Je n'avais jamais lu de
Modiano jusqu'ici, avec un vague sentiment de gêne. Jaenada en parle beaucoup dans" Au printemps des Monstres", et notamment de"La place de l'Étoile", en raison des relations d'affaires que le père de
Modiano aurait eu avec celui du petit Taron dans le cadre de leurs traffics avec les occupants pendant la Guerre. Ma curiosité a été piquée.
Je me suis donc décidé à surmonter mes réticences. Peut-être avais-je bien fait de m'abstenir jusqu'ici. Certes l'écrivain fait preuve d'une virtuosité indéniable, jongle avec les époques, multiplie les références littéraires et historiques. Et c'est bien écrit. Mais cela fait-il un roman ?
En fait, la lecture devient rapidement lassante, et le livre,Dieu merci assez court, semble beaucoup plus long.
Il est vrai qu'au moins à partir de la moitié, ayant compris le propos ou l'absence de propos du livre, on peut avantageusement pratiquer la lecture en diagonale.
Pour mémoire, cet ouvrage a obtenu le prix Goncourt, dont les jurés ne sont pas toujours bien inspirés.
Et l'auteur est lauréat du
Prix Nobel de littérature. Dans les années 60, un éditeur eut l'idée de publier une collection vendue par souscription présentant une oeuvre de chacun des récipiendaires depuis l'origine. le premier était
Sully-Prudhomme. Ça commençait bien..
En tout cas ces ouvrages connurent en général un sommeil tranquille sur les raisons des bibliothèques des souscripteurs. Et
Modiano ne semble pas deparer la collection.
J'ai par ailleurs une réserve de fond. Quoiqu'on puisse penser d'Israël, il est gênant de voir cet état assimilé au régime nazi comme il l'est dans un passage du livre. Bien sûr on ne taxera pas
Modiano d'antisémitisme en raison de ses origines juives, bien sûr c'est une façon de régler ses comptes avec son père, mais c'est quand même gênant.