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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
La Sorcière de Michelet tient plus du réquisitoire anticlérical qu𠆚utre chose. L𠆚uteur s𠆞st ainsi donné une mission qui éclipse, hélas, son sujet : faire comparaître l’Église, repère, si j𠆞n crois ce texte, de fanatiques, de pervers, d’ignorants et d’obsédés sexuels. On se demande comment la civilisation occidentale a-t-elle pu autant briller avec un tel handicap ! Cela dit sans dédouaner l’Église de ses errances idéologiques à l’occasion meurtrières – moins tout de même que les régimes athées et fanatiques de Staline, Hitler et Mao qui n’ont jamais œuvré au nom De La Croix par exemple…

Pourtant, et pour revenir à notre sujet, ce sont surtout les laïcs qui ont majoritairement persécuté les sorcières. La lecture du livre de Jean-Michel Salmann – Les sorcières, fiancées de Satan – me semble un remède salutaire pour tempérer les ardeurs de Michelet, lequel admet tout de même que derrière le mot de « sorcière » se cachait ce goût de la calomnie frappant n’importe qui et pas seulement les femmes occupées de plantes et de Nature en général : « Notez qu’à certaines époques, par ce seul mot Sorcière, la haine tue qui elle veut. Les jalousies de femmes, les cupidités d’hommes, s𠆞mparent d’une arme si commode. »

Michelet s𠆞n prend beaucoup au Moyen Âge, décrit comme « un brouillard gris de plomb […] d’une effroyable durée de mille ans ». Ici on nous parle de « l’immonde fraternité des Templiers » adorateurs du Malin, comme en écho à toutes les calomnies dont cet ordre a été l’objet. Là on peut lire à propos de l’église gothique qu𠆞lle est la « vraie et redoutable image de la dure cité de cristal dans lequel un dogme terrible a cru enterrer la vie ». le Moyen Âge chrétien ignore évidemment les sciences et la médecine, il est forcément sale, d’où la lèpre (sic), laquelle n�tait pas exclusivement les chrétiens, mais passons. Mieux, l𠆚uteur considère le Moyen Âge comme un « entr�te » entre l𠆚ntiquité et la Renaissance. Mille ans d𠆞ntr�te ça fait long !

Parallèlement, « partout où les Musulmans, ces fils de Satan [pas sûr qu’ils apprécient le compliment !], travaillent, tout prospère, les sources jaillissent et la terre se couvre de fleurs » (sic). Michelet aime les fables, je vous disais, et fait de Satan le promoteur du progrès, comme pour mieux diaboliser l’Église. Que c𠆞st infantile ! D’où tient-il, par exemple, que les chrétiens « maudissent la Nature » ?!

À force d𠆚nathémiser l’Occident chrétien, Michelet sombre même dans l𠆞rreur historique : « Partout où le droit canonique reste fort, les procès de sorcellerie se multiplient […] Partout où les tribunaux laïques revendiquent ces affaires [de sorcellerie], elles deviennent rares et disparaissent, du moins pour cent années chez nous, 1450-1550. » C𠆞st faux : « La naissance des procès en sorcellerie accompagna en revanche l’établissement de la justice civile, comme s’il eut fallu un premier bouc émissaire pour essuyer les plâtres » (Marie Mougin : https://www.franceinter.fr/culture/la-chasse-aux-sorcieres-la-face-cachee-de-la-renaissance). Michelet ne peut l’ignorer, mais s’il admet de retentissants procès laïques en sorcellerie, c𠆞st dans une perspective de concurrence avec l’Église. Les laïcs sont pour lui les « censeurs et réformateurs des mœurs ecclésiastiques ».

Michelet doit cependant concéder qu𠆞n Espagne, où elle était pourtant très puissante, « l’Inquisition, exterminatrice pour les hérétiques, […] l’était bien moins pour les sorciers ».

Puis on glisse vers des affaires qui n’ont plus grand-chose à voir avec les sorcières, dont l’une des plus fameuses : Loudun et le malheureux prêtre Urbain Grandier – que Michelet n𠆚ime pas, lui qui voit dans chaque homme ou femme d’Église perversité, folie et lubricité, bis repetita –, plus victime de son succès auprès des femmes et de ses amitiés avec les protestants que de quelque diablerie qu’il dut toutefois payer sur le bûcher. Michelet accorde aussi une grande attention à Marie-Catherine Cadière, fervente mystique du XVIIIe siècle, abusée par un prêtre jésuite et accusée à tort de sorcellerie.

On aurait aimé pourtant en savoir plus sur ce « monde singulier, délicat des fées, des lutins, fait pour une âme de femme [où] la fée est une femme aussi, le fantastique miroir où elle se regarde embellie ». La sorcière fut effectivement traquée injustement. Des manuels monstrueux ont été rédigés à son encontre, dont le plus fameux : Malleus Maleficarum (Marteau des sorcières), écrit par les dominicains Heinrich Kramer et Jacob Sprenger.

Et derrière la sorcière, il y a la femme qui, « avec son cœur et sa pitié, sa divination de bonté, […] va d𠆞lle-même à la médication ». La femme se cache en effet derrière la sorcière, avec son cortège de souffrances, sous n’importe quelle latitude de ce monde et sous n’importe quel Dieu, céleste ou laïc…

Enfin, Jules Michelet, s’il avait été parfaitement honnête, aurait dû nous parler de ce procès républicain en sorcellerie qui conduisit des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d𠆞nfants au bûcher révolutionnaire, allumé par les colonnes infernales en Vendée. Mais il est vrai que, chez Michelet, on ne blasphème pas la Révolution…

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(La femme) n'a d'amis que ses songes, ne cause qu'avec ses bêtes ou l'arbre de la forêt.
Ils lui parlent ; nous savons de quoi. Ils reveillent en elle les choses que lui disait sa mère, sa grand-mère, choses antiques, qui pendant des siècles ont passé de femme en femme. C'est l'innocent souvenir des vieux esprits de la contrée, touchante religion de famille, qui, dans l'habitation commune et son bruyant pêle-mêle eut peu de force sans doute mais qui revient et hante la cabane solitaire.
Monde singulier, délicat, des fées, des lutins, fait pour une âme de femme.
Dès que la grande création de la Légende des saints s'arrête et tarit, cette l égende plus ancienne et bien autrement poétique vient partager avec eux, règne secrètement, docement. Elle est le trésor de la femme, qui la choisie et la caresse. La fée est une femme aussi, le fantastique miroir où elle se regarde embellie.
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De tout temps, on a toujours cherché à anéantir celles et ceux qui s'élèvent contre un certain ordre du monde. C'est ce qui a déclenché la chasse aux sorcières à la fin du Moyen Âge et allumé des bûchers dans toute l'Europe.
C'est cette histoire d'asservissement et de résistance que compte la langue vivace de Jules Michelet, l'historien des petits, des sans-grade, de ceux qui n'ont pas eu d'histoire. Michelet retrace l'histoire d'une sorcière imaginaire, victime des pouvoirs qui asservissent le peuple et oppriment la femme.
La première partie est un essai toujours aussi stimulant pour l'esprit, où le style sublime de Michelet est présent tout le long.
Ce livre se divise en deux parties assez différentes l'une de l'autre.
La première partie est un essai toujours aussi stimulant pour l'esprit, où le style sublime de Michelet est présent tout le long.
La deuxième est malheureusement un peu dépassée, ce qui explique ma note. C'est une étude se voulant historique, sérieuse, pour démontrer les arguments avancés dans la première partie, mais faite avec des sources aujourd'hui contestées, désuètes.
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Michelet nous montre l'émergence de la sorcellerie et les causes de cette naissance.
Il nous montre le pourquoi de l'implication presque exclusive des femmes dans la sorcellerie.
La femme était gerdienne des émanations des anciens dieux de l'antiquité abjurés par l'église (transformés en dieux gallo-romains).
Le culte des anciens dieux se transforme en vénération de la nature et des esprits proscrits vivant la nuit dans les forêts.
C'est l'église qui, elle, associera ces anciens dieux aux démons ; parfois certaine paroisses ont su sanctifier ces protecteurs paiens afin de déculpabiliser leur vénération, d'où ces « saints gliglin et autres mystères ».
L'église et ses habituels excès n'aura de cesse de voir disparaître cette sorcellerie.

Ouvrage très ardu, je n'ai pu en terminer la lecture ; trop de détails ; peu de synthèse ;
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