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EAN : 9791092159271
656 pages
Tusitala Editions (14/01/2022)
4.1/5   20 notes
Résumé :
Une trentaine d'années après la disparition mystérieuse du camarade avec lequel il avait passé l'été de ses douze ans, un représentant de commerce retombe sur les lieux du drame et tâche de reprendre l'enquête. Une sage étudiante en cinéma rennaise, elle, se retrouve dans le viseur d'une société secrète aux desseins farfelus. Dans le même temps, deux sœurs jumelles tentent de s'extirper des griffes de leur tortionnaire. Où les mènera la traque effrénée qui semble to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Qu'est-ce qu'on écrit après Francis Rissin ? Ou plutôt, avais-je demandé à Martin Mongin lors d'un entretien, comment fait-on quand on est son créateur pour se défaire de l'emprise d'un tel personnage ? "On crée un autre monstre" m'avait-il répondu.
Venons-en donc à ce nouveau monstre, le Chomor. Si vous avez lu Francis Rissin, vous vous doutez bien que l'affaire n'a rien de simple et qu'il ne sert à rien de vouloir résumer le livre ou l'histoire, de toute façon elles sont multiples. le Chomor est une expérience. On peut parler de jeu, oui. Complexe. Machiavélique. Captivant. Unique. Martin Mongin joue avec les dimensions, avec l'espace. Mélange les genres dans une orgie d'inventivité qui explore les limites entre réalité et fiction. Et pousse le curseur très très loin. Il convoque les rêves, les fantasmes, flirte avec la folie. Tout ceci avec une fluidité narrative qui rend l'expérience totalement immersive (sauf contre-indications graves telles qu'une allergie à l'imaginaire ou une pensée trop terre à terre, vous voilà prévenus). Attention, rien de tout ceci n'est gratuit. le propos est sacrément politique, la chasse au grand capital est ouverte, beaucoup est prétexte à pointer les dysfonctionnements de notre société centrée sur la croissance ou à mettre un coup de projecteur sur notre persévérance à détruire la planète. D'ailleurs, la question centrale est peut-être là : quand la situation est désespérée, quand les décideurs restent sourds aux alertes pourtant répétées, vers qui ou quoi se tourne-t-on ? Francis Rissin pouvait être une réponse, il a montré quelques limites. Alors ? Notre salut viendra-t-il des étoiles et d'une lointaine planète encore inexplorée ? de la poésie ? D'une société secrète ? D'un héros providentiel ? Dans le Chomor, toutes les pistes sont explorées, l'auteur n'hésite pas à convoquer Victor Hugo, Bruce Willis, le Petit Prince ou le fameux Jean-Marie Massou qui prophétise que "c'est pour bientôt, c'est pour bientôt". Je l'ai dit, le Chomor s'abreuve à tous les genres et à toutes les formes artistiques, Fantasy, science-fiction, poésie, littérature, cinéma, art contemporain, y compris le livre dont vous êtes le héros (j'ai bien failli devenir folle, enfermée dans ce chapitre 7), accumule les références et les clins d'oeil et vous fait passer par tous les états, avec ici et là des pointes d'humour irrésistibles.

Le propre de l'artiste c'est de nous proposer des angles de vue totalement inédits, de renverser la table, d'oser le décalage. "La caractéristique de la réalité c'est qu'elle dépasse toujours la fiction" dit l'un des personnages du roman, et il suffit de regarder autour de nous pour avoir envie d'approuver. Alors, notre monde ? Est-il fiction ou réalité ? Pas sûr que vous sortiez de cette lecture avec des réponses. Mais vous aurez vécu un feu d'artifice créatif, métaphorique et brillamment littéraire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le Chomor est un concept, un jeu, un lieu, un mystère, un antidote. Il s'agit surtout du nouveau livre de Martin Mongin, qui avait déjà commis le vertigineux Francis Rissin il y a de cela trois ans.

Toujours difficile de résumer un texte aussi foisonnant, qui si de très loin et comme son prédecesseur Rissin il fait penser à un exercice de style ; dès qu'on s'en approche un peu on s'abîme et on en est pour le voyage. L'enthousiasme est intact, on le retrouve comme débarqué du temps de l'enfance ; comme lorsqu'il s'agissait de plonger dans une saga d'aventure, un livre/monde dans lequel on vibrait pour une héroïne, flanquée d'une bande d'acolytes bigarrés rencontrés sur la route et acquis à la cause. Ensemble, ils auront traversé bien des épreuves douloureuses, puisqu'il s'agissait contre toute vraisemblance de défaire un mal à échelle planétaire menaçant le monde connu.

C'est ainsi qu'il en va dans le Chomor, sauf que l'action ce livre-monde-ci se déroule dans le nôtre, encore une fois dans le décor de villes et villages hexagonaux, à notre époque des grands chantiers immobiliers et industriels, des labellisations « ville d'avenir » et des concours d'oeuvres publiques. Nos héros sont pour l'une étudiante en cinéma, pour l'autre représentant de commerce, ou encore soeurs jumelles élevées en partie dans le multivers.

La chaleur est écrasante, les eaux changent de couleur, de texture, d'épaisseur sans que l'on s'appesantisse sur la crise écologique : il ne s'agit pas de l'éviter, on est bien dedans, et puisqu'il le faut nos héros traverseront ces paysages dévastés pour combattre le léviathan – le grand Capital, qui a recouvert de son emprise notre monde connu, et le coeur des plus cupides / puissants d'entre nous.

Le Chomor est une lecture comme il nous en faut en ce début 2022 : ambitieuse, d'une grande amplitude, une construction savante, une aventure réjouissante et pleine de frissons (de plaisir et de peur). Bref, une oeuvre complète. Elle a comme réinitialisé mon plaisir de lire, comme avant la librairie, avant la maison d'édition, avant la fac de lettres. Ça m'a rendue juste lectrice et c'est un peu de la sorcellerie ou alors le Chomor comme un deus ex machina, remède et solution miracle à la morosité qui s'attaque à nos imaginaires.
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Si la structure du livre – grosso modo, plusieurs nouvelles formant une seule histoire – évoque, comme dans Francis Rissin, la stratégie narrative d'un Roberto Bolaño dans ses deux grands romans (2666 et Les Détectives Sauvages), la voix est ici plus « grand public » que chez l'auteur chilien. le Chomor est donc un livre « pop » de par son esthétique, et +/- "expérimental" de par sa structure. Après un premier chapitre entre enquête et roman d'apprentissage, à la manière d'un Stranger Things ou d'un Ça transposé en Bretagne, la mutation s'amorce dès le second chapitre, jouissif tant par son rythme que par sa folie et son propos. On pense à une réécriture païenne de Retour vers le Futur par un disciple de Kurt Vonnegut Jr, mais aussi aux théories du regretté Mark Fischer (cf "Le réalisme capitaliste ; n'y-a-t-il aucune alternative ?"). À l'instar de ce dernier, Martin Mongin semble avoir classé le manque d'imagination comme l'un des grands maux de notre époque, et son contraire, c'est-à-dire l'inventivité la plus débridée, comme possible antidote à l'infâme TINA ("There Is No Alternative", slogan cher à Margaret Thatcher, censé prouver l'inéluctabilité du néolibéralisme). Inutile d'aller plus loin : si vous aimez Francis Rissin, le brouillard et les OVNI, et que vous haïssez le capitalisme, les lieux communs et les récits joués d'avance, foncez. Et dans le cas contraire, ne vous attendez pas à des réponses. Car le Chomor, comme 2666 ou le livre de sable, ne se préoccupe que de fournir des pistes – c'est au lecteur lui-même, pendant et après la lecture, de se transformer à son tour en détective sauvage.
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Tout commence comme dans un roman d'apprentissage classique. le jeune Val passe des vacances avec ses parents en Bretagne quand il fait une rencontre qui bouleverse sa vie. A l'issue d'un premier chapitre qui débouche sur une intrigue policière, Martin Mongin opère un virage à 180 degrés et nous embarque dans un scénario post-apocalyptique où l'on croisera notamment une étudiante en cinéma séduisante, un clochard borgne et Bruce Willis.
En neuf chapitres empruntant tour à tour aux codes de la fantasy, de l'éco-fiction, du roman social et même du Livre dont vous êtes le héros, Martin Mongin conduit - et égare - son lecteur avec brio vers la réponse à cette question centrale : de quoi le Chomor est-il le nom? Sous ses dehors foutraques et potaches, ce pavé de 600 pages dresse en réalité un portrait au vitriol des maux de notre société contemporaine : écologie de pacotille, absurdité administrative, catastrophe climatique et omniprésence de la novlangue technologique et libérale. Après son livre ""Francis Rissin"" qui avait obtenu le prix Effractions/SGDL en 2020, Martin Mongin signe assurément avec ""Le Chomor"" un nouveau coup de maître.
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Comme je n'avais pas oublié ma lecture de Francis Rissin, j'ai sauté en librairie sur le Chomor (il y a des témoins) et englouti vite fait les 594 pages annoncées.

Comment en parler? Des trucs comme cela, on n'en lit pas tous les jours. Tout démarre avec Val, qui, en vacances avec ses parents sur la côte bretonne, fait connaissance de cousins, des jumelles et Efflamm, et un jour celui-ci disparaît totalement et mystérieusement. L'on passe à Lausanne, étudiante à Rennes, embarquée dans une aventure étrange (un message aux extra-terrestres, vraiment? demander l'aide de Bruce Willis? ) . Puis voici des jumelles cherchant à s'échapper d'un univers inquiétant. Puis l'on découvre La grande traque, "déconcertant jeu de piste". Un site d'enfouissement de déchets nucléaires (ah le discours du directeur!). Puis un départ vers les étoiles (Elon Musk, oui). Un jeu dont on est le héros, ou plutôt la maire de Rennes, ville vraiment chamboulée. Et toujours de mystérieuses destructions, un poil d'écoterrorisme? (sortez vos clés à molette!) Et puis ça continue, le lecteur essaie de relier les fils, il s'est quand même bien fait balader, pour son plus grand plaisir.

Une drôle d'expérience, qui m'a fait toucher à des genres que j'évite d'ordinaire. Un poil d'imaginaire, de fantastique même, je dirais plus simplement du 'pas possible' mais entraînant et irrésistible. L'impression d'être dans un autre univers, avec du flou, un changement climatique bien avancé (encore plus avancé, quoi), un mystérieux ennemi, un monstre, des poursuites, un beau final maritime genre film de pirates et île au trésor.

C'est quand même du bonheur, un auteur avec tant d'imagination!
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"C'est la fiction qui est du côté de l'action ! reprend l'homme. Les essais sont bons seulement à se secouer le mou du cerveau. Il n'y a que la fiction qui peut nous servir de guide. Les romans sont des manuels pratiques."
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Videos de Martin Mongin (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Martin Mongin
Après avoir été remarqué·es pour leur premier roman et obtenu un vrai succès d'estime de la part des critiques et des lecteur·ices, Dima Abdallah, Martin Mongin et Laurent Petitmangin ont très vite publié un autre texte. Bleu nuit dresse le bouleversant portrait d'un homme en proie à ses fantômes ; le Chomor nous emmène dans les méandres d'une enquête où la fiction renverse la réalité ; et Ainsi Berlin sonde les contradictions de l'âme humaine sur fond de reconstruction d'après-guerre. Comment envisage-t-on l'écriture et la publication d'un nouveau texte après avoir bénéficié d'un si bon accueil ?
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