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sur 241 notes
Question sûrement naïve de celui qui ignore tout des arcanes du monde littéraire : pourquoi Yann Moix qualifie-t-il de roman ce qu'il revendique en parallèle comme un récit autobiographique ?
En 2019, la sortie d'"Orléans" avait fait grand bruit et l'on comprend pourquoi le père de l'auteur s'était indigné de son contenu, tout comme son jeune frère qui lui a intenté un procès en diffamation, en vain puisqu'il a été débouté en décembre 2023.
Si les faits relatés sont exacts, il n'est nul besoin de chercher très loin les raisons pour lesquelles Yann Moix présente ce visage tourmenté : qui pourrait prétendre à la sérénité, à l'équilibre, après avoir subi de telles humiliations physiques et morales ?
Scindé en deux parties, Dedans et Dehors, elles-mêmes divisées en chapitres portant comme titres les classes où se trouve l'auteur de la maternelle aux études supérieures, le roman traite d'abord des innombrables et surprenants sévices subis dans la sphère familiale avant de prendre pour cadre le milieu scolaire et les relations qui s'y sont nouées.
Yann Moix évoque aussi sa passion pour les lettres, que ce soit dans ses lectures (Gide, Péguy) ou dans ses propres productions qui témoignent d'une grande précocité. Les qualités d'écriture dont il fait preuve dans "Orléans", même si de nombreux passsages ne sont pas dénués d'une certaine affectation, ne laissent guère planer de doute sur un talent qui n'a pas attendu le nombre des années pour s'exprimer, ce malgré l'opposition de ses parents en ce domaine aussi.
Même si le fond peut être sujet à caution, Yann Moix aurait confié à des proches qu'il avait exagéré certaines situations, la forme atteste que nous avons affaire à un écrivain qui sort du lot.
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Au commencement…
Le narrateur décrit son enfance, vécue sous l'humiliation et la violence parentale. Laisser tomber un yaourt, crier lors d'un cauchemar, lire un livre ou jouer du piano en cachette, chaque événement déclenchait inévitablement une tornade de coups et de moqueries. En dehors de cet enfer familial, le monde extérieur se montrait de surcroit complice par son mépris et ses ricanements. La seule issue pour tenir le coup fut la passion : celle des mots, de la poésie, de l'écriture et finalement celle de la vie.

Ce que j'en retiens…
L'auteur n'a pas manqué de structurer le malheur : le roman est divisé en deux parties, chacune découpée en périodes scolaires de la maternelle à la mathématique spéciale. Cette précision dans la structure se retrouve aussi dans les mots, quitte à ce que le récit en devienne scabreux. L'oeuvre est toutefois très belle grâce à l'écriture classique, mélancolique et sensible de l'auteur, qui rend profondément hommage à la passion et à la puissance de la vie intérieure.

Une citation soulignée...
« Tout est susceptible d'humilier un enfant ; la moindre remarque, la plus petite brutalité, un mouvement d'humeur, un geste violent peuvent s'inscrire à jamais dans sa chair, y gravant le texte de ses folies à venir, dont il sera le monomaniaque interprète et le jouet chevronné. Qui nous dit que la démence ne provient pas d'une humiliation de trop ? »

Autour du roman…
Le roman est le premier d'une tétralogie.
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J'ai découvert l'auteur après avoir entendu parler de lui dans la presse. L'image donnée du personnage n'est guère attachante ... misogyne, suffisant, voire agressif dans ses interventions chez Ruquier ... Il avait tout pour m'interpeller. Je l'ai donc emprunté à la bibliothèque sans attente particulière.

Et j'ai été happée par ce texte, faisant abstraction de ce que je connaissais du personnage, j'ai lu avec effarement l'enfance de l'auteur, la violence à laquelle il a été confronté dès son plus jeune âge.
J'ai aussi été terriblement choquée du silence de son entourage, surtout à l'époque et à l'endroit où cela se passe. On n'est pas en rase campagne au 19ème siècle.

J'ai beaucoup apprécié ma lecture malgré la dureté des faits. Je n'ai pas cherché à justifier l'attitude de l'adulte en fonction de son vécu d'enfant, je suis une simple lectrice lambda, ce petit bonhomme m'a fait bien de la peine.
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Dans "Orléans", premier opus de sa tétralogie ("Voyage au pays de l'enfance immobile"), Yann Moix se concentre sur les vingt premières années de son existence. En décrivant, d'une part, l'enfer que lui ont fait vivre ses parents – deux êtres extrêmement brutaux et pervers – et, d'autre part, sa découverte passionnée de la langue française. Les mots, la lecture et l'écriture deviennent en effet, très vite, la raison de vivre de ce gamin traumatisé, en manque total d'amour et de respect. Gide et Péguy, notamment, lui offriront un refuge "définitif et miraculeux", un rempart à la terreur. L'auteur se souvient aussi de ses déboires scolaires et de son obsession continue – et perpétuellement frustrée – pour les filles.

Un chouia moins nihiliste que "Reims" (qui revient sur ses études supérieures) et légèrement moins truculent que "Paris" (qui raconte ses premières années à l'assaut de la capitale), "Orléans" est aussi noir et brillant mais également plus poignant, plus désarmant, que les deux autres. J'ai énormément aimé !

Note :
Ils peuvent se lire dans le désordre.
Je n'ai pas encore lu "Verdun".
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Ce livre est en 2 parties, une partie sur le « dedans » qui raconte ce qui se passe avec ses parents et chez lui. La 2eme partie intitulé « dehors », on parle surtout de ce qui se passe en cours et de ses relations extérieures.
Il y'a des longueurs dans la 2eme partie qui m'ont donné envie plus d'une fois de lâcher ce livre. On parle beaucoup, beaucoup de ses « fantasmes » amoureux… et de ses auteurs préférés, voir idoles littéraires. Ce qui m'a gonflé au bout de 2 chapitres !
On reprends chaque classe par chapitre comme dans la 1er partie. J'aurai préféré qu'une seule partie pour ne pas revenir dessus.
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Récit autobiographique qui a beaucoup fait parler de lui mais dont j'ai réussi à me détacher des critiques pour en profiter. Yann Moix met en parallèle sa vie "dedans", dans un cercle familial violent mais au dessus de tout soupçon et sa vie "dehors", d'enfant et d'adolescent au prise avec l'extérieur. J'ai beaucoup aimé son écriture, sa façon de décrire sa fascination pour l'écriture, sa gaucherie, l'univers intérieur qui l'habite. Je pense que sa littérature compte.
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A propos de ce roman, Yann Moix écrit qu'Orléans est un roman d'humiliation comme il existe des romans d'initiation. Voilà, le décor est posé. Loin de l'arrogance qu'on lui prête, Yann Moix évoque son enfance passée dans la capitale de la région Centre-Val de Loire vu de l'intérieur, c'est-à-dire entre les murs de la maison familiale, puis vu de l'extérieur, c'est-à-dire à l'école avec les amis et les premières amours.

Si Orléans débute par de belles phrases empreintes de poésie, "Le monde rouillait. Derrière la fenêtre, c'était l'automne. L'air jaunissait. Quelque chose d'inévitable se déroulait dehors : la mort des choses." s'ensuivent des scènes de violence et d'humiliations pas ordinaires. En les découvrant les viscères se nouent. Les horreurs s'enchainent rendant le tout insoutenable. On aimerait tellement que tout cela soit faux. Et si tel n'est pas le cas, on s'interroge. Que des parents prennent un malin plaisir à humilier et à violenter leur enfant, malheureusement on sait que cela existe. Mais quand un enfant est déposé à l'école en pyjama avec son petit déjeuner qu'il doit prendre au pupitre devant toute la classe hilare, on s'interpelle. Comment est-ce que l'institution scolaire a pu se rendre complice de tels actes dégradants ? Même si en 1970 on était moins sensibilisé à ces questions, comment se fait-il qu'un membre de l'Education Nationale ne se soit pas aperçu de la maltraitance Et puis au milieu de toutes ces violences, on se réjouit que très tôt le narrateur ait rencontré la littérature. Ce fut pour lui, et même si ses tortionnaires de parents ne l'ont pas entendu ainsi, une salvatrice découverte. Je crois ne pas me tromper en affirmant que la littérature a maintenu l'enfant Yann Moix en vie. Elle l'a aidé à encaisser les coups, les insultes et les humiliations. Elle lui a apporté un halo de lumière dans son monde de noirceur.
La seconde partie d'Orléans, "Dehors" est dédiée aux relations que le narrateur a pu entretenir avec les autres. Ses camarades de classe d'abord, puis avec la gente féminine. Empreinte de passages moins violents, voire tendres, cette dernière permet peut-être de mieux cerner la personnalité de l'auteur, si tant est qu'il en ait voulu ainsi, mais elle est surtout plus poussive à lire. Yann Moix évoque ses souvenirs de classe comme on regarde un album photo. Ce genre d'exercice est souvent délicat parce qu'en dehors de l'intéressé, il passionne rarement ceux qui ne figurent pas sur la photo.

Alors faut-il lire Orléans ?
Ce roman est le regard de l'adulte Yann Moix devenu écrivain sur son enfance servie par une plume toujours aussi acérée. On referme ce texte habité en se réjouissant que l'enfant martyr qu'il a été, ait eu la chance un jour de croiser la plume de Gide, Péguy, Sartre, Bataille et les autres. Non seulement la Littérature a permis à l'auteur de survivre, mais surtout elle illumine et enchante son écriture. Rien que pour cela Orléans mérite d'être lu.
Lien : https://the-fab-blog.blogspo..
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Premier livre de la quadrilogie que Y. Moix a décidé de consacrer à sa vie : d'abord, son enfance bien-sûr à Orléans. Ses relations en dedans, son père et sa mère ; puis ses relations en dehors, l'école. Dedans, c'est un cauchemar, ses parents méritent qu'on les haïssent - comment est-ce possible a ce point d'être aussi violent ? Dehors, c'est la vie, l'amitié, l'amour. Dedans, c'est l'enfermement. Dehors, c'est la créativité. J'ai toujours apprécié son style d'écriture, pesé, et ses réflexions pas communes. Et ce livre en est encore un bel exemple. Bientôt la suite à Reims...
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Il y a des périodes du temps ou l'enfant est éduqué plus ou moins rudement, des périodes mais aussi des milieux sociaux. Se plaindre pour des humiliations c'est normal mais quand même à dix ans avoir à sa disposition autant de livres, sa chambre, pouvoir faire autant de belles sorties, partir en vacances, avoir ses parents ... ce n'est pas non plus de la maltraitante au point de foutre en l'air toute sa famille. Combien d'enfants dans ces années là ont eu à subir d'être mal aimé plutôt que mal traités. Il y a une grande nuance. D'un côté les parents sont certainement de pauvres gens sans éducation dont l'amour leur a manquer aussi (guerre, famine, pauvreté, religion, traditions, etc.) et de l'autre, le vice, la violence physique voire sadique et sexuelle, la haine, la jalousie et la méchanceté. Chez les Moix on n'est pas question de ce type de terreur. Faut pas tout exagérer pour un roman.
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Orléans, dans les années 70 et 80, l'enfance de l'auteur de la maternelle à sa dernière année de prépa.

Deux grandes parties : « Dedans » pour la vie maltraitée entre ses deux parents et « Dehors » pour la vie à l'école, les filles, la littérature.

A lire plutôt que de résoudre des équations.

Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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