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4,15

sur 388 notes
Féru d'Italie et de fresques historiques, je ne pouvais passer à côté de ce classique d'Elsa Morante, tant il semblait combiner les thématiques propres à susciter mon intérêt.

L'autrice prend le parti de nous raconter L Histoire (celle qui s'écrit en majuscule) principalement à travers le quotidien d'une mère seule (Ida) et de son fils Giuseppe (ou plutôt Useppe) dans une Rome en proie aux bombardements, aux rafles et aux trafics en tous genres.

Au cours des quasi 1000 pages que compte ce livre, Elsa Morante parvient avec brio à nous faire ressentir viscéralement la précarité dans laquelle sont poussés les êtres, la faim qui les tiraille à chaque instant et engourdis leurs muscles, la crasse, les odeurs et la promiscuité qui constituent le quotidien des familles qui tentent simplement de survivre à la guerre.

Par dessus tout, Elsa Morante nous décrit la violence sous-jacente qui se niche dans tous les recoins de la société. La violence de l'Etat, des fascistes, des partisans, des familles, de la guerre bien entendu, des humains de manière générale, et des hommes en particulier. Mais elle le fait sans manichéisme, en attachant une trajectoire complexe à chaque personnage. Par exemple, les pages où elle décrit le calvaire du corps expéditionnaire fasciste sur le front de l'Est et l'impossibilité du deuil pour les familles, sont sans doute les plus émouvantes du livre

Cependant, si je dois reconnaitre les qualités littéraires indéniables de ce récit, je dois aussi admettre avoir été quelque peu déçu, et même avoir eu du mal à terminer les deux ou trois cents dernières pages. Il y a notamment quelques chapitres en fin de livre qui m'ont semblé proprement interminables.

De manière générale, j'ai eu le sentiment que le livre avait un peu mal vieilli, étant très ancré idéologiquement dans son époque de rédaction (la fin des années 60 et le début des années 70).

C'est particulièrement flagrant à la lecture des pages qui résument les événements politico-historiques de chaque année, et dont le style et le ton sont très différents du reste du récit, représentant de manière plus évidente le point de vue politique de l'autrice. de par cette dissonance de style, ces pages qui sont sensées donner aux lecteurs les éléments de contexte permettant de mieux comprendre les événements se déroulant en arrière plan de l'histoire, m'ont personnellement plusieurs fois fait sortir de ma lecture.

Dans un style similaire (d'ailleurs clairement et explicitement influencé par Elsa Morante), j'ai largement préféré la saga l'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante. Je tenterai peut-être à l'avenir de lire d'autres écrits d'Elsa Morante afin de me faire un avis plus définitif sur son oeuvre.









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Un classique. Drame historique déchirant publié en 1974 et porté à l'écran en 1986 avec la sublime Claudia Cardinale. Une grande fresque populaire racontant la vie des plus humbles habitants de Rome à l'époque de la Seconde Guerre mondiale.

L'histoire se déroule à Rome de 1941 à 1947 et conte l'histoire d'Ida Mancuso, institutrice, veuve, à moitié juive, et de ses deux fils Antonio dit Nino et Giuseppe « Useppe » né d'un viol par un jeune soldat allemand, les animaux présents dans l'histoire sont également personnages à part entière.

L'innocence et la tragédie, l'horreur et tourments de la guerre sont la toile de fond du roman.
L'autrice s'attache à nous rapprocher de tous les personnages, humains, animaux domestiques, en racontant leur quotidien, les difficultés, et les horreurs vécues. Une véritable empathie se crée.
Ne souhaitant pas en dévoiler plus, je n'écrirai que ces quelques entrées :
Maternité - Pudeur des sentiments - Seconde Guerre mondiale - Fascisme - Lois raciales anti-juives – Ghetto juif de Rome - Shoah - Résistance – Libération.

J'ai « écouté » ce livre (une première pour moi !) lu par Jacques Gamblin et réalisé par Juliette Heymann, disponible en plusieurs épisodes en podcast sur Radio France – France Culture.
Notons qu'Elsa Morante (1912-1985) est née à Rome dans le quartier populaire du Testaccio, décor du roman. Sa mère était institutrice de confession juive, son père employé des postes ne l'avait pas reconnue. Elle le sera par Augusto Morante dont elle portera le nom.
La Storia publiée en 1974 devint le best-seller adapté par la suite à la télévision et au cinéma que l'on connaît.
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Comment, à travers les années sombres de la guerre, une mère et ses deux enfants peuvent-ils traverser les multiples épreuves qui se dressent devant eux ? D'autant que ces deux enfants n'ont pas le même père et que l'un d'entre eux est le bâtard d'un soldat allemand issu d'un viol commis dès le début du roman ?
Nous sommes à Rome, dans l'Italie des années 40. Entre 1941 et 1946, nazis, fascistes, chemises brunes, chemises noires, toutes ces figures inquiétantes de l'Histoire défilent sous les yeux innocents d'Ida, l'héroïne, dont le seul souci est d'aimer ses proches et de lutter pour leur survie. Elsa Morante suit avec précision et sensibilité le destin de chacun de ses personnages au fil d'une histoire qui les étreint et les écrase. Ida fait tout ce qu'elle peut pour élever ses deux fils mais elle est fragile, apeurée, épouvantée par l'idée que son origine juive puisse être révélée et les entrainer, elle et son premier fils Nino, dans le chaos.
La guerre et les tourments politiques font rage autour d'eux et de tous ces malheureux anonymes qu'ils croisent au fil du récit. Très vite privés de leur foyer, à l'issue d'un bombardement, ils sont ballotés de refuges en cachettes et leurs conditions de vie sont rudes. Mais le regard puéril et innocent de Useppe, le dernier né d'Ida, flanqué de sa chienne Bella parvient à remettre de la poésie et de l'émerveillement au coeur de l'univers impitoyable qui les entoure.

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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J'ai entamé cette lecture avec enthousiasme: une fresque romanesque et historique, une belle promesse en ce qui me concerne.
L'intérêt de ce roman eût été de placer le récit de la deuxième guerre mondiale du point de vue de l'italien ordinaire. Ou l'inverse.

Mais on nous propose de suivre le cheminement d'une famille ordinaire, Ida et ses deux fils, personnages médiocres auxquels il est difficile de s'attacher.
Je parle de cheminement mais il n'y a rien de cela, pas même une psychologie des personnages. On suit leur quotidien insipide, les gazouillis de Guiseppe, les humeurs et les tours pendables de Nino.
Quant à Ida, seule son apathie et son état mental nous sont donnés à méditer.

Les événements historiques susceptibles de les affecter ne sont qu'effleurés: ainsi la montée du fascisme et des brigades noires, la promulgation de lois juives ne suscitant qu'une incrédulité naïve et confiante, la seconde guerre mondiale et ses bombardements, la politique tourmentée d'après guerre. Tout reste superficiel, transparent. Tout semble glisser sur les personnages.

La vie quotidienne de Nino et Ida est miséreuse et le récit n'est pas rendu passionnant: il est ennuyeux par ses interminables description de faits insignifiants.
Le recours systématique aux alternances de très longs épisodes de la vie quotidienne ordinaire avec les évènements historiques est vraiment déroutante voire pénible.
Exemple: « il (le chien Blitz) lécha de la tête aux pieds Useppe qui était nu, avant de s'endormir dans ses bras. Deux jours plus tard, le 10 juillet, les Alliés débarquèrent en Sicile. »

J'ai éprouvé une grande frustration à la lecture de ce récit. La matière est là, mais il n'y a ni le fond ni la forme. Je suis complètement passé à côté.
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C'est une grosse déception que ce très gros roman, et donc très très long récit, beaucoup trop long, même le style pose problème, du romantisme comme on en fait plus, des scènes interminables, l'auteure ose même faire parler un chien ce qui m'a beaucoup gêné.
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C'est un pavé, c'est une somme, c'est le roman-fresque qui a fait la réputation de la grande écrivaine Elsa Morante auprès des générations suivantes.
Mais La Storia, c'est bien plus que ça…

Le parti pris de baser chaque section sur la grande histoire de la deuxième guerre mondiale avant de revenir au récit m'a tout d'abord étonnée, éloignée de celui-ci. Et puis, ces vies modestes et ordinaires, celle d'Iduzza et de ses fils, pris dans la tourmente du régime fasciste et de l'occupation allemande, puis de la libération, très vite, prennent le dessus.
La généalogie de cette institutrice à moitié juive, son effacement, donnent un départ sombre à cette Storia, d'autant que celle-ci concorde avec la conception violente et honteuse de son cadet, Useppe. Ce petit enfant d'abord dissimulé pour échapper aux SS autant qu'aux jugements du voisinage, va pourtant se révéler comme un rayon de soleil pour tous ceux qui l'entourent, depuis son aîné Nino jusqu'à la famille des Mille qui partagent leur cachette, en passant par le sombre Carlo Vivaldi ou la maigre Carulina. Elsa Morante donne à voir la terrible réalité du quotidien des petites gens confrontées à une grande Storia qui les broie sans vergogne, et à la fois la beauté de la vie simple et des sentiments familiaux et amicaux. Elle n'évite parfois pas des raccourcis qui m'ont choquée, comme de relier la laideur avec un destin de prostituée, sans doute typiques de son époque.

Elsa Morante a dressé une épopée picaresque où les enfants, parfois projetés dans la vie adulte sans en avoir la maturité, comme Carulina ou Nino, tiennent debout un monde qui s'écroule, avec le soutien et l'affection des animaux, merveilleux Blitz, Rossella et Bella, qui ne regardent pas les faiblesses et tromperies de leurs maîtres, mais gardent un optimisme et une fidélité à toute épreuve, jusqu'au bout.

J'aurais aimé pouvoir fractionner ma lecture comme je l'ai fait avec les trois tomes des Misérables. Aussi y ai-je trouvé des longueurs, qui ne m'ont pas empêchée d'être très remuée par cette famille et leur entourage, particulièrement par le petit Useppe. Tout en reliant en permanence les soubresauts de la Storia mondiale avec ces destins minuscules et attachants.
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Une magnifique "saga" ! Mais aussi un grand classique de la littérature italienne, bref un incontournable ! l'écriture, l'ambiance, les personnages, tout y est ! un grand classique qu'il faut avoir lu ! (lire également ses autres romans comme l'Ile d'Arturo etc...).
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La première moitié de ce roman m'a emportée et puis j'ai trouvé la seconde plutôt longue, perdant peu à peu de sa force, parfois embrouillée (bon il faut dire que je n'avais pas lu en italien depuis quelque temps mais quand même), hormis le final... J'ai donc un avis plutôt mitigé sur ce livre que je m'étais promis de lire depuis de nombreuses années, ayant toujours repoussé l'échéance...
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LA STORIA d'ELSA MORANTE
Roman fleuve qui suit le parcours d'Ida dans la Rome des années de guerre 1941 à 1947. Histoire tragique, déprimante. J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre plein de descriptions et de digressions et malgré la beauté de l'écriture et l'intérêt du sujet je ne me suis pas passionné pour cette femme et ses enfants. Considéré comme le chef-d'oeuvre d'Elsa Morante.
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La Storia d'Elsa Morante correspond tout à fait à ce que l'on nomme en littérature une somme. Ce roman m'a époustouflée par son ampleur - c'est une grande fresque historique et sociale - sa diversité de genre, de ton, de style et sa variété dans les personnages et les thématiques abordées. Je ne suis pas une inconditionnelle ni des prix littéraires ni des classements (le roman fait partie des 100 meilleurs livres de tous les temps) mais il m'a vraiment marquée pour de multiples raisons.
J'ai été très impressionnée par la façon dont Elsa Morante s'est lancée dans la narration de cette période tumultueuse de l'histoire italienne, celle qui va de 1941 avec la montée du fascisme jusqu'en 1947, période de l'après-guerre. L'architecture du roman est solide et repose sur des rappels de faits historiques très précis, en ce qui concerne la collaboration des fascistes italiens avec les nazis, notamment en ce qui concerne la persécution et l'élimination des juifs d'Italie. Mais la force du récit vient de la plume de l'auteur et de sa capacité à créer chez sa lectrice ou son lecteur un mélange d'horreur et d'incompréhension face à la barbarie humaine, comme dans la scène où Ida, l'héroïne du roman va assister au départ d'un convoi de juifs romains pour Dachau. Une très grande scène pleine de bruit de fureur. le réalisme cru, la précision et en même temps l'emballement de l'écriture ne laisse pas d'échappatoire et nous traque jusqu'à l'insoutenable.
Mais la violence sociale ne cède en rien à la violence de la guerre. Elsa Morante nous donne à voir tout un panel du petit peuple de Rome victime d'une grande misère et pour lequel la guerre constitue en quelque sorte "une double peine" ! La description qu'elle fait de la tribu "des Mille" dans un refuge de fortune à Pietralata est jubilatoire. Tout ce beau monde vit dans une promiscuité à la fois joyeuse et désolante, car déjà en marge de la "bonne" société, ces hommes et ces femmes retrouvent dans un tel contexte des comportements où seuls les instincts primordiaux dominent...
C'est dans ce "cloaque" que se retrouve bien malgré elle notre héroïne, Ida institutrice de son état, avec son fils Useppe, né du viol perpétré par un soldat allemand. Ida est victime d'un triple héritage : génétique - sa mère a sombré dans la folie - identitaire - elle est à moitié juive par sa génitrice - social - elle vient de Calabre, région particulièrement dominée par le machisme. Mais c'est un personnage riche et surprenant car elle va être capable de transgresser avec une violence et une énergie vitale hors du commun les lois sociales lors qu'il s'agira de sauver Useppe de la faim qui sévit à Rome en 1944. Tout aussi riche et surprenant est le personnage de Useppe A la fois "enfant du placard" par certains aspects, il est présenté à d'autres moments comme une sorte de petit elfe joyeux qui s'émerveille de tout et communique avec la nature et les animaux de façon fort poétique.
Dernier point que j'ai trouvé remarquable c'est le traitement de la folie et de la mort toutes deux très présentes dans le roman. La folie est parfois présentée comme une alternative qui soulage, un refuge et comme la seule porte de sortie jouable lorsque la réalité devient invivable. Elle est, à d'autres moments, l'entrée dans le monde de "l'horreur muette" dans ce qu'elle a de plus insoutenable. Même richesse et même subtilité dans l'évocation de la mort, l'agonie ou les instants qui précèdent une exécution. On est confronté aux différentes facettes de la Camarde : moment extatique, de grand délire ou d'une souffrance sans nom...
Ma chronique pourrait évoquer bien d'autres points du roman au risque de vous fatiguer... Donc je ne peux que vous conseiller de le lire pour y découvrir d'autres pépites !
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