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Charles Recoursé (Traducteur)
EAN : 9782264077530
240 pages
10-18 (19/08/2021)
3.89/5   50 notes
Résumé :
Maire d’une petite ville éclaboussé par un scandale, Stewart Rome se rappelle le sordide fait divers qui a bouleversé sa vie alors qu’il n’était encore que le jeune Stewie, timide et empoté. En 1967, on retrouvait Masha, la fille dont il était fou amoureux, sauvagement agressée dans le sous-sol de son lycée. Un adolescent noir était rapidement arrêté. Était-il coupable ? De quoi se souvient réellement Stewart, narrateur trouble et manipulateur ?

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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman noir, magistralement préfacé par Hervé le Corre, débute comme un policier, avec dès les premières pages, une jeune adolescente d'origine polonaise, Masha, lardée d'une trentaine de coups de couteaux, laissée pour morte, et l'arrestation dans les deux heures d'un jeune noir Emmett, qui sera condamné.

A partir de là, la partie policière est quasiment terminée, même si elle réapparaîtra brièvement à la toute fin, avec le contenu du rapport du légiste.

Stewie, adolescent amoureux transi de Masha, est le narrateur choisi par Richard Krawiec pour relater l'histoire dramatique de Masha. Stewie n'est qu'un anti-héros, lucide sur sa lâcheté viscérale, il revient sur le drame des années plus tard, alors qu'il est devenu on ne sait comment maire de la ville, ce qui lui permettra d'avoir accès aux documents policiers.

Emmett est-il le coupable? En tout cas, il est dénoncé, abandonné par Stewie, mais ils sont tous coupables, Emmet ayant surtout choisi de fréquenter, au mauvais moment, les mauvaises personnes, en l'occurrence Murphy et Doyle, deux jeunes qui finiront comme de vrais délinquants et qui sont probablement les auteurs des coups de couteaux portés à Masha, tout comme Stewie, qui s'est détourné d'elle alors qu'il affirmait l'aimer et qui a pu atteindre les sommets de la lâcheté en l'abandonnant dans son sang, même si peu après il prévient la police.

A travers Stewie, Richard Kraviec dépeint cette Amérique raciste des sixties, où les jeunes commencent à toucher à la drogue, où les immigrés sont ciblés, les femmes battues (elles l'ont mérité), les filles violées et assassinées (elles l'ont cherché), les noirs tous décriés. Masha est présentée comme une allumeuse, une traînée alors qu'elle n'était que beauté et sincérité, à côté de laquelle est tristement passé le malheureux Stewie.

Richard Krawiec s'adresse nommément à son lecteur comme s'il avait besoin de son aval dans son analyse sociologique de l'Amérique de l'époque. Elle n'a pas vraiment changé cette Amérique où les pauvres sont écrasés, les minorités oubliées, est-elle d'ailleurs si loin d'une France où le racisme réapparaît sans cesse, ce racisme qu'elle a illustré si dramatiquement au cours de la guerre en dénonçant les gens, en prenant leurs logements, leurs richesses laissées, mais on ne savait pas, on ne croyait pas que... tout comme Stewie qui vit avec ses remords éternels.

Masha n'aurait-elle pas survécu à ses blessures? Stewie dit qu'elle est partie avec sa famille et, à la dernière page, il lui demande, où qu'elle soit de ne jamais lui pardonner...

Richard Kraviec, par la beauté de son écriture, la finesse de ses dialogue, les images parlantes qu'il donne de cette jeunesse déboussolée, a écrit un très beau roman noir, dur, qui porte avec une efficacité absolue, les pires sentiments.

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Quelle idée, mais quelle idée ! Après " Il y a des hommes qui se perdront toujours " me voilà parti à la découverte de " Paria " ...Si le premier était " noir de chez noir " , le second l'est ...au moins autant . J'en sors " lessivé " , sur les genoux , le moral dans " les chaussettes " , les idées perturbées...Et dire que , jeudi , c'est la rentrée, je vais pas aller " voir " le toubib pour m'arrêter, tout de même ? Ah , oui , c'est vrai , je suis retraité, vraiment , vous devez penser que mes idées ne sont plus très claires ....Remarquez , je suis loin d'être le seul...Dans " Paria " , Stewart Rome , alias Stewie m'a entraîné dans ses atermoiements ...et je l'ai suivi . J'aurais dû me méfier mais il avait l'air sympa , pas comme ses potes Doyle et Murph . Ceux la , c'est " du lourd ", prêts à tout ...Un sacré exemple pour le timoré Stewie à qui on donnerait le bon Dieu sans confession ...Pas de chance , le gamin : des potes peu recommandables , une mère qui a tendance à trouver " l'herbe plus verte ailleurs " , un père violent et raciste ....mais raciste à un point...Oui , bon , États- Unis , 1967....Alors , lorsque la jeune polonaise Masha est retrouvée assassinée, le coupable ne tarde pas à être repéré...Il s'appelle Emmet et ....Il est noir . Voilà. Sauf que ...C'est pas tout , c'est plus compliqué , plus tordu , plus atroce , plus ...pervers mais ...bigrement addictif.
États- Unis , 1967 , une " bande " de jeunes adolescents vous entraîne dans une société pas " rose du tout " , une société où il ne fait vraiment pas bon se trouver dans la peau d'un paria car peu de compassion vous sera accordée. Les idées de Stewie sont comme les miennes , bien emmelées , emberlificotées . Seul un lecteur averti retrouvera , ou non , le fil d'Ariane . Vous , sans doute . Moi , si vous permettez , je vais allez prendre " un médoc " et réviser un T'Choupi et un Pat Patrouille avant l'arrivée de mon petit fils...Ça va me faire du bien au moral . Quant à vous , n'hésitez pas , ce bouquin , c'est du bon , ce serait dommage de " passer à côté ".
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Écarté de son poste de maire après la découverte de malversations et autres combines, Stewart Rome se souvient d'un évènement douloureux qu'il a vécu, alors adolescent et qui a vu la mort de Masha, une jeune fille polonaise dont il était amoureux.
Fin des années soixante, Stewie, alors adolescent mal dans sa peau, peu sûr de lui, n'a pu sympathiser qu'avec Emmett Turner, un adolescent noir, intelligent mais devenu la cible de deux autres élèves du lycée, Doyle et Murphy, qui multiplient les sales coups envers Emmett. Stewie n'ose pas s'opposer, et devient le suiveur dans tous les coups tordus des deux voyous, cachant ses sentiments pour la jeune Masha. D'une famille polonaise catholique récemment installée, elle a été la petite amie, - selon les rumeurs - d'Emmett, mais semble désormais attirée par Stewie, qui ne lui est pas insensible. Quand la jeune fille est retrouvée tuée d'un coup de couteau près de l'école, le coupable est désigné d'avance, Emmett.
Un retour dans le passé et une confession d'un homme devenu adulte, qui s'est livré à des malversations et qui cherche à s'exonérer de sa lâcheté ou peut-être appelle une rédemption en livrant sa version de ce drame. Une petite ville typique du Massachusetts, avec ses quartiers miséreux, occupés, au fil du temps successivement par les Italiens, les juifs, les Irlandais, les Allemands et plus récemment par des Polonais, derniers arrivés et toujours mal vus. Des quartiers où les petits blancs pauvres survivent grâce à de petits boulots, des gosses qui sèchent les cours et testent les drogues diverses, se défiant, raillant les élans amoureux des plus sentimentaux, alors que ce sont les coups et les bagarres qui caractérisent pour eux, la force de caractère. Une force de caractère qui manque cruellement à Stewie, dominés par Doyle et Murphy, un entraînement par le bas, dans lequel le jeune ado va plonger contre son gré et contre ses sentiments, par faiblesse de caractère.
Avec Paria, Richard Krawiec livre un récit sombre de l'Amérique rurale, dominée par la défiance de l'autre, une Amérique où les enfants sont laissés à eux-mêmes, sans vrai horizon et qui se laissent submerger par les plus forts.
Une observation fine et désabusée d'une jeunesse à la dérive.
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Voici un roman où on est mal à l'aise du début à la fin, sans un instant de répit ! le narrateur Stewart Rome est l'ancien maire de la localité et nous plonge en 1967 quand il était un adolescent mal dans sa peau qui fréquente les mauvaises personnes pour ne pas être leur souffre-douleur ni être seul ! Il est prêt à tout pour ne pas être seul !

Il est amoureux de Masha une immigrée polonaise qui a aimé Emmett avant lui, un noir qui fut l'ami de Stewie dans leur enfance ! Stewie l'avait trahi pour quelques donuts qu'il avait oublié chez lui et Emmett est devenu le Paria !

Masha est massacrée dans le sous-sol de leur établissement scolaire et sans preuve conséquente, Emmett est accusé de ce crime puisqu'il est noir ! Alors que Stewie et ses deux copains de débauche peuvent aussi l'avoir fait !

Richard Krawiec m'a semblé aimer tous ses personnages et il a fait preuve de beaucoup de lucidité en les décrivant, de compréhension aussi mais sans accuser ni absoudre !

Une lecture difficile par son contenu car la plume de Krawiec est agréable et j'imagine bien lire d'autres titres de lui.

#Paria #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021

Challenge MULTI DEFIS 2021
Lecture THEMATIQUE septembre 2021 : Première rencontre !
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La vérité ? Quelle vérité…

Je ne sais plus qui m'avait conseillé de lire Richard Krawiec, mais comme d'habitude en pareil cas, je me suis précipité. Et j'ai bien fait. Car cette autopsie d'un fait divers dans l'Amérique des années 60 servant de support à une réflexion sur la vérité est d'une grande puissance.

Quand la jeune Masha Kucinzki, ado immigrée d'origine polonaise, est retrouvée quasi-morte au lycée après avoir été sexuellement agressée et lardée de coups de couteaux, les soupçons se portent rapidement sur Emmett, un jeune black qui sera arrêté et condamné.

Tout le monde est satisfait, sauf Stewie, qui fut le petit ami de Masha et qui traîne son mal-être d'ado entre parents violents et absents, fréquentations douteuses de Doyle et Murphy, et questionnements incessants sur le chemin de vie qu'il devrait tracer.

Car Stewie sait ce qu'il s'est passé, conjonction de facteurs défavorables issus des liaisons faussées du quintet improbable formé entre Masha, Emmett, Doyle, Murphy et lui. Il sait, ou se souvient. Ou tente de se souvenir, des années plus tard, rongé par le remords, le flou de l'oubli, la mémoire volontairement sélective.

Déployant ses réflexions sur la violence, le racisme et les luttes qui opposent Américains de classes modestes et immigrés qui le sont tout autant, Paria - traduit par Charles Recoursé – n'est pas seulement un roman noir de plus.

C'est aussi un habile exercice de style sur l'écriture et sa vérité (qui n'est pas sans rappeler le dernier livre du regretté Russell Banks), sur le lien qui réunit le lecteur et l'auteur le temps d'un livre, sur la façon dont le second influence le premier et sur le libre arbitre que celui-ci peut toujours conserver.

D'où les nombreuses adresses directes de l'auteur à son lecteur, « comme s'ils étaient amis. Comme s'ils n'étaient pas seuls, chacun de leur côté, l'un qui écrit et l'autre qui lit. Isolés tous les deux (…) Est-ce mon histoire ? Est-ce la vôtre ? ».

Un livre sur la conscience, où celle des protagonistes est tout aussi importante que celle du lecteur : « Vous voudriez que cet acte de violence soit la conséquence “logique“ de la dépravation d'une personne, l'aboutissement dramatique mais logique d'une vie dérangée ». Mais la vérité n'est-elle pas ailleurs que là où l'auteur semble nous emmener ?

Krawiec tourne autour de son fait divers, à 360° pour en explorer toutes les facettes, en questionner toutes les dimensions et n'en laisser aucun angle dans l'ombre. Libre à chacun ensuite de trancher les responsabilités et culpabilités.

Suivant les conseils d'un auteur entendu dans sa jeunesse - « On ne se souviendra pas de nous, il a dit (…) Ce que nous pouvons espérer de mieux, c'est de laisser une blessure dans le monde » - le jeune Stewie étale au grand jour la blessure qu'il a laissé au monde, avec une conclusion froidement réaliste : « Et si, au fond, c'était moi le problème ? »

À celle ou celui qui me l'avait conseillé, un grand merci pour la découverte !
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Les adolescents croient tout savoir parce qu’ils ressentent tout avec une intensité extrême; l’émotion est un savoir, et comme personne n’éprouve les émotions avec autant de puissance, personne ne peut les comprendre aussi bien qu’eux.
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L'univers, lui, ne juge pas. Il donne les thèmes. Nous les concrétisons, les explorons, opérons des variations, des changements, des reconfigurations en fonction des tenants du pouvoir, de ceux qui déterminent ce qui est bien et mal, qui sont les gentils et qui sont les méchants. Qui est accepté. Qui est un paria.
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Je suis convaincu que le savoir est semblable à l’arbre qui tombe dans la forêt ; la question n’est pas de savoir si l’arbre fait du bruit quand personne n’est là pour l’entendre. Bien sûr, il fait du bruit. Il se déchire, il crie en arrachant les branches des autres arbres, en écrasant la végétation.
Non ,la question n’est pas l’existence de ce bruit, ni ma capacité à le percevoir. Ce qui compte, c’est l’effet que produit la chute de cet arbre sur ce qui l’entoure. Ce qui compte, ce sont les dégâts, et ce qui en résulte. Le processus de décomposition et de croissance que nous ne parvenons pas à relier à la chute de l’arbre.
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Même si l’auteur s’adresse à vous comme à un vieil ami, vous restez tout de même à sa merci. Vous devez penser ce qu’il vous dit de penser, suivre les pistes qu’il dessine, soupeser les indices qu’il vous présente, sans savoir quels indices, quelles pistes, quels points de vue sont peut-être cachés, effacés, niés. Vous devez croire en l’honnêteté de l’auteur. Vous devez croire qu’il est aussi bien intentionné que vous.
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D'après le dictionnaire, un paria est un marginal, une personne d'une catégorie sociale déconsidérée ou méprisée, de basse extraction ou de piètre qualité. A l'origine, ce terme renvoie aux membres d'une caste "inférieure" du sud de l'Inde qui, à en croire les premières archives écrites, étaient jugés plus malfaisants que le diable. Ils étaient tellement mis au ban de la société qu'ils n'avaient même pas le droit de participer aux cérémonies en l'honneur des dieux. Selon certaines sources, seules les castes de lessiveurs et de cordonniers étaient en dessous des parias.
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Video de Richard Krawiec (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Richard Krawiec
L'écrivain américain Richard Krawiec lit un extrait de son roman "Paria", paru en 2020 aux éditions Tusitala, et traduit de l'anglais par Charles Recoursé.
http://www.editions-tusitala.org/
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