AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246823445
270 pages
Grasset (19/05/2021)
3.37/5   50 notes
Résumé :
Reims constitue le deuxième volume de la tétralogie, ou du quatuor, que l’auteur a intitulé « Au pays de l’enfance immobile », dont Orléans paru en aout 2019 était le premier opus, et dont Verdun et Paris seront les troisième et quatrième.
Le narrateur s’est enfin échappé du cauchemar familial d’Orléans, il aspire aux plus grandes écoles pour « monter à Paris » mais ses résultats médiocres aux examens de mathématiques le font atterrir à l’Ecole supérieure de ... >Voir plus
Que lire après ReimsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 50 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
5 avis
2
3 avis
1
2 avis
Après avoir relaté son enfance dans Orléans, Yann Moix nous raconte ici ses années de jeune adulte à l'Ecole Supérieure de Commerce de Reims qu'il a haïe. ● J'avais beaucoup apprécié Orléans, mais je dois dire que je suis bien déçu par ce livre qui n'est pas un récit mais une galerie de portraits des anciens condisciples de l'auteur, dont on se fiche pas mal. ● Bien sûr, on retrouve le talent de styliste de Moix, qui est immense – bien que trop porté sur l'hyperbole et sur l'outrance et trop visible –, mais il ne parvient pas à m'intéresser avec cette suite de descriptions et d'anecdotes sur des gens qu'il est le seul à connaître ; celles-ci n'atteignent en aucun cas à l'universel – ce qui pourrait les sauver. ● Tout tourne en rond dans ce livre qui ressasse l'échec de façon assez ridicule tant elle est outrancière. On comprend bien que Moix est horriblement vexé de n'être parvenu qu'à réussir le concours de « Sup de Co » Reims (comme on disait dans les années 80), tandis que, par exemple, « Sollers a intégré l'ESSEC », mais ce subterfuge qui consiste à utiliser son échec pour en faire, pense-t-il, un grand livre, ne trompe personne sur son extrême narcissisme, et surtout, ne réussit pas. ● D'ailleurs, il suffit de le lire pour porter un jugement sur ce qu'il écrit : « Mes pages transpiraient l'effort », ou sur ce à quoi il vise : « [N]e me restait, pour devenir célèbre, que l'éventualité d'être haï. C'était dans mes cordes. » Ou encore : « L'ostracisme dont je faisais l'objet faisait ma fierté en même temps qu'il m'attristait ; j'étais pris au piège de ma pose. »
Commenter  J’apprécie          548
Si on passe outre que "la masturbation" ou "se masturber" est un leitmotiv et une habitude à tous les protagonistes de ce livre, l'écriture est celle de Y. Moix. Dans ce deuxième volet, il nous emmène à Reims pour suivre avec lui des études dans une école de commerce. Après son enfance, c'est cette fin d'adolescence qu'il détruit sans vergogne. Parce que l'auteur ne s'aime pas, n'aime pas sa vie, n'aime pas la vie, sans avoir pour autant le courage d'y mettre un terme, comme une victime en admiration devant le travail de sape d'elle-même. Et comme être un looser seul ne suffit pas, il s'entoure de garçons comme lui : des rêveurs, des poètes, des littéraires qui, non seulement, ont choisi le mauvais cursus (école de commerce) mais ont, en plus, échoué au concours d'entrée des trois premières écoles de France pour se retrouver à celle de Reims. Ils en ont des idées pour tout gâcher mais pas le culot de tout envoyer en l'air, malgré leur détestation de ce qui fait la vie des autres, ils s'inscrivent dans la continuité ; ils restent dans la compétition et la performance. Des pleutres. Un pleutre donc, mais qui a toujours ses phrases assassines que j'aime au fond parce qu'elles piquent. Il faut se forcer à être différent pour écrire différemment : et c'est ici qu'il a déjà commencé à construire son personnage d'écrivain qui ne laisse pas indifférent, puisque c'est une volonté, reussie.
Commenter  J’apprécie          262
Ca sent vraiment le vinaigre moisi.
Il va nous faire une syncope le Yann Moix 2021 après l'insuccès de son livre Reims qui était censé relever le niveau du flop retentissant du précédent. A cultiver la coquetterie dans la détestation de soi-même, ce n'est pas un simple exercice. Livre qui lui reste dans les mains comme un pétard mouillé.
J'attendais de ce livre : il faut qu'il aille consulter le pauvre garçon qui a cinquante balais passés : ses fulgurances s'effritent dans les trous de la raquette du procédé, sorte de caricature de lui-même, mais sans talent, mauvais texte de potache persécuté qui épingle à tour de rôle ses anciennes fréquentations ; l'artifice remplace le souffle ! Comment rebondir sur un passé sinistré, selon ses termes, d'un oeil malade et fatigué d'aujourd'hui ? Ecrire de la sorte un "roman" pour justifier ses caricatures antisémites ou ses noirs desseins de jeune homme : bien sûr il pourra dire après qu'il a écrit un livre pour s'en expliquer, mais ne pensait-on pas déjà que c'était une histoire ancienne, aveuglement de jeunesse, qu'il n'était point utile d'exhumer. Il me semblait que c'était plus le donneur de leçon qui était prié de se raviser quelque peu à travers cet épisode ! A-t-il à voir avec son public ou avec lui-même ? Je pensais qu'il sortirait par le haut littérairement parlant du spectacle affligeant qu'il a pu donner au plan médiatique et dans sa création depuis en gros "Une Simple lettre d'amour" , il n'en est rien, c'est raté ! Ben oui, il donne la malheureuse impression que tout ce qu'il ne faut pas faire, il le fait ! Encore un livre comme ça et je cesserai de m'intéresser à lui, fatigué de cette autoflagellation, de ce nombrilisme ! Ce n'est pas la petite personne de Yann Moix qui m'intéresse ! C'est quoi son propos littéraire ?
Commenter  J’apprécie          2118
J'aurais dû lire "Reims" avant "Paris", mais cela a peu d'importance, car la pâte est la même, et c'est une bonne pâte.

Le narrateur intègre une école de commerce de deuxième catégorie à Reims, où il rencontre d'autres recalés des grands concours parisiens. Raté pour raté, autant ne pas faire les choses à moitié et former société avec les plus grands loosers de l'établissement. Loosers dans leur tête, surtout, mais c'est comme si ce qu'on avait dans la tête clignotait sur le front : tous s'en rendent compte, les filles surtout.

Le petit groupe philosophe à la petite semaine et va de bitures en bitures dans une spirale descendante qui les colle plus souvent qu'il le faudrait au lino jamais lavé de leurs studios d'étudiants.

Pour mieux supporter un milieu ambiant délétère et des études qu'il exècre (marketing, économie, comptabilité, droit), le jeune Moix se consacre à la littérature et à la philosophie, ce qui lui procure de grandes jouissances solitaires mais ne lui assure pas un succès éclatant aux examens (ni auprès des filles qui se refusent toutes obstinément à lui, pourquoi, il n'est ni très laid, ni très bête, mais voilà, le manque de confiance en soi est très pénalisant : cela rappelle beaucoup "Extension du domaine de la lutte" et son inexorable sélection sexuelle).

Heureusement la littérature tirera le jeune naufragé par les cheveux : il sortira de ces trois années d'apparente stagnation et de fréquentation assidue des oeuvres des phrères simplistes (trois lycéens poètes des années 1920 qui hantèrent eux aussi l'ennui rémois, René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte et Roger Vailland) avec une farouche résolution : "Je décidai de devenir le personnage de mes oeuvres inexistantes et géniales. Demain, tout-à-l'heure, après la pluie, j'irai montrer mes pages aux éditeurs et à la postérité".

Il arrive que la lumière jaillisse de l'obscurité et que le temps qui semblait irrémédiablement perdu ne l'ait pas été.
***
Ps : rajouté à la suite de la lecture de commentaires trouvant l'auteur très sarcastique envers autrui et beaucoup trop auto-centré :
::::
J'ai trouvé ses portraits de condisciples de Reims assez "empathiques", justement : jamais il ne les démolit, parce qu'ils partagent un malaise comparable au sien. Son regard est lucide, mais indulgent, sans jugement sur ce que sont les êtres au fond : ils sont le miroir les uns des autres et comme il est lui-même, il les voit : nulle arrogance à leur égard. Leur pratique frénétique de la masturbation est le symbole de leur désenchantement : se contenter de pis-aller au lieu de la vraie vie ; constat que les choses ne sont pas ce qu'on vous avait laissé entendre ; illusions perdues de Moix qui, sorti des griffes parentales, croyait que la vraie vie allait commencer.

Ce que j'ai aimé ce sont les portraits atemporels, de ces jeunes hommes, Roger Lecomte, René Daumal, Roger Vailland et Robert Meyrat et de leurs désarroi comparés à ceux de Moix et de sa bande soixante dix ans plus tard. Non, la jeunesse n'est pas le plus bel âge de la vie, c'est celui où les jeunes adultes sont pris en tenaille entre leurs aspirations et le désir forcené de prouver à leurs parents qu'ils ne sont pas les "nuls" qu'on croit. Ah ! le terrible destin des fils ! (je pense à la mère de René Char qui considérait son fils comme un raté parce que la poésie ce n'était pas "viril" : il fit d'ailleurs, pour lui complaire, des études à l'Ecole de commerce De Marseille (tiens !) ; il devint aussi résistant, mais jamais ne trouva grâce à ses yeux).

Vingt ans : l'âge où on commence à comprendre que la vie ne vous attend pas avec un bouquet de roses et qu'il faudra survivre à bien des déceptions. Il y a ceux qui se suicident, et ceux qui deviennent des morts vivants, aigris, méchants. Les phrères simplistes finirent mal dans l'ensemble : alors quel avenir pour la promotion Moix ? L'auteur, au tout dernier chapitre de Reims, se révèle à lui-même : il sera son propre sujet littéraire !

Car Moix s'est choisi comme sujet : ce n'est pas plus sot que parler de ce qu'on ne connaît pas car dans le moi pas mal de choses se reflètent : anamorphose du moi.

Un énorme ego, Moix ? Oui ! Alors autant en faire la source de son inspiration. de toute façon on ne tourne jamais en rond qu'autour de son nombril. Il le fait brillamment.

Cette quadrilogie intitulée "Au pays de l'enfance immobile" (excellent titre ! ) devra un jour, à mon sens, ne faire qu'un seul volume avec ses quatre sous-parties : Orléans, Reims, Verdun, Paris.

Pour l'instant, le choix des quatre livres est parfait.



Commenter  J’apprécie          120
Et bien moi, j'aime Yann Moix.
(C'est le même début que pour Orléans, c'est dire...).
Alors disons le tout de suite, ne pas lire ce livre si l'on est dépressif, triste, noir, et sans une étincelle d'optimisme.
Ce livre est glauquissime.
Je l'ai lu passionnément en deux jours.
Déjà, le style. Il est remarquable. Moix écrit très bien, et qu'il le sache ne fait pas de lui un prétentieux, ni un vaniteux, ni un narcissique.
J'ai lu dans une critique que chaque page du livre était baignée de narcissisme.
Erreur.
Car Moix se déteste, se conchie, se hait avec une force insoupçonnée, se blâme dès qu'il le peut, enfin il se vomit dessus.
Reims est un beau livre, le second après Orléans qui j'avais adoré (voir ma critique).
Un beau livre mais très très noir.
Yann (ou devrais-je dire le narrateur puisque ce n'est pas un récit mais un roman, comme il le précise avec précaution tout au début du livre, pour ne pas qu'une fois de plus, on l'attaque. Je dirais que c'est un roman-récit), rate ses examens pour entrer dans des écoles de commerce réputées. Il essaye en désespoir de cause de passer le concours d'une école à Reims, qu'il réussit.
Bien mal lui en a pris...
Reims est décrite comme la ville de province par définition, triste, morne, délétère, moribonde, infecte.
Il y rencontrera des camarades ratés comme lui, donc ils seront ses amis.
Un petit groupe de ratés donc, fantasmant sur de belles étudiantes inaccessibles sexuellement, buvant trop, se droguant, écrivant des nullités, se vautrant dans la fange Reimoise, s'ennuyant profondément, avec une misère sexuelle profonde, se masturbant compulsivement dès qu'ils le peuvent.
Les mots ont toujours une importance pour Moix, il n'écrit pas pour ne rien dire.
J ai bien reconnu cet enfant au regard triste, regard rouillé, mouillé, moribond.
Et oui, Orléans n'est pas loin, d'ailleurs il faut lire Orléans avant Reims, sinon vous n'y comprendrez pas grand chose.
Ses parents l'ont tellement martyrisé, rabaissé, infectant son image, sa psyché, que Yann Moix a une minuscule petite image de lui, donc il accumule à vingt ans les échecs, l'attrait pour la mort, la nullité, la détestation de soi.
Et oui, les parents maltraitants en font de la bouillie de notre narcissisme.
C'est pour ça que lorsque je lis qu'il est pétri de narcissisme, je rigole.
Pour Yann Moix, Yann Moix est un raté.
Et je crains que ce ne soit à vie.
J'aurai pu intituler cette critique par le titre de la chanson "Noir c'est noir".
Effectivement, pour lui, vingt ans n'est pas le plus bel âge de la vie.
J'ai bien retrouvé mon Yann Moix, petit homme bousculé, rapiécé, fragile et si abîmé...
Je ne rentrerai dans aucune polémique.
Il parle de ses dessins antisémites, pendant un long moment même, et il explique, argumente et, il me semble, fait amende honorable.
J'ai beaucoup aimé ce livre, et c'est mon droit.
Il n'est pas aimé, il est même haï par certains. Et oui, la mauvaise image de soi atteint également les autres, comme s'ils savaient la blessure, et ils s'engouffrent avec plaisir dans cette plaie, cette sanie, ces oripeaux de misère, afin d'en rajouter dans la méchanceté, l'humiliation, le harcèlement et en font un bouc émissaire.
J'arrêterai là.
J'ai lu un beau livre, pas toujours facile, très pessimiste, avec une noirceur à couper au couteau, mais je n'ai assurément pas lu un livre d'un homme prétentieux, narcissique, et vaniteux.
Bien au contraire....



Commenter  J’apprécie          1511


critiques presse (1)
LeFigaro
10 juin 2021
Le monde étudiant, la prépa, l’école et ses rituels usés sont croqués par l’auteur pour construire un personnage qui fascine et dégoûte.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Etre écrivain, ce n'était pas écrire, mais marquer d'un trait nouveau son existence, rester connecté aux insignifiances - comme Francis Ponge - aux mouvements imperceptibles, aux glissements infimes. C'était renoncer à la progression dans les organigrammes, à l'argent, pour adhérer à l'insaisissable vérité de l'enfance. C'était mettre son ardeur à percer le mystère de l'huître.
Commenter  J’apprécie          60
Les révolutions n’avaient pas eu lieu parce que les gens crevaient de faim, mais parce qu’ils crevaient d’ennui. Les idéologies ne valaient pas un clou : Lénine, Trotski, Robespierre n’avaient rien fait que lutter contre l’ennui. Pour s’arracher à cette morne matière, sourde, infiniment répliquée, que les jours identiques reproduisaient sans cesse, l’homme, régulièrement, fou de monotonie, faisait pousser des événements sur les dates, se ruant dans l’histoire en y mettant le feu.
Commenter  J’apprécie          30
(À Dachau). Le nom de "Dieu" était la pire insulte qu'on pouvait adresser à Dieu. Il ne méritait pas de nom ; il était innommable. Il avait déshabillé le monde, l'avait humilié, avait forcé des hommes et des femmes à courir nus sous la neige, des hommes et des femmes fouettés, lacérés, pendus, gazés. Dieu n'avait erré dans les alentours de personne ; il avait déserté. Il n'avait pas fait le poids. On l'avait supplié, il s'était comporté comme un salaud. Sa Miséricorde ? Un crachat.
Commenter  J’apprécie          20
Il existait une parenté secrète entre Reims et la littérature : la formulation d’un suicide social absolu. Un sentiment de danse et de beauté, de jeunesse effervescente se produisit en moi. Le renversement de toute ma vie venait violemment d’advenir : être écrivain, ce n’était pas écrire, mais marquer d’un trait nouveau son existence, rester connecté aux insignifiances – comme Francis Ponge –, aux mouvements imperceptibles, aux glissements infimes. C’était renoncer à la progression dans les organigrammes, à l’argent, pour adhérer à l’insaisissable vérité de l’enfance. C’était mettre son ardeur à percer le mystère de l’huître. Je me suiciderais aux mots.
Commenter  J’apprécie          10
Pourquoi fallait-il « réussir » ? Pourquoi « réussir » passait-il par des écoles, des examens, la compagnie de gens grossiers, alignés, réductibles à leur intention d’obtenir des postes importants dans une banque, une entreprise ? Comment ne pas voir, dans ce convoi vers la « réussite », l’œuvre de la mort elle-même, déguisée en satisfaction sociale, en onanisme professionnel ?
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Yann Moix (78) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yann Moix
"Prenez un Xanax !" Jérémy Ferrari à Christine Angot - On n'est pas couché 11 novembre 2017
On n'est pas couché 11 novembre 2017 Laurent Ruquier avec Christine Angot & Yann Moix France 2 #ONPC
CONVERSATIONS et QUESTIONS sur ce livre Voir plus
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (99) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1718 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..