Cette édition de poche (2018) est une réédition d'un livre paru en 1994 chez le même éditeur. Il semble que le texte n'ait pas fait l'objet d'une révision et que les références n'aient pas été actualisées.
Cet ouvrage de synthèse est une présentation de l'approche scientifique de la lecture. Il montre comment du point de vue des sciences cognitives on étudie cet acte à la fois physique et mental qu'est l'acte de lire. Comment lit-on ? comment devient-on lecteur ? Son auteur est un chercheur important dans ce domaine et ce livre est doté d'abondantes référence bibliographiques.
Dans une première partie
José Morais fait une brève histoire des rapports entre langage et écriture qui met l'accent sur l'histoire de l'alphabétisation de l'humanité (sans oublier que toutes les écritures ne sont pas alphabétique; exemple du chinois). Cet histoire montre l'importance de l'alphabet dans le codage des phonèmes (et pas seulement des "mots".
Les trois chapitres centraux focalisent l'attention sur l'alphabétisation des individus. Un chapitre est consacré à la mécanique de la lecture chez le lecteur habile. le second décrit le lecteur débutant et enfin le troisième parlent du lecteur en échec. Avant de conclure sur une projet de politique de la lecture un précédant chapitre discute les questions autour de l'enseignement de la lecture.
L'approche scientifique décrite ici s'appuie pour l'essentiel sur la méthodologie des sciences cognitive. Cet approche n'exclue pas l'approche neurologique mais à l'époque où ce livre fut écrit les outils d'observation (IRM etc.) n'avaient pas encore atteint toute leur puissance: les premières expériences commençaient seulement et les résultats connus aujourd'hui n'étaient pas encore publiés. Aussi n'est-il jamais fait référence dans cet ouvrage au travaux de
Stanislas Dehaene (auteur des Neurones de la lecture chez le même éditeur,
Odile Jacob).
Néanmoins on peut constater une convergence dans les résultats.
José Morais décrit comment le processus de la lecture et de son apprentissage ne peut se réduire à un processus d'acquisition du rapport sens/graphes mais qu'il s'y associe un processus de prise de conscience des phonèmes.
Les hypothèses et la méthode de travail défendues par
José Morais (que confirment les résultat de
Stanislas Dehaene et de beaucoup d'autres) condamnent les théories de la lectures qui considèrent que la phonétisation mentale (ce que François Richaudau appelle subvocalisation) comme un obstacle à la lecture (en particulier à la lecture rapide); ce qui est mis en cause ici en particulier - outre certaines méthodes de lecture rapide, dont
José Morais n'évoque pas dans son livre - c'est les méthode de lecture dites "globales".
L'examen "au microscope" de la lecture n'est pas forcément chose aisée et la vulgarisation dans ce domaine essentiel de la vie humaine reste un enjeu de la plus haute importance. Ce livre est à la fois une somme et un grand effort de vulgarisation pour lequel l'auteur se permet quelques audaces narratives teintées d'humour dans le but d'exposer ses idées de chercheur et celles de ces collègues.