Contre la médisance il n'est point de rempart.
Non ; on est aisément dupé par ce qu'on aime. Et l'amour-propre engage à se tromper soi-même.
Je vous l'ai dit cent fois quand vous étiez petit :
La vertu dans le monde est toujours poursuivie ;
Les envieux mourront, mais non jamais l'envie.
Acte V, Scène 3 (v. 1664-1666).
MARIANE :
Contre un père absolu que veux-tu que je fasse ?
DORINE :
Ce qu’il faut pour parer une telle menace.
MARIANE :
Quoi ?
DORINE :
Lui dire qu’un cœur n’aime point par autrui ;
Que vous vous mariez pour vous, non pas pour lui ;
Qu’étant celle pour qui se fait toute l’affaire,
C’est à vous, non à lui, que le mari doit plaire,
Et que, si son Tartuffe est pour lui si charmant,
Il le peut épouser sans nul empêchement.
Acte II, Scène 3, (v. 589-596).
Ce m’est, je le confesse, une audace bien grande
Que d’oser de ce cœur vous adresser l’offrande :
Mais j’attends en mes vœux tout de votre bonté,
Et rien des vains efforts de mon infirmité.
En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude ;
De vous dépend ma peine ou ma béatitude ;
Et je vais être enfin, par votre seul arrêt,
Heureux, si vous voulez ; malheureux, s’il vous plaît.
Acte III, Scène 3 (v. 953-960)
Les langues ont toujours du venin à répandre
Tout le monde me prend pour un homme de bien ; Mais la vérité pure est que je ne vaux rien.
ORGON :
Quoi ? sous un beau semblant de ferveur si touchante
Cacher un cœur si double, une âme si méchante !
Et moi qui l'ai reçu gueusant et n'ayant rien...
C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien
(...)
CLÉANTE :
Et toujours d'un excès vous vous jetez dans l'autre.
(...)
Quoi ? parce qu'un fripon vous dupe avec audace
Sous le pompeux éclat d'une austère grimace,
Vous voulez que partout on soit fait comme lui,
Et qu'aucun vrai dévot ne se trouve aujourd'hui ?
Acte V, scène 1 (v. 1601-1604 ; 1610 ; 1617-1620).
MADAME PERNELLE :
Vous êtes, mamie, une fille suivante
Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente :
Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis.
DAMIS :
Mais...
MADAME PERNELLE :
Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils ;
C'est moi qui vous le dis (...)
Acte Ier, Scène 1, (v. 13-17).
TARTUFFE
Ah! mon Dieu, je vous prie,
Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.
DORINE
Comment?
TARTUFFE
Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
DORINE
Vous êtes donc bien tendre à la tentation;
Et la chair, sur vos sens, fait grande impression?
Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte:
Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte;
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas.