Kevin, votre fils, n'est pas très sociable et vous voyez bien qu'avec les filles, il se prend souvent des râteaux. Ses camarades vivent cinq aventures quand lui, péniblement, n'en vit qu'une. Pourquoi cela ? L'odorat. Si, si. Ce sont les conséquences d'une absence d'odorat.
Et votre vieille amie Mariette qui pleure à longueur de temps dans vos bras ? Son mari est un infidèle notoire et son couple au bord de l'explosion. Rassurez-la : son Jojo est sûrement porteur d'une copie de l'allèle 334. Ce n'est pas vraiment de sa faute. C'est génétique...
Bon, votre fille ne ressent pas d'attirance pour les mauvais garçons ? C'est déjà un bon point parce que certaines femmes, pendant leur ovulation, n'ont d'yeux que pour les bad boys. La faute aux hormones. Ces fichues hormones qui modifient les perceptions. de ces goujats charmeurs, elles pensent bien à tort qu'elles en feront d'honnêtes compagnons et de bons pères de famille.
Les femmes aiment les mâles dominants, les chefs. On sait qu'Alpha a la mâchoire carrée, la voix grave et qu'il aime aussi sûrement la compétition. Pour procréer, c'est mieux. Femelles, ne vous battez pas et poètes, ne rêvez plus, il n'y a pas d'amour désintéressé.
La nature fait évoluer l'homme. On le sait depuis Darwin. La loi de l'amour, c'est la loi du plus fort.
Là où ça se corse, c'est que pour un mâle dominant, avoir des enfants, c'est compliqué. Chef de bande, OK. Chef de famille, ça ne le fait plus, on y perd en crédibilité. Mais si Alpha ne veut pas s'encombrer de ses obligations parentales, ne l'accablez pas. Ce n'est pas de sa faute. C'est sa nature. Femme, fais avec !
On l'a bien compris, la vision scientifique de l'amour est machiste. Entre autres.
Et tout ce florilège d'inepties cité plus haut (il y en a beaucoup d'autres) est tiré de différentes études dites « sérieuses » - hormones et gènes brandis en étendard comme « le poumon » ou le « voilà pourquoi votre fille est muette » de
Molière - parce que SCIENTIFIQUES. Ce sont des scientifiques qui cherchent à nous expliquer l'amour.
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David Monnier est très fort. Avec un humour dévastateur et une plume rigoureuse, il nous met sous les yeux ce que, dans les médias, nous absorbons sans réflexion (pour ma part, c'est certain) : les affirmations ridicules de ces études aux protocoles souvent douteux et de surcroît, se contredisant régulièrement ; le tout pour nous faire croire que l'amour est réductible à la biologie. Et il s'insurge, @
David Monnier. Non seulement, @
L'amour est une science très dure nous permet de réaliser que ce n'est pas parce qu'une étude est menée par des chercheurs du CNRS ou équivalent que ses résultats sont à prendre pour argent comptant (de même que les articles les relayant dans les revues ne sont pas systématiquement fiables) mais aussi, il réussit à nous faire comprendre quel est là l'intérêt de la science. Les raisons sont multiples. Elles sont ce que la société veut nous renvoyer comme image de l'amour. Elles représentent le machisme ou le paternalisme qu'on voudrait tant pouvoir oublier. Elles représentent la religion. Elles représentent le mercantilisme. Elles représentent les dérives du capitalisme. Elles représentent le monde dans lequel nous vivons. Elles représentent ce à quoi notre société tend à devenir. Elles ne sont pas anodines du tout.
À aucun moment – et il le répète souvent - @
David Monnier nie l'intérêt et la nécessité de la science. Mais il lui redonne sa juste place et argumente le fait qu'elle ne peut prétendre comprendre l'amour. L'ennemi des scientifiques qui prennent l'amour comme domaine d'étude - et @
David Monnier le répète également très souvent – est LE LANGAGE. La parole, le langage, la subjectivité, l'unicité, l'affectivité, la culture... voilà ce que cherche à oublier cette science. Et c'est juste impossible.
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L'amour est une science très dure est un essai très structuré qui remet les pendules à l'heure, avec un plan très clair, beaucoup de pédagogie et toujours cet humour qui nous fait avancer.
Une lecture saine et nécessaire.
« Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade. » (
Jiddu Krishnamurti)
Merci infiniment, @
David Monnier, pour votre ouvrage si salutaire, merci @NicolasBabelio de m'avoir permis de le lire et merci aux Éditions Apogée de me l'avoir envoyé.