toujours de la violence et une critique acerbe dans ses romans, il y a aussi beaucoup de sagesse. Je ne saurai que vous inviter à découvrir Léonora Miano si ce n'est pas déjà fait.

L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/l-interieur-de-la-nuit-leonora-miano-a127762866
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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