Message en provenance de l'éternité

Message en provenance de l'éternité / Marlo Morgan

Cette belle histoire commence dans le bush australien dans les années 1930 quand une jeune femme enceinte à la peau sombre s'isole pour mettre au monde son enfant. Sa surprise est grande quand après avoir mis au monde une petite fille, au moment d'expulser le placenta elle voit un autre enfant sortir, un garçon. Puis elle s'en retourne vers le lieu d'où elle s'est enfuie pour accoucher, un endroit qu'elle n'a pas choisi quand son peuple a été en partie anéanti et son mari tué par les Blancs, la Mission.
le gouvernement fédéral australien a favorisé l'installation de missions par les religieux afin de « sauver les âmes des Noirs australiens » ( !), des païens à intégrer. Sans devenir de véritables citoyens, ils furent ainsi inclus dans la loi sur la protection de la faune et de la flore ! Les Aborigènes furent alors considérés comme des êtres presque humains, mais pas tout à fait ! Cette Mission est un véritable camp de détention avec clôture et châtiments corporels en cas de désobéissance. L'instruction y est essentiellement basée sur l'étude de la Bible.
de retour à la Mission, la jeune femme se voit confisquer ses deux enfants. La petite fille pourra être reçue dans un orphelinat et le garçon sera placé dans une famille d'accueil. C'est Alice Enright , la femme du révérend Enright qui est en charge de ces questions de placement, son mari dirigeant la vie religieuse de la communauté. Avec l'aide de sa collègue de Sydney, Birdie Willett épouse du révérend Willet, elle a vite fait de trouver un chauffeur, Alex, un ancien convict, qui va emmener en voiture les deux bébés, la fille dans un carton comme une marchandise et le garçon dans une corbeille. Huit heures de route dans la chaleur et la poussière pour déposer le garçon à Sydney, la fille ayant été déposée à mi-chemin dans un orphelinat.
Alex arrivé à Sydney confie le garçon à Birdie et son mari, le temps de le baptiser du nom de Geoff avant qu'il ne soit accueilli par une famille de riches fermiers, celle de Matty et Howard Willet, la soeur et le beau-frère de Birdie.
Quant à la fillette, elle est baptisée à l'orphelinat du nom de Béatrice. Elle va grandir bien entourée et bien traitée même si la vie est plutôt militaire.
À la ferme des Willett, Geoff grandit en observant les animaux et le travail des employés. Il est libre d'aller et venir, il est souvent seul à errer dans le ranch. À l'âge de sept ans, il découvre le dessin en regardant des livres d'images. Une des femmes de ménage, Irène, dix-sept ans, lui fournit des crayons et le résultat est stupéfiant : elle réalise que ce petit Aborigène possède un talent inné et inouï !
Mais le destin est là qui conduit à l'adoption de Geoff par un couple d'Américains fortunés, les Marshall.
Entre temps la jeune Béatrice va subir l'application inhumaine d'un projet expérimental visant à limiter le nombre de naissances chez les Aborigènes.
À seize ans, en 1952, Béatrice devient employée chez Mrs Crowley qui tient une pension de famille.
Les débuts de Geoff dans le Vermont se passent bien mais le départ vers une école au Texas va signer le début des ennuis. Il a alors seize ans, a de mauvaises fréquentations, manque l'école et s'adonne à la boisson. Il fait rapidement connaissance de la police. Il décide alors de partir à l'aventure en stop sur les routes du pays, sans aucune ambition ni perspective. Prison, remise en liberté, Geoff découvre la drogue, la violence, le crime…
En 1954, Béatrice découvre qu'elle pourrait aller dans une école pour s'instruire. Stupéfiant : au nom de l'égalité des droits, on autorise la vente d'alcool aux Aborigènes, mais ils n'ont pas accès au logement ni à l'égalité des chances face au travail ! Une idée la travaille depuis un certain temps : rejoindre le Nord du pays, là où vivent ses congénères, pour découvrir les traditions anciennes de son peuple et retrouver ses racines. C'est le début alors d'une aventure risquée mais salvatrice.
Béatrice va apprendre que les Aborigènes sont les enfants de la nature. La terre est leur mère et il ne faut pas la blesser ni lui être irrespectueux. Elle parle avec son nouvel entourage et elle découvre le sens de la parole des Premiers, Ceux de l'Origine, les Immuables, les Vrais. Et la vanité des Mutants, les Européens, et leurs écrits qui leur font perdre la mémoire de l'essentiel.
Toute la seconde partie du livre concerne la culture et les croyances aborigènes, insistant sur le fait que l'écriture n'y existe pas, le rôle de la mémoire gardienne du temps étant primordial. Et l'art pictographique un rôle capital pour fixer le temps et la mémoire, notamment. Ainsi le temps est représenté par un point et toutes les illustrations sont constituées de points, chacune marquant un moment précis.
Plus tard alors que Geoff se morfond toujours au fond d'une prison, Béatrice riche de tout ce qu'elle a appris au sein de la tribu, souhaite revoir la ville pour pouvoir agir pour le bien de ses congénères. Des rencontres inattendues vont avoir lieu qui vont la mener à s'engager dans des actions humanitaires et à rédiger un long message, résumé de tout ce que les Hommes Vrais lui ont enseigné, et destiné à tous les hommes, et à l'un d'eux en particulier. C'est le message en provenance de l'éternité.
Ainsi donc le sort qui a vu être séparés dès leur naissance deux jumeaux aborigènes, arrachés cruellement à leur mère, va conduire ceux-ci vers des destins périlleux bien différents au risque de perdre tous leurs repères. C'est le retour aux origines qui les a vu naître qui pourra les réconcilier avec leurs ancêtres et l'Éternité dont ils ont dépositaires. 340 pages pour un récit bouleversant et passionnant qui puise aux sources de la sagesse des aborigènes d'Australie pour nous livrer un message de paix et d'harmonie. Un véritable voyage initiatique et spirituel dans la seconde partie pour découvrir le sens profond des choses et de la vraie vie.
Marlo Morgan, écrivaine américaine est née en 1937. Son premier ouvrage « Message des Hommes Vrais au monde Mutant » a connu un immense succès (sauf en Australie !) mais a été largement controversé.