Commencée par six acquisitions à la veille Utterson, à Londres, en 1807, enrichie à différences reprises et, notamment, de vingt-sept pièces
provenant d'Alexandie Lenoir, que le duc de Sutherland céda en 1876 à
M. le duc d'Anmale, la collection de crayons en deux couleurs du Musée
Condé doit son importance surtout au riche fonds acheté de lord Carlisle
en 1890. Le nombre de ces derniers portraits, conservés à Castle-Howard,
dans le Yorkshire, depuis la fin du XVIIIe siècle ou le commencement du
XIXe, était de trois cent onze. Comment et depuis quand ces précieuses
reliques de notre passé national étaient-elles en Angleterre? Nul ne le sait.
Mais, quelles qu'aient été les péripéties de leur destinée à travers les âges,
leur rassemblement date de fort loin et remonte au siècle même où ces
œuvres ont vu le jour.
Si d'Italie nous nous transportons en Angleterre et de la galerie Florentine
dans le riche cabinet d'un amateur de Londres, M. George Salting, une nouvelle matière d'étude nous sollicite. M. Salting est possesseur d'un album, acquis par lui depuis une quinzaine d'années, qui renferme trente-deux crayons, dans une reliure ancienne, commune jadis, d'après le dire du collectionneur, aux dessins de Castle-Howard. Loin d'infirmer celle assertion, le contenu du livre démontre, à son tour, que la collection du Musée Condé n'est qu'une portion d'un fonds autrefois plus riche, morcelé pendant le cours des âges.