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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Etrange livre que cette Sorcière, essai historique qui se lit comme un roman, voire même parfois comme un fièvreux poème épique en prose, à la fois fascinant et agaçant, d'une justesse parfois imparable et qui ne s'obtient pourtant qu'à force de distordre les faits.
La thèse proposée est intéressante, séduisante même. Si le terme de féminisme est encore bien trop moderne pour ce texte, la figure initiale de la sorcière telle qu'elle se forme au cours du Moyen-Âge en est pourtant une figure superbe, par sa révolte et son savoir, conquis au prix de tant de souffrance.
Pourtant, la nature de la femme n'est justement pas dans la révolte : seule l'iniquité, la violence terrible dont elle a fait l'objet, ont pu la pousser sur cette voie, et le lecteur (la lectrice ?) moderne a parfois du mal à ne pas grincer un peu des dents devant cette image de la prétendue nature féminine que Michelet renvoie. Certes non plus maléfique, mais idéalisée et fragilisée à outrance, fantasmée en grande partie, si culturelle encore et au fond si peu naturelle.
Regard contemporain sur le texte, qui en fausse un peu la portée ? Certes, peut-être. Parlons plutôt alors de la fameuse iniquité, de la fameuse violence évoquée par l'auteur, qui crée au fil de ses chapitres un Moyen-Âge littéralement horrifique, un Ancien Régime odieusement corrompu dans lequel Eglise et aristocratie portaient tous les vices. La charge est d'une lourdeur asez pénible - même pour qui n'est pourtant guère porté à défendre l'Eglise, et reconnaît aux hommes une tendance générale à abuser plus ou moins du pouvoir qu'ils détiennent. Sans souci de nuance, Michelet ne retient que ce qui l'arrange dans l'univers qu'il fait revivre, et ne comprend au fond pas grand chose à ce qu'il incrimine pour défendre sa thèse, celle d'un triomphe de la nature initié par la femme au plus noir des âges et que la société moderne peut enfin accomplir.
Cette nature, d'ailleurs, aussi libre, saine et généreuse qu'elle puisse paraître, n'est-elle pas au fond qu'une autre idéologie, guère moins despotique que celle qu'elle condamne ? le terme contre-nature est souvent utilisé, pour qualifier surtout les pratiques de l'Eglise, coupable d'avoir préféré les hommes aux femmes. Ce qui, en un sens se justifie, si l'on pense a la diabolisation de la femme qui en a indubitablement résulté, mais ouvre aussi très vite sur une restriction dangereuse des limites de la nature, susceptible de faire autant de victimes que le poids du péché.

Toutefois, à défaut du sens de la nuance et de l'objectivité historique, il faut reconnaître à Michelet des intentions superbes, et surtout un superbe talent de conteur par lequel revivent avec puissance et démesure les siècles passés. Grand maelström de faits et d'idées, foisonnant, complexe, brillant parfois, la Sorcière reste un texte passionannt, daté sans doute mais ouvrant déjà à la modernité.

Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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La sorcière, figure mythique et protéiforme, évoquant aussitôt les bûchers très clichés et les sabbats endiablés, est ici abordée par Michelet à travers les âges, et honnêtement malgré le thème passionnant, ce livre m'a un peu déçue. Bon, je savais qu'un texte écrit il y a aussi longtemps serait bourré de tout un tas de détails que les historiens modernes savent faux, archi-faux, mais je ne pensais pas que ce serait si flagrant, et je suis à peu près sûre que déjà à l'époque où La sorcière fut écrite, on savait déjà faux beaucoup de ces idées. Seulement voilà, ce devait être plus vendeur! le sensationnalisme est aussi un peu fatiguant, chez un auteur qui semble se piquer de vérité. Michelet écrit à charge, quitte à ne se saisir que d'une partie de l'histoire, et il a parfois la plume franchement lourde, et une vision de la femme franchement passé de mode. Ce qui est dommage car lorsqu'il se laisse distraire par le simple plaisir de l'écriture, sa prose se fait presque poétique, très élégante en tout cas. La première partie, plus généraliste, est d'ailleurs la plus intéressante, quand il se laisse être écrivain sous couvert d'histoire, car ensuite, lorsqu'il reprend des cas documentés historiquement, c'est beaucoup plus plat et répétitif, et d'une telle mauvaise foi parfois que le lecteur en hésite à continuer.
Intéressant, mais plus pour avoir lu Michelet une fois, dirons-nous.
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Ce n'est ni un livre d'histoire (la méthode, romantique, est peu "scientifique") ni un roman, puisque la majeure partie du livre évoque bien des cas concrets, réels. Davantage qu'un livre proto-féministe (et il y aurait à redire sur ce point) c'est surtout de la part de l'auteur une charge anticléricale, en montrant les carences du système religieux, ses déviances, ses crimes. La première partie est une sorte de longue prose poétique sur l'image de la Sorcière, mêlant à la fois recherches et jugements parfois caricaturaux de l'auteur. Ici il s'agit de redorer le blason de la femme proche de la nature, qui en connaît ses bienfaits, la femme passeuse de traditions et donc héritière des cultes païens, des pratiques d'antan. Elle est forcément pourchassée même si elle tient un rôle important dans les campagnes moyenâgeuses. Elle est aussi innovatrice, avant-garde de la médecine ; de là tout une glorification de la science, du progrès, l'apanage d'un Satan défenseur de l'homme à l'inverse d'un christianisme sanglant, meurtrier. Cette partie repose comme le dit lui-même Michelet sur un "léger fil fictif", permettant de voir les théories de l'auteur se concrétiser dans le récit d'une jeune femme conspuée. Cela a certains avantages pour saisir le lecteur mais en même temps l'ensemble sonne in fine comme un brouillon de roman.

La deuxième partie est plus proche du domaine de l'historien. La sorcière passe davantage au second plan, Michelet traite plutôt deux sujets qui s'entremêlent : la corruption au sein de l'Eglise et la place de la femme (et notamment de la jeune fille) dans la société, de la fin du Moyen-Age jusqu'au XVIIIe siècle. Pour cela il se base principalement sur trois affaires, comme une gradation dans l'horreur et la déviance. C'est ici que l'ouvrage semble le plus persuasif, davantage pamphlétaire, mais en même temps le lecteur moderne pourra aussi remettre en question une certaine image de la femme développée par l'auteur (à titre d'exemple la vision caricaturale de la femme provençale). Les cas sont édifiants et bien que l'on puisse remettre en cause la partialité de l'auteur on se laisse emporter par ces histoires où la foi devient un abîme.

En somme un ouvrage quelque peu daté, dont la forme peut être fortement remise en question mais qui montre quelques prémices dans la lutte féministe (un anachronisme) en revalorisant la femme du peuple qui doit faire face à des systèmes déviants.
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Brisons là le suspense, je n'ai pas tout suivi, voire, plus humblement encore, je n'ai pas tout compris. Et pourtant, je suis aixoise, et une bonne partie de son texte aurait dû piquer mon intérêt. C'est faux, ça a été le cas. Sauf que tous les trois mots, je perdais le fil. Je pense utile de préciser que, pour une lecture édifiante, peut-être faut-il garder à l'esprit que l'auteur lui-même ne savait pas trop bien où tout cela allait le mener. Si ça ne tenai qu'à moi, je dirais "dans le mur." Et ce titre de Sorcière n'a pas vraiment grand-chose à voir avec toute cette logorrhée.
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Un requisitoire anriclerical excessif,voici ce qu'est ce livre de cet auteur qui n'y va pas de main morte avec le catholicisme qu'il deteste manifestement.Oeuvre de fin de vie de l'auteur nous sommes ici replongé au moyen age pour retrouver notre héroïne.Ce livre fait partie des recits historiques de l'auteur qui a axe son oeuvre sur l'histoire de France essentiellement.
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Une oeuvre que j'ai plus appréciée pour l'écriture lyrique, poétique et enlevée de Michelet (notamment dans la partie sur la naissance de la Sorcière au Moyen-Âge), ainsi que pour sa sensualité presque érotique par moment, que pour son analyse historique aujourd'hui dépassée. Par exemple, un historien tend aujourd'hui d'écrire de façon objective, sans s'impliquer personnellement. Ici, on voit très bien le mépris contre les Jésuites de Michelet, son anticléricalisme. de même, j'ai été gênée par la vision des femmes, entre vénération et misogynie typique du XIXème siècle.
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Auteur d'une monumentale Histoire de France, Jules Michelet est sûrement l'un des historiens les plus connus du XIXe siècle, au côté d'Hippolyte Taine et d'Ernest Renan, avec lesquels il renouvèlera l'approche et la vision de l'Histoire. Bien que fortement controversé pour son peu de recherches historiques (notamment par l'historien Pierre Chaunu), Jules Michelet est avant tout un homme de son siècle, côtoyant de près le romantisme de Victor Hugo, le travail titanesque De Balzac ou encore la révolte de George Sand. Un siècle finalement idéaliste qui contrebalance avec l'instabilité politique de l'époque.

Cet élan de romantisme, qui se retrouve dans plusieurs pages de l'Histoire de France et qui se mêle aux fougues patriotiques, constitue une dynamique dans l'oeuvre de Michelet qui prendra toute son importance dans une oeuvre moins connu de l'auteur, La Sorcière, ouvrage énigmatique dans lequel Jules Michelet disserte sur l'une de ses obsessions, la Femme.

Publié en 1862, La Sorcière est avant tout un essai que Jules Michelet accorde sur la représentation de la sorcière, du Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, et sur la condition de la femme, qui était alors vu comme une sorcière potentielle. En remontant aux origines du Mal, Jules Michelet décrit alors une société en perpétuelle transformation, qui se sert de la sorcellerie comme une forme de révolte face au pouvoir en place, faisant alors écho à l'instabilité politique de la France au XIXe siècle.

La suite sur le blog :
https://unepauselitteraire.com/2016/06/02/la-sorciere-de-jules-michelet/
Lien : https://unepauselitteraire.c..
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• Quand on se lance dans ce livre, il ne faut pas s'attendre à un roman, ni à un essai sur la sorcellerie à part entière. Michelet a mélangé les deux genres à la fois. Il prend une femme du moyen Âge, quelconque, et en fait son évolution dans ce temps incertain et sombre dans lequel vivaient les gens de l'époque. C'est plutôt bien écrit, bien ficelé, et le fait d'utiliser cette méthode d'écriture pour dénoncer la société, la religion, est bien trouvé et permet de tenir le lecteur.

• Dans une deuxième partie du livre, sont exposés certains cas avérés de procès, et attention, certains sont difficiles à lire, non pas dans la compréhension, mais dans la description dure et terrible qu'ont du supporteur ces femmes, très jeunes, pour certaines dans elle-même.

• Avec ce livre, Michelet ne fait pas seulement que de dénoncer, et élève aussi la femme, en fait une martyre que la société et la religion ont voulu détruire car celle-ci a eu l'ambition de vouloir exister, de se montrer dans cette période qui voulait seulement qu'elle fasse pâle figure...!
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