Un livre court mais dense, et très sourcé, qui s'adresse surtout aux fans de
Lovecraft qui ont déjà fait un peu le tour des études en tous genre et cherchent un sujet un peu moins usé.
Il est donc ici question de l'Islam et
Lovecraft. Apparemment un thème improbable, car à part deux ou trois allusions orientales très rares,
le Necronomicon de l'arabe dément
Abdul Alhazred (qui n'est d'ailleurs pas vraiment musulman), peu d'évocations chez
Lovecraft.
Monget remet dans un premier temps en perspective l'orientalisme ambiant de l'époque, surtout en vogue chez nombre d'auteurs gravitant dans le cercle des écrivains de pulps (C.A.
Smith, Howard, etc.).
Monget continue aussi de s'appuyer sur son idée que les Grands Anciens sont des incarnations de puissances physiques réelles, idée précédemment initiée dans son excellent
Lovecraft, dernier puritain, toujours chez La clef d'argent.
Cet essai va un peu dans tous les sens, mais de manière structurée, il tente d'aborder plusieurs sujets parfois éloignés les uns des autres en réussissant à tout lier de manière agréable. L'occasion par exemple d'évoquer Houdini et
Robert Houdin, Hodgson,
Dunsany, Beckford, et évidemment (ou hélas) en passer par l'incontournable sujet de l'antisémitisme et négrophobie de
Lovecraft, mais pour une fois sans moult pages morales inutiles, seulement de l'argumentation factuelle. D'ailleurs, contrairement aux études de ces dernières décennies, ici pas question d'analyse psychanalytique façon madame Irma qui se serait mise à
Freud plutôt qu'aux thèmes astraux, et ça fait vraiment du bien de ne pas avoir d'allusion à des refoulements quelconques ou autres névroses infantiles tirées du chapeau pour expliquer tout et n'importe quoi.