Ce livre a eu un prix prestigieux du premier roman en Angleterre, très mérité.
J'ai été prise tout de suite par l'ambiance particulière de ce roman, qui mêle plusieurs aspects: un côté policier, de par les disparitions survenues, une étude sociologique et une analyse psychologique fouillée des différents personnages.
C'est la voix d'une fillette, Kate, qui se fait entendre au départ. Une fillette pétillante ,originale car jouant très sérieusement les détectives, dans les rues de Birmingham, avec son singe en peluche.Cela cache en fait une terrible solitude: son père est mort et elle vit avec sa grand-mère.
On plonge ensuite neuf ans plus tard, et l'on apprend que Kate a disparu et n'a jamais été retrouvée, à travers les voix de deux autres personnages, Lisa, soeur d'un ami plus âgé de la fillette, Adrian, qui sera accusé de l'avoir tuée et qui a, lui aussi ,disparu, et Kurt, agent de service dans le centre commercial, où travaille aussi Lisa.
Au fur et à mesure se révèlent les mystères mais aussi une présentation très réaliste et angoissante de ces métiers abrutissants au sein du centre commercial qui engloutit les âmes, et où Kate a disparu. La vision consumériste est bien rendue , notamment le ballet hypnotique des clients ou gens errants dans les couloirs de ce lieu anonyme et glaçant.
C'est subtilement construit, entre drame et humour, jusqu'à la révélation finale et les différents personnages, dans leurs failles et leurs peurs sont très attachants.
Un roman fort.
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Paru en 2007 (2009 en français), ce roman polyphonique évoque la vie d'un quartier de Birmingham où vit Kate, une petite fille joyeuse et drôle. Sa disparition plongera de nombreuses personnes dans la peine et changera à jamais celle de plusieurs d'entre eux.
Presque vingt ans plus tard, l'image furtive de cette fillette aperçue par Kurt, lui permettra de rencontrer Lisa, employée chez le disquaire du centre commercial où il est agent de sécurité. Ces deux êtres solitaires feront de leur quête de la vérité, une raison de reprendre confiance en la vie.
Au-delà de l'énigme, ce roman suscite de nombreuses réflexions sur l'absence, le sentiment de culpabilité, l'opprobre... Véritable métaphore de notre société de consommation, il dénonce la vacuité de l'existence -qui poussent des centaines de personnes à se promener sans but dans le centre commercial juste pour se distraire- le marketing et ses méthodes agressives, les formations commerciales, l'aliénation consumériste... Il évoque également la crise industrielle des années 80 qui a vu de nombreuses usines fermer leurs portes et licencier et à la place desquelles s'est implanté... un centre commercial. Situation absurde autant qu'insultante.
Quant à l'énigme, elle tient en haleine jusqu'au bout malgré l'absence d'action spectaculaire. L'auteure n'a pas son pareil pour semer des détails pertinents qui se mettront en place dans la troisième partie du roman, comme des poupées russes. Les personnages sont attachants, que ce soit Kate, Adrian, Kurt ou Lisa. Et tout sonne juste dans ce roman noir servit par une plume agréable et précise.
Un très bon moment de lecture que je vous conseille.
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Un premier roman pour Catherine O'Flynn... Dingue ! Une écriture et une construction aussi abouties, c'est incroyable.
Une petite fille a disparu et c'est l'enfance entière qui semble avoir sombré dans le brouillard !
1984 : Kate est au coeur de l'histoire, pleine de projets et de dynamisme.
2003 : On sait qu'elle a disparu, les enfants devenus adultes ont mené leur barque jusque Green Oaks, temple de la consommation, centre commercial de leur petite ville grise. Et une fois arrivés là par les hasards de la vie, le désenchantement les a saisis, la consommation a étouffé tous leurs projets.
Les personnages réalisent petit à petit que leur enthousiasme et leurs rêves se sont éteints dans une société moderne où tout semble tourner autour de la consommation.
Mais la petite fille réapparait sur un écran de sécurité et cette torpeur commence à s'effriter.
L'auteure amène les personnages à se rencontrer vraiment, elle saupoudre de magie et de questions leurs petites vies devenues ternes et peut-être, peut-être sortiront-ils de leur marasme.
Catherine O'Flynn réussit le tour de force de rendre l'ennui et le manque d'ambition passionnant !
Son humour discret teinte le tout d'une douceur paisible et humaine.
J'ai adoré !
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Je passais ma vie à regarder les gens. Moi, personne ne me regardait jamais.
Je sentais un regard dans mon dos et je savais qu'elle était là, assise, quelque part derrière moi. Je ne savais pas qui elle était ni ce qu'elle voulait, mais je savais qu'elle m'avait choisi.
J'arrive pas à croire que tu vas être responsable d'un magasin. Fréquenter ces macaques en conférence. Faire du chantage à des gamins de dix-sept ans pour qu'ils fassent des heures sup à l'oeil. Faire travailler les gens comme des dingues pour que tu puisses toucher ton bonus et t'acheter une nouvelle voiture. (...) Il n'y a rien qui vaille la peine de faire douze heures par jour quelque chose que tu détestes.
Lisa avait entendu l'exposé des faits de nombreuse fois.Elle avait lu des choses horribles dans les journaux. Elle avait lu les graffitis sur leur maison. Rien de tout ça ne l'avait touchée. Les faits n'ont aucune importance lorsque vous croyez en quelqu'un. Pas une seule fois elle ne douta de son frère.
Oh, mon dieu, ce con baratine une fille. Et elle est réellement impressionnée. C'est dire si tout part en couille. Je ferme les yeux.