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sur 547 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
N°845 – Décembre 2014.

LA PLACE DE L'ÉTOILE - Patrick Modiano – Gallimard.


Le livre s'ouvre sur une histoire juive mise en exergue, un officier allemand demande à un jeune homme où se trouve la Place de l'Étoile et ce dernier pointe son doigt sur le côté gauche de son veston. Je me suis dit que nous allions avoir droit au thème de la Shoah puisque l'écriture de Modiano se nourrit de sa mémoire et donc des évocations de de ses origines familiales. Je m'attendais à un réquisitoire en faveur des juifs, à une révolte contre l'extermination nazie ou les pogroms qui ont émaillé l'histoire de ce peuple. C'est en fait tout le contraire puisque le roman présente une auto-caricature, celle de Raphaël Schlemovitch qui est aussi le narrateur. Il se charge de reprendre à son compte, en noircissant le trait, les poncifs ordinaires sur le sujet en n'oubliant pas de citer des écrivains anti-sémites et de répondre à leurs pamphlets. C'est un paradoxe mais il se définit lui-même par ces mots «Raphaël Schlemovitch, un juif anti-sémite » mais aussi un proxénète pourvoyeur de bordels brésiliens, un agent de la Gestapo, un juif officiel du III° Reich, l'amant d'Eva Braun...

Le livre refermé j'ai certes retrouvé ce qui fait la spécificité de l'oeuvre de Modiano, sa jeunesse déchirée par une vie parentale en pointillés, la présence en filigranes de son père, de ses origines sémites. Avec lui il a entretenu des rapports énigmatiques et compliqués. J'ai lu ce roman comme une relation décousue, hallucinatoire. L'auteur y expose d'une manière délirante des vies qui pourraient être les siennes, s'invente des identités contradictoires, alternativement martyr, hâbleur, riche, intellectuel, dandy, collabo... mais toujours dans un amphigouri verbal, une sorte de fresque un peu surréaliste composée par petites touches comme l'aurait fait un peintre sous l'empire de quelque drogue ou d'une over-dose de douleur ou de désespérance. Pour faire bonne mesure, il convoque une galerie de portraits plus ou moins réels, à la fois fantomatiques et inquiétants, fait montre d'une grande érudition littéraire, ce qui peut-être un peu agaçant et emploie un délire verbal, un langage parfois inquiétant, qui certes ne me dérange pas mais que je n'ai pas retrouvé dans les nombreux romans qui suivront. On peut lire dans cette fiction la marque d'un esprit torturé dont l'aventure se termine dans une clinique du Docteur Freud mais aussi, pourquoi pas, comme les tribulations imaginaires d'un mythomane. Je n'ai peut-être rien compris mais tout cela m'a paru extrêmement superficiel, inutilement provocateur, assez peu digne d'intérêt, bien écrit, certes mais j'ai poursuivi ma lecture davantage par curiosité pour connaître l'épilogue et parce que c'est Modiano, que par réel plaisir pour la lecture.

Après une trentaine de romans, une pièce de théâtre, des scénarios, des essais et des chansons, celui qui deviendra Prix Nobel de Littérature en 2014 commence ici sa quête autobiographique au travers de la mémoire. Ce roman, paru en 1968, est le premier de Patrick Modiano, honoré par le Prix Féneon et le Prix Roger-Nimier qui récompensent un jeune auteur(il a en effet une vingtaine d'années à la publication de cet ouvrage). Il faut sans doute se remettre dans le contexte de l'époque mais il est possible que ces distinctions aient voulu célébrer un langage et un discourt nouveaux, pleins de contestation comme cette époque en était friande. C'est peut-être une vue de mon esprit mais j'y ai perçu, par moments, des accents d'une douloureuse rébellion célinienne.

Depuis longtemps cette chronique célèbre l'écriture et la quête de Modiano qui fait partie de mes auteurs préférés. Pour autant, je n'ai rien d'un thuriféraire et j'ai trouvé ce roman déconcertant. Certes, c'est le premier d'une longue série mais je n'ai pas ressenti ici le plaisir coutumier que j'ai toujours éprouvé à la lecture de cet auteur. Ce livre est déroutant et ce n'est pas son récent Prix Nobel de littérature qui me fera dire le contraire.
 
©Hervé GAUTIER – Décembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Patrick Modiano La place de l'étoile – version revue et corrigée – Gallimard, Folio

Je capitule, je renonce, j'abandonne… Je m'étais lancé dans la lecture du roman «La place de l'étoile» de Patrick Modiano (dans la version revue et corrigée – si ce n'est édulcorée – à plusieurs reprises, jusqu'en 2004), mais j'avoue que ce livre plutôt mince m'est tombé des mains alors que j'étais tout de même arrivé aux trois quarts.

Avec mon indulgence proverbiale, je vais considérer qu'il s'agit d'un tout premier roman, publié en 1968 (mais terminé paraît-il dès 1967), alors que Modiano (né en 1945) n'a encore que 22 ou 23 ans. Je veux bien aussi absoudre les gens qui lui attribuèrent divers prix à cette époque, puisqu'il était «parrainé» par Jean Cau, grand ami de la mère de l'auteur, qui prit la peine de démarcher lui-même les éditeurs.
Je reconnais également que ce n'est pas encore «du» Modiano puisque ça se veut «férocement satyrique», plein de rebondissements réels ou hallucinatoires, en tout cas chaotiques, avec pour personnage central un Raphaël Schlemilovitch se proclamant juif français antisémite et membre de la Gestapo française, largement inspiré de ce que l'on croit savoir du père de l'auteur. le tout truffé d'allusions littéraires plus ou moins claires qui provoquent immanquablement chez un lecteur décrypteur un peu snob le sentiment flatteur d'être «entre soi» si ce n'est «érudit» voire «prodigieusement intelligent».

A mes yeux et pour mon goût personnel, je trouve que ce type d'écriture (mélange de Céline et de Queneau, grand ami personnel de l'auteur, lui aussi) a fort mal vieilli. Finalement, ce n'est pas plus mal que Modiano n'ait pas persisté dans ce premier type d'écriture.
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LA PLACE DE L'ETOILE , Modiano, Ed. Gallimard, 1975

SYNOPSIS : Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : "Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ?" le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine.

MAIS DE QUOI PARLE DONC CE LIVRE ? ce livre est une auto critique, du narrateur, personnage principal. Ceci dit il n'est en rien narratif. de la réalité aux délires, des poncifs sur le judaïsme à des remarques pertinentes, des mises en scène de personnages historiques, pas de repères temporels mais des incessants vas et viens… difficile de se situer et de classer ce livre. Certes il fourmille de réflexions intéressantes et d'allusions fines, mais il m'a épuisé et désorienté. Peut-être était-ce le but ? Une prouesse littéraire saluée le Nobel en2014. Je n'ai pourtant pas aimé du tout.
2/5
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La belle écriture de l'auteur ne sera pas parvenue à effacer totalement l'ennui qui m'a gagné à la lecture de ce roman.
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Impossible pour moi de rentrer dans ce livre. Brillant littérairement mais insipide. La construction m'a fait penser quelques fois à Confiteor de Jaume Cabré que j'ai tellement aimé, mais sans la profondeur du propos, sans l'étourdissement provoqué par le style, sans l'adhésion totale du lecteur qui fait un chef d'oeuvre. J'ai pensé aussi à Boussole de Mathias Enard, pour l'érudition ennuyeuse.
C'est un exercice de style tourmenté et vain.
Un seul éclat pour moi dans ce livre : l'allusion à Gérard de Nerval (voir citation), la parenté littéraire entre Nerval et Modiano étant frappante dans "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier". Mais c'est une autre critique....
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Boah, m'enfin !!!
La critique est en lien ci-dessous !
Ils l'avaient supprimée, les vaches ! Elle est revenue. Pas dommage !
Alors voilà-t-y pas que moi aussi, je fais du sous-Céline...comme s'y suffisait pas du jeune Modiano !
Tiens, à propos, j'ai fini son bouquin, mais seulement après avoir complété la critique ci-dessous...Je sais, je sais, çà on devrait jamais faire - mais bon.
Déçu, déçu, j'ai été par la dernière partie ! Ah là là. Cela me confirme dans l'idée qu'il faut considérer cet ouvrage comme un auto-exorcisme. Quoiqu'il en soit, la première moitié vaut le détour. Cf. le lien ci-dessous. Et puis peut-être que cela nous donne une image intéressante d'un auteur encore vierge, avant d'être dégrossi par l'éditeur et le milieu littéraire...Un document, donc.
Lien : http://siladola.unblog.fr/20..
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Ce livre, que j'ai lu deux fois, m'est resté étranger. Non, les démêlés de l'auteur avec son père ne m'ont pas fait vibrer, non plus que les quelques autres péripéties. et finalement j'ai à peu près tout oublié, hormis le calembour sinistre qui donne au bouquin son titre.
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