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sur 892 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le personnel de maison, au XIX ° siècle (250000 bonnes à tout faire à Paris....) , et avant, n'était pas à la fête. Beaucoup de romans nous ont présenté maintes femmes de chambre, et autres servantes, exploitées, maltraitées, sous-payées, abusées,....
O.Mirbeau par ce magnifique livre publié en 1900, nous plonge dans le milieu de la petite bourgeoisie d'alors, qui ne s'embarrassait pas de scrupules quand ils s'agissait d'utiliser cette chair humaine disponible et bon marché. L'originalité de ce livre consiste en ce qu'il s'agit d'un journal: Célestine nous raconte ce qu'elle vit dans sa dernière place, mais aussi tout ce qu'elle a vécu dans quantités de situations antérieures, toujours précaires, et toujours conditionnées aux caprices des maîtres. Parmi ceux-ci, les appétits sexuels du Monsieur ou du fils de la maison, s'ils ne sont pas les seuls, étaient monnaie courante - selon Célestine - et faisaient partie, ou presque, du marché. Madame, souvent, fermait les yeux; elle-même n'était pas sans vices: tout cela s'équilibrait.
Célestine observe tout cela, notamment l'humiliation de ses comparses, et connaît elle-même ce triste sort, et la totalité des brimades et agressions liées à la relation déséquilibrée maîtres/employés. Mais ce n'est pas une sainte: spectatrice d'un monde où tout est médiocre, étriqué, hypocrite, elle saura - en partie - s'en défendre, et rendre les coups. Cette caractéristique ambigüe du personnage constitue un des intérêts majeurs du roman, Mirbeau ne s'étant pas contenté de décrire le malheureux sort d'un oie blanche.
De plus, l'écriture est parfaite, colorée, imagée. C'est un vrai bonheur que de tourner ces pages.
Le cinéma (et, hélas aussi, les choix de photos de couverture retenus par beaucoup de maisons d'édition) n'ont voulu retenir que ce que l'on voit par le petit bout de la lorgnette, c'est-à-dire ce qui relève du sexe. Pourtant, le roman est infiniment plus riche et complexe. C'est lui qu'il faut lire, pour ses grandes qualités, et oublier les adaptations intéressées et vulgaires qui en ont été tiré.
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A travers les déboires , les aspirations et les états d'âmes de Célestine c'est un portrait au vitriol de la France de la fin du XIXème siècle qui nous est conté. Mirbeau dénonce les faux semblants, les ridicules et les préjugés d'une société bourgeoise où les riches assouvissent leurs pulsions et caprices sur les domestiques tandis que les serviteurs se font les complices des perversions des maîtres. C'est un brin outrancier, mais c'est tellement réjouissant...
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Le Journal d'une femme de chambre est beaucoup plus un ouvrage érotique qu'un texte par exemple social sur la condition de domestique entre les XIXe et XXe siècle – je doute que les critiques l'aient beaucoup remarqué rien qu'à constater le succès qu'il obtint à sa parution, presque toute renommée depuis cent cinquante ans ne devant sa fortune ou qu'à la racole ou qu'au malentendu –, même s'il inclut une portée pédagogique sur les usages des employés de maison – c'est selon moi surtout un prétexte à popularité qui réussit bien –, en ce que l'essentiel du texte, fondé sur la psychologie singulière et même assez distante de la narratrice ne se liant guère à ses semblables, se focalise sur le thème central et fédérateur de l'intimité et des rapports sexuels, d'une sensualité omniprésente et grisante, et plutôt à la manière, ai-je trouvé, des récits de la fin du XVIIIe siècle, c'est-à-dire comportant une relative finesse évocatoire de masques et de marivaudages, de préciosités mondaines mêlées de scandales sous-jacents et recelés, plutôt qu'un réalisme plus grossier et prosaïque de l'époque de Zola et de ses dévoilements un peu plus « triviaux » – on attendrait en vain, autant le dire d'abord, des scènes « explicites », et j'ai déjà exprimé par ailleurs comme je trouve dommage et hypocrite la tendance des écrivains à se saisir d'un sujet sans l'ambition d'en développer totalement la teneur. Pour sentir la contention élégante contredite de suggestions fauves, lire par exemple la description suivante, celle d'un livre d'images lubriques trouvé dans un salon et laissé au regard des serviteurs par la maîtresse, peut-être justement à dessein qu'on les consulte : « Rien que d'y penser, j'en ai chaud… Des femmes avec des femmes, des hommes avec des hommes… sexes mêlés, confondus dans des embrassements fous, dans des ruts exaspérés… Des nudités dressées, arquées, bandées, vautrées, en tas, en grappes, en processions de croupes soudées l'une à l'autre par des étreintes compliquées et d'impossibles caresses… Des bouches en ventouse comme des tentacules de pieuvre, vidant les seins, épuisant les ventres, tout un paysage de cuisses et de jambes, nouées, tordues comme des branches d'arbres dans la jungle !... » (page 76) Devine-t-on avec quel étalage plaisant et magistral, pourtant superflu, Mirbeau déploie ses affolantes évocations ? On trouverait que l'intrigue entière n'est qu'un prétexte à induire des tentations et à traduire des échauffements, parce que parmi les nombreuses places que la narratrice a occupées, il n'en est aucune qui fut dénuée de suggestions de cet ordre, et très peu qui ne se placèrent pas d'emblée sous le signe du désir : la narratrice est d'ailleurs – Célestine – indiscrète, railleuse, impudique, impertinente, ludique, libertine, pleine d'aiguillons et d'une sensualité généreuse et d'épiderme, qui aime les odeurs d'étoffes coquettes où elle se plonge et la nudité des maîtresses qu'elle déshabille, autant de concessions littéraires faites au siècle d'une éducation plus généralisée, – j'entends qu'enfin la soubrettes n'est plus la jeune sotte religieuse et prude utilisée contre sa volonté et son « âme », et qui permet de voir les « dessous » des maisons riches avec un regard instruit, reculé et dur, éloigné de la morale naïve qui « conviendrait » pour une subalterne dans le but de dépeindre avec respect et fidélité les sociétés bourgeoises ou aristocrates dont elle est au service. Il y a un évident voyeurisme en ce journal dont le principe est, en rendant la parole à ces « souris » indiscrètes et qu'on ignore, de dévoiler les moeurs des maisonnées et d'offrir une vision directe sous le déguisement de leurs corrections de façade, révélant avec plus ou moins d'affection ou de blâme, comme des rumeurs vérifiées, leurs privautés et leurs vices, infidélités surtout et puis duretés et avarices, tout ce qui relève du couple et que les « salons » et les « tables » – publics – ne décèlent pas et dissimulent – on trouve le ressort à l'origine par exemple des Liaisons dangereuses. Mais l'honorable lecteur prétextera que ce qui l'intéresse le plus, c'est l'étude du rapport spécifique que les femmes de chambres entretiennent avec leurs maîtres, leurs collègues et les différents interlocuteurs chargés de les placer ou de les accueillir le temps du placement…
le récit principal suit, par intervalles de plusieurs jours, la découverte d'une maison où Célestine doit s'adapter aux règles compliquées et paradoxales, souvent absurdes et mauvaises, de ses maîtres, mais cette narration est régulièrement interrompue de récits enchâssés, au gré des à-propos évoqués par la situation, sur les emplois antérieurs de Célestine, nombreux et peut-être invraisemblables, anecdotes éloquentes où s'exacerbe sa langue pointilleuse et redoutable, ses observations satiriques, ainsi que ses émois irrépressibles de femme belle et séduisable. Ces analepses servent évidemment, de façon sans doute trop artificiellement méthodique, à détailler la variété des circonstances auxquelles sa profession confronte une femme de chambre, et elles constituent un répertoire probablement didactique à l'excès, en dépit de leur « portrait en actes » – je veux dire que l'auteur ne se contente jamais de décrire « en théorie » les contingences d'un métier et qu'il les met toujours en scène avec verve et vitalité –, pour dénoncer les injustices récurrentes infligées à une condition le plus généralement méprisée de demi-esclaves possédés et résignés à leur sort, sans échappatoire : là se retrouve la tonalité rousseauiste d'une « Lettre au Comte de Lastic » par exemple, à travers les rapports successifs sur : l'exploitation dont sont coupables les bureaux même de placement, la forme des entretiens d'embauche si intrusifs et humiliants, les défenses explicites faites aux femmes de chambre de concevoir des enfants, les dédains outrés des employeurs pour les rares évolutions du droit et des moeurs des domestiques, les abus poussés contre la pauvreté même qui ne réclame jamais et subit tout, ainsi que les faiblesses de ce petit peuple parallèle de commis méritant plus ou moins le sort où son manque de probité la condamne ; en somme les ignominies banales de tout un peuple diversifié qui, de longue date et quelle que soit sa classe, est toujours sûr de sa légitimité et a bonne conscience – anecdotes achevées les plus souvent en articles de morale socialiste, ironiquement incisifs, et dirigés contre les riches.
Mais il faut souligner que ces analepses sont utiles et même nécessaires à compenser le manque de péripéties du récit principal, et même le défaut d'intrigue, où presque rien n'arrive, ce qui n'est pas illogique mais quand même impatientant. Mirbeau ne semble pas avoir planifié un canevas de progression et d'élucidation au sein du tissu principal, de sorte que quand des événements rares arrivent, ils n'obtiennent pas leur explication, et que le dénouement est un ratage de petit-confort auquel aboutit Célestine et qui correspond plutôt à une déchéance de sa mentalité leste qu'à un aboutissement de sa sensualité et de son esprit subtil et acéré. Quand elle a fini de nous instruire commence précisément l'instant où elle a cessé de constituer pour le lecteur une enseignante acceptable, elle s'est rangée à l'incohérence bizarre d'une situation de bourgeoise contentée à des infimités, réduite à une utilisation, à un emploi. La médiocrité du dénouement contrebalance, je trouve, la finesse aérienne, piquante et désirable, de toutes les émoustillantes audaces d'une tonalité d'excitation continuelle – même si, à l'heure où je termine Mort à crédit écrit seulement trente ans plus tard, je mesure comme il eût été peut-être permis d'aller plus loin dans la peinture de la réalité des plaisirs.
C'est pourtant, à mon avis, par sa psychologie de la sensualité féminine que se distingue le plus l'admirable pénétration de Mirbeau dans ce récit : Célestine est une femme avant d'être une profession, elle a les duretés et les tendresses de son sexe magnifié sans exagération et sans complaisance, une sorte de perversité spontanée autant qu'une espèce de maternité pitoyable, et ses élans sincères de tentation et d'amour s'opposent à ses jeux de calcul et de domination, à ses séductions et à ses retraits manipulateurs, en quoi elle présente, au sein d'un esprit encore logique, une variété de sensations et de sentiments qui font d'elle – j'ose m'aventurer un peu – une des premières femmes complètes de la littérature dénuées des ces préconceptions d'auteur qui les y rendent factices et d'une désespérante fixité, enfin une femme vraie et mouvante plutôt qu'un type déterminé, tant intellectuelle qu'impulsive, bouillonnante que glacée, une femme des effets et de l'humeur. Par exemple, est-ce qu'on vit souvent auparavant, dans le roman, des vérités profondes de la femme exposées si justement comme celles-ci : « Lorsqu'un homme me tient, aussitôt la peau me brûle et la tête me tourne… me tourne… Je deviens ivre… je deviens folle… je deviens sauvage… Je n'ai plus d'autre volonté que celle de mon désir… Je ne vois plus que lui… je ne pense plus qu'à lui… et je me laisse mener par lui, docile et terrible !... jusqu'au crime !... (page 96) ? Ou, sur un sujet similaire : « Moi, quand je suis encore sous le frisson du bonheur, j'aime à retenir dans mes bras longtemps, longtemps, le petit homme qui ma l'a donné… Après les secousses de la volupté, j'ai besoin – un besoin immense, impérieux – de cette détente chaste, de cette pure étreinte, de ce baiser qui n'est plus la morsure sauvage de la chair, mais la caresse idéale de l'âme… j'ai besoin de monter de l'enfer de l'amour, de la frénésie du spasme, dans le paradis de l'extase… » (page 169) Ou encore, plus subtil et moins avouable, sis au fond même de la conscience féminine disons « historique » (en dépit des cris de scandale que pousseront quelques représentantes contemporaines d'une féminité reconstruite et ainsi désincarnée), l'appel en elle de la protectrice violence : « Mais il y a autre chose, il y a tout ce que je découvre en Joseph de nouveau et de profond… et qui me bouleverse. Ce n'est pas l'harmonie des traits, ni la pureté des lignes qui crée, pour une femme, la beauté d'un homme. C'est quelque chose de moins apparent, de moins défini… une sorte d'affinité et, si j'osais… une sorte d'atmosphère sexuelle, âcre, terrible ou grisante, dont certaines femmes subissent, même malgré elles, la forte hantise… Eh bien, Joseph dégage autour de lui cette atmosphère-là… L'autre jour, je l'ai admiré qui soulevait une barrique de vin… Il jouait avec elle ainsi qu'un enfant avec sa balle de caoutchouc. Sa force exceptionnelle, son adresse souple, le levier formidable de ses reins, l'athlétique poussée de ses épaules, tout cela m'a rendue rêveuse. L'étrange et maladive curiosité, faite de peur autant que d'attirance, qu'excite en moi l'énigme de ces louches allures, de cette bouche close, de ce regard impressionnant, se double encore de cette puissance musculaire, de cette carrure de taureau. » (page 118) Cette réussite de la volupté intérieure est un triomphe d'écrivain, particulièrement d'un écrivain mâle parvenu à s'immiscer dans des pensées de femme – c'est ce qu'après ces extraits la lectrice confirmera ou infirmera à sa guise –, parce qu'en échappant aux précédentes pudeurs « de lettres » teintes d'incompréhensions surtout misogynes, Mirbeau atteint l'essence de la féminité au lieu de l'établir uniquement comme un rapport à l'homme ou à la société – Mme Bovary par exemple est un rapport indirect, ses impressions sont toujours des transpositions caractérisées d'appris et de convenus –, en sorte que le titre même de l'ouvrage – le Journal d'une femme de chambre – est presque une tromperie ou une erreur, car ce n'est point surtout le journal d'une femme-de-chambre, mais bien davantage le journal-de-chambre d'une femme : nuance primordiale qui fait de ce récit narrativement un peu mal élaboré, je crois, un des premiers spectacles littéraires d'un être à la fois de réflexions et d'envies qui ne soit pas à destiné à se conformer surtout à un concept de femme, c'est-à-dire que la femme y est en balance constante, en lutte perpétuelle et indécidable, entre méditations et instincts – cette femme est un humain. C'est assurément, si j'y songe, ce qui confère à ce récit son caractère de profonde sensualité, d'humanité et de vitalité, de moiteur organique et vibrante, cette disposition à ne pas s'en tenir à un carnet d'édification propret avec sa thèse décontextualisée à redémontrer : où je tiens qu'une oeuvre qui sait parler complètement de la femme vraie, qui ne nie pas une partie de son sujet, qui la représente toute, quel que soit l'art de son intrigue, transmet nécessairement le désir – de l'aimer.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Je me suis décidé à lire ce roman d'Octave Mirbeau, sans doute le plus connu. Mirbeau est un de mes modèles pour sa qualité d'écriture. Je retrouve son vocabulaire étendu, notamment avec le mot "entrevision", évocateur sans dictionnaire, mot qui mériterait d'être plus souvent utilisé. Comme je suis un garçon discipliné, besogneux, strict comme une église gothique, je note tous les mots improbables, même les expressions du 19ème siècle, dans un cahier de vocabulaire qu'ensuite j'apprends pas coeur afin de ne jamais les chercher deux fois. Avec Mirbeau j'apprends toujours autre chose.

Le livre souffre un peu, à mon avis, de ses règlements de compte avec une bande d'écrivains antidreyfusards : Paul Bourget, Jules Lemaître. Il voue une haine particulière à Paul Bourget. Bien sûr, à notre époque, ça parait dépassé, et il noie un peu son propos. Ça révèle aussi, à tous ceux qui veulent écrire, qu'il est inutile d'entrer dans des conflits chimériques, desquels il ne reste rien cent ans plus tard. Je ne sais pas si la France était aussi antisémite à cette époque, mais ça fait peur.

Sur le fond, sa vision des domestiques a quelque chose d'assez juste, si je l'ai bien comprise. Selon lui, ce métier de la servitude, fait germer même chez des gens qui ont de bonnes orientations de caractère, comme Célestine, une veulerie à peu près égale à la manière dont ils sont maltraités. Ce qui au final, pervertit toute l'espèce humaine. Je peux vous confirmer qu'ayant travaillé comme cuisinier, j'ai subi effectivement, les insultes, le mépris, dans un simple restaurant, avec des gens ayant des exigences de Sultan avec ceux qu'ils achètent. Je n'ose imaginer avoir été domestique. Malheureusement c'est une question presque de Sciences politiques, qui ne risque pas d'être résolue demain. Pour le moment, l'achat d'un autre être humain pour se faire servir, reste dans les moeurs. Conclusion: très bon roman, comme d'habitude avec Mirbeau. J'ai senti l'homme : militant, impliqué, révolté, et cet homme me touche.
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Ce journal est un bijou de description d'un monde aujourd'hui oublié et amoindri, celui de la bourgeoisie, suffisante, fière et pleine de défauts cachés, de non-dit et de sercets inavouables. le récit est plaisant à lire, il y a de l'humour mais on en vient à se demander qui est le plus à plaindre dans cet univers d'hypocrisie et de faux-semblant.
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Le roman se déroule à Paris dans les années 1930 et Célestine, la narratrice et personnage principal du roman est une femme de chambre et nous fait découvrir les dessous de la bourgeoisie française au début du XX ème siècle. Engagé au sein d'une famille de notables résidant au Prieuré.
Autant dire que la nouvelle vie de Célestine ne sera pas de tout repos puisqu'elle devra à la fois faire face à la répugnance de sa maîtresse envers le «bas-peuple» et notamment son personnel de maison et aux avances un peu trop poussées du maître des lieux. S'ajoute à cela son obligation de côtoyer chaque jour Joseph, le palefrenier de la maison qui est non seulement raciste, rustre et qui a des tendances sadiques. Suite au viol et à l'assassinat d'une petite fille pour laquelle Célestine s'était prise d'affection, Célestine accepte à contrecoeur d'épouser Joseph non seulement pour tranquilliser sa maîtresse qui n'est pas aveugle aux avances de son mari envers elle mais aussi parce qu'elle est persuadée que Joseph est le meurtrier de la fillette et pense naïvement qu'en devenant son épouse, elle obtiendra plus facilement les aveux de ce dernier.
Magnifique roman où l'héroïne qui n'est autre qu'une soubrette se révèle en réalité plus intelligente qu'elle n'y paraît et nous montre, au travers de ses observations toute l'hypocrisie de la «Haute Société». Mirbeau nous livre ici un véritable petit chef-d'oeuvre. L'écriture est simple et agréable à lire. Ce livre est bien plus qu'un simple roman puisqu'il nous en dit long sur les habitudes de vie de la bourgeoisie parisienne au début du siècle dernier. À lire !
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Ce journal intime de Célestine, c'est à la fois "la lutte des classes" et "la guerre des sexes".
L'auteur, Octave Mirbeau, décrit, dans un style qu'on ne trouve plus que rarement dans la littérature moderne, les relations "valets maîtres" et "hommes femmes".
Comme souvent, raconter des horreurs, cela donne un récit très distrayant où l'on ne s'ennuie jamais.
Un petit reproche néanmoins à ce roman: il n'y a pas vraiment d'histoire, ce ne sont qu'une suite d'anecdotes, de péripéties et de confidences...
... mais Célestine les raconte si bien !
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[Livre audio lu par Victoria]
Je suis terriblement troublée par ce roman que je termine à l'instant. Tout à la fois, je serais incapable de trancher si je l'ai aimé ou détesté, et je me rends compte que je vais devoir le digérer pour vraiment en tirer toute la saveur.

Néanmoins, je peux déjà affirmer que c'est un roman remarquablement bien écrit et assez passionnant et bouleversant. Mais surtout, ce texte est éclairant sur les moeurs de l'époque et je dois dire que c'est probablement ce qui m'a choquée le plus. On n'imagine pas qu'il y a seulement un siècle, la vision de l'amour, du travail, de la richesse, de la servilité, de la bienséance ou de la femme, fût si différente de la nôtre aujourd'hui.

Cette lecture donc a été pour moi un véritable choc, autant historique que littéraire, et probablement un genre de coup de foudre dont je me retrouve toute hébétée.

Enfin, je vous recommande vivement la version enregistrée par Victoria (dont je mets le lien de téléchargement gratuit et légal ci-dessous). Sa voix correspond si bien au personnage, ses intonnations sont si justes, si savoureuses qu'on pourrait croire que le livre fût écrit pour elle!
Un vrai régal!
Lien : http://www.litteratureaudio...
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C'est la narration de Célestine, une femme de chambre. Elle vient de trouver une nouvelle position chez une famille bourgeoise et aisée. L'histoire se déroule en France au XIXe siècle. La nouvelle patronne de Célestine est une femme difficile qui traite ses domestiques de façon condescendante. Après quelque temps, Célestine est attirée par un autre domestique de la même famille, Joseph, le jardiner cocher. C'est un homme fort et antisémite et peu fiable mais manifestement assez séduisant pour attirer l'attention de Célestine. Comme déjà suggère par le titre du livre, l'histoire est présentée comme un journal intime dans lequel Célestine rapporte les événements quotidiens et ses sentiments personnels.

Célestine est une femme assez gentille, bien qu'elle ait un caractère calculateur. Elle est toujours vigilante et prête de tenter ses chances. C'est pour cette raison que, à la fin de l'histoire, elle prendra un grand risque et quittera la famille pour vivre avec Joseph, quelque part ailleurs.

C'est une lecture agréable. Les personnages et l'ambiance campagnarde étouffante du XIXe siècle sont décrits vraisemblablement. Célestine est une femme de chambre assez sympathique malgré ses défauts de caractère et ses lamentations régulières. Je comprends pourquoi elle voudrait quitter son emploi, car sa patronne est vraiment insupportable, mais je ne comprends pas du tout pourquoi elle a décidé de suivre son Joseph. C'est un type douteux. C'est évidemment que les femmes de chambre de cette époque n'avaient pas beaucoup d'options d'échapper à leur sort. Célestine a choisi de vivre avec un homme fort et louche, c'est peut-être mieux pour elle que rester en travaillant pour une patronne infernale. Je crains qu'elle ne regrette cette décision plus tard…

Alors, on pourrait conclure c'est un bon livre car, après l'avoir terminé, il m'a fait réfléchir un peu plus sur le sort des pauvres gens de XIXe siècle…
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Pourquoi ajouter une critique du Journal d'une Femme de chambre alors que ce roman de la fin du XIXe siècle a déjà reçu 133 critiques, pour la plupart élogieuses, ici, chez Babelio ?
Pour rappeler que ce roman d'Octave Mirbeau est toujours d'actualité.
Ce roman, en forme de journal intime d'une femme de chambre d'origine bretonne, me semble être une sorte de "queue de la comète" de la littérature à la fois érotique et de critique sociale de la fin du XVIIIe siècle. Célestine (la femme de chambre du titre et la narratrice), intelligente, distante, observatrice, manipulatrice à sa manière, m'apparait comme une sorte de Merteuil (Mme de Merteuil des "Liaisons dangereuses"). Mais une Merteuil ne pouvant laisser épanouir tous ses talents du fait de son humble naissance.
Mirbeau fait de son héroïne une Parisienne d'un certain âge (la trentaine) et cela a son importance. Elle est, en quelque sorte, plus déliée physiquement et socialement, plus au fait des moeurs et des débauches, plus cérébrale aussi car elle n'est pas (n'est plus) une petite provinciale empotée qui ne connaît que son patelin.
Célestine critique les domestiques qui sont ses pairs, mais fustige encore plus les bourgeois mesquins, pingres et pleins de vices qu'elle sert.
C'est la voix de Mirbeau que nous entendons à travers elle. Et cette voix "porte" encore à notre époque pleine de bourgeois et de bourgeoises si sûrs de leur "bon droit" (par ex Macron et "Brigitte", claquant des sommes folles à l'Elysée, méprisant les Gilets Jaunes), si pleins de pensées politiquement correctes, mais si mesquins avec le prolétariat.
Le film "Journal d'une femme de chambre" que le grand Luis Buñuel a réalisé à partir de ce roman dans les années 1960 est une belle "mise en images". Jeanne Moreau -qui interprète le rôle de Célestine- pas souriante, cassante avec maîtres et domestiques, distante avec tous, est une représentation très, très réussie de cette Merteuil ancillaire.
Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
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