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3,61

sur 502 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Très court roman d'impressions, de nostalgie, de non-dits & d'allers et retours ; de la mémoire et de l'oubli. Avec peu de mots il évoque beaucoup

Les personnages principaux, sauf Pierre: l'enfant, ne sont pas nommés, d'autres ont des noms souvent de consonnances étrangères . On est dans l'après guerre, les années 5O dans ce Paris qui navigue entre plusieurs mondes surtout dans le quartier de la Place Clichy...........

Ayant vécu à cette époque, j'allais à l'école très près de ce studio de danse, ( même mon arrêt de bus était à quelques mètres!!)
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Le dernier Modiano est arrivé!
Un court roman (ou une longue nouvelle si vous préférez), à peine 100 pages.

Avec pour le modianophile que je suis, le petit pincement au coeur et la question récurrente: vais-je aimer celui-là?
En guise de réponse, je vous citerais ces deux vers de Baudelaire:
« Charme profond, magique,dont nous grise
Dans le présent le passé restauré »

Oui, c'est extraordinaire, la magie modianesque.
Ce n'est pas la nostalgie du passé, c'est réellement la jubilation, l'extase, du « temps retrouvé », si cher à Proust, que des rencontres de hasard, des déambulations dans tant d'endroits de Paris, vont aider à revivre comme si c'était le présent.
Et que ça me parle!, et si fort, à moi qui, avec l'âge et tous les êtres disparus ou perdus de vue, les voit resurgir au détour de la visite d'un lieu, de l'écoute d'une musique, de l'atmosphère ensoleillée ou pluvieuse d'un matin.

Dans ce roman, ce sont les quelques mois du narrateur en compagnie de « la danseuse » (dont nous ne saurons ni le nom, ni même le prénom, comme si elle était une image fantôme), dont les contours vont peu à peu se préciser pour revenir à la vie présente, les acteurs de cette re-naissance étant diverses rencontres d'êtres du passé, et les visions de lieux d'un Paris qui n'est plus.
Et ceci jusqu'à une sorte d'extase finale.
Mais la danseuse, son tout jeune fils Pierre, son ami Hovine, son mystérieux propriétaire Berzine, l'horrible harceleur Barise, garderont leur part de mystère.
Il y a aussi dans le roman une dimension initiatique, car la vie de la danseuse, faite de discipline, d'abnégation, sera le déclic qui changera la vie d'un narrateur incertain et désoeuvré, le faisant en quelque sorte passer de l'adolescence à l'âge adulte.

Alors, je sais que d'aucuns diront, pour le dénigrer, que Modiano raconte toujours la même histoire sous des variantes différentes. Oui, mais, reproche-t-on à Bach ou Beethoven de créer dans leurs oeuvres de multiples variations d'un même thème? Ou encore à Monet, d'avoir peint des variantes de la cathédrale de Rouen, de meules de foin, de peupliers.
Il faut, je le conçois, être sensible à sa « musique », et c'est toute la limite d'une appréciation.
Mais, à celles et ceux qui aiment la musique de notre cher Pat, je ne peux que conseiller son dernier opus.
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Dans le petit manège de Patrick Modiano, chaque tour n'est pas exactement identique aux précédents. Bien sûr, il y a toujours Paris et le retour vers le passé ; il y a un narrateur masculin, désoeuvré, sans envergure ni réelle ambition, presque incolore, insipide, indéfini ; il y a une femme, centrale, majeure, jouant le rôle d'un repère et que l'on découvre par fragments impressionnistes ; et il y a d'autres hommes, aux secrets sombres, aux activités interlopes ; et de nombreux lieux, des rues, des cafés, des appartements qui donnent souvent une impression de précarité, par leur dépouillement ou leur désordre et par le fait que l'on ne s'y rend que de nuit, fugacement, parfois en cachette, comme si ces logements n'étaient même pas habités par les personnes qui les occupent.
Ces ingrédients de la recette modianesque se retrouvent dans ce livre ; mais l'auteur y apporte quelques touches inhabituelles. Il parle de la maternité, il ajoute un personnage d'enfant, calme et doux, au milieu des figures louches qui peuplent ses pages ; il évoque clairement le présent, indiquant même des dates, pour faire écho au passé ; et, surtout, il donne à la femme présente ici, la danseuse du titre, un rôle très différent des femmes des romans antérieurs : ce n'est plus une muse, ni un mystère inaccessible, ni un amour irraisonné, qui conduit à tout abandonner ; la danseuse est un exemple de courage et de persévérance, un modèle, dans l'observation duquel le narrateur, écrivain velléitaire, croit pouvoir puiser la force qui lui manque pour avancer. Écrire et danser sont deux activités très différentes, mais qui se rejoignent par le fait qu'elles demandent toutes deux une solide discipline.
J'ai trouvé beau et touchant ce rôle de guide involontaire ; et très pertinente cette réflexion sur le fondement de toute démarche artistique.
Quant à l'ambiance et au style, ils restent dans la droite ligne de ce que Modiano fait de mieux... et qui fait que j'adore ses romans : ses mots éclairent encore une fois avec une acuité admirable les profondeurs de la mémoire, les secrets de la ville et les contours des âmes humaines, les plus belles comme les plus sombres.
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Les mots qui me viennent à l'esprit à la lecture de « La danseuse », c'est « Souvenirs, Souvenirs ». Non ! ils n'ont rien à voir avec la chanson de Johnny Hallyday des années soixante. Non, avec Patrick Modiano, ce sont des souvenirs de rencontres, de déambulations sur les boulevards de Paris, dans des rues bien cachées, dans le métro, des rendez-vous dans les gares, dans les églises et surtout dans des cafés aux noms improbables, et naturellement pour « la danseuse » dans des cours de danse, dans des théâtres, à l'opéra. Cette danseuse on ne connaîtra pas son nom, simplement le narrateur, peut-être l'auteur, l'a connue, peut-être même a-t-il eu une relation avec elle. Il a également côtoyé son entourage, son professeur de danse, son partenaire de ballet, le propriétaire qui leur louait leurs appartements. le monde dans lequel Patrick Modiano nous entraîne c'est celui de la nostalgie, rythmé par la petite musique de son écriture qui me fait penser à des cartes postales en noir et blanc. Quatre-vingt quinze pages pour une plongée dans une époque sans violence, en dehors d'un cours chapitre qui se passe en 2022, dont on se demande ce qu'il a à voir avec le reste du texte, à part de lui permettre de dire que nous vivons maintenant dans un monde dur et incompréhensible. Patrick Modiano nous donne à lire des moments de vie, ensuite chacun y trouve le plaisir qu'il veut.
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Dans ce récit au ton nébuleux, Patrick Modiano nous transmet des bribes de souvenirs, entre rêve et réalité.

Il y a plusieurs années, il a côtoyé une danseuse et son fils. Entre les répétitions successives et la garde de son fils, Pierre, le narrateur partage les instants volés dans le quotidien d'une danseuse. Au studio Wacker, les cours sont dispensés par Boris Kniaseff un professeur Russe aussi exigeant que brillant. Il apprend à la danseuse toute la discipline de son art qui n'est pas sans rappeler celle de la littérature.

Dans la vie de cette danseuse se cache pourtant des zones d'ombres plus brumeuses, les activités clandestines d'un protecteur, un homme qui commence à la suivre, le visage fantomatique du père de l'enfant se dessine en surplomb. L'écrivain parviendra-t-il à percer le mystère de la danseuse ?

Se plonger dans une oeuvre de Patrick Modiano, c'est savoir apprécier la douceur d'un rêve cotonneux. Nappé de souvenirs, ce court récit porte un regard nostalgique sur un Paris d'antan qui ne demande qu'à éclore. J'ai apprécié ce moment hors du temps et ce style toujours aussi remarquablement unique.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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On rentre dans un roman de Modiano comme on rentre dans une église. le silence nous saisit malgré les mots. Puis nos yeux s'accoutument, et très vite on se rend compte que l'essentiel n'est pas dans ce que l'on voit- ce qu'on lit en l'occurrence.
Il y a aussi dans Modiano quelque chose qui fait penser à la photographie d'antan : un sujet clair et l'arrière plan flou, ou l'inverse. L'auteur ne cesse d'alterner entre le très précis (un nom de rue, un visage, une heure de train) et le très vague (au fait de quoi parle donc ce roman?).
"Tu n'aimes pas? Moi j'adore!"

La danseuse apporte une pierre de plus dans l'oeuvre du prix Nobel, comme sur un mur qui se construit. A première vue, la pierre ressemble aux autres. Pas de surprise. Toutes les pierres se ressemblent, mais sans elles pas de mûr…
Un beau moment de lecture, donc, même si La Danseuse n'est peut-être pas un roman d'initiation à l'oeuvre de Modiano. Juste une pierre de plus, pas moins, pas plus. C'est déjà tellement mieux que beaucoup d'autres romans contemporains.
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Une bulle de nostalgie, une petite tranche de vie avec une danseuse. Patrick Modiano livre un récit intimiste, c'est la première fois que je lis cet auteur, prix nobel de littérature, j'ai eu l'impression de flâner dans Paris et dans son histoire. Un petit côté "l'air de pas y toucher" surtout que la danseuse n'est jamais nommée. Elle reste le mystère de ce court roman de souvenirs.

Paris des années 60, un jeune homme qui se cherche et qui suit cette danseuse, un petit côté fascination de la discipline que s'impose les danseurs, un côté nounou pour son fils Pierre. Un côté subversif, avec Pola et d'autres, on sent l'être en devenir qui cherche sa discipline à lui. On sent aussi le temps qui passe et les souvenirs qui restent ou reviennent comme ce laps de temps passé dans la vie de la danseuse.
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📚 À travers les yeux d'un énigmatique narrateur, ce livre est une évocation du souvenir de la danseuse et de brefs moments de vie. L'ensemble, composé par petites touches, propose un tableau flou, évanescent, et charmant, comme une balade dans les rues d'un Paris couleur sépia. Mon premier Modiano.
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C'est une promenade dans Paris que nous propose Patrick Modiano, tantôt dans le présent, tantôt dans le passé. Nous visitons les quartiers. le narrateur a une vingtaine d'années, écrivain débutant, il accompagne parfois une mystérieuse danseuse lorsqu'elle va prendre ses cours avec le maître de ballet russe, Boris Kniaseff, s'occupe parfois du fils de cette dernière, Pierre, il nous entraîne alors dans un Paris doux, humain, précautionneux. Est-il amoureux platonique de l'artiste ? le narrateur est un vieil homme qui déambule toujours dans Paris qu'il ne reconnaît plus. Un Paris troublé par l'invasion touristique. Pourtant, à l'occasion d'une rencontre fortuite avec un homme qui a fréquenté la danseuse autrefois, il se remémore ces temps doux, cette femme et son fils. Mais que sont-ils devenus ?
On reconnaît rapidement l'écriture de Modiano par ses jeux de doutes, d'hésitations. C'est bien sûr ce qui fait son charme. C'est aussi sa manière de captiver son lecteur, de le retenir pour à un moment connaître la vérité… Mais ce flou littéraire et artistique nous enferme dans une bulle qui passe d'aujourd'hui à hier comme du passé au présent pour finalement être hors du temps, une parenthèse en souvenirs nostalgiques.
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— Entrechats et loup —

Le narrateur. Depuis quelques jours lui reviennent des bribes d'une période lointaine comme la glace qui fond. Puis une rencontre surgit du passé. Ou bien est-ce un mauvais rêve, un fantôme ?
Un numéro de portable situe dans le temps la remémoration et à la fois nous y perd (06 à 11 chiffres – et un numéro de fixe à préfixe, comme autrefois, avant, pendant, après-guerre…). D'un côté, pour partie, on est aujourd'hui, à peu près ; 2023 dira plus tard le narrateur, précisément le 8 janvier.

Le narrateur prétend souhaiter y voir clair, mais le voeux reste en deçà la volonté et le fantôme (Verzini — mais est-ce bien lui ?) n'est pas non plus bavard. Plus tard, interpellé à son tour : « Ah l'élégant… toujours le même », le narrateur fuit. Ce n'est pas lui ou bien ne veut-il pas savoir. Ce ne serait pas important.

« Il s'était écoulé près d'un demi-siècle et cela suffisait pour avoir tout oublié. Et même pour être devenu un autre dans une ville où vous ne pouviez plus retrouver vos anciennes traces. »

Les visages se sont estompés avec le temps, d'ailleurs on prenait moins de photos qu'aujourd'hui, note-t-il. le temps qui a brouillé les visages a aussi brouillé les repères chronologiques et la géographie urbaine.
Donc on ne sait pas quand, en novembre ou en décembre, le narrateur vient chercher un enfant dans une rue dont il a oublié le nom. le petit Pierre. Ce pourrait être le début d'un chemin remonté à la façon du Petit Poucet.

Mais non, c'est Modiano. Une narration trouée, fragile. Il y a le narrateur et parfois le point de vue d'une femme qui paraît mener la danse : la mère du petit Pierre, l'amie, l'amante, l'élève, la victime. C'est « la danseuse », brune, ou non plutôt châtain. Dans les souvenirs nébuleux du narrateur, elle est une sorte d'ancre flottante autour de laquelle des personnages interlopes, non plutôt des silhouettes émergent à peine des coulisses de scènes embrumées qui s'animent à leur apparition et s'éteignent aussi vite.

Rien n'est sûr. Mais la lumière dans l'escalier est parfois moins voilée que d'habitude… Les adverbes ont toujours un pied dans l'anti-phrase : apparemment, sûrement, sans doute… C'est moins le règne de la pénombre que le moment où la pénombre elle même est encore incertaine : entre chien et loup.

Qui est la danseuse ? Un souvenir d'une époque où le narrateur s'avoue en pleine confusion ; une image qui scintille entre les nuages de la mémoire. Mystérieuse. La danseuse pratique aussi bien l'art de se taire.
Dans l'incertain menacé par la torpeur, la stagnation, l'inexistant, il faut une discipline. Les premiers mots du professeur de danse, invariablement : « Et maintenant, Mesdemoiselles, Messieurs, mettons de l'ordre dans tout cela. »

La danse, une discipline qui permet de survivre, légère, d'échapper aux vilaine paluches de deux frères. L'écriture offre pareillement au narrateur sa discipline. À petites touches palimpsestueuses. Réécritures d'un roman en anglais, The Glass Is Falling — comme une traversée du miroir ?

On reconnaît l'auteur au narrateur. On reconnaît Modiano à cette impression de l'avoir déjà lu qui plaît tant à ses fidèles lecteurs (à moi moyen). Il ne se répète pas, il est cette répétition, vaguement.

« … je finissais par me persuader que c'était nous, car les mêmes situations, les mêmes pas, les mêmes gestes se répètent à travers le temps. Et ils ne sont pas perdus, mais inscrits pour l'éternité sur les trottoirs, les murs et les halls de gare de cette ville. L'éternel retour du même. »

C'est du Nietzsche sans effort, l'éternité comme un rêve. du Proust en coalescence. de l'anti-Sartre : rien n'est devant, tout est présent depuis le passé.

« Étais-je bien sûr d'avoir rencontré ce fantôme ? Ou bien s'agissait-il d'un rêve que j'avais fait la veille de cette rencontre et que je laissais persister pendant la journée, pour oublier le présent ? »

C'est une expérience du temps.

« Ni la danseuse ni Pierre n'appartenaient au passé mais à un présent éternel. »

Une épiphanie.

« Je croyais que leur souvenir me venait comme la lumière d'une étoile morte il y a mille ans, selon les mots d'un poète. Mais non. Il n'y avait pas de passé, ni d'étoile morte, ni d'années-lumière qui vous séparent à jamais les uns des autres, mais ce présent éternel. »
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