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3,94

sur 892 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Afin de prévenir les éventuelles critiques de ceux qui auraient jugé ce journal censément écrit par une femme de chambre peu crédible d'un point de vue stylistique, Octave Mirbeau a mis en place une parade efficace : il prétend, en préambule à son roman, que son auteure elle-même l'a prié d'y apporter corrections et modifications.
Il déplore ce faisant la perte d'une partie de la spontanéité, du charme et du mordant de la soi-disant version originale !

N'ayez crainte : "Le journal d'une femme de chambre" n'en reste pas moins un récit fort réjouissant, dont l'humour caustique et la plume acérée permettent au lecteur de passer un merveilleux moment.

Lorsqu'elle débute ce journal, Célestine vient d'être engagée dans un petit château normand, dont la renommée locale n'occulte ni sa décrépitude, ni la réputation désastreuse des maîtres des lieux, les Lanlaire, héritiers d'une fortune dont l'origine est sujette à suspicion...
Monsieur est de plus connu pour avoir engrossé une bonne proportion de la jeune population féminine du village, dont les habitants, avisés de l'abstinence que lui impose Madame, sont malgré tout enclins à l'indulgence.

Cette lecture m'a véritablement enchanté !
J'ai particulièrement apprécié le personnage de Célestine, qui sait jouer d'une fausse ingénuité pour souligner les travers de ses maîtres, fait preuve d'une grande clairvoyance quant à la nature des individus, et sait aussi se faire manipulatrice, jouant de ce que les autres attendent d'elle pour parvenir à ses fins.
Sa perspicacité, alliée à l'expérience acquise au sein de maisons très différentes les unes des autres, lui permettent, pour notre plus grand bonheur, de brosser de ses employeurs successifs des portraits drôles, acides, et très imagés.
Il faut dire que la "bonne société" auprès de laquelle sert Célestine se prête à l'absence de concession de son regard, et à la perfidie de ses réflexions...
En contact direct avec l'intimité de ses bourgeoises de patronnes, elle est un témoin privilégié de leurs petites manies, leur hypocrisie, leur perversion, leur avarice...

L'écriture est un régal, les scènes dépeintes souvent très cocasses...
En bref, ce "Journal d'une femme de chambre" est un roman à (re)découvrir !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Je ne savais pas grand-chose de ce bouquin puisque je n'ai vu aucune des adaptations (maintenant j'ai hâte de voir le film de Jacquot avec Léa Seydoux, mais aussi la version plus ancienne avec Jeanne Moreau) et je ressors assez impressionnée et marquée par cette lecture…

L'auteur donne la parole à une domestique, Célestine, qui rédige son journal dans les dernières années du XIXe. Elle se retrouve chez M. et Mme Lanlaire, en province, Madame autoritaire et pingre, Monsieur soumis à Madame et couchant en cachette avec la cuisinière. Son journal est l'occasion de revenir sur sa vie de domestique, ses rares aspects agréables et surtout ses misères : les humiliations, les relations sexuelles avec les maîtres, la relation très ambivalente, faite de séduction et de mépris entre sa maîtresse et elle, les bureaux de placement ou les couvents qui les exploitent. A travers Célestine et son franc-parler, Mirbeau révèle les dessous peu ragoûtants de la bourgeoisie, son hypocrisie, sa méchanceté, et ce de manière crue et cynique, sans ménager non plus les domestiques eux mêmes. Il pose un regard extrêmement pessimiste sur l'humanité dont il montre la noirceur jusqu'à la nausée et dissèque de manière très juste les rapports souvent ambigus de classe entre les maîtres et les domestiques. C'est aussi une satire du nationalisme et de l'antisémitisme qui sévissaient à cette époque.
Lien : https://dautresviesquelamien..
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Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, sans doute quelque chose d'un peu difficile à lire et à aborder. Et finalement, il n'en fut rien. Nous avons donc là le journal de Célestine, lors de sa dernière place en tant que femme de chambre. Elle décrit bien évidemment son quotidien, ses maîtres, le voisinage et de temps en temps, se plonge dans son passé. Son enfance, d'autres maisons, d'autres maîtres, d'autres caprices.

Si certains passages sont moins légers, la plupart du temps, la lecture s'avère divertissante. Mais, plus que d'amuser le lecteur, l'auteur y dresse aussi un portrait au vitriol de la bourgeoisie et de la société de l'époque. C'est ça aussi que j'y ai apprécié, ce plongeon dans une autre époque, d'autres moeurs.

Bref, une lecture que je vous conseille.
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On dit de Molière que ses pièces, et la multiplicité de ses personnages, lui ont servi à étudier les moeurs et les caractères de son temps. Dans ce roman, nous ne sommes pas si loin de ce procédé, si ce n'est le fait que Mirbeau n'a pas utilisé le biais de la comédie mais celui des confidences. Une autre façon de faire, qui a son charme. le ton et le vocabulaire, bien souvent fleuris, sont ceux d'une jeune fille de modeste condition, mais qui a probablement eu le temps de parfaire son éducation. Une jeune fille qui prend le temps de tisser un lien de complicité avec son lecteur. Une jeune fille qui annonce la couleur dès le premier paragraphe, on est loin d'un style pontifiant d'un Flaubert.

Célestine est un sacré personnage. Loin d'être la première bécasse venue, son regard aigu, inquisiteur, ne laisse rien passer, sa tête archive la moindre bribe d'information et sa langue est assez acérée, et sans filtre, pour procéder, à chaque fois, à un abattage en règle de ses maîtres, et de ses maîtresses, surtout. Car Célestine n'a pas froid aux yeux, débrouillarde comme elle l'est depuis son jeune âge. Cette diablesse de Célestine qui, enchaînant les anecdotes, prend plaisir à évoquer tous les petits - comme les gros - travers de ses employeurs, qu'elle ne manque pas de tourner en dérision. Pour le plus grand plaisir de son lecteur, sans aucun doute. Avarice, luxure, Orgueil, Colère, Envie, Paresse, Gourmandise, les sept péchés capitaux y passent, dans cette société pourtant toujours prompt à ériger leur Dieu en témoin de leur bonne foi et de leur droiture. On apprécie, on sourit, on rirait presque si ça ne cachait pas une vérité crue et glauque : le viols successifs, et presque rentré dans la norme, des servantes, la maltraitance de leur personnel de service, guère mieux considéré que leur pot de chambre

Mais le monde de la domesticité n'est guère plus brillant, Si ce n'est, peut-être, qu'ils savent peut-être mieux profiter du peu de luxe qu'on leur accorde. Célestine n'est pas une sainte, et le portrait au vitriol qu'elle dresse de ces bourgeois, ils pourraient tout autant en faire de même pour elle et le reste des domestiques. Mais le propos est ici d'égratigner la belle image qu'ils veulent bien donner d'eux, et on redemande. Alors, quand bien même la déliquescence les touche autant les uns que les autres, que Célestine ne soit pas plus vertueuse que ses maîtres qu'elle pointe volontiers du doigt, il n'en reste pas moins que le plus insupportable, et ainsi injuste, reste ce sentiment de domination qui régisse leur relation. Alors même que l'instrument de cette domination n'est pas celui des valeurs mais de l'argent, souvent acquis de façon tout aussi injustement de façon malhonnête, dont ils ne savent même pas profiter.

Célestine, ce doux prénom, que l'on penserait à tort être celui d'une jeune ingénue, est en réalité est tout sauf cela. Mais on se prend à l'apprécier, avec tous ses défauts, avec son caractère, son insolence, avec toute sa coquetterie, sa fierté parfois mal placée, cependant avec toute sa clairvoyance, aussi abrupte soit-elle. Célestine peut devenir aussi mauvaise que les gens qu'elle décrit et, de facto, on devient juge de Célestine comme elle l'est de ses contemporains. Insolente, provocatrice, aguicheuse, peste, voleuse, vulgaire, si on ne peut pas dire que Célestine soit un modèle de vertu et de sagesse, son regard a, au moins le mérite de la franchise, et la justesse, tant sur elle-même que sur ceux qu'elle sert avec acrimonie. C'est un regard précieux que le sien, une étude des moeurs et caractères de ceux qui entendent se poser en modèles d'intégrité et de moral. Ne nous étonnons pas du tour que prend ce roman, qui s'érige conte les valeurs de l'époque, quand on sait que Mirbeau était un anarchiste convaincu. Et quand bien même Célestine est loin d'être la jeune femme respectueuse et honnête dont elle se donne l'air, elle est tout de même plus vivante et pétillante que les maîtres qu'elle sert servilement, aussi ternes et tristes que les meubles entre lesquels ils se meuvent ou même certains de ses congénères, pauvre ères accablées par la rudesse et l'austérité de leur vie, qu'elle a parfois l'occasion de rencontrer. Au-delà de tout, c'est surtout la découverte d'une jeune femme, du monde laid qui l'entoure, d'un côté comme de l'autre. Une jeune fille désenchantée, désabusée, et qui en est devenue blasée à force d'avoir vu l'envers des choses, la laideur et la crasse qui se cachent sous une épaisse couche de poudre et de parfum. Une jeune fille malgré tout intelligente, fine et observatrice, qui n'est pas l'idiote sourde et muette telle l'image qu'elle s'échine à donner d'elle-même

C'est un texte piquant, où les attaques n'ont de cesse de fuser dans tous les sens, où la moquerie est poussée à un point tel que les personnages deviennent de véritables caricatures, y compris la principale intéressée qu'est notre jeune femme de chambre. Mirbeau a le don de savoir utiliser à bon escient la raillerie et l'humour pour capter et garder l'attention de son lecteur. Et cette manière d'explorer et exploiter chaque petite manie des maîtres et maîtresses successifs de Célestine est plaisante et divertissante. Tout le monde en prend pour son grade, évidemment, "cette tristesse et ce comique d'être un homme", comme le dit l'auteur dans son courrier, qui tient lieu de préambule, n'a jamais été mieux illustrée que par son oeuvre. . Ce roman a plus d'un siècle mais d'une intemporalité remarquable. Et rien que le nombre d'adaptations dont il a été et dont il est encore l'objet, je crois que Mirbeau a su toucher, avec talent, le coeur, en même temps que le pire, de l'homme en privé comme en société. Je laisserai le dernier mot à Michel Piccoli, qui n'a certes pas exercé le même Art que Mirbeau, mais qui a su si bien exprimer leur finalité à tout deux "Nous sommes des loueurs de miroirs que nous offrons au public afin que ce dernier se contemple".
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Confidences
- Misères
- Réalisme sociale
- Société bourgeoise
- Hypocrisie
- Corruption
- Audaces
- Argenteries
- Mesquinerie
- Antisémitisme
- Chef d'oeuvre
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Je ne connaissais cette histoire que par la bande annonce du film sorti il y a peu, et en trouvant ce livre j'ai eu envie de découvrir de quoi il s'agissait. Et bien j'ai été très surprise! Je ne sais pas pourquoi, je m'attendais à un roman difficile à lire, un peu passé, et bien pas du tout! J'ai été happée par le rythme du journal de Célestine, surtout par le fait qu'elle alterne souvenirs et récit de sa journée. La façon dont l'auteur écrit nous met vraiment dans la tête d'une femme de chambre du début du XXe siècle, entre expressions particulièrement savoureuses et cynisme particulièrement présent.
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u lycéenne. J'avais bien apprécié ce roman.
Un portrait acéré de la bourgeoise du début du XXème siècle, à travers les différents employeurs d'une bonne, tantôt maltraitants ou tantôt bienveillants à l'égard de leur personnel de maison, réduit parfois au stricte minimum. Une femme qui se débat pour préserver son emploi et sa dignité, mais pas à tout prix... (dès la 2nde)
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J'avais ce livre depuis un bout de temps mais je n'arrivais pas à me lancer car je trouvais que la police de l'édition Folio était trop petite.
Du coup quand j'ai vu disponible en audio j'ai craqué.
Et je n'ai pas du tout regretté car la lectrice était vraiment top.
Elle arrivait a donner un ton très juste à Célestine. Entre indignation, résignation, révolte... vraiment une lecture d'une grande qualité qui a rendu l'écoute très agréable.


Avec le personnage fictif de Célestine l'auteur nous fait découvrir la vie des ces femmes de chambre.
Evidemment je savais que la condition de ces femmes était très dure mais il y a certains détails auxquels je n'avais pas pensé. Comme par exemple que ce n'était pas seulement les riches qui avait recours à ces femmes mais aussi des gens aux moyens moins importants et les conditions dans ces maisons étaient vraiment différentes.
Trouver un "bonne place" dans une "bonne maison" était vraiment rare. Beaucoup de femmes venaient des campagnes à Paris ce qui bien sûr permettait leur exploitation avec de très bas salaires et aucune considération car si elles partaient il y a en avait 20 comme elles qui attendaient.
Le côté historique est donc très instructif et j'ai également adoré la plume de l'auteur. le vocabulaire de Célestine est à la fois soutenu et populaire. le mélange des deux est vraiment très savoureux parfois.
Je me suis beaucoup attachée à Célestine et si desfois j'ai eu du mal à comprendre ses choix j'ai été très émue par certaines parties de sa vie et de celles des femmes qui croisent son chemin.

Je n'ai pas mis une note plus élevée car j'ai trouvé que certains passages étaient très longs.
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En soit, c'est très bien écrit, pas de problème la dessus. On rentre dans la vie de Célestine via son journal intime. Bien sur, ça n'a rien d'un journal intime, c'est trop bien écrit, , il y a beaucoup de dialogues, on y croit pas une seconde à l'histoire de journal intime que veut nous conter Mirbeau. Mais ça ne m'a pas dérangé.
https://bookyboop.wordpress.com/2015/04/22/le-journal-dune-femme-de-chambre/
Lien : https://bookyboop.wordpress...
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Accrochez vos ceintures, ce livre démarre en trombe!
Nous suivons Célestine, femme de chambre tantôt insolente, tantôt touchante et un brin perverse, qui raconte les aventures vécues dans les maisons qui l'ont employée. C'est drôle, c'est féroce, c'est sans pitié... en bref, c'est jouissif.

Mirbeau décrit avec humour et de façon cinglante la société de la fin du 19ème siècle sous toutes ses coutures et sous tous ses angles honteux. Antisémitisme, sexisme, fausse bigoterie, perversion, avidité, exploitation humaine, tout y passe!

Au début, le ton du roman est tellement moderne et rythmé, qu'on imaginerait sans peine la vie de Célestine racontée via une chaîne Youtube, ou par une série américaine façon Sex and the City. Cette espèce d'anachronisme involontaire de l'auteur dans son style est vraiment détonnant.

Dommage que l'auteur ne parvienne pas à garder cette énergie durant tout son ouvrage, qui s'essouffle assez rapidement. La forme se tasse un peu mais le contenu reste le même et reste extrêmement intéressant par l'étude qui est faite des moeurs de l'époque. L'écriture est facile et légère, en sorte qu'on ne se lasse pas de la lire.

Une belle découverte.

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