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EAN : 9782874495410
104 pages
Les Impressions nouvelles (24/08/2017)
3.41/5   11 notes
Résumé :
Dans cette dystopie de Chantal Montellier, le « radeau démocratique » a depuis longtemps coulé et la société d’hyper-consommation a atteint ses limites.

Sur fond de couvre-feu, d’état d’urgence et de montée des extrémismes, un couple très « upper middle class », Thérésa et Jean, se rend chez des amis pour y passer la soirée. Ils s’arrêtent pour chercher un cadeau à Shelter Market, un centre commercial souterrain, qui peut aussi faire office d’abri ant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En 1980 Chantal Montellier publie Shelter aux Humanoïdes Associés. Dans ce récit dystopique, un groupe de personnes se retrouvent piégés dans un centre commercial souterrain suite à une explosion nucléaire. La survie s'organise. La situation semble optimale. le centre commercial offre tout ce qui est nécessaire à la survie, depuis l'indispensable nourriture jusqu'au plus futile des div Chantal Montellier ertissement. Malgré le confort exceptionnel qui en découle, le spectre du totalitarisme surgit rapidement.
Le titre "Shelter" est une référence à la chanson des Rolling Stones Gimme Shelter (donne moi un abri). Un abri est par définition fermé, comme une cocotte minute. Si la température s'élève, la pression monte jusqu'à l'explosion. Chantal Montellier mettait en scène cette montée en pression, tout en lui adossant le insiste sur le cauchemar consumériste, qui endort les consciences. Pinochet assurait une partie de son pouvoir sur l'anesthésie provoquée par une vie facile et confortable. Rollerball de Norman Jewison décrivait une société qui avait poussé le concept de "du pain et des jeux" jusqu'à l'absurde.
En enfermant des personnes sans histoires dans un temple de la consommation, elle imaginait le pire. Cela aurait pu être une utopie. Des hommes et des femmes isolés, mais ne manquant de rien. L'organisation se met en place, prônant une juste répartition des tâches, abolissant l'argent... sans avoir à se soucier de sa subsistance et en ayant accès à toute une gamme de divertissement. la nature humaine étant ce qu'elle est, ce sera une dystopie.
Shelter avait déjà été rééditée au début des années 2000 dans une anthologie (Social Fiction) qui reprenait 2 autres récits (1996 et Wonder City) réalisés à la même période. Dans la préface cette anthologie, Jean-Pierre Dionnet insistait sur la pertinence de la vision de l'auteure. Alors que la BD de SF française de la fin des années 70 souffrait d'une idéologie contestataire parfois trop naïve (relisez Armalite 16 ou Marseil de Michel Crespin, si vous le pouvez), les livres de Chantal Montellier continuent d'interpeller. Si la forme était encore fragile, le fond l'emportait largement. Toujours selon Dionnet, Montellier n'avait pas l'habilité d'un Tardi, ni la précision esthétique du groupe Bazooka (dont elle était proche). Pourtant la force de son propos est telle que son travail reste d'une urgente actualité.
En 2017, tout ce que dénonçait Montellier dans Shelter continue de s'appliquer. Il parut évident à l'auteur de continuer de faire vivre cette histoire. Mais au lieu d'une simple réédition, elle a préféré une refonte totale qui devint ce Shelter Market: une véritable recréation du livre d'origine. Sans doute éprouvait-elle trop de remords face à certaines maladresses de Shelter. La matière était bien présente. L'auteure faisait même preuve d'une clairvoyance inquiétante puisque ce qu'elle y anticipait continue de nous inquiéter 40 ans plus tard. Elle a entièrement repris le dessin, rajouté une trentaine de planches et modifié la fin, moins elliptique et beaucoup plus désabusée que dans l'original. Par curiosité, j'ai comparé avec le livre original. La base du dessin reste assez semblable, même si on constate l'évolution du trait de Montellier. Certaines planches, mêmes redessinées, restent quasiment identiques dans leur structure. Les textes ne sont que très légèrement modifiés.
C'est dans l'habillage que le travail de recréation de Montellier est le plus intéressant. J'ai toujours eu l'impression d'une auteure en marge de la production habituelle, qui a évolué à contre-courant de la production habituelle de la bande dessinée. Dans Shelter Market, elle emprunte beaucoup au street art, façon Banksy, en multipliant les "collages" de motifs qui évoquent les pochoirs de l'artiste. Elle utilise abondamment le motif de McRon, avatar à peine modifié de Ronald McDonald, dont les injonctions "Be Happy!" traversent le livre, comme une menace sourde. Ces injonctions étaient déjà présentes dans le livre original, mais de manière moins ostentatoire. le rapport à l'image a changé. le recours aux codes de street art s'intègre parfaitement dans l'ensemble.
Il est par contre édifiant de constater qu'un passage dans lequel l'héroïne veut porter plainte pour viol reste toujours aussi révoltant. Il démontre à quel point les mentalités n'ont pas changé. Dans cette scène, nous assistons à l'habituelle culpabilisation de la victime conjuguée à l'indulgence envers les agresseurs (mécanisme qui sera capturé sur le vif par Raymond Depardon dans Faits Divers quelques années plus tard) et qui reste malheureusement bien d'actualité en 2018.
Chantal Montellier avait vu juste en 1980.
En 2018, rien ne lui a donné tort.
Au contraire.
Au delà de la curiosité de découvrir un livre qui est une "mise à jour" d'un ancien titre par l'auteur lui-même, Shelter Market est avant tout un très bon livre qui questionne plus que jamais notre société.
Lien : http://labdmemmerde.blogspot..
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Shelter market se passe dans un "futur proche". Jean et Theresa ont rendez vous chez des amis pour dîner. Ils doivent se dépêcher car il faut qu'ils y parviennent avant le couvre-feu. Ils prennent néanmoins le temps de s' arrêter au supermarché pour acheter un cadeau à leurs hôtes.
Alors qu'ils sont au 8ème sous-sol, un message se fait entendre. le directeur du magasin annonce aux clients et au personnel que deux centrales nucléaires ont explosé et que, bien à l'abri dans ce centre anti-atomique, ils sont probablement les derniers survivants du pays, voire du monde.
Dans cet univers post-apocalyptique, les survivants doivent s'organiser, sous la houlette du directeur qui transmet ses messages via des écrans. La nourriture et les vêtements sont distribués gratuitement à tous, l'argent n'ayant plus cours dans de telles circonstances.
Mais les survivants commencent à se poser des questions. Theresa, elle, devenue bibliothécaire, constate que les membres de la sécurité viennent emprunter tous les livres politiques ou à connotation utopique. Ils ne les rapportent jamais, ce qui lui donne à penser qu'on veut "épurer" sa bibliothèque pour empêcher au maximum les gens de réfléchir.
Cette première incertitude l'amène à remettre en doute la parole du directeur: que se passe t il au-dehors?
J'ai aimé ce récit d'une centaine de pages. Moi qui déteste les BD en X tomes, j'ai été satisfaite de constater que l'histoire se clôt dans ce seul volume.
Un monde sombre, souligné par les teintes des dessins, est éclipsé par les messages vantant la beauté et l'harmonie de la vie offerte aux survivants et véhiculés par un clown à l'effigie de celui de mc Donald.
J'ai trouvé l'hypothèse de la BD très intéressante, mais je la deconseillerais aux plus jeunes car il y a énormément de violence sous-jacente.

Info: pour ceux qui ne parlent pas anglais, j'ai cherché la traduction du mot "shelter": il signifie tout simplement ABRI. Ainsi dès le titre , la problématique est posée : le supermarché est il un abri ou une prison?
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Découverte grâce à Masse critique babelio et à l'éditeur les impressions nouvelles d'un album paru aux tous débuts des années 1980 dans la mythique maison d'édition des Humanoïdes Associés et réédité en cette année 2017 histoire de voir le coté visionnaire de l'auteur.

Une dystopie de Chantal Montellier particulièrement angoissante et qui critiquait déjà les dérives de notre société de consommation.
Presque 40 ans après la réédition de cette BD actualisée d'une trentaine de pages montre à quel point Montellier était vraiment visionnaire avec cette mini-société totalitaire dans laquelle les vigiles instaurent un système de terreur permanent proche de 1984.

Le fond m'a touchée, cette critique cinglante d'une société de consommation de plus en plus liberticide, et criminelle mais hélas j'ai eu du mal avec la forme trop anxiogène et inexpressive.
En effet, on n'est ici pas loin de la rotoscopie qu'on trouve dans certains films d'animation avec des personnages plus proches de la photo que du dessin, formant un visuel assez oppressant qui colle certes bien au discours mais qui est bien peu esthétique…
Une curiosité pas totalement convaincante.
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(IK971) Un huis-clos oppressant découle de cette bonne idée à mi-chemin entre télé réalité et scénario post-apocalyptique. le parti pris graphique sous forme de roman photo rend cet album cultissime mais ne convaincra que les adeptes. Une curiosité qui tranche pour le fonds du CDI.
(LX971) Pas tellement séduit par les choix graphiques ni par le scénario abracadabrantesque : ce remake d'anticipation accuse le poids des années. Non pour le prix.
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critiques presse (4)
BDGest
05 septembre 2017
Avec Shelter Market, la fondatrice du prix Artmésia réalise un album totalement actuel et effrayant : si certains acteurs ont changé ou disparu, les luttes et les inégalités d’hier persistent.
Lire la critique sur le site : BDGest
BDZoom
22 août 2017
Résultat : une fable politique angoissante, dans la lignée des romans de George Orwell ou les films de Terry Gilliam. Du grand 9e art !
Lire la critique sur le site : BDZoom
Sceneario
16 août 2017
Un album qui reste plus que jamais d'actualité (Montellier a d'ailleurs profité de cette nouvelle version pour y glisser des clins d'œil sur notre société actuelle et sur ses dirigeants...) et que je vous conseille vivement de redécouvrir, sans plus attendre !
Lire la critique sur le site : Sceneario
ActuaBD
27 juillet 2017
Shelter est une de ces dystopies de la trempe de 1984 de George Orwell, de Soylent Green (Soleil Vert) de Richard Fleischer (dont l’action se passe en 2022…) ou encore de Brazil de Terry Gilliam, une œuvre oraculaire qui annonçait Tchernobyl et Fukushima, rien que ça !
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans l'Europe et le monde de ce temps-là, celui d'un futur proche, la technologie a continué à formidablement se développer, parallèlement aux techniques de surveillance. C'est un peu comme si tout le progrès humainement possible, et toute l'inventivité du sapiens-sapiens avaient été concentrés en un seul et même lieu, tout le reste régressant un peu plus chaque jour vers la loi de la jungle. Violences en tous genres, sexisme outrancier, obscurantisme, terrorisme et massacres, superstitions dignes des plus sombres cavernes préhistoriques, le tout agrémenté de distractions infantilisantes et abêtissantes. Comme si le cerveau reptilien avait définitivement triomphé du néo cortex. Ainsi Big Brother règne-t-il sans partage sur un troupeau humain apeuré et décérébré.
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Videos de Chantal Montellier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chantal Montellier
Avec Jean-Luc Fromental & des auteurs du catalogue Entretien mené par Victor Macé de Lépinay Dessins en direct par François Olislaeger
De Donald qu'il découvre à 4 ans, à Gemma Bovery, le roman graphique de Posy Simmonds paru en 2001, qui mènera à la création de Denoël Graphic, Jean-Luc Fromental racontera son éducation en BD. Une traversée-éclair d'un demi-siècle de figuration narrative, ponctuée des diverses révolutions auxquelles il s'est trouvé mêlé, comme lecteur d'abord, puis comme praticien.
Lors de l'entretien qui suivra, il évoquera les vingt ans d'existence de la collection, et sera rejoint par des auteurs présents dans la salle, Antonio Altarriba, Steven Appleby, Ugo Bienvenu, Joëlle Jolivet, Gérard Lo Monaco, Chantal Montellier, Posy Simmonds, Camille de Toledo, Marcelino Truong… par exemple !
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